"Il va falloir se remettre au boulot. Il y a eu des problèmes de connexion mais c’est normal quand on a eu 17 joueurs aussi longtemps absents…" Après la défaite (31-23) du Stade Toulousain à Castres samedi dernier, le manager Ugo Mola tentait de relativiser. Mais le technicien restait lucide quant à la prestation de ses hommes.
Pour la deuxième fois consécutive après la réception de Perpignan lors de la 6e journée, le champion de France en titre venait d’encaisser quatre essais dans la même partie. Chose inhabituelle pour l’ogre du Top 14. Et pourtant…
Pour ce derby face au CO, le Stade Toulousain avait sorti l’artillerie lourde en alignant sept internationaux français (Baille, Flament, Jelonch, Cros, Dupont et Ramos comme titulaires et Aldegheri sur le banc). Mais comme pour La Rochelle ou l’UBB, autres gros pourvoyeurs du XV de France, l’après Mondial semble dur à digérer. Surtout la déception d’une élimination en quart de finale alors que les espoirs étaient immenses. "Pendant cette Coupe du monde, on a vécu des moments incroyables dont on se souviendra toujours, malgré la cicatrice qui mettra du temps à se refermer", a ainsi avoué Antoine Dupont lors de la Nuit du rugby en début de semaine.
Des difficultés mentales à se replonger dans le quotidien
Cette fameuse cicatrice, Cédric Heymans l’a déjà ressentie par le passé. En 2011, alors que les Bleus avaient échoué d’un petit point, l’ailier avait lui aussi du mal à se remettre en selle, tout comme les hommes de Fabien Galthié.
"J’ai très mal vécu l’après Nouvelle-Zélande, se souvient l’actuel consultant pour Canal +. J’arrivais à l’Aviron Bayonnais et j’avais demandé à jouer très rapidement. J’avais eu du mal à reproduire l’effort mental pour retrouver la concentration et pour me préparer chaque week-end. C’était d’une dureté et d’une violence incroyables. Je n’arrivais pas à avoir ce déclic, de me dire “aller passe à autre chose”. Ce n’est pas que de la déception mais c’est aussi une décompression naturelle après la fin d’une intense aventure. C’est juste logique."
Passer de la Coupe du monde à la routine du championnat domestique ne semble pas trop contraignant sur un plan physique. C’est surtout sur l’aspect psychologique qu’il est difficile d’embrayer. Après la défaite à Castres, Ugo Mola avait senti ses joueurs comme déconnectés défensivement. Et le fait de concéder de nombreux essais provient probablement d’éventuelles sautes de concentration.
"C’est avant tout psychologique. Le travail défensif est dur à accomplir. Il est obscur et pas très gratifiant. Mais c’est le quotidien. Il n’y a pas un joueur dans le championnat qui ne sait pas défendre. Mais c’est avant tout un état d’esprit. Personnellement, je n’aimais pas le faire. J’ai dû apprendre une méthodologie mentale pour m’y plonger. Quand tu es usé mentalement, il n’est pas évident d’avoir ce ressort-là. On peut travailler les meilleurs systèmes de défense, ce qui compte c’est l’envie de s’impliquer."
La Champions Cup approchant (le 9 décembre face à Cardiff), les Toulousains vont peut-être retrouver l’état d’esprit nécessaire pour enfin switcher. La réception de l’ASM Clermont, ce samedi soir (21 h 05), en dira certainement beaucoup sur les capacités de rebond du champion de France en titre.
Arnaud Clergue (LM - 24/11/23)