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afrique du sud


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#1 el landeno

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Posté 02 octobre 2023 - 20:17

Des Springboks très tranquilles en attendant un très probable quart de finale Pas tout à fait sûre d'être qualifiée pour les quarts ni de l'identité de son futur adversaire, l'Afrique du Sud a regagné son camp de base au bord de la Méditerranée sans le moindre signe de stress.

Vendredi, au petit matin, dans l'un de ces points presse à distance qui rythment les lendemains de matches des équipes de cette Coupe du monde, Rassie Erasmus l'a avoué d'un sourire, le staff Springbok a occupé quelques-unes des heures qui ont suivi la victoire de dimanche sur les Tonga (49-18) à essayer de comprendre quels cas de figure qualifieraient les champions du monde pour les quarts de finale, et quel concours de circonstances les en éliminerait. La question a pas mal agité les supporters comme les journalistes, entre un règlement aussi retors que le rebond d'un ballon ovale, et une succession de « si » à vous donner encore plus mal à la tête qu'un tampon tonguien.

 
 

Le directeur du rugby sud-af' en est finalement arrivé à la même conclusion que tout le monde, la chance que les Springboks ne soient pas en phase finale existe « mathématiquement, mais elle est petite ». Il faudrait pour cela que, samedi soir, l'Écosse batte l'Irlande de plus de 20 points, avec un bonus offensif pour chaque équipe. La matinée nous a offert un luxe qu'Erasmus n'avait pas encore eu pour vérifier un point : depuis 2008, en 20 matches, l'Écosse n'a battu l'Irlande que 4 fois, et à chacune de ces défaites, le XV du Trèfle était resté dans le bonus défensif...

Am à la place de Mapimpi

L'Afrique du Sud ne devrait donc pas en faire de cauchemars dans la semaine d'attente qu'elle vient de lancer dans son camp de base de la Seyne-Sur-Mer. Les Boks n'en sont pas à s'enfermer dans leur chambre en sueurs, on les a plutôt croisés sur le quai de la navette 18M qui les mène au centre de Toulon, et d'autres, avec la météo quasi estivale dont profite encore la région, n'auront pas manqué d'arpenter la plage des Sablettes qui borde leur hôtel. « Entre l'Irlande, l'Écosse et nous, comparait ainsi Erasmus, on est dans la position la plus confortable, on n'a plus qu'à se reposer, et on a deux semaines pour analyser les trois possibles adversaires qu'on peut avoir en quarts... » Avant de glisser une pique gentillette à ses deux rivaux celtes : « J'ai toujours pensé que cet Irlande - Écosse serait tendu ».

Le stress, c'est donc pour les autres, pas même pour ces Springboks qui ont perdu l'un des leurs dans l'intense combat physique contre les Tonga, au Vélodrome. Makazole Mapimpi y a laissé une pommette, sur un choc tête contre tête avec le demi de mêlée adverse. « C'est triste, c'était un accident, ça arrive, a commenté Erasmus. Il en a pour quatre à six semaines. » Le verdict est tombé vite, les Sudafs se sont évités un moment « Antoine-Dupont », et, Mapimpi, forfait pour le reste de la compétition, a déjà été remplacé par le centre Lukhanyo Am. Capital pour le titre 2019, l'ailier avait rétrogradé dans la hiérarchie du poste, passant derrière Kurt-Lee Arendse. Quant à Am, tout aussi décisif il y a quatre ans, il sort d'une saison hachée par les blessures et un genou fragile.

Son éventuelle réintégration se fera sans précipitation, comme celle d'Handré Pollard. Disponible pour le match contre l'Irlande du 23 septembre, juste après son rappel pour remplacer Malcolm Marx (genou), l'ouvreur avait patienté jusqu'à dimanche pour faire ses débuts dans cette Coupe du monde. Contre les Tonga, il a tenu 50 minutes, propres dans le jeu et parfaites face aux perches (4 sur 4). Et en sortie de banc, Manie Libbok, l'autre 10, a fini par régler la mire (3 sur 3). « Avec eux, on va devoir prendre des décisions difficiles pour notre composition d'équipe, se projetait Erasmus. Si on opte pour un banc 5 avants-3 arrières, il y a la place pour les deux. À 6-2, ça serait aussi une possibilité. Mais si on fait un 7-1, ça sera différent ! » Le staff a dû se le dire, une quinzaine de jours ne sera pas de trop pour résoudre cette autre équation.

 



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Posté 08 octobre 2023 - 07:58

Contre les Bleus, des Springboks en pleine mue Dimanche prochain en quart de finale de la Coupe du monde, la France va retrouver face à elle des champions du monde sud-africains qui cherchent à faire évoluer leur jeu depuis le titre de 2019. Depuis sa défaite contre l'Irlande, dans un match titanesque, il y a trois semaines (8-13), l'Afrique du Sud se doutait bien qu'elle aurait de grandes chances de croiser la France dès les quarts de finale de la Coupe du monde. Le staff a dû louvoyer pour répondre aux questions précoces sur ce choc contre le pays hôte, sur la blessure au visage d'Antoine Dupont, alors qu'il restait à ses troupes à affronter les Tonga, aux Bleus à se frotter à l'Italie et à l'Irlande à jouer l'Écosse. lire aussi La France face à l'Afrique du Sud en quarts de finale Avant que le week-end ne finisse de confirmer l'inéluctable, Mzwandile Stick acceptait de se projeter, du bout des lèvres. « Jouer contre la France à la maison, devant ses supporters qui sont dingues... il faudra répondre présent », prédisait l'entraîneur de l'attaque des champions du monde. Mais les Springboks, forts du titre d'il y a quatre ans, se sentent capables de relever le défi. Parce que Jacques Nienaber, l'entraîneur, et Rassie Erasmus, le directeur du rugby, comme ils répètent souvent, bâtissent pour cette Coupe du monde 2023 plus que pour celle de 2019, eux qui n'avaient repris une sélection alors moribonde qu'un an avant ce sacre. Dans cette Coupe du monde, l'Afrique du Sud a développé son jeu offensif, pour être moins dépendante de son pack. (P. Lahalle/L'Équipe) Dans cette Coupe du monde, l'Afrique du Sud a développé son jeu offensif, pour être moins dépendante de son pack. (P. Lahalle/L'Équipe) Dans l'urgence, au Japon, les Boks s'étaient appuyés sur leurs forces traditionnelles, un pack monstrueux en conquête et dans le combat, un jeu au pied à outrance pour mettre l'adversaire sous pression et une défense tout aussi oppressante. La recette avait parfaitement fonctionné. Cette fois le staff a été convaincu qu'elle ne suffirait pas pour tenter de lever la coupe Webb-Ellis pour la quatrième fois, après 1995, 2007 et 2019. Tout en gardant ce jeu d'avants tout en puissance, l'Afrique du Sud a cherché à étoffer son attaque. Moins de coups de pied, plus de passes et de ballons portés Et certains chiffres traduisent cette mue. En 2019, la charnière Boks a tapé 30 coups de pied par match, en moyenne, sur ses trois rencontres de phase finale, selon Opta. En France, cette moyenne est tombée à 19 sur les trois matches significatifs disputés en phase de poules (Écosse, Irlande, Tonga). Les Boks 2023 se font plus de passes (129 contre 89), plus de passes après contact (5 contre 2,7) et portent le ballon plus souvent (104 contre 83). « L'augmentation de la vitesse à laquelle montent les défenses ces dernières années, ça nous a forcés à améliorer notre adresse, et principalement celle de nos passes », a ainsi décrit, cette semaine, Felix Jones, autre adjoint en charge du secteur offensif. 3 Depuis 2001, la France affiche un bilan positif à domicile contre l'Afrique du Sud (5 victoires, 3 défaites). Mais les Springboks restent sur trois victoires au Stade de France contre les Bleus (en 2013, 2017 et 2018). L'évolution colle au profil de plusieurs joueurs des lignes arrière qui sont apparus sur la scène internationale depuis 2019, de l'ailier Kurt-Lee Arendse à l'arrière Damian Willemse, en passant par l'ouvreur Manie Libbok. Le pack est aussi peut-être un peu moins dominant qu'il y a quatre ans, après la retraite d'un Tendai Mtawarira ou les blessures de Lood de Jager et Malcolm Marx, forfait juste avant, pour le deuxième-ligne, et pendant, pour le talonneur, ce Mondial. La défense est toujours à haut risque, avec ses montées agressives qui laissent de la place sur les extérieurs dès qu'un duel est perdu, un aspect que ses adversaires ont bien identifié, même les Tonga, battus 18-49 la semaine dernière à Marseille, qui avaient réussi à planter trois essais aux Springboks. lire aussi Le calendrier de la phase finale La venue des matches à élimination directe les aura certainement incités à resserrer leurs lignes et peut-être même à canaliser leurs ambitions offensives, surtout avec le retour d'Handré Pollard à l'ouverture, lui qui a manqué le début de la compétition sur blessure, et apporte une touche plus classique dans la distribution que le joueur et créatif Libbok. Forts d'un match remporté de haute lutte à Marseille il y a moins d'un an (30-26), les Bleus ont en tout cas pu désacraliser le Springbok. Ils savent l'investissement physique qu'un tel match réclame, ils savent aussi qu'ils peuvent le gagner. « Ce sont des joueurs de très haut niveau, a reconnu Reda Wardi ces jours-ci, mais pas des surhommes. »



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Posté 24 octobre 2023 - 05:56

Les Springboks et la culture des remplaçants décisifs Comme lors de la Coupe du monde 2019 au Japon, les remplaçants sud-africains font des différences énormes en cours de match quatre ans plus tard en France. Avec une foi inébranlable dans la manière dont leurs entraîneurs les utilisent.

C'est un long couloir où l'on voit souvent défiler les mêmes visages, où l'on attend aussi les mêmes têtes de gondole, mais quand, juste après leur victoire en demi-finales contre l'Angleterre (16-15), samedi 21 octobre, les Springboks ont fait débouler dans la zone mixte l'intégralité de leurs remplaçants pour répondre aux interviews, aucun journaliste n'a été surpris. Et pas un n'a songé à râler.

 
 

Ces huit gars cantonnés au banc au coup d'envoi avaient fait une telle différence, entre un Ox Nche destructeur pour la mêlée du quinze de la Rose, un RG Snyman décisif sur son essai ou un Handré Pollard au sang-froid impressionnant au moment de claquer la pénalité de la gagne, c'étaient bien eux, les héros de ce succès arraché à la dernière minute, quasi inespéré.

Ils avaient déjà fait une grande différence dans le bras de fer contre la France, la semaine précédente, en quarts (29-28), et ont été capables de remettre ça quand leurs coéquipiers avaient la tête à l'envers. Ils avaient mérité la photo d'après match prise entre eux dans le vestiaire. Comme de se réjouir et d'expliquer leur rôle dans cette équipe d'Afrique du Sud. Leur entraîneur, Jacques Nienaber, avait donné des indices en conférence de presse, juste avant. Insistant sur le fait que ces Boks sont un groupe de 33 joueurs où tous peuvent prétendre jouer n'importe quel match : « Nous n'avons pas d'équipe A ou d'équipe B. »

Un rôle totalement approprié

Il y a là des éléments de langage, bien sûr, répétés par les joueurs quelques minutes plus tard. Mais plutôt que de les subir comme un pansement venu d'en haut, d'un management qui cherche à les valoriser en leur imposant une identité, comme les « finishers » d'Eddie Jones avec l'Angleterre 2016-2019, traduits en « finisseurs » par Fabien Galthié, ils se sont tellement approprié leur rôle qu'ils se sont donné eux-mêmes un nom, le « Bomb Squad ».

 
 

Ça pourrait se traduire par « démineurs », mais ils sont plutôt là pour faire craquer l'adversaire, lui porter le coup décisif. Rassie Erasmus l'utilisait ainsi, en 2019, quand les titulaires avaient la consigne de vider le réservoir d'énergie à leur guise et ils pouvaient être suppléés tôt, si besoin, par des jambes fraîches aussi capables que les leurs. « Quand on a créé le Bomb Squad, on savait où on allait, a retracé le pilier Vincent Koch, samedi. On doit apporter de l'énergie, des ondes positives. On est tous très excités d'entrer pour faire la différence. Les titulaires sont ceux qui posent les bases, et nous, on finit le boulot. »

Avant même son entrée en jeu, pourtant, le Bomb Squad phosphore : « Sur le banc, on se donne des conseils, on discute entre nous, on fait des plans, raconte le deuxième-ligne RG Snyman. Y avoir des Handré (Pollard) ou Willie (Le Roux), ça nous aide beaucoup, parce qu'avec leur vécu, ils nous font voir les choses différemment. » C'est que dans le lot, les entraîneurs placent toujours des joueurs d'expérience, comme François Louw ou François Steyn en 2019, capables de gérer la tension de la fin de match.

Dans ce commando spécialement missionné, le staff sudaf avait, il y a quatre ans, institutionnalisé la présence de six avants pour deux trois-quarts. Par deux fois cette année, il a même surpris son monde avec un banc en 7-1, contre la Nouvelle-Zélande en match de préparation, fin août à Twickenham (35-7), et l'Irlande en phase de poules (8-13), au Stade de France. Mais il n'est pas dogmatique et ne mise pas que sur la puissance de ses gros : en quarts comme en demies, cette année, il est revenu à un plus classique 5-3. Le duo Nienaber-Erasmus sait s'adapter, et il ne fait pas de sentiments.

« On ne peut pas leur dire que c'est un choix de merde ! Il faut y croire parce que les entraîneurs voient quelque chose »

Le troisième-ligne Duane Vermeulen

 
 
 

Ainsi, l'ouvreur Manie Libbok a été remplacé au bout de trente minutes samedi. Et s'il faut sortir un joueur du calibre d'Eben Etzebeth à la 46e, ou le capitaine Siya Kolisi à la 51e, pas de problème ! Ce n'était pas que le staff passait en mode panique, ça fait longtemps qu'il sait trancher vite, comme dans ce quart de finale 2019 tendu contre le Japon où le talonneur Bongi Mbonambi avait cédé sa place dès la 37e minute (5-3 à ce moment, 26-3 score final).

Erasmus et Nienaber piochent dans leur banc aussi bien pour des raisons tactiques que physiques. Alors leurs Boks encaissent et avancent. « Parce qu'il n'y a pas d'ego dans notre équipe, promet le troisième-ligne Duane Vermeulen. On ne peut pas être en désaccord avec ces décisions prises, on ne peut pas leur dire que c'est un choix de merde ! Il faut y croire, parce que les entraîneurs voient quelque chose, et tout le monde aide comme il peut. »

Contre les Français puis les Anglais, cet équilibre a fonctionné. Et les Boks savent qu'il sera encore capital samedi soir (21 heures) face aux All Blacks.

 
 


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Posté 26 octobre 2023 - 06:06

Une journée dans la ferme de Daan Human, entre ses animaux et son ordinateur Au coeur du veld sud-africain, Daan Human, l'entraîneur de la mêlée des Springboks, partage son temps entre son domaine agricole et le rugby, pour trouver un équilibre vital.

Une semaine de finale de Coupe du monde, ce sont des heures et des heures d'analyse vidéo de l'adversaire, et Daan Human en aura passé, du temps, à plancher sur les avants des All Blacks. Mais l'entraîneur de la mêlée des Springboks a dû faire des heures sup pour se plonger dans d'autres images, celles qui lui parviennent des sept caméras qui surveillent sa ferme, à quelque 12 000 kilomètres de son hôtel du nord de la région parisienne. Malgré l'enjeu, difficile de se détacher de ses 3 000 hectares qui s'épanouissent dans le veld de l'État libre, au centre de l'Afrique du Sud.

 
 

On y accède depuis Bloemfontein, quand la monotonie de l'autoroute N1 laisse la place, après un embranchement à droite, à une piste de terre caillouteuse, traversée par des suricates pressés, qui se dressent sur leurs pattes comme pour vérifier votre plaque d'immatriculation poussiéreuse. Après une soixantaine de kilomètres depuis la capitale judiciaire du pays, un panneau blanc indique qu'on est arrivés : « Daan & Suzette Human - Rietfontein - U Vennoot in Welvaart. »

« Votre partenaire de prospérité », en afrikaans, à Rietfontein, le nom de la ferme. C'est ici le coeur du pays boer, des hauts plateaux qui s'étendent à perte de vue, avec leurs herbes hautes et sèches et des terres riches, sur lesquels des milliers de descendants des colons protestants, les Boers, ont établi leurs domaines agricoles depuis le XIXe siècle. « On a d'abord loué cette ferme pendant trois ans, puis on l'a achetée en 2002 », remonte Human, après nous avoir accueillis d'une poigne d'acier. Son fils, Franco, 12 ans, l'a accompagné, il ne rate jamais une occasion de venir sur ce terrain où il se sent bien. Human s'excuse de proposer un café soluble. Sur un meuble de la cuisine, la bible familiale, Kerk-Bybel, rouge, pages dorées à la tranche. Sur la table, un ordinateur et son autocollant vert avec l'antilope des Springboks.

« Tu sais ce qui est aussi beau que ce spectacle ? Une mêlée qui avance, comme ça, jusque dans l'en-but adverse »

Daan Human, à propos de ses agneaux qui gambadent

 
 
 
 
 

Jamais il ne peut s'en éloigner. Cet après-midi-là, au mois de mai, il veut jeter un coup d'oeil à son bétail, 450 vaches et veaux et 800 moutons, mais il doit superviser aussi un match de Currie Cup, puis la finale de Coupe des champions entre le Leinster et La Rochelle (26-27). « Je fais des retours aux arbitres sud-africains, ça fait partie de mes missions », décrit-il dans son français rocailleux, hérité de ses neuf années de joueur à Toulouse. Human y a été un soldat de Guy Novès, de toutes les batailles pour soulever trois Brennus (2008, 2011, 2012). Mais quand son coach lui a proposé une année de contrat supplémentaire, à 36 ans, il a décliné. Son père avait besoin de son aide pour gérer la ferme au pays, a-t-il répondu, plus que lui-même n'avait besoin du rugby. Il était temps de rentrer.

C'est dans cet environnement qu'il avait été élevé, et même dans le Sud-Ouest, il lui avait toujours manqué. Son voisin, Bernard, y était agriculteur, et parfois il lui demandait de lui prêter son tracteur. Les crampons raccrochés, il s'y est consacré exclusivement. Avant que le rugby ne le rattrape, d'abord aux Cheetahs, le club de Bloemfontein, puis aux Bulls, l'institution de Pretoria, et, enfin, dans le staff des champions du monde, depuis 2020. « J'ai de la chance, Rassie Erasmus (le directeur du rugby des Springboks) m'a autorisé à rester près de ma ferme, je travaille à distance. Bon, quand j'ai fait ma première réunion en ligne avec lui, il a râlé, parce qu'Internet coupait tout le temps... » Il a fallu investir dans une connexion par satellite plus stable, et utiliser les fonds d'écran factices sur les applications de communication, pour couper court au chambrage de ses collègues quand ils voyaient derrière lui ses plantations de tournesols ou le passage d'un de ses animaux.

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Daan Human dans sa ferme, où il possède des terres agricoles et des bêtes. (J. Lempin/L'Équipe)

Le travail auprès de la sélection l'a contraint à retourner vivre en ville, à Bloemfontein, mais il revient dès qu'il peut. Il y a toujours quelque chose à régler, même si Pieter, l'un de ses six employés, joue le rôle de contremaître et de gérant en son absence. Ses ouvriers vivent à deux pas de là, dans des baraques en briques que Human leur a fait construire pour améliorer leur ordinaire rustique. Avec eux, il discute en sesotho, la langue locale, qu'il mâtine d'afrikaans et de français, plus rarement d'anglais, qu'il n'a appris que plus tard.

Ce jour-là, il est tendu : les vaches du voisin ont profité d'un trou dans sa clôture pour brouter l'herbe de ses champs. Il va y avoir une explication. Il faut aussi prendre le pick-up pour, plus loin, aller comprendre pourquoi ce moulin pompe à vent ne tire plus d'eau. Ses lames grincent dans un ciel bleu revigorant. C'est un décor de western vivifiant. Où le rugby peut surgir à tout moment. Devant le spectacle de ses agneaux qui gambadent, le regard clair de Human se fait rêveur, son visage s'adoucit, comme cette cicatrice qui descend d'un trait franc sous son oeil droit : « Tu sais ce qui est aussi beau que ce spectacle ? Une mêlée qui avance, comme ça, jusque dans l'en-but adverse. »

Prolongé dans son rôle jusqu'en 2027

Il est comme ça, Human, à s'extasier sur la robe chocolat de ses vaches de race bonsmara pour soudain murmurer qu'il n'y a pas de secret, en mêlée, « il faut pousser droit ». Et quand son téléphone sonne, c'est sa fille aînée, Yannique, prénommée ainsi en l'honneur de ses ex-coéquipiers Nyanga, Jauzion et Bru, qui l'appelle parce que sur la route d'un bal étudiant elle a vu un joug qui pourrait intéresser son entraîneur de père. « J'ai deux jougs sur mon terrain ! sourit-il. J'en ai ramené un de Pretoria, sur une remorque, ça nous a pris huit heures de route, à 60 km/h... Il faut le retaper. L'autre, on va recycler sa ferraille. » La machine à mêlées attend son heure, colonisée par les toiles d'araignées. Les gros tracteurs John Deere, qui patientent dans un hangar à côté, auront leur moment avant elle, c'est bientôt la récolte de son maïs.

« Il aime ses champs, mais surtout ses bovins et ses moutons, remarque Hansie, son frère, qui a sa propre ferme quelques kilomètres à côté. Daan a autant l'amour du rugby et je l'ai aussi, il n'y a aucun gamin qui ne l'a pas dans la région, on y a tous joué à un moment ou un autre. » Sur ces terres fertiles, les fermes ont fait pousser autant d'épis que de rugbymen, d'Os Du Randt, le rugueux pilier des titres mondiaux 1995 et 2007, à François Steyn, le polyvalent trois-quarts des sacres 2007 et 2019. « Continuer à s'occuper de la ferme à côté, poursuit son aîné, ça donne à Daan un équilibre. »

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Daan Human partage son temps entre sa ferme et son poste d'entraîneur de la mêlée pour les Springboks. (J. Lempin./ L'Équipe)

Alors il n'hésite jamais à mélanger ses deux piliers, comme quand il emmène à Rietfontein les moins de 21 ans des Cheetahs, pour un stage à la dure, ou qu'il y invite le staff des Springboks pour partager un braai, le barbecue à la sudaf. S'il a régalé Erasmus et Jacques Nienaber des mêmes délices qu'il nous avait concoctés ce jour-là, des boerewors, saucisses du cru, de braaibroodjies, ces toasts tomates-fromage, ou de côtes d'agneau fraîches, cuits sur des rafles de maïs en guise de braises, le tout arrosé d'un blanc des vignobles de la région du Cap, on ne s'étonne pas qu'ils l'aient prolongé avec les Springboks jusqu'en 2027. Mais c'est sans doute aussi parce que son gril fait autant de miracles que sa mêlée dans cette Coupe du monde.

 
 


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Posté 27 octobre 2023 - 06:01

Comment Rassie Erasmus a façonné les Springboks Le directeur du rugby des Springboks, Rassie Erasmus, a mis en pratique les idées qui l'animent depuis ses débuts d'entraîneur en 2004. Avec l'obsession de la gagne en point de mire, alors que l'Afrique du Sud affronte la Nouvelle-Zélande samedi en finale de Coupe du monde.

La créativité des supporters des Springboks depuis le début de cette Coupe du monde peut paraître cruelle parfois, comme pour les Bleus, quand ils rappellent que Malherbe, leur pilier droit, sera demain le seul Frans de la finale de la Coupe du monde. Mais elle touche juste, aussi. Avant le coup d'envoi du quart de finale contre les hommes de Fabien Galthié (29-28, le 15 octobre), on a pu entendre certains d'entre eux détourner la reprise irlandaise de Zombie, des Cranberries, en entonnant : « In your head, in your head, in your head, Ra-assie, Ra-assie ! »

 
 

Oui, au terme de cette compétition, ou presque, il faut l'admettre, il est bien rentré dans toutes les têtes, Johan « Rassie » Erasmus, et pas que celles des fans de l'Afrique du Sud. Le directeur du rugby des champions du monde en titre, 50 ans, a imprimé le cortex de ses joueurs par son emprise, torturé l'esprit de ses adversaires par ses coups tactiques, saturé, parfois, la matière grise des suiveurs par ses sorties médiatiques.

Sur X pour répondre à un journaliste néo-zélandais

 

Cette semaine, on en venait même à se demander pourquoi il n'avait pas montré le bout de son nez une seule fois quand, avant la demi-finale contre l'Angleterre (16-15, le 21), il était monté au front lors de deux conférences de presse consécutives, prenant même la peine d'errer sur X (ex-Twitter) pour répondre à un journaliste néo-zélandais, ce que la Boucherie Ovalie, bande de sales gosses sur les réseaux sociaux, avait résumé avec son sens de la formule : il a passé « une partie de sa semaine à se clasher avec PépetteDu36 ».

 
 

« Oui, il a sa part d'ombre, mais il l'utilise pour gagner »

Jannie Du Plessis, ancien coéquipier aux Cheetahs

 
 
 

C'est le genre de combat qu'Erasmus mène et qui déroutent, nuisent aussi à sa réputation, comme ces deux cabales lancées contre des arbitres, Nick Berry en 2021, et Wayne Barnes, en 2022, qui lui ont valu des suspensions. « Oui, il a sa part d'ombre, convient Jannie Du Plessis, qui fut son coéquipier aux Cheetahs pour sa dernière saison de troisième-ligne, puis son joueur à ses débuts d'entraîneur. Mais il l'utilise pour gagner ! Il ne faut pas le sous-estimer. Il est intelligent, et tout ce qu'il fait ou dit, il y a une raison derrière. C'est une personne intense, animée par la victoire. »

Alors on peut décider de l'aborder par ce prisme-là, ce personnage énigmatique et ambivalent. Erasmus a levé une part du voile dans une autobiographie parue fin août en Afrique du Sud, Histoires de vie et de rugby. Il y revient sur son enfance à Despatch, cette petite ville « de gens fiers et travailleurs, avec un goût pour la bagarre », perdue dans les immensités de la province du Cap-Oriental. L'horizon y est étriqué, évalue-t-il lui-même, et pour ses gamins, le rugby fait figure d'absolu. Il s'y lance à corps perdu, dans l'indifférence de son père, Abel Hermanus, « difficile », parce qu'il « avait ses démons », l'alcool, et semblait rongé par la violence de l'apartheid, qu'il côtoyait de trop près par son boulot dans l'administration. La boisson l'emportera, cancer du foie, Erasmus avait 18 ans.

International honnête

 

Six ans plus tard, le flanker est devenu un Springbok. Sa carrière internationale, 36 sélections de 1997 à 2001, aura été honnête, il a été de 16 matches de la série record de 17 victoires consécutives des Boks. C'était un cadre de l'équipe troisième de la Coupe du monde 1999 aussi. Mais ce qu'il vaut mieux souligner, c'est que déjà, Erasmus plongeait son nez dans la stratégie, proposant sans cesse des combinaisons à Nick Mallett, son coach. Il décortiquait déjà les matches sur VHS, avait acheté un ordinateur pour se plonger dans les stats. Comprenait le jeu sur le terrain.

Personne n'a été surpris de le voir passer coach aux Cheetahs, à 32 ans, en 2004. Ce qui est fascinant dans ces débuts, c'est que Bloemfontein a vu germer les principes qui font le succès des Boks d'aujourd'hui. C'est d'ailleurs là-bas qu'il rencontre Jacques Nienaber, avec qui il forme encore un duo. Dans cette équipe habituée aux seconds rôles, il prend tout en main. Incite ses joueurs à aller vendre des billets aux feux rouges ou dans les écoles pour remplir le stade. Importe des États-Unis trois machines de foot US pour améliorer la technique de plaquage de ses troupes. Leur inflige des heures d'analyse vidéo. Utilise en match ses fameuses lumières disco pour leur donner des indications tactiques.

Un management participatif

« Dans une de ses premières réunions, se souvient Du Plessis, il nous a dit : "Je vais vous demander beaucoup, mais si vous me le rendez, je vous promets qu'on va gagner des titres et que vous vous en souviendrez toujours." » Engagement tenu en 2005, quand les Cheetahs arrachent la prestigieuse Currie Cup au Loftus, dans l'antre des puissants Bulls. Un premier titre depuis 1976.

Avant le coup d'envoi, ses joueurs s'étaient demandé pourquoi quatre écrans étaient installés dans les vestiaires. Un énième rappel tactique ? Loin de là. Erasmus leur avait diffusé le discours d'Al Pacino dans le film l'Enfer du dimanche. Ses Boks d'aujourd'hui disent la même chose de ses causeries d'avant-match, inspirées. Celle avant la finale du Mondial 2019 (32-12 contre l'Angleterre), où il rappelle à chacun les parcours de vie cabossés qui les ont menés jusque-là est aussi prenante.

Les joueurs suivent Erasmus et le coach répète qu'il ne sélectionne jamais « les meilleurs joueurs », mais le joueur idoine, qui joue pour quelque chose de plus grand que lui-même et son ego. Toujours franc avec eux, il sollicite leurs avis, sur la stratégie comme sur la vie de groupe. Avec la même transparence, il a abordé avec eux la « transformation », enjeu capital en Afrique du Sud, sur l'équilibre entre ses populations. Chez les Boks d'aujourd'hui, tout le monde peut exprimer son identité, Xhosa, Zoulou, Afrikaner. Et tous pousseront samedi derrière Erasmus pour assouvir sa soif de victoire.



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Posté 27 octobre 2023 - 23:37

En avants, presque tous : le drôle de plan des Springboks sur le banc Avec un pack quasi complet sur leur banc des remplaçants, les Springboks ont fait le pari de la puissance physique pour affronter les All Blacks.

C'est un bébé qui vient tout juste de dépasser les deux mois, né sous les yeux ébahis de la Nouvelle-Zélande, dans le temple anglais du rugby, à Twickenham, le 25 août. Ses géniteurs vont à nouveau le présenter ce samedi soir aux All Blacks au Stade de France, et dans le faire-part que mérite une finale de Coupe du monde les Sud-Africains pourraient inscrire : « Toute la famille se porte bien. Poids : 812 kg. »

 
 

812, c'est la masse qui prendra place sur le banc des remplaçants des Springboks, répartie entre sept costauds, dont cinq ­dépassent les 120 kg. On n'a pas comptabilisé Willie Le Roux, ­puisque c'est le vilain petit canard du lot : c'est un trois-quarts ! ­L'arrière sera bien entouré, par sept avants qui attendront leur heure, et c'est une nouveauté qui avait surpris l'Ovalie fin août (victoire des Boks 35-7). Les champions du monde 2019 avaient brisé un équilibre tacite, qui oscillait, depuis l'instauration des huit remplaçants en 2012, entre une répartition classique en 5-3 ou un pari en 6-2. 7-1, c'était un extrême jamais vu.

« Je suis totalement contre, s'était élevé dans un podcast, Matt Williams. Ce n'est pas correct d'un point de vue moral ! Ce n'est pas bon pour le rugby. J'ai peur que ça soit copié à plus bas niveau. » L'Australien, ancien sélectionneur de l'Écosse (2003-2005), ­invoque la morale quand le règlement lui, n'interdit en rien cela.

 
 

« Si tu veux jouer un jeu orienté vers la domination de tes avants, ­pourquoi tu n'en mettrais pas plus sur ton banc ?, a défendu le sélectionneur australien Eddie Jones pendant cette Coupe du mondeQui dit que tu es obligé de jouer avec 8 avants et 7 arrières ? Tu ne l'es pas ! C'est juste la tradition. On peut jouer ce sport de différentes manières. J'applaudis l'Afrique du Sud d'être si audacieuse et courageuse pour jouer comme elle le veut. C'est une grande innovation. »

Impossible d'envisager ce banc sans polyvalence

L'encadrement des Boks est resté à l'écart de ce débat. Rassie Erasmus, le directeur du rugby, s'était déjà aventuré dans un de ces paris en 2005, lorsque, à la tête des Cheetahs, il avait placé trois piliers, un deuxième et trois troisième-ligne sur son banc, six avants pour un seul ­trois-quarts, lors de la finale de la Currie Cup face aux Bulls (victoire 29-25).

Jeudi, le sélectionneur ­Jacques Nienaber, a passé du temps à expliquer comment l'Afrique du Sud en était arrivée à un choix similaire dix-huit ans plus tard pour un autre match décisif : « Il y a eu une discussion entre les ­entraîneurs, à propos du 5-3, 6-2, 7-1. Ça n'a pas duré dix minutes, mais des heures et des heures ! Notre analyse des forces et ­faiblesses des All Blacks nous ­a poussé à ça. »

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L'ailier Cheslin Kolbe en pleine discussion avec son partenaire et troisième-ligne Kwagga Smith. (P. Lahalle/L'Équipe)

Cette radicalité n'est possible que si plusieurs joueurs sont ­polyvalents. Pour cela, les Boks s'appuient sur le passé de septiste de Cheslin Kolbe, derrière, et de Kwagga Smith, devant. ­L'ailier sera notamment capable de dépanner à la mêlée, à l'ouverture et à l'arrière. Le troisième-ligne pourra s'intégrer si besoin à la ligne de trois-quarts. Mais surtout, elle est utile à la ­philosophie de l'équipe.

 

« Ça leur permet d'avoir la même intensité devant pendant quatre-vingts minutes, avec d'ailleurs pas mal de possibilités de variations grâce à la présence de ces joueurs polyvalents. C'est assez incroyable ! », juge Pierre-Henry Broncan, qui faisait partie du staff des Wallabies pendant ce Mondial.

Les gros peuvent se donner sans compter dès le coup d'envoi, pour user l'adversaire, en sachant que derrière, un avant aussi puissant continuera le ­travail avec fraîcheur. Le vent et la pluie qui pourraient bien cingler le Stade de France ce samedi soir ­semblent promettre une finale de combat. Et pour rivaliser avec les Blacks, les Boks pensent qu'ils ne seront pas de trop à sept ­devant.

 
 
 


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Posté 29 octobre 2023 - 16:07

Retour sur les quatre titres mondiaux des Springboks, un record Quatre ans après leur sacre au Japon, les Sud-Africains ont réussi le doublé en battant la Nouvelle-Zélande (12-11), samedi soir, en finale de la Coupe du monde. Leur quatrième titre après ceux de 1995, 2007 et 2019, un record.

Victorieux de la finale face à la Nouvelle-Zélande (12-11) qui visait, elle aussi, un quatrième titre mondial, les Springboks ont marqué de leur sceau cette 10e édition de la Coupe du monde. Fidèles à leur identité basée sur un engagement physique sans faille, une organisation tactique éprouvée, un buteur précis et, désormais, des remplaçants capables de changer le cours d'un match, ils symbolisent la constance.

 
 

S'il ne séduit pas toujours, leur style est synonyme de succès. Considérés comme les meilleurs ambassadeurs de la nation arc-en-ciel, ces Springboks de toutes les couleurs confirment avec ce quatrième sacre qu'ils sont, davantage qu'une équipe de rugby, le reflet d'un pays. Retour sur leurs quatre glorieuses.

Coupe du monde 1995 : « Nel-son, Nel-son »

 

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Nelson Mandela, lors de la finale contre la Nouvelle-Zélande. (D. Fèvre/L'Équipe)
 
 

Boycottée jusque-là pour cause d'apartheid, l'Afrique du Sud obtient l'organisation de la troisième Coupe du monde. Avec la bénédiction de leur président Nelson Mandela, élu un an plus tôt, les Springboks se défont de l'Australie en match d'ouverture au Cap (27-18), avant de peiner face à la Roumanie (21-8) et au Canada (20-0).

Forfait au début de la compétition sur blessure, l'ailier métis Chester Williams est intégré dans l'équipe à la faveur d'une sanction qui touche l'un de ses coéquipiers. Lors du quart de finale contre les Samoa (42-14), il inscrit quatre essais et devient la star que le public sud-africain attendait. À Durban, au terme d'une demie controversée face à la France (19-15), les Springboks se qualifient pour la finale.

Chants d'esclaves repris par 64 000 spectateurs, Boeing 747 qui passe juste au-dessus du stade, liesse à l'entrée sur le terrain de Mandela vêtu du maillot numéro 6 du capitaine François Pienaar, le public scandant son prénom : l'Ellis Park est en feu ! L'imposant ailier néo-zélandais Jonah Lomu est muselé par son vis-à-vis James Small, les Springboks se voient refuser un essai parfaitement valable mais, durant la prolongation, l'ouvreur Joel Stransky, ancien joueur de Cahors, décoche un drop-goal monumental qui sacre les Springboks (15-12 a.p.) et soude la nation sud-africaine.

Coupe du monde 2007 : mini-finale, maxi-plaisir

 

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Jake White et Bryan Habana. (P. Lahalle/L'Equipe)

Mis à part un match de poule difficile face aux Tonga (30-25), les Springboks déroulent face aux Samoa (59-7), à l'Angleterre (36-0) et aux États-Unis (64-15), avant de s'y prendre à deux fois devant les Fidji en quarts de finale (37-20). En demi-finales, ils se nourriront des erreurs argentines (37-13). Grâce à Percy Montgomery, meilleur réalisateur de la compétition, et Bryan Habana, meilleur marqueur d'essais, les hommes de Jake White retrouvent le XV de la Rose en finale.

Alors qu'ils disposent d'une génération dorée - Bakkies Botha, Juan Smith, Joe Van Niekerk, Bryan Habana - qui fera bientôt les beaux jours du RC Toulon, ces Springboks livrent une piètre prestation. L'éclair est anglais - une percée de Matt Tait - mais l'essai en coin de l'ailier Mark Cueto qui suit cette action est refusé après de longues minutes d'analyse vidéo par l'arbitre, M. Rolland, pour un passage en touche furtif au moment d'aplatir. Zéro essai, cinq buts de pénalité à deux, 15-6 au coup de sifflet final : pas de quoi vibrer.

Douze ans après le sacre historique de l'Ellis Park, ce deuxième titre mondial déclenchera des scènes de liesse en Afrique du Sud. Pour l'anecdote, l'entraîneur adjoint responsable de l'hermétique plan tactique sud-africain n'est autre qu'Eddie Jones, futur sélectionneur de l'Angleterre...

Coupe du monde 2019 : fidèles à leur identité

 

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Cheslin Kolbe, en finale contre l'Angleterre (32-12). (P. Lahalle/L'Equipe)

À l'occasion du Mondial 2019 au Japon, rien ne pouvait plus mal débuter pour les Sud-Africains, avec une défaite inaugurale (23-13) face à la Nouvelle-Zélande. La suite de la phase de poules ne présente que peu d'intérêt sportif - si ce n'est faire tourner l'effectif en vue des joutes plus intenses - avec trois larges victoires contre la Namibie (57-3), l'Italie (49-3) et le Canada (66-7).

Étonnamment, leur phase finale est ensuite poussive et, après avoir éteint le Japon (26-3) à grands coups de percussions, les Springboks du capitaine Siya Kolisi passent près de la sortie en demi-finales, victorieux sans marge du pays de Galles (19-16). Mais arrivés en finale, les Sud-Africains donnent le meilleur d'eux-mêmes, sublimés par l'enjeu.

Dominateurs en mêlée, plus puissants que les Anglais à l'impact, ils distillent des ballons d'attaque une fois l'adversaire éprouvé pour surprendre la défense par les ailes - Makazole Mapimpi à la 66e, Cheslin Kolbe à la 74e - et l'emporter sans contestation possible, 32-12, face aux hommes d'Eddie Jones.

Coupe du monde 2023 : un doublé pour Kolisi

 

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Siya Kolisi avec les supporters après le quart de finale. (F. Seguin/L'Equipe)

Battue par l'Irlande (8-13) en phase de poules, l'Afrique du Sud termine deuxième et fait tomber le XV de France sur ses terres, au Stade de France, au terme d'un quart de finale marqué par une polémique concernant l'arbitrage de M. Ben O'Keefe, avant de se défaire du XV de la Rose (19-18) grâce à un but longue distance réussi par l'ouvreur remplaçant Handré Pollard à deux minutes de la fin, à la suite d'une pénalité sifflée par ce même arbitre néo-zélandais sanctionnant la mêlée anglaise.

Toujours cornaqués par le très médiatique Rassie Erasmus - même si Jacques Nienaber a pris officiellement les rênes de la sélection depuis 2020 -, les Springboks ont élargi leur palette tactique. Quant à leur capitaine, l'emblématique Siya Kolisi, son charisme a été une fois de plus contagieux et ce doublé raconte à quel point il a su, depuis 2018, assembler les énergies et fondre les talents dans le moule du rude jeu sud-africain.

Les All Blacks, qui espéraient eux aussi entrer dans l'histoire en décrochant un quatrième titre, n'ont finalement rien pu faire (12-11) face à ces Springboks taillés pour l'exploit.



#8 el landeno

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Posté 29 octobre 2023 - 19:10

Comment les Springboks ont construit un sacre qui va bien au-delà du rugby Dans une Coupe du monde où l'adversité n'aura pas manqué, les Springboks se sont appuyés sur un noyau qui se connaît intimement depuis plus d'une décennie et qui a décidé de jouer pour une cause qui dépasse le simple terrain du sport.

Qu'est-ce qui peut se cacher derrière ce petit point, celui bâti avec courage contre la France en quarts (29-28), arraché avec abnégation contre l'Angleterre en demies (16-15), protégé bec et ongles contre la Nouvelle-Zélande en finale (12-11) ? Un petit point qui disait beaucoup, soufflaient les Springboks tard dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir remporté leur quatrième Coupe du monde, « une confiance immense dans l'équipe », pour Jean Kleyn, « un refus de la défaite » absolu, selon Handré Pollard, pour un collectif qui est passé « par des moments difficiles en phase finale », mais y a « toujours cru, s'est toujours battu », ajoutait l'ouvreur sud-africain. Un petit point, mais beaucoup de travail, et autant de foi.

 
 

Avant la finale, Jacques Nienaber racontait qu'avec Rassie Erasmus, ils avaient commencé à fréquenter cette génération de joueurs maintenant double championne du monde, avant même qu'elle ne soit majeure. Le duo d'entraîneurs a occupé, entre 2013 et 2016, des fonctions de détection des jeunes prometteurs à la Fédération sud-africaine. « C'est si spécial. C'est pour ça qu'on apprécie ce temps passé avec eux. J'étais assis dans le vestiaire l'autre jour, je regardais les joueurs et je me suis rendu compte que j'avais une histoire à raconter sur chacun ! À l'époque, ils rêvaient d'être springboks. Et vous savez quoi, ce qui est incroyable, c'est qu'ils n'ont pas changé. Ils n'ont pas d'ego. »

Les liens profonds tissés depuis lors entre un staff et ses joueurs ont permis à chacun d'adhérer à un mot d'ordre de ces Springboks : on n'y sélectionne pas nécessairement les meilleurs joueurs, mais plutôt le joueur idoine. Ce qui ouvre la porte à des destins singuliers à ce niveau, comme celui de Deon Fourie, convoqué pour ses premières capes à 35 ans en 2022, ou Jean Kleyn, international irlandais au Mondial 2019, champion du monde avec son pays de naissance quatre ans plus tard.

Un des rares points de consensus du pays

« Chez nous, décrivait le deuxième-ligne du Munster, aucune individualité n'est au-dessus du collectif et de la cause pour laquelle on se bat. C'est l'Afrique du Sud. On est tous là pour la même chose, la représenter. Ça nous anime. » On entend encore Bongi Mbonambi exhorter ses partenaires, en quarts, au moment où Pollard allait taper un but de pénalité de plus de 50 m capital : « Pour l'Afrique du Sud ! Pour l'Afrique du Sud ! » Tous les Springboks le vivent pleinement. « On parle toujours d'inspirer notre pays, et les entraîneurs l'ont compris en 2019, quand Makazole Mapimpi s'était ému publiquement d'un féminicide qui venait d'avoir lieu chez nous. C'est parti de là. On sait à quel point la situation est dure en Afrique du Sud. Alors, ça nous a fait basculer, on ne pouvait plus jouer que pour nous-mêmes, mais pour le pays. »

 
 

La relation entre le pays et son équipe en est devenue unique, les Boks y sont depuis un des rares points de consensus et une des rares sources de fierté, pour toutes les composantes de sa société parfois fracturée, désabusée. À travers eux, on retrouve un sourire et on tourne en dérision ses propres difficultés. On n'y supporte plus les longues heures de coupure d'électricité, quotidiennes, ces « loadshedding », mais on arrive à en plaisanter ainsi : la première ligne de cette équipe des Springboks produit plus d'énergie qu'Eskom ! L'EDF sudaf, le symbole d'un État défaillant, le même qui a plongé la Coupe du monde des Boks dans une première polémique, en n'étant pas à jour dans sa législation antidopage, et qui a ouvert les portes de la suspicion à la veille des quarts de finale.

C'est une des tempêtes que les champions du monde ont traversées dans l'Hexagone, avant la polémique sur l'arbitrage de Ben O'Keeffe, avant les accusations de racisme envers Bongi Mbonambi, que personne n'a pu prouver. Les Springboks ont traversé cela à l'abri du cocon familial qu'ils avaient recréé dans leur hôtel du nord de la banlieue parisienne, où une quinzaine d'enfants de joueurs qui batifolaient autour d'eux les replongeait dans leurs vies d'hommes. Et les échos du pays leur parvenaient comme une autre source de réconfort.

« Il y a tellement de choses qui se passent mal chez nous, tellement de divisions. C'est comme si nous, on était la dernière ligne de défense »

Siya Kolisi, sur ITV

 
 
 

Après le coup de sifflet final, samedi, Siya Kolisi s'est approché du micro de la chaîne anglaise ITV, où officie son ami Bryan Habana. « En 2019, nos supporters espéraient qu'on puisse gagner la Coupe du monde. Là, ils l'attendaient !, a comparé le capitaine. Ils ont été derrière nous depuis le début. Il y a tellement de choses qui se passent mal chez nous, tellement de divisions. C'est comme si nous, on était la dernière ligne de défense. On a montré que des gens avec ces origines différentes peuvent travailler ensemble, pas seulement dans le rugby, mais dans la vie en général. Sans 1995, le rugby n'en serait pas là. Il y a des gens avant moi qui se sont battus pour que les gens comme moi (il montre sa peau noire) puissent jouer dans cette équipe. Alors moi, j'ai la responsabilité de tout donner pour honorer ce maillot et inspirer le pays. » Et lui laisser un point d'avance



#9 Arverne03

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Posté 30 octobre 2023 - 11:51

L'Afrique du Sud : un rugby décrié mais avec une belle armoire à trophées !  B)



#10 Bon Chasseur

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Posté 30 octobre 2023 - 16:42

ça va il s'éclate bien tonton Rassie

 

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#11 RCV06

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Posté 27 janvier 2024 - 14:01

Rassie Erasmus, le sélectionneur de l'Afrique du Sud, hospitalisé pour des "brûlures chimiques"

 

A force de jouer au petit pharmacien, fallait s'en douter !! B)


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#12 zeguest

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Posté 27 janvier 2024 - 14:12

Comme quoi faire le ménage peut savérer dangereux.
Jadore ce mec, un vrai meneur dhommes, un grand stratège et fin tacticien avec des balloches énormes.
Quel autre coach aurait mis Pollard alors au don du seau ou encore mis le demie de mêlée titulaire depuis des années sur le banc. Sans parler des bancs avec un seul trois quart.

#13 Buckaroo

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Posté 27 janvier 2024 - 14:13

Il a dû faire la bise à l'un de ses joueurs...


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