Thomas Ceyte, suivi derrière par Lucas Paulos. L’attelage bayonnais a livré une partie monumentale. © Crédit photo : Bertrand Lapègue-
Écouter
-
Partager
L’Aviron Bayonnais n’a pas remporté le derby, ce samedi face à Pau. Parce que ce n’est pas un derby. N’en déplaise à la Ligue nationale de rugby, qui force pour vendre son produit, il n’y a qu’une seule chamaillerie de voisinage au Pays Basque, et on n’a même pas besoin de la citer tellement tout le monde la connaît. Vu d’ici, les Béarnais sont tout au plus des Landais des montagnes. Qui avaient la fâcheuse tendance d’en descendre pour enfiler le costume de bête noire de l’Aviron, jusqu’à ce samedi. Fin de série. Bayonne l’a emporté face à l’ex-coleader du championnat, bonus en prime (35-16), après plus de 18 ans de disette (six défaites, deux nuls).
Ils ont beau dépasser tout le monde d’une tête, ils ne sont pas les plus visibles dans un match. Spécialistes du travail de l’ombre, les deuxième ligne bayonnais ont brillé. Les chiffres ne mentent pas. Thomas Ceyte a gagné 59 mètres. Colossal pour son poste et son gabarit (1,96 m, 117 kg). Le natif d’Aubenas s’est offert 13 courses avec la balle, dont une percée majuscule, plein axe, qui a amené le troisième essai basque signé Federico Mori, en début de deuxième mi-temps (24-9, 43e). « Celle-là, je l’avais un peu en stock, plaisantait-il après la partie. Je la fais à l’entraînement mais elle n’était jamais passée en match. Guillaume (Rouet) me dit non sur le coup. Il ne faut jamais l’écouter. »
Son binôme Lucas Paulos a aussi régalé toute la soirée : 37 mètres gagnés pour lui, douze courses avec la balle et un « grattage » pour l’international argentin. « Dans les pick and go, la rapidité, Lucas, je ne sais pas combien il pèse, il doit faire 120, 125 kg, c’est une belle plante, se marre Ceyte. Franchement, solide l’animal ! » Camille Lopez partage le point de vue : « J’ai l’image de Lucas qui porte ce ballon sur les 22 (en deuxième mi-temps, NDLR), ça a secoué un peu tout le stade, ça fait du bien de voir nos avants porter le ballon et avancer comme ça ».« Dans les pick and go, la rapidité, Lucas, je ne sais pas combien il pèse, il doit faire 120, 125 kg, c’est une belle plante. Franchement, solide l’animal ! »
Le demi d’ouverture, qui n’est plus à 100 % avec une transformation manquée ce samedi (22/23 depuis la première journée), découvre son nouvel équipier, à la différence de Ceyte. « Thomas, on connaît ses qualités depuis l’an dernier. Il stimule tout le monde autour de lui, sur le terrain et en dehors. Il a ce côté-là qui fait du bien aussi. En début de seconde mi-temps, il crée une brèche et amène tout le monde avec lui. » Le futur joueur de Clermont avait une petite revanche à prendre, agacé par son début de saison et « tout ce qui gravite autour de (lui) depuis plusieurs semaines ». Il aurait aimé prolonger l’aventure à Bayonne. La proposition n’est pas arrivée. Les rumeurs propagées autour de ses prétentions salariales l’ont fortement agacé. « Ce qui se dit est un peu chiant. »
Les deux joueurs ont fini lessivés. Ceyte avec des crampes, Paulos en multipliant les étirements. Et pour cause : ils ont joué l’intégralité des 80 minutes. Pas le choix, il n’y avait pas de plan B sur le banc. Grégory Patat avait imaginé glisser Arthur Iturria d’un cran en cours de route, le protocole commotion du troisième ligne l’en a empêché. Et l’option Rémi Bourdeau a finalement été remisée devant la baisse d’intensité en fin de rencontre. « Je me suis adapté par rapport à leur performance et au contexte du match, livre le manager. Je ne les ai pas sortis car ce sont eux qui nous ont amené cette énergie. »
Exténués, les deux gaillards ont tout de même trouvé le temps d’échanger sur le terrain. De leur souffrance ? Pas du tout. « On a parlé de la touche défensive en l’absence d’Arthur (Iturria), raconte Ceyte. On a quand même un bon contre cette année et là, on n’arrivait pas à montrer les bons contres dans les bonnes zones. On a un profil plus massif, plus lourd, moins aérien. On était dans le jus, il a fallu s’adapter. » Ils l’ont parfaitement réussi.
8/10 Ceyte
7/10 Paulos, Huguet, Tatafu, Lopez, Rouet, Mori, Megdoud
6/10 Cormenier, Perchaud, Giudicelli, Iturria, Bosch, Callandret, Tiberghien, Cassiem, Martocq
Non noté Maqala
Pau
5/10 Ezeala, Daubagna, Hewat
4/10 Gailleton, Decron, Vatubua, Attissogbe, Simmonds, Hamonou, Puech, Metz, Corato, Rey
3/10 Sénéca, Ducat
