On dit les rebonds du rugby imprévisibles. Certains relèvent pourtant de l’évidence. Depuis plusieurs saisons désormais, Nans Ducuing régale ses followers sur les réseaux sociaux, et plus généralement les amateurs de rugby, avec des petits sketchs totalement décalés. Des publications le plus souvent hilarantes dans lesquelles l’ancien arrière de l’UBB, seul ou flanqué de certains de ses coéquipiers ou dirigeants, étale un humour bienveillant et communicatif.
En janvier dernier, il avait ainsi embarqué son président Laurent Marti, et Fabien Galthié, pour l’annonce de sa fin de carrière de rugbyman professionnel. Une vidéo lors de laquelle le sélectionneur, désemparé face à la nouvelle, faisait tout pour tenter de le dissuader de prendre une telle décision. Avant cela, il avait tour à tour imité le jeu de mâchoire et l’accent d’un Christophe Urios qui était alors son manager ou réussi à convaincre Thibault Giroud, manager de la performance de l’UBB, de camper le rôle d’un conducteur éruptif et excédé pris dans les bouchons sur les quais de Bordeaux. Liste non exhaustive. « Mon essence, c’est la bêtise et le rire au quotidien », sourit-il.
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Nans Ducuing vivra son dernier match à Chaban-Delmas avec l’UBB, ce samedi (21 h 05) face à Vannes. Avant de raccrocher les crampons à la fin de la saison, il s’est confié à « Sud Ouest »
Avec de tels antécédents, peut-on réellement s’étonner de le voir débarquer dès dimanche soir dans le costume de consultant sur le plateau du Canal rugby club, deux mois seulement après avoir définitivement raccroché les crampons ? Patron du rugby à Canal+, Eric Bayle s’amuse de la question : « Vous auriez été déçu si on ne l’avait pas fait. » Pas faux. « On en parlait depuis l’année dernière : on se mettait des petites piques avec Eric Bayle », retrace Nans Ducuing : « Ça s’est concrétisé en janvier dernier où il m’a dit qu’il voulait qu’on se rencontre parce qu’il comptait pour moi. À moi de prouver qu’ils ont fait le bon choix. »
“Un consultant crédible”
En dépit d’un sens de l’humour particulièrement efficace et aiguisé, l’ancien arrière international (33 ans, 4 sélections) n’a pas vocation à jouer au « clown de service ». « C’est surtout sa polyvalence qui nous intéresse », assure Eric Bayle. « On voit en lui la personnalité qui fait du bien au rugby mais aussi un consultant crédible qui a été international et qui sort de 11 saisons de Top 14. »
« Souvent, j’ai des idées qui me viennent la nuit : je me lève alors que je dormais pour me les noter »
Fort de cette expertise, il sera appelé à livrer ses analyses en plateau, à commenter des matchs ou à intervenir en bord terrain. « Il va falloir trouver l’équilibre entre le sérieux et la bêtise », cible Nans Ducuing. « Parce que oui, j’adore la bêtise (sourire). Mais si j’ai voulu rentrer à Canal+, c’est aussi parce que je pense pouvoir apporter une analyse pertinente sur le fond tout en restant moi-même sur la forme. Je ne veux pas rentrer tout de suite par la case clown. Parce que c’est dur de faire rire d’entrée, mais aussi parce que c’est dur d’en sortir par la suite : je ne veux pas être enfermé dans ce rôle (sourire). »
La filiation avec « La Guille »
D’autres ont pourtant réussi à le faire par le passé. Désormais réalisateur à la filmographie bien remplie, l’ancien joueur du Racing Philippe Guillard a longtemps joué les amuseurs de service sur la chaîne cryptée en marge des matchs dans les années 2000. Avec cette capacité inimitable à embarquer les principaux acteurs du championnat dans des vidéos aussi improbables que drôles. Il n’est d’ailleurs pas interdit de voir une sorte de filiation entre sa trajectoire et celle de l’ancien joueur de l’UBB.
« Ce parallèle est facile », reconnaît Nans Ducuing, mais je ne suis pas là pour devenir le nouveau « La Guille » : il faut que je trouve ma propre identité. Mais ce qu’il faisait effectivement, et qui peut me plaire, ça peut être de proposer des contenus décalés, d’aller dans les clubs et d’essayer de trouver une nouvelle formule à ma sauce. On sent qu’il y a une attente vis-à-vis de ça. »
La thèse ne se base pourtant pas uniquement sur leur capacité à faire rire. S’il aime se laisser guider par l’improvisation, une réelle réflexion se cache derrière la spontanéité des vidéos de cet autodidacte revendiqué. Nans Ducuing écrit. Il pense la trame de ses scénarios. « Il peut m’arriver de passer des soirées à en rédiger, témoigne-t-il. Souvent, j’ai des idées qui me viennent la nuit : je me lève alors que je dormais pour me les noter. Ce sont des fils rouges autour desquels je brode. »
Cette habitude lui vaut parfois les récriminations nocturnes de sa compagne. Mais sans cette créativité bouillonnante, Nans Ducuing ne serait probablement pas ce qu’il est aujourd’hui.