
US Oyonnax Rugby
#1
Posté 15 août 2023 - 15:02
#2
Posté 15 août 2023 - 15:45
Réouverture.
De la chasse à courre ?
- ELSAZOAM aime ceci
#3
Posté 15 août 2023 - 15:52
De la chasse à courre ?
Pas de bonne chasse sans solides pieds !
- Jesus Hans Hubert Vorme et Vynce aiment ceci
#4
Posté 16 août 2023 - 07:06
Réouverture.
Ah ben pas trop tôt ! Y'en avait marre de ce confinement.
#5
Posté 16 août 2023 - 21:27
Réouverture.
Merci.
#6
Posté 16 août 2023 - 22:06
Va falloir surveiller les poulaillers.Ah ben pas trop tôt ! Y'en avait marre de ce confinement.
#7
Posté 01 mars 2024 - 07:06
El-Abd (44 ans, manager d'Oyonnax depuis 2019), qui avait débuté par le ballon rond à Brighton, comme son petit frère Adam, footballeur professionnel qui a connu 7 sélections avec les Pharaons égyptiens.
« Comment gère-t-on le fait d'être dernier du Championnat ?
En arrivant de Pro D2, on savait qu'on se retrouverait dans cette situation, on l'avait anticipé dans notre recrutement et nos ambitions. Dès le départ les gars ont intégré qu'il faudrait se battre pour rester en Top 14. C'est différent des équipes qui se retrouvent en bas de tableau mais ne s'y attendaient pas. Nous, on est en mode survie depuis le début, même si cette dernière place, on ne l'a occupée qu'à la quatorzième journée. On n'est pas condamnés : il nous reste dix matches, dont six à domicile. On va les jouer à fond. Les gars ont faim. Ils ont bossé dur pour jouer dans le meilleur Championnat du monde et veulent que ça continue.
L'idée est de ne pas subir mentalement, d'apprécier chaque instant. On se bat et ça parle à nos supporters qui, eux, ont leurs propres défis dans leur vie. On veut les inspirer avec notre pugnacité, continuer d'exister. Nous, issus d'une ville de 22 000 habitants avec le plus petit budget (près de 17 millions d'euros annuels). L'argent, ça permet de recruter des talents mais ça entame parfois la cohésion.
Comment naissent les idées tactiques ? En bagnole, assis derrière un bureau ?
Les deux. Et c'est là que le métier est prenant. On est habités en permanence. Parfois on est en famille, sans l'être vraiment. C'est précieux de savoir débrancher, c'est souvent là que les bonnes idées viennent.
« Être Anglo-Égyptien, vivre en France depuis quinze ans, m'aide à capter les nuances entre les êtres »
C'est quoi votre moment à vous ?
Tous les matins, à 5 heures, je fais 30 minutes de vélo. En pédalant, j'écoute des podcasts ou des audiobooks. Par exemple De la performance à l'excellence, de Jim Collins, du développement personnel. Ça peut être de la science-fiction, comme La Toile du temps d'Adrian Tchaikovski. Mon fils de 13 ans ne comprend pas : "Papa, pourquoi tu lis des livres ?" J'adore apprendre. C'est important quand on aime transmettre. À 7 heures je suis au club. On se réunit avec les coaches, le staff médical, préparateurs physiques et analystes vidéo pour débriefer les énergies de la veille, faire un point sur les joueurs qu'on retrouve à 8 h 30. Certains ont besoin d'une tape sur l'épaule, d'autres qu'on les laisse tranquilles. Entre les entraînements, les conversations avec chacun, le temps de relever la tête, souvent il est déjà 19 heures.
Une équipe sans stars est plus simple à manager ?
Jonny Wilkinson était une star mais n'a jamais été un problème à Toulon (l'Anglais
y a joué de 2009 à 2014), au contraire. Ce sont les personnalités et les humeurs qui rendent le management complexe. On a tous nos fluctuations. Être Anglo-Égyptien, vivre en France depuis quinze ans, m'aide à capter les nuances entre les êtres. Mon job est de créer un environnement fertile, que les idées émergent. Impulser, c'est jongler entre ambition et humilité. "Ai-je aidé quelqu'un à être meilleur aujourd'hui ?", voilà la question que je me pose tous les soirs.
Que dites-vous à vos joueurs le lundi ?
Victoire ou défaite, on est fidèles au Kaïzen, un principe japonais qui prône une amélioration constante par une multitude de petits ajustements. On essaye d'encourager chacun à être force de proposition, créateur de solutions. Avant le match à Toulouse (défaite 61-34, le 17 février), Victor Lebas (deuxième-ligne) est venu nous suggérer une combinaison en touche. Elle a abouti à un essai face à Toulouse (Teddy Durand, 54e). Je connais le rugby, les treize personnes de notre staff et les joueurs aussi. Ce capital commun doit s'agréger.
On peut y arriver. Si Oyonnax se maintient, ce sera fantastique, presque inespéré. Quoi qu'il arrive le club perdurera. En début de saison on a dit aux joueurs : "Notre boulot c'est de créer de bons souvenirs aux gens", "Soyez dingues ! Je serai le plus fou de tous, je danserai au milieu de vous." On peut créer un truc fantastique. Les gens d'ici nous disent : "Continuez à vous battre, ça va payer !"
«L'empathie ça s'apprend. Percevoir les émotions, décrypter un langage corporel... »
À 44 ans, c'est un défi de coacher des joueurs de la « Génération Z », nés après l'an 2000 ?
Carrément. Ils ont un besoin permanent d'être stimulés, s'ennuient si vous proposez toujours les mêmes choses. Nés dans l'Internet, ils sont habitués à gérer, en permanence, des informations multiples. Ça nous pousse à être plus créatifs, à casser la routine. Leur capacité d'adaptation est incroyable : donnez-leur un nouveau stimulus, ils le captent tout de suite. Parfois ils ont besoin qu'on soit autoritaires. D'autres moins. Ils répondent différemment aux critiques que les gens de ma génération. Il faut qu'ils sentent que la relation humaine est sincère et généreuse.
Le défi c'est de maintenir leur capacité de concentration, être concis et efficaces car cette génération est distraite en permanence. À mon époque un entraînement pouvait durer trois heures. Aujourd'hui, si on fait une séance de 1 h 10', un joueur va dire : "Wow ! ça a duré longtemps coach". En général on façonne des séances d'une heure intense, dans un flow continu. Au-delà de l'aspect générationnel, "faire équipe" demeure toujours la même problématique en raison de la complexité des relations humaines. Sentir les gens est un "skill" (savoir-faire) important. L'empathie ça s'apprend. Percevoir les émotions, décrypter un langage corporel. Un bâillement chez un joueur qui a des enfants en bas âge, un calme anormal dans le vestiaire...
En toute humilité, je perçois les énergies quand je suis dans une pièce. "Est-ce qu'ils s'emmerdent ou pas ?" Un manager, ça passe 90 % de son temps à capter des choses chez les autres. Ça consume et, en même temps, ça génère une bonne énergie d'aider et de transmettre. J'aime cette phrase : "Si on ne devient pas l'océan, on aura le mal de mer tout le temps."
Bien que dernier, vous semblez moins en tension que Pierre Mignoni à Toulon (7e) ou Ronan O'Gara à La Rochelle (9e)...
La pression, c'est un même mot qui recouvre des réalités très différentes.
À Castres (entraîneur des avants de 2015 à 2019, champion de France en 2018), il fallait qu'on se qualifie dans le top 6. À Toulon, c'était d'être champions (il a été demi-finaliste en 2010). Pierre porte l'histoire de son club, Ronan celle d'un palmarès. Nous, c'est de ne pas redescendre. L'an passé, c'était l'accession en Top 14. Le truc c'est comment on gère la pression. Je me dis en permanence : "Qu'est-ce que je peux faire de mieux ?" Je tiens un carnet personnel, dans lequel
je n'élude rien : "Là, je n'ai pas été bon dans cette conversation", par exemple. À Oyonnax, une certitude, on donne tout de nous-mêmes.
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