« Quel est le partenaire avec lequel vous vous êtes le mieux entendu ?
Je vais dire mes frères. Comme ça, ce sera plus simple (sourire). Entre frères, un regard suffit pour comprendre le jeu. Les automatismes et les repères sont là. Cette complicité est impossible à créer avec une autre personne. J'ai eu la chance de jouer, séparément, avec quatre d'entre eux, en match officiel. Dans l'ordre, Marc à l'USAP et en équipe de France, Vincent à Argelès, François à l'USAP et à Argelès, et Matthieu à l'USAP, à Argelès et à Dax. On a aussi disputé des tournois de rugby à 7, où nous étions sept. Et même un tournoi de beach rugby à Saint-Lary auquel ma soeur, Claire, a participé.
Quel est l'adversaire qui vous a le plus impressionné ?
Je pense que c'est Martin Johnson (deuxième-ligne et capitaine de Leicester et du XV d'Angleterre, 89 sélections entre 1993 et 2003). Il avait tout. Il était d'une intelligence et d'une classe rare. Mais d'une méchanceté et d'une roublardise exceptionnelles. Je me suis toujours demandé comme un mec aussi intelligent pouvait être aussi con, et vice-versa.
Quelle est la combinaison de jeu que vous n'avez pas suivie ?
Je vais rendre hommage à Patrice Lagisquet (ancien ailier international, entraîneur du BO et du XV de France) et je vais faire rire tous les copains du Biarritz Olympique de l'époque (2000-2007). Nous avions une combinaison qui s'appelait "la Frontera", les initiés apprécieront (rires). On l'a beaucoup travaillée, cette combinaison, à l'entraînement. On l'a tentée une fois en match et ça a été un énorme flop. Elle consistait à aspirer la défense adverse en nous plaçant exagérément en profondeur sur la largeur, pour mieux la contourner ensuite en inversant le sens du jeu. Une catastrophe...
« Je ne pensais pas que je pourrais un jour toucher le fameux morceau de bois. Soulever ce trophée (avec Biarritz en 2002), c'est inexprimable. On a fêté les vingt ans du titre, cette année, et bien vingt ans après, les souvenirs sont toujours aussi beaux et les sensations aussi fortes.

Quel a été le plus gros coup de gueule auquel vous avez assisté ?
J'ai vécu de gros accrochages entre partenaires, je me suis fortement engueulé avec un coéquipier, que je respecte énormément, c'est pourquoi je ne vous donnerai pas son nom. Des coups de gueule d'entraîneurs et de présidents, j'en ai connu, aussi, mais c'est difficile d'en ressortir un plus qu'un autre (silence). Peut-être le coup de gueule de notre président, Serge Blanco, à la fin de la finale de Coupe d'Europe perdue, en 2006 (face au Munster, 23-19)...
Quelle est la plus vilaine bagarre à laquelle vous avez participé ?
Avec Argelès-sur-mer quand nous allions jouer à La Seyne ou à Hyères, nous repartions à la fin du match en taxi vers l'hôpital pour passer des radios. Il y a eu quelques traumatismes crâniens... Et pourtant, nous avions un pack démoniaque... Toujours avec Argelès, face à Boulogne-Billancourt, à l'époque où jouaient Nick Mallett (troisième-ligne centre et ancien capitaine des Springboks), Michel Tachdjian et Jean-Pierre Genet (anciens Racingmen et internationaux), au match aller chez eux, je m'étais retrouvé K.-O. et j'avais fini à l'hôpital. Pour le match retour, à Argelès, ils avaient mis en place une combinaison, la 007 ! Leur talonneur avait lancé le ballon très haut en touche et pendant que nous levions tous la tête, bim, notre vis-à-vis s'était occupé de nous (rires).
Quel est votre plus gros regret ?
J'en ai deux. De ne pas avoir ramené le Bouclier de Brennus avec l'USAP, en 1998 (défaite 34-7 face au Stade Français). Et de ne pas avoir remporté la Coupe d'Europe avec le Biarritz Olympique (finaliste en 2006 et 2010). On avait l'équipe qu'il fallait, pourtant. C'est dommage.
Quel est le meilleur moment de votre carrière ?
Quand j'ai remporté le Bouclier de Brennus avec le Biarritz Olympique pour la première fois, justement (victoire 25-22 après prolongation, contre Agen en 2002). C'était un rêve de gosse qui se concrétisait. Je dis bien "un rêve" parce que je ne pensais pas que je pourrais un jour toucher le fameux morceau de bois. Soulever ce trophée, c'est inexprimable. On a fêté les vingt ans du titre, cette année, et bien vingt ans après, les souvenirs sont toujours aussi beaux et les sensations aussi fortes.

Quel est l'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Ce n'est pas un entraîneur mais plutôt un éducateur. Il s'agit de Pierre Aylaguas, mon mentor, à Argelès... Il m'a inculqué les valeurs humaines, le dépassement de soi, le sens du collectif.
Quel a été votre plus gros fou rire ?
Je me suis bien marré, dans ma carrière. En particulier au Biarritz Olympique. En 2002, avec Olivier Roumat, c'était difficile de ne pas éclater de rire dans le vestiaire, avant et après les matches. C'était une génération qui avait beaucoup connu le rugby amateur et un peu le rugby professionnel. Nous étions une sacrée bande de copains : on riait beaucoup, il y avait beaucoup d'ironie et d'humour. Un jour, en stage de début de saison, un arbitre de renom et plein de bonne volonté vient nous briefer sur les nouvelles règles. Tout le monde savait qui il était, sauf notre pilier, Sotele Pueloto, qui ne connaissait ni ses adversaires ni les arbitres, et il demande : "C'est qui, cette tête de pine qui vient nous faire chier ?" Forcément, considérant la situation, ça a déclenché une crise de rire mémorable.
Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée et qu'il est temps de révéler ?
Je pense aux débuts de Bernard Laporte, entraîneur du XV de France. On bat le pays de Galles au Millennium de Cardiff (3-36), en 2000. On est content du résultat, on rentre au vestiaire, on se déshabille, on file se laver et on se dit : "Allez, on s'allume une petite cigarette !". Nous étions encore dans l'esprit du rugby amateur... On se glisse dans les baignoires, la clope au bec, mais derrière la cloison, on entend Bernard Laporte gueuler après un joueur : "Quoi, qu'est-ce que tu fous ? Tu fumes juste après le match ? On ne peut pas faire des choses comme ça !" Et là, d'un seul coup, on éteint nos clopes dans les baignoires, on les cache sous la mousse et on ventile comme on peut la fumée (rires). Bernard entre et nous, on est comme des enfants pris la main dans le sac en train de voler un bonbon... C'était un moment assez cocasse. On en a ri après, mais pas sur le coup. »