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Parole d'Ex


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#196 TH69

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Posté 02 décembre 2022 - 21:43

Excellent :D

#197 RCV06

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Posté 02 décembre 2022 - 21:51

Je me souvenais pas que Barrier avait joué a Castres



#198 Arverne03

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Posté 03 décembre 2022 - 08:11

Je me souvenais pas que Barrier avait joué a Castres

 

Mais si, mais si ...........................comme de nombreux autres asémistes. Un p'tit paquet quand même !   B)


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#199 el landeno

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Posté 10 décembre 2022 - 12:39

Paroles d'Ex - Michel Marfaing : «Je n'ai jamais vécu pareille déculottée » L'ancien centre et ailier international, trois fois champion de France, ne parvient pas à oublier la défaite historique en Coupe d'Europe du Stade Toulousain face aux Wasps en 1997.

« Quel partenaire vous a le plus marqué ?
David Berty ! Ce qui m'a impressionné, chez lui, c'est sa puissance hors-normes, sa faculté à multiplier les sprints sans perdre de vitesse. Je n'ai jamais vu ça chez d'autres partenaires, que ce soit à Toulouse, à Narbonne et même en équipe de France (David Berty compte 6 sélections en équipe de France entre 1990 et 1996). Il n'avait pas besoin de réaliser des cadrages-débordements : il contournait ses vis-à-vis grâce à sa vitesse de course. Il est fabuleux, David ! Il force l'admiration. Malgré sa maladie (sclérose en plaques), il a atteint ses trois objectifs de l'année : gravir le Kilimandjaro, être champion de France fauteuil à XIII avec son club de Saint-Jory, et remporter le tournoi de water-rugby avec les anciens du Stade Toulousain. Il a un mental de feu...

 
 
 

Quel adversaire vous a le plus impressionné ?
Ce ne sera une surprise pour personne : c'est Jonah Lomu (63 sélections entre 1994 et 2002, décédé en 2015). J'ai eu la chance, si on peut appeler ça de la chance, de l'affronter au tournoi de Punta del Este avec l'équipe de France à 7, en 1998. Ceux qui se plaignent de lui, à quinze, doivent considérer qu'à sept, il disposait de davantage espace (sourire)... Cette année-là, il entre en fin de match, car il n'avait pas beaucoup de foncier, et récupère au fond du terrain un ballon dont on s'était débarrassé au pied ! Je monte en défense sans me fixer pour lui laisser l'extérieur, car j'avais confiance en ma pointe de vitesse. Il me déborde et je cours derrière lui, mais il me faut soixante mètres pour me jeter sur une de ses jambes. Je ne pouvais pas lui enserrer les deux cuisses, elles étaient trop grosses (Lomu mesurait 1,96 m pour 118 kg). Là, il me traine sur dix mètres... Mon coéquipier Luc Lafforgue se jette sur l'autre jambe, mais il nous a emportés dans l'en-but et il a marqué ! Vous imaginez la scène...

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Placé à l'aile, Michel Marfaing inscrit le seul essai toulousain lors de la finale 2001 sur un exploit personnel. (A. Landrain/L'Équipe)

Quel est votre pire souvenir ?
Les 77 points que j'ai encaissés avec le Stade Toulousain, fin 1996, chez les Wasps (défaite 77-17, au stade des Queens Park Rangers). J'en fais encore des cauchemars. Je me revois manquer le ballon au rebond devant l'en-but anglais et, derrière, on a encaissé un essai de cent mètres... Je n'ai jamais vécu pareille déculottée, et le sentiment d'impuissance qui va avec.

 
 

Et votre meilleur souvenir ? 
Mon premier titre de champion de France avec le Stade Toulousain en 1997 (victoire, 12-6, contre Bourgoin). En 1991, on perd en finale contre Bègles et on se retrouve, Emile Ntamack, David Berty et moi, assis dans la nuit au bord de la pelouse du Parc des Princes, vide. On s'est mis à pleurer, puis on s'est promis d'y revenir et de gagner. Ce qu'on a fait.

Quelle est la pire bagarre à laquelle vous avez participé ?
Avec Narbonne face à Biarritz, en décembre 1993. Je jouais dans une belle équipe narbonnaise, avec Francis Dejean, Gilles Bourguignon, Henri Sanz, Jean-Marc Lescure, Didier Codorniou, Pierre Bondouy... Le troisième-ligne aile de Biarritz, Richard Pool-Jones, plaque à retardement notre ouvreur Jean-Marc Lescure et lui fracture la jambe. Immédiatement, ça part en pugilat. Je n'avais vu ça de ma vie : tout le monde se battait. Ça a duré au moins quatre minutes. C'est long, quatre minutes de bagarre générale... On se poursuivait sur la piste d'athlétisme qui ceinture la pelouse, les deux bacs à sable étaient garnis. Henri Sanz se battait avec le chauffeur de bus des Biarrots, l'ancien deuxième-ligne Djakaria Sanoko... J'ai même vu un Biarrot foncer vers Didier Codorniou pour lui décocher deux coups de poings...

Vous souvenez-vous d'une belle troisième mi-temps ?
Je n'étais pas un grand adepte des beuveries mais je me souviens d'une fin de tournoi à 7 à Dubaï en 1995, avec Philippe Bernat-Salles, Franck Corrihons, les frères Lièvremont, et notre coach, Thierry Janeczek. Nous étions invités par une famille d'expatriés français de Hong-Kong sur leur magnifique yacht. L'apéro était somptueux, le déjeuner succulent. On plongeait tête la première dans le golfe Persique... Un moment de plénitude.

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Michel Marfaing face au Munster en Coupe d'Europe. (N. Luttiau/L'Équipe)

Quel est votre principal regret ?
Ne pas avoir duré en équipe de France à quinze. Mais c'est de ma faute : je n'ai pas été assez égoïste. J'ai toujours eu besoin de me sentir bien dans un groupe et comme cette équipe de France n'avait pas l'esprit qu'on retrouve dans un club, je me suis vite coupé de mes partenaires. Je n'ai que deux sélections : contre la Roumanie et contre l'Argentine en 1992. Avec le recul et l'expérience, j'aurais dû aborder les choses différemment, c'est-à-dire ne pas chercher des relations fusionnelles.

Quelle est l'anecdote dont vous n'avez jamais parlé ?
En 2003, j'ai 33 ans, je suis remplaçant au Stade Toulousain et le dimanche, j'entraîne et je joue avec les Espoirs du club. A la fin de la saison, je suis champion de France avec eux et je mets un terme à ma carrière. Mais c'est une année de Coupe du monde. Nous avons de joueurs sélectionnés, derrière, (Clément Poitrenaud, Yannick Jauzion, Frédéric Michalak), et Guy Novès m'appelle juste avant la reprise du Championnat pour me demander de rejouer. Ça doit juste durer un mois et demi, ce qui représente quatre matches, et ce n'était pas insurmontable. J'ai accepté. Guy voulait me faire signer un contrat mais j'ai refusé. Je n'ai rien demandé au club. Je voulais jouer pour le plaisir.

Quelle est l'action dont vous êtes le plus fier ?
Tout le monde me parle de l'essai que je marque lors de la finale de 2001 (victoire face à Montferrand, 34-22). Il est splendide, c'est vrai (sourire). Mais juste avant ça, je dégage le ballon n'importe comment et les Clermontois doivent marquer. Ils n'y parviennent pas mais c'était une très grosse boulette qui aurait pu nous coûter ce match. Personne ne m'en parle car mon essai gomme tout. Heureusement pour moi... Maintenant, à cause vous, tout le monde le saura (rires). »

Sa vie d'Ex
Formé à Pamiers, il a joué ailier et centre pour Toulouse (1988-1993, puis 1996-2005) et Narbonne (1993-1996). Trois fois vainqueur du Bouclier de Brennus (1997, 1999, 2001), deux fois sélectionné en équipe de France (1992), il est depuis 1997 le directeur sportif du centre de formation (huit permanents, quatre bénévoles, trente et un joueurs de 17 à 22 ans) du Stade Toulousain. Marié, trois enfants, grand-père depuis trois ans, il vit à Launaguet, au nord de Toulouse. A 52 ans, il pratique le football-loisir et l'athlétisme. Il a récemment disputé à Albi les championnats de France vétérans 3 (48-52 ans) sur 200 mètres.


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Posté 02 janvier 2023 - 22:18

Jean-Marie Bonal - Paroles d'Ex : « Nous sommes montés sur la scène du Lido en smoking » Trois-quarts aile venu de l'athlétisme, international à XV et à XIII, victorieux du premier Grand Chelem de l'histoire du XV de France en 1968, Jean-Marie Bonal livre les meilleures anecdotes de sa riche carrière.

« Quel est le partenaire avec lequel vous êtes le mieux entendu ?
En équipe de France, j'ai eu la chance de jouer avec des attaquants exceptionnels, comme Jo Maso, Claude Dourthe, Jean Trillo et Pierre Villepreux. Mais celui avec lequel je me suis le mieux entendu, c'est Jacques Puig, au Stade Toulousain. J'ai joué cinq saisons avec lui. Il évoluait centre, glissait parfaitement en défense et quand il me disait « Laisse ! », je n'avais qu'à m'occuper de mon vis-à-vis. Nous nétions très complices sur le terrain.

 
 
 

Quel est l'adversaire qui vous a le plus impressionné ?
Le demi d'ouverture et trois-quarts centre australien à XIII Bob Foulton (37 sélections et 26 essais entre 1968 et 1978). Physiquement, techniquement, il était incomparable. En demi-finale de la Coupe du monde 1972, il nous a transpercés. A XV, j'ai été impressionné par le deuxième-ligne néo-zélandais Colin Meads. Très gentil en dehors du terrain mais un dur dans le jeu. Ce contraste m'avait marqué.

Quel est l'entraîneur qui vous a fait la plus forte impression ? 
Puig-Aubert, à Carcassonne. Pas vraiment dans l'approche tactique, mais il avait une personnalité hors du commun. C'était une star mondiale. Les Australiens lui ont érigé une statue de son vivant. Ils lui ont proposé un pont d'or pour qu'il joue là-bas, mais il a toujours refusé. Longtemps après la fin de sa carrière, il avait gardé une adresse au pied phénoménale. En chaussures de ville, il était capable de réussir une série de quatre buts en plaçant le ballon au point de corner alors que moi, qui étais buteur, je ne parvenais pas à en réussir ne serait-ce qu'un seul (rires).

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Jean-Michel Bonal face à l'Angleterre à Colombes en 1968. (L'Équipe)
 
 

En dehors de Toulouse à XV et de Carcassonne à XIII, dans quel est le club où vous auriez aimé jouer ?
Un de mes copains m'avait proposé de jouer à Aurillac quand j'étais étudiant au CREPS, à Toulouse, en 1964. Je n'étais pas bien riche, et les dirigeants de l'époque m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas me rembourser mes frais de déplacement. Marcel Dax entraînait le Stade Toulousain et, un jour où il arbitrait un match universitaire entre le CREPS et la fac de Sciences, j'ai inscrit quatre essais. Il m'a demandé où je jouais et comme je n'étais licencié dans aucun club, il m'a proposé de rejoindre le Stade Toulousain.

Quelle est votre plus beau souvenir de troisième mi-temps ?
Celle commencée au Lido après le France-Angleterre de Colombes en 1968. Nous avions battus les Anglais, et nous avons été invités à monter sur scène en smoking. Je revois encore Jeannot Gachassin se jeter dans les bras des danseuses (sourire). On a terminé cette fête le dimanche midi en sortant de Chez Tony, à Saint-Germain-des-Prés. Inoubliable.

Quelle est la plus intense bagarre à laquelle vous avez participé ?
Celle contre le XIII Catalan à Gilbert-Brutus. Ce devait être en 1972. Je n'aimais pas me mêler aux bagarres. Celle-ci, partie d'une mêlée, avait été particulièrement violente. Et longue. Impossible de calmer les joueurs. Il y avait quelques excités de chaque côté et il a fallu s'y mettre à deux ou trois pour les calmer.

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Jean Salut, Jean Prat, Jean-Marie Bonal, Walter Spanghero, Jean-Pierre Lux et Jacques Robert sur la scène du Lido en 1968. (R. Legros/L'Équipe)

Quel est votre meilleur souvenir rugbystique ?
La tournée de 1968 en Nouvelle-Zélande. En tant qu'enseignant, je me suis intéressé au système éducatif mis en place là-bas, qui privilégiait le développement à la fois intellectuel et sportif des enfants. J'ai été marqué par l'engouement des établissements scolaires pour le rugby. Et sur le plan du rugby, nous nous étions régalés. Même si nous avons perdus les trois test-matches. Mais il faut dire que nous étions arbitrés par des Néo-Zélandais et, franchement, nous méritions d'en gagner au moins deux...

Et votre pire souvenir ?
La finale de 1969 contre Bègles, perdue (11-9). Ce n'est pas l'interception de Jean Trillo qui me fait mal mais le non-jeu du Stade Toulousain. Je n'ai jamais compris pourquoi nous avons été aussi restrictifs... Nous avions une équipe du tonnerre, avec des joueurs de qualité, et nous aurions dû marquer quarante points... Nous étions les deux trois-quarts ailes de l'équipe de France et pourtant, nous avons touchés très peu de ballons. Roger (Bourgarel, l'autre ailier) a vu son essai refusé alors qu'il m'a toujours assuré qu'il était valable.

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
J'étais lanceur de javelot, à plus de 67 mètres. Lors de la tournée en Nouvelle-Zélande, en 1968, alors qu'on se promenait avec l'équipe de France sur une passerelle, on avise des pêcheurs à la ligne. Pierre Besson, ce coquin, me lance un défi et je balance un caillou dans l'eau, là où ils se trouvaient. Nous étions tellement loin d'eux qu'ils ne pouvaient pas nous voir. J'en ai balancé deux autres. Les pêcheurs avaient beau tourner la tête dans tous les sens, ils ne voyaient personne. Tout le monde se marrait et ces pauvres Néo-Zélandais n'ont jamais su qui leur avait gâché leur partie de pêche... »

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Le centre béglais Jean Trillo tente d'arrêter Jean-Marie Bonal lors de la finale de 1969 au stade Gerland de Lyon. (R. Legros/L'Équipe)

 

Sa vie d'Ex
Natif du Cantal, à côté d'Aurillac, il est le frère d'Elie, international à XIII, et l'oncle de Sébastien Viars, international à XV. Trois-quarts aile venu de l'athlétisme (100m, 200 m, javelot), il a été sélectionné à XV (14 fois entre 1968 et 1970) puis à XIII (4 sélections en 1971 et 1972). Victorieux du Grand Chelem dans le Tournoi des Cinq Nations 1968, finaliste du championnat de France avec Toulouse (1969), il fut sacré champion de France à XIII avec Carcassonne en 1972. A effectué toute sa carrière de professeur d'éducation physique et sportive au lycée de Revel (Haute-Garonne). Père de deux enfants, à la retraite depuis 2002, il s'occupe de ses quatre petits-enfants et partage ses activités (chasse, marche, vélo) entre le Cantal et le Lot.

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Posté 26 février 2023 - 20:43

Les souvenirs de David Aucagne : « Le temps d'un match, on formait une famille » L'ancien demi d'ouverture tricolore, victorieux du Grand Chelem 1997 face à l'Écosse au Parc des Princes, raconte la préparation de ce match, loin des canons actuels du professionnalisme lisse.

Entre deux rencontres de Pro D2 - il entraîne Montauban - et au milieu d'un programme de préparation plutôt dense, David Aucagne (50 ans) a trouvé le temps d'évoquer cette rencontre de clôture du Tournoi des Cinq Nations 1997 contre l'Écosse, Grand Chelem à la clé. Pour une première titularisation en bleu, on fait difficilement plus marquant ! De sa voix douce, ton étale et mots choisis, l'ancien demi d'ouverture tricolore détaille une préparation de match « à l'ancienne », entre clopes et séries télé.

 
 

« Que représente pour vous ce Grand Chelem 1997, couronné par une victoire (47-20) contre l'Écosse au Parc des Princes ?
Avant d'être un plaisir personnel, c'est surtout un aboutissement collectif. Pour mon premier Tournoi, il y a ce titre et, en plus, je suis titulaire (il soupire). C'est un rêve qui est devenu réalité, et c'était fantastique...

C'est aussi un Tournoi marqué par une flopée de blessés et donc beaucoup de changements (28 joueurs) dans l'effectif, entre le 18 janvier et le 15 mars...
Oui, c'est vrai, mais c'était une bonne chose. La Coupe du monde arrivait deux ans après et c'était sans doute intéressant pour les sélectionneurs de voir autant du monde. Il y avait pas mal de Dacquois dans l'équipe, comme Raphaël Ibañez, Olivier Magne, Fabien Pelous, Ugo Mola, Richard Dourthe, ce qui constituait un socle. C'était en partie l'ossature de l'équipe de France juniors... L'année précédente, en Afrique du Sud, nous avions été champions du monde, Olivier Brouzet, Serge Betsen, Richard Castel et moi... C'est sans doute aussi pour ça que les sélectionneurs nous ont fait confiance.

« Le téléphone portable n'existait pas : il y avait une cabine téléphonique dans le hall d'entrée et on appelait chacun à tour de rôle. Quant aux repas, ils n'étaient pas vraiment diététiques »

 

 
 
 

Avez-vous ressenti une tension particulière avant d'affronter l'Écosse, Grand Chelem à la clé ?
Non. Ce match s'inscrivait dans la continuité des précédentes victoires. Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux (les entraîneurs) nous laissaient beaucoup de liberté dans le jeu, ils nous demandaient de nous approprier le jeu, et comme il y avait beaucoup de turnover, chacun prenait sa chance sans trop réfléchir. J'ai ressenti plutôt comme une forme d'insouciance.

 
 
Aucagne en bref
50 ans. Ex-demi d'ouverture des Bleus et actuel entraîneur de l'attaque de l'US Montauban (Pro D2).
1997 : le 27 avril, il soulève la Coupe de France avec la Section Paloise grâce à une courte victoire face à Bourgoin-Jallieu (13-11).
2000 : le 28 mai, il remporte le Challenge européen avec la Section Paloise après une victoire contre le Castres Olymplique (34-21).

Racontez-nous la vie de l'équipe de France, installée au château Ricard de la Voisine, à Clairefontaine (Yvelines)...
Ceux qui dormaient aux écuries (local situé à l'entrée du domaine) avaient la possibilité de sortir discrètement, le soir, et il y a eu quelques dégagements (sourire). Mais moi, je logeais au château et comme c'était ma première titularisation, j'ai été sérieux. Je ne sais pas comment les répartitions étaient faites, mais en équipe de France, je n'ai jamais connu les écuries.

 

De quelle façon était conçue la préparation du match ?
C'était assez atypique, en tout cas très différent de ce qu'on connaît aujourd'hui à Marcoussis. Même si le rugby était devenu professionnel en 1995, les préparations de match n'avaient, à cette époque, rien de sophistiqué. Le terrain d'entraînement, situé à côté du château, était un vrai marécage, et je ne sais même pas s'il était aux normes... Pour analyser le jeu écossais, on a regardé des cassettes vidéo dans notre salon, qui était aussi utilisé pour les conférences de presse.

Je me souviens surtout que nous avons vécu des moments de grande convivialité. Certains d'entre nous jouaient aux cartes jusqu'à tard le soir ou regardaient la télé en fumant des cigarettes, pendant qu'à côté d'eux, d'autres se faisaient masser... Le temps d'un match, on formait une famille. Le téléphone portable n'existait pas : il y avait une cabine téléphonique dans le hall d'entrée et on appelait chacun à tour de rôle. Quant aux repas, ils n'étaient pas vraiment diététiques. On mangeait bien (rires).

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La France après son Grand Chelem de 1997. (J.-C. Pichon/L'Équipe)

Quand avez-vous vraiment basculé mentalement dans le match ?
Dans le car escorté par des motards, en direction du Parc des Princes... On voyait des supporters sur le bord de la route qui nous encourageaient en nous faisant signe. Personnellement, c'est au moment des hymnes que j'ai ressenti l'émotion me submerger. Je suis issu d'une famille de rugbymen. Mon père jouait troisième-ligne à Vichy (Alliers), prof de gym : c'est lui qui nous a mis très jeunes au rugby, mon frère et moi. À cette époque, devenir international me paraissait inaccessible. Alors, au moment de chanter la Marseillaise, j'ai versé une larme. Pour cette première titularisation, il y avait toute ma famille dans la tribune. Ça m'a rendu heureux mais, d'un autre côté, j'avais hâte que le match débute.

« Notre génération n'était pas très attirée par les alcools forts : on tenait longtemps dans la nuit parce que nous ne buvions que des bières »

 

 
 
 

Cette émotion ne vous a pas coupé les jambes ?
Non, au contraire : ça m'a galvanisé !

Y a-t-il une action de jeu dont vous vous souvenez plus particulièrement ?
L'essai d'Olivier Magne (76e), en fin de match ! On contre un ballon en touche dans nos vingt-deux mètres, on remonte pratiquement tout le terrain en quelques passes et Charly (Magne) marque en coin. Il y a aussi le gros plaquage que j'effectue pour arrêter une attaque écossaise. On récupère le ballon et on marque sur l'action (pause). On avait beaucoup joué. J'ai le souvenir d'un mouvement permanent.

Christophe Lamaison et vous étiez deux demis d'ouverture. Mais lui jouait au centre. Comment vous êtes-vous organisés ?
Il jouait comme un cinq-huitième. On s'appuyait beaucoup sur lui sur le jeu au pied, qu'il avait long et précis. Ça nous permettait de faire avancer l'équipe. Il avait aussi pris les tirs au but. C'était plutôt bien pour moi car je débutais et ça me permettait de me concentrer sur le jeu.

La troisième mi-temps qui a suivi a-t-elle été à la hauteur de ce Grand Chelem ?
Après le banquet en smoking, nous sommes allés sur une péniche. Notre génération n'était pas très attirée par les alcools forts : on tenait longtemps dans la nuit parce que nous ne buvions que des bières... J'ai ensuite retrouvé ma famille et on a fini au Bedford (pub situé dans le Quartier latin). Comme je connaissais bien Paris depuis ma scolarité au lycée Lakanal et que j'avais joué sept ans au PUC, j'avais des repères (sourire). On y a passé quelques sacrées soirées, rue Princesse... Si les murs pouvaient parler, ils en raconteraient de belles (rires). Et au petit matin, on a rejoint notre hôtel à côté de la gare Saint-Lazare.

« Elle est plaisante à voir. Elle n'est pas dominatrice par ses avants, mais ambitieuse dans le jeu. Elle tente beaucoup, elle ose »

À propos de l'équipe d'Écosse.

 
 
 

Y a-t-il des coéquipiers que vous avez perdus de vue que vous aimeriez revoir ?
Sur le terrain, nous étions très solidaires et ce titre nous a encore plus soudés. On a gardé le contact et les retrouvailles sont toujours chaleureuses. Mais c'est vrai, il y a longtemps que je n'ai pas croisé David Venditti et Laurent Leflamand. Olivier Merle, aussi. C'est quelqu'un d'une grande gentillesse. À travers des articles dans la presse, je sais juste qu'il fabrique des couteaux.

Y a-t-il un joueur écossais qui vous a plus particulièrement marqué ?
Après ce match, au banquet, j'ai pas mal échangé avec Craig Chalmers, mon vis-à-vis à l'ouverture. Et même si je n'ai jamais joué contre lui, j'avais beaucoup d'admiration pour le centre Scott Hastings.

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David Aucagne sur le banc de Montauban (à droite). (Sylvain Thomas/Presse Sports)

Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur l'équipe d'Écosse ?
Ce que j'apprécie, c'est qu'elle garde son identité. C'est une équipe qui aime le jeu, qui déplace le ballon, qui produit beaucoup de mouvement. Elle est plaisante à voir. Elle n'est pas dominatrice par ses avants, mais ambitieuse dans le jeu. Elle tente beaucoup, elle ose. Le fait que Greg Townsend soit aux commandes n'est pas étranger à ses belles performances : quand il jouait demi d'ouverture, ou trois-quarts centre, c'était un attaquant de grande qualité ; comme entraîneur, il est resté fidèle à ses principes. »

Le Béarn dans la peau
Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, David Aucagne n'a jamais quitté le rugby. Il a débuté sa carrière d'entraîneur au sein de la Section paloise, en charge du centre de formation. Marié depuis 1997 - « c'était une belle année », sourit-il -, et père de deux filles, âgées de 22 et 17 ans, il a fait de Pau son épicentre. Son épouse, ancienne danseuse classique, y a géré en 1999 un magasin franchisé Eden Park, vendu en 2011. « J'aime le Béarn, ses montagnes, sa nature, mais aussi l'art en général, l'architecture et la peinture en particulier. » Il entraîne aujourd'hui Montauban (actuel 13e de Pro D2), associé à Pierre-Philippe Lafond. R. E.
 


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Posté 11 octobre 2025 - 06:41

« J'ai versé ma petite larme à Murrayfield » : les souvenirs de Sofiane Guitoune
L'ancien centre international (9 sélections) a vécu sa plus belle saison avec Toulouse en 2018-2019, au terme de laquelle il a soulevé son premier Bouclier de Brennus. Après pas mal de galères, il avait alors été rappelé avec les Bleus en vue du Mondial au Japon.

« Quel est le partenaire le plus fort avec lequel vous avez joué ?
Rupeni Caucaunibuca était un diamant brut. Du talent naturel, sans aucun travail d'acharné derrière. Il avait une puissance innée. J'avais 18 ans lorsque je jouais avec lui (à Agen) et il était incroyable. Le rugby n'était qu'un pur plaisir pour lui. À aucun moment, il n'a pris ça au sérieux. Quand il faisait trop froid, il ne voulait pas s'entraîner. Il n'allait pas non plus beaucoup à la musculation... Évidemment je retiens aussi Antoine (Dupont) et Cheslin (Kolbe) qui eux sont de gros bosseurs.

 
 

L'adversaire le plus fort ?
Jonny Wilkinson à l'époque du grand Toulon (2009-2014). Je l'ai affronté pour mon premier match de Top 14 (en août 2012 avec l'USAP). Mon premier plaquage, je le fais sur lui. Lui sort sur commotion. Puis il revient, nous sort le grand jeu et gagne le match. Il avait la classe. Contrairement à Rupeni, c'était un bourreau de travail. Il était précis dans tout ce qu'il faisait et qu'il entreprenait. Le souvenir de cette première est mitigé car je m'étais pété le croisé du genou droit ! (Rire.)

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Force de la nature, le Fidjien Rupeni Caucaunibuca a évolué avec Sofiane Guitoune en équipe première à Agen entre 2007 et 2010. (Luttiau/L'Equipe)
Sofiane Guitoune, en bref
36 ans. Ancien centre. 9 sélections en équipe de France (2013-2019).
Parcours pro : Agen (2007-2010), Albi (2010-2012), Perpignan (2012-2014), Bordeaux-Bègles (2014-2016), Toulouse (2016-2024).
Palmarès : champion de France avec Toulouse (2019, 2021, 2023, 2024), vainqueur de la Coupe des champions avec Toulouse (2021, 2024).

Votre coéquipier le plus déjanté ?
Je pense qu'il va revenir souvent... Nans (Ducuing, à l'UBB). Il faisait des blagues à longueur de journée. À Toulouse, j'ai aussi beaucoup rigolé avec Luke McAlister, un super bon vivant. Il avait toujours la banane. Je venais d'arriver à Toulouse (en 2016) et on ne jouait pas le premier match. Il m'a proposé d'aller manger au restaurant et de regarder le match des copains. C'était un traquenard. Il m'a amené dans un bar à vin et on avait fini à pas d'heure.

 
 

« Ma carrière est allée globalement au-delà de mes rêves. Je sais que je suis très chanceux d'avoir fait partie de ce groupe-là à Toulouse »

 
 
 

Votre plus grosse bringue ?
Après le premier titre de champion avec Toulouse en 2019. Toute la semaine, on n'avait pas dormi. Je rentrais pour me doucher à la maison et je repartais direct. C'étaient des moments simples autour d'une table à discuter, rigoler, se rappeler la saison, se faire des vannes et profiter avec les gens qu'on aime. Aucune fête n'est plus belle que la première. Pour le doublé (saison 2020-2021), durant le Covid, c'était un peu différent. Tout le monde était enfermé. Nous, on avait le droit de pouvoir profiter, d'être ensemble et faire la fête. Celle-là a été vraiment costaude... J'étais blessé depuis le mois de mars et je n'avais pas joué la finale (remportée 18-8 contre La Rochelle). J'avais pris une belle timbale jusqu'à 5 heures du matin et ça suffisait. Le lendemain, le car partait à 11 heures pour Ginette (un club de plage dans les Pyrénées-Orientales). Le matin, tout le monde m'appelait mais je ne décrochais pas car je savais très bien ce qu'ils voulaient. Finalement, c'est le président (Didier Lacroix) qui est venu me chercher à la maison. J'étais dans mon lit en gueule de bois. J'entendais le chien qui aboyait. J'étais sorti et le président m'a dit "dépêche-toi, habille-toi et on y va". J'ai pris une douche et j'ai rejoint les copains.

 

Votre plus grande fierté ?
L'ensemble de la saison 2018-2019. Je revenais d'un an et demi de blessure (pubalgie). À part mes proches, personne ne croyait en moi. Mais j'ai évolué au meilleur niveau de toute ma carrière avec à la fin un titre de champion de France et une convocation en équipe de France (pour le Mondial 2019 au Japon). Je n'ai pas pleuré pour ma première sélection (en 2013 contre les Tonga, 38-18). Mais quand j'ai été rappelé après quatre ans sans sélection, j'ai versé ma petite larme face à l'Écosse à Murrayfield (en août 2019, la précédente datait de la Coupe du monde 2015). Je revenais de tellement loin. C'était inouï. Ma carrière est allée globalement au-delà de mes rêves. Je sais que je suis très chanceux d'avoir fait partie de ce groupe-là à Toulouse. Lorsqu'ils sont arrivés, c'étaient des petits gosses et maintenant ce sont des hommes avec toujours cette joie de vivre et l'envie de tout casser sur le terrain.

« Il n'y a pas eu de choix à faire quand Toulouse s'est intéressé à moi... (Il sourit.) C'est le club dont je suis fan depuis tout petit »

 
 
 

Votre plus grande déception ?
La fin avec l'UBB s'était très mal passée alors que je pense avoir été réglo. Le président Laurent Marti me courait après pour que je signe. Perpignan descend et j'y vais (en 2014). Je fais mon taf toute la saison. En revenant de la Coupe du monde, je signe au Stade Toulousain (pour la saison 2016). Je l'annonce au club. Mais dès que la signature est faite, je ne suis plus trop invité sur les feuilles de match alors que mon niveau n'avait pas baissé. Je trouve ça un peu naze. Quelque chose était cassé. Heureusement que l'équipe de France à 7 m'avait contacté sinon ça aurait très, très long.

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Sofiane Guitoune (au centre, à droite du Brennus) a remporté son premier Championnat de France en 2019 avec le Stade Toulousain. (F. Faugere/L'Equipe)

L'entraîneur qui vous le plus marqué ?
Henry Broncan. Il prenait les hommes pour ce qu'ils étaient et pas pour ce qu'on racontait d'eux. Il donnait sa chance à un gamin de 18 ans comme à un vieux briscard de 35 ans. Il était vrai. Il était un peu à l'ancienne mais il était aussi en avance sur son temps. De plus en plus de clubs font aujourd'hui des lancements sur trois-quatre temps de jeu, comme lui il y a dix-huit ans. C'était un personnage. Il était passionné de la mêlée mais à côté de ça il était très cultivé. C'est le premier coach qui m'a fait jouer en pro (2007) puis il m'a tendu la main pour rebondir avec lui à Albi (2010).

Un club où vous avez failli signer ?
À plusieurs reprises, j'aurais pu aller à Toulon. D'abord quand je suis parti à Perpignan, puis quand j'ai quitté Bordeaux. J'ai déjeuné avec Mourad Boudjellal (l'ancien président) et on avait sympathisé. J'adore le personnage et l'homme. Mais ça ne s'était pas fait. La première fois parce que j'étais un peu jeune pour aller dans cette écurie-là au côté de Wilkinson, Armitage, Giteau et tous les autres. J'ai préféré aller à l'USAP. Puis il n'y a pas eu de choix à faire quand Toulouse s'est intéressé à moi... (Il sourit.) C'est le club dont je suis fan depuis tout petit. »

Sa vie d'ex

Sofiane Guitoune a achevé sa carrière par une anecdotique défaite à Lyon avec Toulouse (40-28), le 8 juin 2024. Ce jour-là, le centre avait été promu capitaine et inscrit un ultime essai. Le jeune retraité a ensuite profité de deux mois de vacances, avec notamment un voyage avec ses parents en Algérie, où il n'était plus allé depuis quinze ans. Dans la foulée, il est revenu chez les Rouge et Noir en tant que préparateur physique du centre de formation. « C'est une reconversion facile pour moi, dit-il avec le sourire. Le chemin pour aller au travail et les collègues ne changent pas. » Parallèlement, il gère plusieurs restaurants qu'il a montés durant sa carrière. Guitoune a aussi ressorti ses crampons l'été dernier pour jouer avec son frère en Fédérale 1 au TOEC TOAC FCT Rugby, un club de la région toulousaine.


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Posté 12 novembre 2025 - 22:08

On avait rencontré Dan Carter pour la première fois il y a une vingtaine d'années, à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Quelques années plus tard, il allait devenir le stratège des All Blacks, champions du monde en 2011 et 2015, avec qui il compte 112 sélections. Élu meilleur joueur mondial à trois reprises (en 2005, 2012 et 2015), il a aussi remporté deux boucliers de Brennus, avec Perpignan en 2009 puis le Racing en 2016 et a achevé sa carrière, à 38 ans, sur un titre de champion du Japon avec les Kobelco Steelers en 2019.

 

Il a toujours été un interlocuteur prudent, lisse et policé. Sa fonction le lui imposait, sa nature l'y incitait. Aujourd'hui âgé de 43 ans, ce quadra élégant a fait du chemin. Lorsqu'on l'a retrouvé un après-midi de juillet, on l'a trouvé apaisé. Dans un appartement cosy sur les pentes du Mount Eden, volcan assoupi au coeur d'Auckland, « D.C. » était délesté de sa prudence. Il nous a raconté ses rêves brisés, ses doutes et son obsession de champion.

 

« Dan, 43 ans, ça pèse comment ?
Ah, j'ai arrêté de compter, j'ai un tas de cheveux gris. C'est normal avec nos quatre garçons plutôt actifs. Cruz, le plus jeune a 4 ans. Rocco 6, Fox 10 et Marco 12. Les deux grands je les ai vus moins souvent. En 2015, la Coupe du monde m'a beaucoup accaparé. J'ai dû voir ma famille à peine 50 % du temps cette année-là.

Être absent c'est devoir gérer un sentiment de culpabilité ?
Oui, forcément. Tu as à coeur d'être le meilleur père possible. Et ce n'était pas ma réalité. Quand j'étais présent je faisais tout pour l'être vraiment, sans téléphone ni distractions. Pour jouer avec eux. C'est important, le jeu. Je crois qu'un enfant peut comprendre que les parents ne peuvent pas être présents en permanence. Il faut gagner sa vie. J'étais épanoui au Racing 92 (2015-2018) car je pouvais les voir quasiment tous les jours.

 

C'est derrière vous désormais. Ces sacrifices valaient-ils le coup ? J'ai accompli mon rêve : porter le maillot des All Blacks et honorer mon pays. Je l'ai fait avec, au fond du coeur, le rêve de devenir un grand All Black. C'est difficile à avouer mais pour y parvenir, ta famille passe en second. Pour l'accepter, tu te dis que ça ne va pas durer. J'ai la chance d'avoir une compagne qui m'a soutenu. Honor (Dillon) était internationale de hockey au sein des Black Sticks, elle connaissait la réalité du haut niveau. Elle savait qu'une carrière n'a qu'un temps. J'ai passé treize années sous le maillot noir, ce n'est qu'une petite partie de ma vie.

 
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Dan Carter, à Auckland en juillet dernier. (J. Warburton/L'Équipe)

Loin des siens, on éprouve un sentiment de manque ou d'anxiété ? (Il sourit) Non, on se dit : "J'ai la chance d'avoir deux familles" parce que les All Blacks deviennent votre seconde famille. On se repose sur les gars, on se confie à eux. Il y a un soutien mutuel, de l'entraide.

Si vous pouviez rencontrer le Dan Carter d'antan vous le choisiriez à quel âge ?
(Il réfléchit) J'aimerais parler au petit garçon de 5 ans qui rêvait d'être un All Black. Certains voulaient devenir pompier, astronaute. Moi c'était All Black. Ça m'est venu pendant la Coupe du monde de 1987 en Nouvelle-Zélande. Ils avaient battu la France en finale. Le pays était électrique. J'ai imprimé tant de souvenirs : David Kirk soulevant la Coupe à bout de bras. John Kirwan avec son essai incroyable lors du premier match (parti de ses 22, il avait slalomé sur près de 80 mètres entre une dizaine d'Italiens avant d'aplatir).

Et puis l'aura de Michael Jones. Ce garçon de 5 ans était devant sa télé mais au fond de lui, il était sur le terrain avec les All Blacks. Le rêve s'est fracassé une première fois à 17 ans. Le rugby était devenu professionnel, on pouvait en faire son métier. J'avais grandi dans une petite ville rurale (Southbridge) et pour avoir une chance j'ai intégré la Christchurch Boys Highschool (d'où sont issus 46 All Blacks), ça m'a ouvert les portes de l'équipe nationale scolaire. Mais soudain, je me suis mis à mal jouer. Trop de pression. J'ai perdu l'innocence et le goût simple de jouer. Je stressais dans des stades pleins. J'ai perdu mon rêve.

« J'ai tiré cette leçon pour le reste de ma carrière : "N'oublie jamais pourquoi tu fais les choses." »

Dan Carter

 
 
 

Comment ?
L'établissement avait une salle des trophées, avec une longue liste d'anciens devenus des All Blacks. Andrew Mehrtens avait étudié là, Daryl Gibson, les frères Mauger... Face à ça, je me suis dit : "Oh mon Dieu !" C'était vertigineux, un poids énorme m'est tombé dessus. Mon jeu s'est crispé, je ressassais chaque erreur. À la fin du lycée, j'ai reçu une proposition pour jouer en seniors. J'ai décliné. Je préférais jouer un social rugby avec mes potes. C'est comme ça que l'envie est revenue. J'étais incapable de m'en rendre compte, mais ça a été une leçon pour le reste de ma carrière : "N'oublie jamais pourquoi tu fais les choses".

Votre carrière a quelques cahots, quel fut le pire ?
Les blessures. Je suis passé pro en 2002 (avec Canterbury) à 20 ans. Tout s'est très bien passé pendant sept, huit ans jusqu'à ma première grosse blessure à Perpignan, en 2009 : rupture du tendon d'Achille.

Mauvaise préparation, alimentation déséquilibrée, trop de soirées ?
(Il rit) Non, j'ai trop tiré sur mon corps. Il avait un message à me faire passer : "Tu as besoin de repos". Cette année-là, je n'avais pas fait de pause : après une saison aux Crusaders, j'avais enchaîné par les tests internationaux avec les All Blacks puis rejoint l'USAP pour jouer en Top 14. J'ai trop tiré sur mon corps.

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Dan Carter au-dessus de la mêlée française en quarts e finale de la Coupe du monde 2015. (Matt Lewis /World Rugby via Getty Images)

Passer des All Blacks au Perpignan de 2008, ça fait quel effet ?
C'était incroyable. J'avais vécu dans une bulle. J'ai débarqué dans un nouveau pays. Le changement était colossal. Il m'a fallu comprendre une culture nouvelle, une approche ­différente du rugby... Ce qui m'excitait, c'était de gagner le respect de mes coéquipiers. Ils m'avaient vu jouer mais ne me connaissaient pas. Ça peut paraître dingue mais je n'ai pas senti de pression de la part des dirigeants. Ils auraient pu. La pression existait sans peser car Perpignan n'avait plus gagné depuis cinquante-quatre ans. Je me suis fait un point d'honneur à aider ce club habitué au milieu de tableau. Je n'avais jamais vu des supporters aussi passionnés. Quand je me suis blessé, ça m'a miné.

La culpabilité d'avoir failli, encore ?
Oui, au début. Le club m'avait recruté pour un boulot. J'ai cru que les supporters allaient me tuer en apprenant que je ne pouvais plus jouer (après 5 matches). Ils ont vu que c'était sérieux et se sont montrés bienveillants. La fédération néo-zélandaise voulait me rapatrier pour ma prise en charge médicale. J'étais sous contrat avec eux et légalement ils étaient mes patrons. J'ai refusé. J'avais besoin d'être à Perpignan et de me sentir utile auprès des gens. Finalement un physiothérapeute all black est venu pour superviser ma rééducation. J'ai pu terminer la saison là-bas. Avec Franck Azéma (l'entraîneur des arrières), on débriefait les matches. J'ai vraiment compris l'impact du rugby à Perpignan quand on a été champion de France en 2009. La ville était dans un état incroyable, les gens... Vivre ces moments-là m'a donné le goût de la France et l'envie d'y revenir.

« Le maillot ne t'appartient pas. Tu n'es qu'un gardien dépositaire d'un héritage »

Dan Carter

 
 
 

Ce fut le cas en 2015 en rejoignant le Racing 92...
Chez les All Blacks, on a une philosophie : le maillot ne t'appartient pas. Tu n'es qu'un gardien dépositaire d'un héritage. Ton devoir, c'est d'ajouter ta pierre et de laisser ce maillot dans un meilleur état que celui dans lequel tu l'as trouvé. C'est la mission que je m'étais fixée au Racing. Le club naviguait entre le top 4 et le milieu du classement, il manquait juste un petit quelque chose. On a construit un groupe de leaders très solide, instauré un dialogue beaucoup plus ouvert entre les joueurs et les entraîneurs. On a même mis en place des réunions dirigées par les joueurs. Ça a pris un peu plus de temps que je ne l'imaginais mais on y est parvenus (le club fut champion de France en 2016). Quand j'ai quitté le Racing, j'ai ressenti la satisfaction d'avoir un peu contribué à l'histoire de ce club.

Vous avez achevé votre carrière à 38 ans après un ultime titre avec Kobe au Japon...
Là-bas, le défi était la hiérarchie. Par respect des traditions, les jeunes n'osaient pas s'affirmer devant les anciens pour proposer des solutions. Leur éthique de travail était dingue. Une heure après les entraînements, les gars faisaient du rab. Les coaches devaient leur dire d'arrêter. Il y a cette mentalité du "je dois prouver que je mérite ma place ", plus tu t'entraînes longtemps, mieux c'est. En réalité, tu peux t'entraîner moins mais avec plus d'intensité et de précision. Je voulais que les séances soient courtes, intenses, concentrées. Avec de bons temps de repos.

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Dan Carter donne aujourd'hui des conférences où il témoigne de son parcours. (J. Warburton/L'Équipe)

Votre corps vous a accompagné jusqu'à vos 38 ans mais vous a trahi au pire des moments : en 2011, l'année de la Coupe du monde en Nouvelle Zélande...
Ça a été le moment le plus dur à vivre. J'avais tout mis de moi pour cette Coupe du monde à domicile. J'en avais rêvé désespérément. J'avais échoué en 2003, à 21 ans. Puis en 2007, encore... Je me suis blessé à l'entraînement, en préparant le dernier match de poule. Une semaine avant les quarts de finale. J'avais été nommé capitaine le matin même. Je faisais des tirs au but, face aux poteaux. Un geste que j'ai répété mille fois. Quand mon pied a tapé le ballon j'ai ressenti un "pop" au niveau de l'aine. Le muscle était sorti de sa gaine. Une douleur abominable. C'était sérieux. J'ai compris que mon rêve de Coupe du monde était fini. J'étais anéanti. Je suis certain qu'Antoine Dupont (victime d'une rupture des ligaments au genou droit en mars 2025) comprend ce que j'ai ressenti ce jour-là.

On parle parfois de la force de l'inconscient dans les blessures...
Moi je dirais juste : "Pas de bol". Le truc horrible, c'est l'avalanche de questions dans ta tête : "Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi là ?" Jusque-là, je pensais que les choses n'arrivaient pas par hasard : en 2009, mon corps m'avait dit stop. Là, ça n'avait pas de sens. J'ai compris cette blessure quatre ans plus tard, en remportant la Coupe du monde 2015. J'ai réalisé que ces coups durs, ces déceptions accumulées avaient ancré un truc profond en moi : une obsession. Elle m'a guidé avec intensité pour aller chercher toujours plus loin en moi. Un feu qui s'allumait dès le réveil : avec une check-list de tout ce que je devais faire pour devenir le meilleur. Un refus des raccourcis. Une exigence. Je passais des heures à étudier les adversaires. J'ai tout mis en oeuvre pour la gagner, cette Coupe du monde.

« J'ai vu ces ombres qui peuvent nuire au succès. J'aimerais que mon expérience ait un impact social »

Dan Carter

 
 
 

Vous partiez de loin après une saison 2015 en Super Rugby très moyenne. Un éditorialiste du New Zealand Herald avait même écrit : "Il faut virez Carter !"
J'étais dans le dur mais j'avais besoin d'enchaîner six-huit matches pour revenir au plus haut niveau. En 2013 et 2014, j'avais cumulé les pépins physiques, j'étais un peu âgé (33 ans), et ça m'avait été impossible de revenir après deux mois d'arrêt et de tout fracasser sur un match. J'avais besoin de retrouver la confiance en mon corps. J'ai commencé par jouer 60 minutes. "OK, ça tient." Au départ je ne me focalisais pas sur mon jeu, mon but était juste de survivre physiquement. Une fois que j'ai eu la possibilité d'enchaîner les matches, je me suis dit : "C'est bon ! Maintenant il te faut mettre en oeuvre ce que tu sais faire." Je ne rentrais plus sur le terrain en mode survie mais pour être le meilleur.

Ah oui, quand même...
En fin de saison, j'ai retrouvé un très bon niveau. J'ai rejoué avec les All Blacks face aux Samoa. Plus je jouais, plus mes sensations revenaient.

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Quelle est votre quête aujourd'hui ?
Transmettre, partager mon vécu. J'ai appris des choses précieuses : la culture d'équipe, la résilience, être performant sous haute pression... J'ai vu ces ombres qui peuvent nuire au succès. J'aimerais que mon expérience ait un impact social. J'adore ressentir cette nervosité avant une prise de parole en conférence. C'est assez similaire à l'énergie d'avant-match. Il y a des groupes moins engagés. Le message peut avoir du mal à passer. À l'issue de mes interventions, tu as aussi le retour direct des gens. Certains te disent que ça va leur être utile dans la vie. Un jour quelqu'un m'a dit : "Vous nous avez apporté plus de sérénité".

Et une carrière d'entraîneur ?
Bof. Ce serait revenir là où j'étais il y a vingt ans, avec des week-ends loin des miens. Ma priorité, aujourd'hui, ce sont mes enfants.

Que vous dit votre corps le matin au réveil ?
Il me dit : "Nooooon ! Je veux encore dormir !" Imaginez, quatre garçons... J'ai de la chance, mon corps est en bon état. J'ai su passer le ballon avec un bon timing pour éviter les chocs. Quand tu arrêtes de jouer, c'est important de continuer à bouger. Tu ne peux plus t'entraîner avec la même intensité. Tu n'as plus les mêmes objectifs de performance. Six mois après ma retraite, je me suis rendu compte que je faisais les mêmes exercices qu'avant un match international. Je me suis arrêté net : "Mais pourquoi tu fais ça ? T'as pas match samedi !"

« Quand j'ai arrêté le rugby je doutais un peu de moi. Je n'avais pas été à la fac »

Dan Carter

 
 
 

En quoi consiste votre entraînement aujourd'hui ?
Trois sessions hebdo de circuit training à haute intensité, 45 minutes, pour transpirer et garder la forme. Je cours deux-trois fois par semaine, pas long, 30 ou 40 minutes. Assez pour me sentir bien car si je ne fais pas de sport, je me sens ronchon. L'exercice c'est d'abord pour ma santé mentale. C'est incroyable comme un petit footing peut t'éclairer l'esprit. Parfois des joueurs, saturés, me disent : "Quand j'arrêterai, je vais me prendre un an de repos !" Mais après un arrêt total c'est trop dur de reprendre.

Quand on a été Dan Carter, ça ne doit pas être simple de se réinventer...
On ne parle pas assez de l'après... Quand tu joues, tu es très entouré avec une équipe médicale, des coaches, des diététiciens. D'un coup, plus rien. Certains réussissent la transition et leur reconversion, l'ont bien anticipé. Pour d'autres, c'est très dur.

Pour vous, ce fut comment ?
Pas facile. Comme une perte d'identité. Je me disais : "Au fond, c'est qui, Dan ?", "Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?"

Ça a duré des mois ?
Je dirais des années... J'ai eu l'intuition de devoir en parler. Et l'envie de savoir comment ça s'était passé pour les autres, ce qu'ils avaient le sentiment d'avoir perdu. J'ai appelé Jonny Wilkinson. Il a été très sincère dans ses confidences. Pareil avec Richie (McCaw) et Titi (Thierry Dusautoir), ça leur a fait du bien de parler. Une fois que tu as été très haut et que tout s'arrête, c'est compliqué d'entrevoir une nouvelle trajectoire. Quand j'ai arrêté le rugby, je doutais un peu de moi. Je n'avais pas été à la fac. Il m'a fallu du temps pour comprendre que tout ce que j'avais vécu pouvait servir aux autres : créer une culture d'équipe qui associe exigence et bienveillance, dessiner un projet commun, savoir performer sous haute pression, contrôler son esprit... Tout ça peut aider les gens. J'ai fait partie d'une équipe hors normes. La pression a toujours été là, on nous a appris à y faire face. Impossible de la fuir. Il faut l'étudier, en comprendre les mécanismes. La pression, ce n'est pas un fardeau, c'est un privilège. »


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Posté 14 novembre 2025 - 16:44

Les souvenirs d'Olivier Magne avec l'équipe de France face aux Fidji : « Heureusement que Caucaunibuca me rate »
Ancien troisième-ligne international (89 sélections), Olivier Magne a affronté à quatre reprises les Fidji avec le quinze de France, dont une rencontre du Mondial 2003 en Australie où il avait pris une bonne gauche de l'ailier Rupeni Caucaunibuca.

« Quel souvenir gardez-vous de votre première confrontation face aux Fidji (victoire 34-9) à Suva, en juin 1998 ?
C'était la folie. On avait d'abord joué au fin fond des Fidji quelques jours auparavant contre une équipe de province (les Fidji Warriors). La veille, ils nous avaient invités à boire du kava dans un cérémonial qui leur est très cher. Puis, pour le match, je me souviens d'un terrain très sec. Les spectateurs étaient perchés dans les cocotiers. À Suva, quelques jours plus tard, tout le monde rentrait un petit peu partout dans le stade. Les joueurs fidjiens étaient vraiment très déterminés et le score final était assez flatteur pour nous.

 
 

C'était un voyage pas comme les autres ?
Oui, vraiment. On allait à la plage et les pêcheurs nous amenaient des grands sacs de langoustes pour des barbecues. C'est une île paradisiaque, mais en même temps, il fallait rester concentré sur le gros défi sportif à relever. Ce peuple nous avait reçus avec tous les honneurs alors que beaucoup vivaient avec trois fois rien. On sentait une atmosphère d'excitation absolument surréaliste. Ces tournées dépassaient le cadre sportif, elles faisaient prendre conscience de tout ce que pouvait représenter la France à l'étranger, avec sur place une admiration parfois exagérée. C'est un immense privilège d'avoir vécu ça. Je ne suis jamais retourné aux Fidji et j'ai bien envie de visiter un jour le pays et de connaître un peu mieux leur système de formation.

« On avait l'image d'une équipe fantasque, mais c'était aussi des guerriers, de gros combattants »

 
 
 

Vous aviez retrouvé ensuite cette équipe au Mondial 1999, à Toulouse, puis en test-match deux ans plus tard à Saint-Étienne...
En 1999, on n'était vraiment pas à l'aise dans ce début de Coupe du monde. Je n'en garde pas un super souvenir. On ne pensait pas qu'on pouvait perdre contre les Fidji mais ça a bien failli arriver ce jour-là au Stadium (28-19) à cause d'un sentiment de supériorité un peu historique. On avait l'image d'une équipe fantasque, mais c'était aussi des guerriers, de gros combattants. Deux ans plus tard, il n'y avait pas eu match cette fois (77-10). On avait joué avec une facilité assez déconcertante. On était dans une bonne période avec un beau renouvellement et beaucoup d'enthousiasme au sein de l'équipe.

En bref
Olivier Magne
Ancien troisième-ligne
52 ans
89 sélections dont 4 contre les Fidji (pour autant de victoires)
5 victoires dans le Tournoi dont 4 Grands Chelems (1997, 1998, 2002 et 2004)
 
 

Puis vient cette rencontre de Coupe du monde 2003 en Australie (61-18) et cet accrochage avec l'ailier Rupeni Caucaunibuca peu après l'heure de jeu. Il ne vous avait pas raté avec un bon crochet du gauche...
Ah si, et heureusement qu'il me rate ! Sinon il aurait pu m'arracher la mâchoire (il rigole). On était bien entré dans le match et il y avait eu ce petit accrochage. Lors de cette Coupe du monde, Caucaunibuca avait montré tout son talent et ses qualités athlétiques, à l'image de l'essai qu'il marque contre nous ce jour-là. Mais aussi son penchant pour la boxe (sourire) ! À ce moment-là, j'arrive sur l'échauffourée et j'essaie surtout de séparer les joueurs. Je ne sais pas trop qui me met un coup de poing. On m'attrape un peu par derrière avec l'avant-bras. Heureusement qu'il ne me prend pas directement dans le menton. Au final, je n'avais pas grand-chose.

 

« J'étais aussi très admiratif des avants fidjiens. On voyait parfois débouler des deuxième-ligne qui couraient le 100 m en moins de 11 secondes ! Il n'y avait que chez eux que ça existait »

 
 
 

Étiez-vous en colère contre lui ?
Ce qui m'a fait chier surtout, c'est de prendre un carton (jaune). Je n'y étais pas pour grand-chose. Mais je n'en veux pas à Caucaunibuca. À cette époque, tu prenais un coup comme ça pratiquement tous les week-ends. Je n'ai pas été surpris. (Il se marre.) Cela ne m'aurait d'ailleurs pas dérangé de boire une bière avec lui après le match. Entre l'agression et l'agressivité, la frontière est parfois assez mince. Moi, j'avais parfaitement conscience que ma Coupe du monde aurait pu s'arrêter si je mettais un coup de poing. Lui, un peu moins (Caucaunibuca avait écopé de deux matches de suspension).

Sportivement, est-il le meilleur Fidjien que vous ayez croisé ?
Il était incroyable. Imaginez s'il avait joué avec les All Blacks et Jonah Lomu de l'autre côté ! Des Fidjiens de 110 kg comme lui étaient capables de prendre n'importe qui sur des petits espaces. J'étais aussi très admiratif de leurs avants. On voyait parfois débouler des deuxième-ligne qui couraient le 100 m en moins de 11 secondes ! Il n'y avait que chez eux que ça existait. Celui qui m'énervait autant qu'il me faisait rêver, c'était Sireli (Bobo). Il avait un talent monstrueux. La première fois que j'ai joué contre les Fidji, c'était à Punta del Este (Uruguay) en 1992, sur un tournoi à sept. J'étais un jeune joueur pas encore suffisamment aguerri pour aller sur du défi physique avec eux. Un jour, notre entraîneur Thierry Janeczek me dit : "Il faut les agresser un peu en mêlée et rentrer au casque." On se met en place et là je regarde le mec en face de moi. C'était Joeli Vidiri. Il avait une tête énorme, on aurait dit un téléviseur ! Je me répétais dans la tête ce que m'avait dit Thierry, mais ce n'était vraiment pas possible (rire).

Vous évoquiez votre envie de retourner aux Fidji. Il se dit que vous aviez été en contact avec la fédération locale pour prendre le poste de sélectionneur en 2020...
Oui, ça s'était fait pendant la période Covid par Pierre Villepreux, qui est proche des Fidji. Il m'avait dit : "Ils cherchent un sélectionneur. Pourquoi tu ne postules pas ?" J'avais sollicité un membre de la fédération et on avait échangé rapidement par mail. Mais c'était compliqué à l'époque avec des démissions et des départs. Et ils ont préféré nommer Vern Cotter (en 2020). C'est dommage que ça ne se soit pas fait, ça m'aurait bien plu. Ils ont un rugby libre et développent des attitudes techniques que l'on ne voit que chez eux. Si elle était encore plus structurée, cette équipe devrait quasiment être chaque fois en demi-finales de Coupe du monde.

Une anecdote que vous n'avez jamais racontée en marge d'une rencontre contre cette équipe ?
Après avoir joué sur ce fameux terrain sec en 1998, j'avais attrapé une infection à une jambe à cause de la terre. J'étais tombé malade quelques semaines plus tard alors que j'étais en vacances au Canada. J'avais perdu huit kilos. J'avais dû être opéré. Pas mal d'autres joueurs de l'équipe avaient connu le même souci. »

Son avis sur le match de ce samedi
Une semaine après la défaite contre l'Afrique du Sud (17-32), les Bleus affrontent les Fidji samedi à Bordeaux (21h10). « C'est vraiment un match à risques, selon Olivier Magne, qui sera présent dans les tribunes du Stade Atlantique. Il peut être difficile. Ce serait une grosse erreur que la France le prenne à la légère, mais je ne pense pas que ça sera le cas. Ce sera intéressant de voir comment cette équipe réagit mentalement après la déconvenue du week-end dernier face aux Boks. Il faudra être suffisamment costaud dans la tête pour répondre à une situation qui pourrait être compliquée si les Fidjiens démarrent très fort et marquent des essais sur des exploits individuels. »


#205 RCV06

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Posté 14 novembre 2025 - 17:15

Ce serait une grosse erreur que la France le prenne à la légère,

 

On est pas vraiment en position de prendre ce match a la légère !


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#206 Alex chocolatines

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Posté 14 novembre 2025 - 18:08

Ce serait une grosse erreur que la France le prenne à la légère,

 

On est pas vraiment en position de prendre ce match a la légère !

Une erreur de le prendre à la légère, une faute grave de le perdre.


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#207 Eastern Outpost

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Posté 14 novembre 2025 - 20:14

Pas paroles d’ex-femmes. 

 

Tant mieux.

 

:ermm:  :D  :innocent:



#208 el landeno

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Posté 21 novembre 2025 - 16:32

Frédéric Michalak revisite ses souvenirs avec le XV de France face à l'Australie : « Tu réalises que l'équipe ne t'appartient pas »
Non retenu par Marc Lièvremont pour le Mondial néo-zélandais un an plus tôt, Frédéric Michalak avait signé une énorme prestation en novembre 2012 contre l'Australie (33-6). Un adversaire et un pays que l'ancien international de 43 ans (77 sélections) connaît très bien.

Sous le maillot du quinze de France, de 2001 à 2015, Frédéric Michalak a affronté à dix reprises l'Australie, pour quatre victoires et six défaites. L'ancien numéro 10 ou 9 de Toulouse, des Sharks (Afrique du Sud), de Toulon et Lyon y a aussi vécu la Coupe du monde 2003 dans la peau encombrante d'une nouvelle star avant de couler avec les Bleus sous la pluie de Sydney contre l'Angleterre en demi-finales.

 
 

Depuis, Michalak (43 ans) y retourne régulièrement avec son épouse et ses enfants. Mardi après-midi au Plessis-Robinson, l'entraîneur de l'attaque du Racing 92 a accepté de se confier avec sa franchise habituelle sur son rapport particulier à l'Australie.

« Quel est votre souvenir le plus fort contre les Wallabies ?
Le match de 2001 à Marseille (14-13). C'était ma première titularisation et ma deuxième sélection une semaine après mes débuts contre l'Afrique du Sud (20-10). Ce jour-là, je jouais en dix face à George Gregan et Stephen Larkham, deux légendes. C'était assez incroyable. Je me souviens du premier ballon, je voulais de suite attaquer la ligne, provoquer un truc pour ne pas m'effondrer. J'étais super excité. À bloc. J'avais 19 ans seulement, mais j'étais très bien entouré par plein d'anciens joueurs qui connaissaient parfaitement le très haut niveau. Je me sentais bien et on avait gagné. J'avais échangé mon maillot avec Larkham. Il est accroché chez mon père, comme celui de Jonny (Wilkinson) en 2003 et le mien.

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Frédéric Michalak avait défié l'Australie dès sa deuxième sélection, le 17 novembre 2001 (victoire 14-13). (B. Papon/L'Equipe)
 
 

Quel autre rendez-vous face à cette équipe a marqué votre carrière ?
Celui de 2012 (victoire 33-6 à Saint-Denis). Ce match compte aussi beaucoup pour moi. L'été précédent, j'avais fait mon retour en équipe de France dans l'ère (Philippe) Saint-André et en novembre j'avais de nouveau été pris. C'était vraiment particulier pour moi. J'avais été ignoré pendant quatre ans par le sélectionneur précédent (Marc Lièvremont). Cette période m'avait fait très mal. Il a fait ses choix. Je les ai encaissés mais je ne les ai jamais trop compris, surtout qu'il y avait beaucoup de blessés à mon poste. Et moi, j'étais en pleine bourre, c'était une de mes meilleures saisons en 2010. Pourtant je n'avais pas été pris pour la Coupe du monde 2011. Un commentaire de Lièvremont m'avait marqué à l'époque : il avait dit qu'il ne voyait pas mes matches. Un sélectionneur qui ne regarde pas les matches...

 
 

Comment l'aviez-vous vécu ?
Ça te bouffe. Tu fais des petites dépressions. Ma femme m'avait soutenu heureusement et le fait de partir en Afrique du Sud (aux Sharks de Durban) m'a reboosté mentalement, redonné envie de me dépasser et fait beaucoup de bien physiquement. Autant dire que j'étais content de revenir en 2012 et de jouer notamment ce match contre l'Australie.

Durant lequel vous aviez brillé...
C'était vraiment un bon match. Bon feeling. Du gaz. J'évoluais dans un nouveau club, à Toulon. J'étais vraiment en confiance. Je l'ai pris comme un nouveau départ, une revanche un peu aussi et une nouvelle aventure à saisir à fond avec des mecs que j'appréciais. Pendant les hymnes, Yannick (Nyanga) pleure à côté de moi, Dimitri (Szarzewski) est là aussi. J'ai encore la photo. J'étais ému. Tu réalises que l'équipe ne t'appartient pas. À cette époque-là, on ne savait jamais si on allait y revenir. Plein de choses sont remontées. C'était un beau moment. Et c'était toujours particulier de battre une nation de l'hémisphère sud, surtout qu'on n'avait plus gagné depuis 2005 contre l'Australie.

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Dimitri Szarzewski, Yannick Nyanga et Frédéric Michalak lors des hymnes avant France-Australie, le 10 novembre 2012. (R.Martin/L'Equipe)

Vous aviez reçu la meilleure note (8,5) dans nos colonnes avec notamment ce commentaire « le maître à jouer, comme on l'attendait »...
Vous auriez pu me mettre 9 ! (Rire) C'est bien mais vous m'avez mis aussi des sales notes sur d'autres matches. Ça compense !

Vous n'avez pas remporté le moindre test-match en Australie. Est-ce un regret ?
Non, pas vraiment. Le contexte n'était pas facile à gérer. On a connu des tournées d'été compliquées là-bas, en prenant parfois 40 ou 50 points sur des rencontres de fin de saison où tout le monde est un peu crevé. Mais c'était souvent une belle aventure et on a bien rigolé. Ça resserrait les liens aussi, comme les Coupes du monde à l'étranger. J'ai plein d'images du Mondial 2023 en Australie et des soirées déguisées avec chacun des sketches à faire à l'hôtel. Et il y avait des phénomènes dans le groupe ! Je me souviens plus de ces moments de rire que des matches. Je revois Fabien Galthié habillé en blanc en train de chanter le « Chevalier blanc ». (Il se marre)

« On m'appelait tout le temps dans la chambre ou sur mon téléphone. On me demandait à la réception. Ça ne s'arrêtait jamais. À 21 ans, tu n'es pas prêt à ça »

Au sujet de la « Michalakmania » lors de la Coupe du monde 2003.

 
 
 

Vous évoquez ce Mondial 2003 durant lequel vous avez été subitement propulsé sur le devant de la scène internationale...
Oui, c'était trop. Je me souviens des conférences de presse devant 100 journalistes. C'était fou. À l'époque, on n'était pas préparés à répondre à autant de sollicitations. C'était beaucoup de pression. Évidemment, la défaite en demi-finales (7-24 contre l'Angleterre) a été douloureuse. Mais il faut vivre des douleurs pour apprendre. Il a fallu ensuite arriver à basculer, comme on l'avait fait avec un Grand Chelem quelques mois plus tard.

On parlait d'une « Michalakmania » en Australie...
On m'appelait tout le temps dans la chambre ou sur mon téléphone. On me demandait à la réception. Ça ne s'arrêtait jamais. À 21 ans, tu n'es pas prêt à ça. J'ai eu plein de nouveaux copains à ce moment-là (il sourit). Quand ma carrière s'est arrêtée, ils n'étaient plus là et il ne restait plus que le premier cercle, le plus important. Moi, j'avais peur. Peur des médias. Peur du public. Quand je sortais d'un stade et qu'il y avait du monde autour de moi, je ne souriais pas. Je ne suis pas à l'aise avec les gens que je ne connais pas. Socialement, c'est dur de se faire comprendre. On me donnait une image qui ne correspondait pas à ce que je ressentais. Certains pensaient parfois que j'étais hautain, ce n'est pas vrai. J'avais peur des gens. Mais ça m'a permis aussi de mieux me connaître, de prendre confiance et de faire plein de super rencontres professionnelles qui m'ont ouvert des opportunités. On a une chance incroyable quand on fait du sport de haut niveau.

L'Australie c'est aussi le pays de votre femme...
Oui, elle est sud-africaine et australienne. Elle a la double nationalité. On essaie d'aller chaque année en Australie. Quand je jouais là-bas en tournée, ma belle-famille venait avec des maillots français. Je me souviens aussi de mon fils Hugo, alors âgé de deux ans, sur la pelouse en train de taper à la fin d'un match en 2014. Ce sont plein de bons souvenirs pour mes enfants aussi.

« Stephen Larkham était vraiment impressionnant dans ses prises de balle, ses courses, ses prises d'information, ses qualités techniques de passe. Il était très inspirant »

 
 
 

Sont-ils pour la France, l'Australie ou l'Afrique du Sud ?
Ils sont 100 % Bleus, équipe de France, JIFF, Top 14 ! (Rire)

En Australie, vous avez également lancé votre carrière d'entraîneur chez les Roosters, équipe de rugby à XIII, en 2020-2021. Comment cela s'était fait ?
J'étais à Lyon comme conseiller du président (Yann Roubert) pendant un an et demi. Puis avec le début du Covid, on s'est dit que c'était peut-être l'occasion d'aller voir la famille de ma femme. Elle la voyait rarement depuis son départ d'Australie en 2008. Je connaissais Trent Robinson (l'entraîneur) de son époque à Toulouse (il a joué à partir de 2002 puis entraîné le Toulouse Olympique). C'est un peu comme un mentor pour moi sur le coaching. J'adore le XIII et j'ai pensé que ce serait un bon apprentissage. J'ai fait un an avec eux pour m'occuper notamment du jeu au pied, des attitudes techniques et des combinaisons d'attaque vers les extérieurs, la "edge attack". C'était top. C'est ça qui m'a vraiment envie de coacher.

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Frédéric Michalak plaque Stephen Larkham lors d'un Australie-France (37-31) à Brisbane, le 2 juillet 2005. (A. De Martignac/L'Equipe)

Quel est le meilleur Australien contre qui vous avez joué ?
Stephen Larkham. C'était un peu mon idole avec Christophe Deylaud à Toulouse. Larkham était vraiment impressionnant dans ses prises de balle, ses courses, ses prises d'information, ses qualités techniques de passe. Il était très inspirant. Il avait une belle allure. La classe. Gregan aussi était évidemment très bon. D'ailleurs, la seule tactique que tout le monde avait dans le club, c'était la "Gregan". Il était peut-être un des premiers à courir en travers et faire une passe intérieure. Il a inspiré beaucoup de numéros 9.

Une anecdote que vous n'avez jamais racontée en marge d'une rencontre contre l'Australie ?
Lors de la tournée là-bas en 2002, avec Nico Jeanjean on avait fait une blague à Pierre Salviac, qui commentait alors pour France 2. On avait fait une clé et on lui avait retourné sa chambre. Il pensait qu'il y avait eu un cambrioleur ou peut-être un média étranger qui était venu. (Il éclate de rire) Il s'est plaint auprès de Beaudou (Cédric, journaliste pour France 2 également) et a porté plainte contre X. À chaque fois qu'on l'a croisé pendant dix ans, on lui en a parlé sans lui dire que c'était nous. Grâce à cette interview, il va le savoir ! »






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