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613 réponses à ce sujet

#601 el landeno

el landeno

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Posté 24 décembre 2024 - 09:21

Série les Jeux en fêtes : les secrets de la danse de l'équipe de France de rugby à 7, image forte de Paris 2024 Et si on clôturait 2024 en se replongeant dans la magie des Jeux ? Chaque jour, du 23 décembre au 3 janvier, « L'Équipe » revient sur un moment marquant des Jeux Olympiques et Paralympiques avec ceux qui l'ont vécu. Ce mardi, place à la chorégraphie joyeuse des septistes, aboutissement d'un travail de fond associant la danse à l'univers du rugby.

Faire danser des joueurs de rugby, voilà une idée de génie. Elle aurait été reléguée au rang de lubie si l'équipe de France de rugby à 7 n'avait pas remporté l'or Olympique, le 27 juillet à Saint-Denis. Quand, à l'issue de leur victoire, Antoine Dupont et ses coéquipiers ont entamé leur « shuffle », combinaison de petits pas bondissants, c'est tout le Stade de France qui a été irradié d'une transe frénétique et jubilatoire.
 
 

Cette chorégraphie est bien plus qu'une joyeuse célébration : elle fut un outil de performance, l'aboutissement d'une réflexion menée par Jérôme Daret, l'entraîneur des Bleus. Un projet dans lequel la danse a été placée au coeur de l'entraînement des corps, du management des hommes et de l'épanouissement des âmes. « On a réalisé ce plan en catimini, avoue Christophe Reigt, le manager des Bleus. Avec Jérôme, on avait convenu qu'on ne communiquerait dessus qu'à partir du moment où on gagnerait. »

L'idée d'associer la danse au programme d'entraînement de l'équipe de France est née après la « claque » de la non-qualification pour les JO de Tokyo en 2021. « Un échec très dur à vivre, confie Daret, nommé à la tête des Bleus en 2017. À une minute de la fin, on menait au score face à l'Irlande et puis... J'ai ressenti une immense tristesse. Je me suis senti seul au monde, unique responsable. » Le Dacquois a songé arrêter. « C'était très chronophage. Je voyais peu mon fils. » Son tempérament passionné reprendra le dessus. « Il a rédigé un débriefing ultra complet de ce qui n'avait pas fonctionné », raconte Reigt.

Parmi les axes de réflexion, ressortait le besoin de travailler sur l'identité collective et la cohésion. « De l'extérieur, la danse de l'équipe de France peut donner l'impression que c'est un artifice. Elle est tout sauf ça, décrypte Mickael Campo, maître de conférences en psychologie du sport à l'université de Bourgogne et responsable de la préparation mentale à la FFR. C'est le fruit d'une réflexion sur la psychologie sociale du groupe. La préparation mentale, de manière très traditionnelle, investit le champ de l'intra individuel mais il y a une vraie spécificité des sports collectifs avec la complexité des interactions qui s'y jouent. Ce que ressent l'individu au sein d'un collectif est influencé par son relationnel avec l'entraîneur et ses "collègues" coéquipiers. Pour résumer, si le groupe est valorisant, je me sens valorisé. Et inversement. »

 
 

La quête de Daret fut d'abord de « chercher des énergies positives » car une saison de rugby à sept « c'est 220 jours loin de chez soi ». Ces absences répétées créent des déséquilibres émotionnels tant chez les joueurs pères de famille que ceux en recherche de construction de leur vie. La danse pouvait générer de la joie collective, à l'image des coureurs de demi-fond kényans qui préparent leurs courses en chantant en cadence lors de leurs échauffements.

« Danser ensemble générait du plaisir, de la bonne humeur et une énergie positive salvatrice. C'était une alternative à la spirale de la pression et du stress »

Paulin Riva, champion olympique de rugby À 7

 
 
 

Daret, en association avec le préparateur physique Julien Robineau, a fait appel aux compétences de la chorégraphe Laure Bontaz. Ensemble, ils ont imaginé des gammes athlétiques en musique. « Pour redynamiser l'équipe avec un travail plus ludique, explique le coach. Parce qu'un tournoi de rugby à 7 nécessite six échauffements par week-end. Après avoir terminé un match, il faut l'analyser à la vidéo, puis préparer le suivant. Se re-échauffer, tout ça peut générer de la lassitude. »

Cette petite gamme de pas sautillants, baptisée « shuffle » (une rythmique ternaire venue du jazz), par Laure Bontaz a vu le jour. « Ça nous a apporté un supplément d'énergie, s'enthousiasme le champion olympique Paulin Riva. Danser ensemble générait du plaisir, de la bonne humeur et une énergie positive salvatrice. C'était une alternative à la spirale de la pression et du stress. Et ça change tout de rentrer sur le terrain avec la banane même si tu es prêt à en découdre. »

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Antoine Dupont (au centre), lors de la chorégraphie au Stade de France, le 27 juillet. (Victor Joly/Presse Sports)

La vision de Daret allait plus loin encore : « Danser aide à muscler les cerveaux car la concentration des joueurs est un vrai sujet. Après une séance vidéo ou une réunion de plus d'un quart d'heure, nombre d'infos sont perdues. La danse - communication non verbale - renforce la concentration car elle pousse à une observation active. Intégrer des pas, travailler la dissociation du haut et du bas du corps, la synchronisation avec les autres, les changements de rythme... Tout ça devient un programme moteur, oblige les joueurs à être dans "l'ici et le maintenant". Une chorégraphie, c'est difficile à intégrer. À côté, les lancements de jeu paraissent beaucoup plus simples. Danser, chanter des onomatopées "tcha tcha tcha - boum boum boum", aide les gars à intégrer dix fois plus vite. »

Au fil de leur saison, les Bleus se sont accaparé cet outil novateur pour leurs échauffements. « Pour nous connecter "plein fer", en une minute, on mettait un joueur au milieu, toujours le même (William Iraguha) et on scandait son surnom, "Bibop !", raconte Paulin Riva. On formait un cercle. On était dans notre bulle, avec une énergie folle qui partait des pieds et l'envie de crier, on enchaînait les montées de genoux et "Bibop" rythmait le truc. Les adversaires qui nous regardaient faire se posaient des questions. » À l'approche des matches, la furieuse jovialité de ce "french haka" impactait le mental des joueurs s'apprêtant à les affronter.

« Jérôme a su donner du sens à la danse : coordination, synchronisation, changements de rythme, de direction et d'appuis, dissociation entre le haut et le bas du corps »

Laure Bontaz, chorégraphe

 
 
 

Tout n'a pas été si facile à mettre en place. Quand, fin 2020, Daret apporte son idée, certains joueurs ont montré des réticences. « C'est vrai qu'on s'est posé des questions, avoue Riva. La danse, pourquoi ? » Jean-Pascal Barraque ne s'en cache pas : « Avec les anciens, on était un peu réfractaires. J'ai parfois prétexté des blessures pour esquiver les séances. »

Certains envisageaient le rugby avant tout comme un combat. Moins à l'aise pour bouger leur corps au rythme des contretemps, ils redoutaient la dévalorisation aux yeux des autres. « Laure a été très bienveillante, reconnaît Barraque. Elle nous disait : "Si tu n'y arrives pas, nulle inquiétude, petit à petit, ça va venir." On a été chouchoutés. » La chorégraphe insiste auprès de ces jeunes hommes : « On est dans un espace de non-jugement, on ne se moque pas. Je veux vous voir faire ! On essaye. Si on se plante, on s'en fout ! On est décomplexés et cool. »

Daret finira par remporter l'adhésion « car tout ce qu'on effectuait dans la chorégraphie, il en faisait ensuite le transfert sur le terrain, précise Laure Bontaz. Jérôme a su donner du sens à la danse : coordination, synchronisation, changements de rythme, de direction et d'appuis, dissociation entre le haut et le bas du corps. Au départ, les joueurs regardaient leurs pieds. J'ai dit à Jérôme "il nous faut une salle avec des miroirs". Une fois là, ils se sont mis à lever la tête, se regarder entre eux. Quand l'un se montrait maladroit, les autres l'aidaient. Ils se sont mis à se challenger, à faire des battles. »

« Après l'échec de Tokyo, j'ai réalisé que pour gagner, il faut oser être soi

Jérôme Daret, entraîneur des Bleus

 
 
 

Une émulation ludique, dérivative à l'enjeu olympique. Une connexion totale et non verbale. « Quand on se place pour la chorégraphie, ce qu'on appelle le "mapping", je sais où sont mes coéquipiers, décrypte Paulin Riva. On est ensemble, synchro, concentrés. Et on retrouvait ça en match sur nos lancements de jeu, en touche ou en mêlée. Plus besoin de se parler pour savoir où on était placés, à quel tempo on allait prendre le ballon ou accélérer, comment on allait se connecter pour mettre en difficulté la défense adverse. Quand j'y repense, c'est fou tout ce que nous a apporté la danse : elle a optimisé notre bagage technique en améliorant la précision du placement de nos pieds, fondamental dans les appuis en rugby. Elle a boosté nos interconnexions, nous a apporté de l'émulation et de l'entrain. Et, à chacun, une meilleure confiance individuelle. »

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L'équipe de France de rugby à 7 a reproduit sa célèbre danse devant Emmanuel Macron lors de la « Parade des champions » sur les Champs-Élysées. (Victor Joly/L'Équipe)

Enfin, le travail chorégraphique a servi de pépinière du leadership. Pour preuve, Jérôme Daret, qui fêtera ses 50 ans jeudi prochain, a tenu à nous montrer une vidéo datant de début 2021. Sur la scène du Moulin Rouge, les Bleus répètent leur shuffle avec entrain. Ils tapent dans leurs mains, tout sourire, lorsque, à la fin de la chorégraphie, Aaron Grandidier-Nkanang improvise un salto arrière.

« Ce n'était pas prévu, précise Daret. Ce qu'il a fait m'a interpellé. Il était sorti du cadre. Dans un match, c'est ce genre d'initiative qui fait gagner. J'y ai vu un leader. Si Aaron s'est autorisé ça, c'est parce qu'il était dans un super état émotionnel. » L'entraîneur nous montre alors une seconde séquence vidéo, filmée trois ans plus tard : « Regardez, c'est le début de la seconde mi-temps de la finale olympique face aux Fidjiens ! »

Aaron Grandidier-Nkanang est à la réception d'un ballon aérien. « Depuis son salto du Moulin Rouge, on l'a identifié comme le meilleur sauteur de l'équipe. Voyez comme il va le réceptionner très haut, bien au-dessus des Fidjiens. Incroyable ! » Ce ballon sera récupéré par Antoine Dupont, qui filera à l'essai. « En remportant la bataille des airs, on a envoyé à l'adversaire un signal de maîtrise. Si on ne capte pas ce ballon-là, à ce moment précis, on ne gagne pas cette finale olympique. »

Le mois dernier, Jérôme Daret a été élu coach de l'année par World Rugby. Lui a tenu à honorer Annick, sa compagne, danseuse devenue coach de méditation pleine conscience. « L'idée de la danse, ça vient d'elle. Après l'échec de Tokyo, j'ai réalisé que pour gagner, il faut oser être soi. J'ai repensé à notre mariage, en 2011. Annick m'avait forcé à bosser une chorégraphie pour l'ouverture du bal. En tant que rugbyman, je voyais ça avec distance. Les invités avaient préparé un flashmob. Un truc de fou qui avait créé une émulation et une énorme joie de vivre. Ce genre d'énergie, c'est ce qu'il y a de plus précieux dans une aventure humaine. »

 
 


#602 darkminimouf

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Posté 29 mars 2025 - 13:42

Victoire contre les Blacks en 1/4 de l’étape de Hong-Kong.

#603 Very Good Eshvili

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Posté 29 mars 2025 - 13:45

Victoire contre les Blacks en 1/4 de l’étape de Hong-Kong.

Et des Bleues contre le Japon



#604 InASMWeTrust

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Posté 29 mars 2025 - 15:07

Il est pas mal Fall, il joue où ? 


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#605 Arverne03

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Posté 29 mars 2025 - 15:15

Bonnes performances pour les deux équipes de FRANCE, surtout l'exploit des garçons face à la N.Z !  Les filles elles, sont à leur niveau et assument. Ce sera dur face aux Australiennes ! 



#606 xdderf63

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Posté 30 mars 2025 - 12:04

Il est pas mal Fall, il joue où ? 

 

pas dispo sur les phases finales 

blessé ? 

 

Défaite 12-7

 

Comme les dernières fois 12-7 et 12-5 contre les argentins



#607 frednirom

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Posté 30 mars 2025 - 12:12

oui blessé.

Finale perdue à l'instant. Arbitrage pas super cool avec les français.



#608 Alex chocolatines

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Posté 30 mars 2025 - 16:48

oui blessé.

Finale perdue à l'instant. Arbitrage pas super cool avec les français.

Le carton un peu sévère ouais, le tournant du match, on les tenait sans ça.



#609 l'ours des tavernes

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Posté 30 mars 2025 - 19:39

pas mauvais le petit Fall

 

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#610 darkminimouf

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Posté 06 mai 2025 - 10:45

La France a terminé 5 ème à LA.

 

Fall a marqué un essai lors de la victoire face à l'Argentine et un autre contre l'Australie en match de classement. Il a participé à tous les matchs sauf à la défaite contre l'Afrique du Sud.

 

https://www.ffr.fr/a...lin-los-angeles


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#611 Néophyte

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Posté 06 mai 2025 - 10:48

Il est bien, ce petit, même s'il ne joue pas chez nous. 

 

Il a un peu de temps de jeu, dans son club ? Parce qu'il le mérite, je crois. 



#612 thurfin

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Posté 20 mai 2025 - 14:13

Le rugby à VII c'est finito pour la fédé irlandaise :

https://www.rugbyram...le-12705130.php

 

Ca craint du cul.


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#613 el landeno

el landeno

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Posté 25 juillet 2025 - 19:44

Laure Bontaz est danseuse professionnelle. Avant les JO, elle a intégré le staff des Bleus du rugby à 7, futurs champions olympiques, pour leur apprendre à danser. Un élément fondamental de leur réussite collective après des débuts plein de réticences.

« En rugby, on est habitués à entendre parler de combat. Vous avez appris la danse aux joueurs de l'équipe de France de rugby à 7 et ils sont devenus champions olympiques, c'est subliminal...
Et aussi sublime, non ? Rassembler des êtres issus d'horizons différents et les aider à évoluer en symbiose, à l'unisson, c'est magnifique. A fortiori des joueurs de rugby. Ils n'étaient pas forcément préparés à ça et, même pour un athlète de haut niveau qui connaît son corps, ça peut se révéler compliqué de se réinventer dans une discipline qu'il n'a pas choisie.

 

Le rugby a une connotation très masculine du style : « On est des bonshommes, pas des danseuses. » C'est intéressant car en boxe, un milieu également très masculin, il n'y a pas cette retenue. Peut-être parce que le flow d'un boxeur est super rebondissant, tout en pliométrie, très proche de la danse. Beaucoup de grands boxeurs, Sugar Ray Leonard ou Muhammad Ali étaient réputés pour « danser » sur le ring.

Quelle satisfaction de voir les gars de l'équipe de France à 7 bouger sur un même tempo, de manière coordonnée, synchronisée. Ce projet, une première, a mis quatre ans à aboutir. Avec Jérôme Daret (l'entraîneur des Bleus), nous sommes partis de presque rien, d'une équipe qui n'avait jamais dansé ensemble.

Au départ, Jérôme Daret avait envisagé la danse pour casser la routine des six échauffements lors des tournois... 
C'est ça. Les joueurs en avaient un peu marre de faire toujours les mêmes échauffements. Il nous a chargés avec Julien Robineau, le préparateur physique des Bleus, d'élaborer des gammes athlétiques, avec du tempo et en musique. Ça a donné des alignements super précis. Par exemple, quatre vagues de trois joueurs les unes derrière les autres. Une première ligne partait, ils devaient se débrouiller pour le décompte. Un leader de ligne donnait le top départ sous forme de « cinq, six, sept, huit » pour démarrer tous ensemble, d'un même pied. Une deuxième ligne enchaînait. Toujours alignés avec un regard périphérique, en ligne puis en colonne. C'était super, ça leur a apporté de la cohésion de manière ludique.

 
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Chargée par le sélectionneur Jérôme Daret de casser la routine des échauffements d'avant-match, Laure Bontaz a mis en place une série de gammes athlétiques, avec du tempo et en musique, à travers par exemple des exercices d'alignement par vague de trois joueurs. (Louis Delmoy)
 

Ce qui est dingue, c'est qu'en plus d'avoir optimisé leur technique rugby, danser a aussi amélioré les relations interpersonnelles dans le groupe.
Sur la dimension purement technique, la danse a permis d'améliorer la coordination, le sens de la synchronisation, elle les a rendus meilleurs dans les changements de rythme et de direction, elle leur a permis de mieux assurer leurs appuis en les rendant plus dynamiques. Leur sens du tempo, des temps et des contretemps, et c'est important en sport. En plus de tout ça, danser ensemble a aussi permis de faire tomber des barrières psychologiques.

Dès la première séance, je leur ai dit : « Les gars, le cours est un espace de non-jugement. On ne se moque pas de l'autre. Et je veux vous voir faire, essayer. Quitte à vous planter. On s'en fout, on y va ! On est décomplexés, cool. » C'était parfois compliqué au début, évidemment. Quelques garçons étaient en résistance. Certains disaient dans leur barbe : « On est des mecs, pas des danseuses. » Ils se demandaient : « Mais pourquoi ? »

« Notre chorégraphie, le shuffle, a été un vecteur de cohésion. On a senti leur désir de réussir »

 
 
 

Vous avez répondu à cette interrogation ?
C'est Jérôme (Daret) qui s'en est chargé. Je n'ai jamais eu à devoir expliquer le pourquoi du comment. Au départ, j'avoue, je n'avais pas complètement saisi la direction que voulait prendre Jérôme. C'est venu au fur et à mesure, en le voyant transférer mon travail lors de ses séances rugby. C'était la clé pour que les garçons adhèrent au projet. Ils ont vite compris que tout ce que je leur apprenais allait leur servir sur le terrain.

 

Ne serait-ce que le « mapping ». J'avais besoin que les joueurs prennent une formation spécifique pour la chorégraphie. Qu'ils forment un V avant de procéder à des déplacements dans une évolution. Ce sens du « mapping », Jérôme l'a appliqué sur leurs lancements de jeu, les combinaisons de passes et le placement de chaque joueur sur le terrain. Dans la chorégraphie, ils n'étaient jamais seuls, il n'y avait pas de soliste. Apprendre à se positionner a développé leur regard périphérique.

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Médailles d'or autour du cou, Antoine Dupont et ses partenaires ont exécuté sur la pelouse du Stade de France une danse entrée dans la légende des JO après leur sacre en finale. (Markus Gilliar/GES Sportfoto/Getty images)

Un travail des pieds qui monte à la tête...
Exactement : en danse, c'est hyper important de se regarder. Au départ, j'ai remarqué que les garçons regardaient par terre, le sol et leurs pieds. J'ai dit à Jérôme : « Il nous faut une vraie salle de danse avec des miroirs. » Une fois là, ils se sont mis à lever la tête, à se regarder entre eux. Ils se sont connectés. Notre chorégraphie, le shuffle, a été un vecteur de cohésion. On a senti leur désir commun de réussir, de s'entraider. Pendant les cours, quand l'un était en difficulté sur un pas, se montrait un peu plus maladroit, les autres venaient à sa rescousse. C'était touchant.

Je me suis mise en retrait. Soucieuse de les laisser faire. J'évitais de tout re-détailler, re-décortiquer, re-expliquer parce que les garçons s'aidaient mutuellement. Et plus fort encore : ils se sont mis à se défier dans des « battles ». Quand ils y avaient des gages à la suite d'une faute sur le terrain, ils se challengeaient avec la danse. C'était énorme ! On a beaucoup travaillé la coordination, la dissociation du haut et du bas du corps.

Puis Jérôme a rajouté le ballon, de la complexité pour que leur cerveau bascule en mode multitâche. Les gars ont « fumé » de partout. (Elle rit.) C'était dur, ils ont appris à danser avec un binôme, synchronisés. Les trajectoires de ballons se croisaient, ils devaient se l'envoyer à l'annonce de nombres impairs. « Le shuffle muscle leurs cerveaux », disait Jérôme car ils devaient exécuter avec précision plusieurs tâches à la fois, réfléchir au bon positionnement de leur corps et de celui des autres.

L'enjeu mineur d'une chorégraphie a également agi comme un dérivatif à la pression inhérente aux Jeux Olympiques.
Totalement. La danse est devenue une part de leur entraînement et, quelque part, de leur vie. J'ai vu évoluer ces jeunes hommes. Au départ, certains étaient réticents, se cachaient derrière ceux qui étaient en première ligne. Puis danser n'est plus devenu un problème. Ils sont devenus proactifs, certains m'envoyaient des messages du genre : « Laurette, on pourrait danser sur ce son ? » Un peu rap avec un gros beat. Là, je me suis dit : « C'est gagné. »

Certains joueurs étaient mal à l'aise avec leur corps, ça venait de blocages plus profonds ?
Pas forcément. Tout le monde n'a pas forcément l'oreille musicale, le sens du rythme ou la capacité à attraper un tempo. D'autres font ça naturellement. Et puis le tempo, il faut pouvoir le retranscrire avec son corps, dans un espace, face au regard des autres. On s'est aperçus que certains se sont complètement décomplexés et désinhibés. L'un des joueurs était très en résistance. Il n'avait pas envie, se montrait désinvolte et ne rentrait pas dans la choré. Je l'observais mais je ne lui faisais pas de remarques devant les autres. Je n'ai pas eu besoin de le faire, il a été recadré par ses coéquipiers : « Eh, dis donc, frère, à quel moment tu vas t'y mettre ? On te dit qu'il faut plier comme ça. Vas-y, plie ! Là, t'es là en mode euh... Eh frère, vas-y, fais-le ! »

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« La danse a permis d'améliorer la coordination, le sens de la synchronisation, elle les a rendus meilleurs dans les changements de rythme et de direction, elle leur a permis de mieux assurer leurs appuis en les rendant plus dynamiques », explique la technicienne de 53 ans, spécialiste du music-hall. (Louis Delmoy)

Ça l'a électrisé ?
Sur le coup, il a gardé sa fierté mais, au bout d'un moment, il a changé. Il s'était fait rappeler à l'ordre, c'est la force du groupe qui crée son propre leadership. D'ailleurs, des leaders ont émergé dans l'équipe grâce à la danse.

Vous parlez d'Aaron Grandidier-Nkanang...
Oui, le jour où, électrique, il a effectué un saut périlleux à l'issue d'une répétition au Moulin Rouge, Jérôme a alors compris la dimension qu'il pouvait prendre, tant comme athlète que comme leader. En danse, Aaron bénéficiait de prédispositions inouïes. Il m'a dit récemment : « Tu sais Laurette, cette chorégraphie, je ne l'oublierai jamais, j'ai tellement kiffé ! »

« Après la finale des JO, ils ont démarré tous ensemble, c'était dingue. J'ai pris une déflagration »

 
 
 

Et Antoine Dupont, de Castelnau-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées, comment a-t-il pris la vague du shuffle ?
Quand Antoine a débarqué, tout le groupe dansait depuis plusieurs mois. Il a accroché les wagons et su se mettre dans le flow. Il a été accompagné par Paulin (Riva), le capitaine de l'équipe qui, lui aussi, au départ, n'était pas forcément très à l'aise avec son corps. C'est amusant car, récemment, Paulin m'a envoyé la vidéo d'un spectacle auquel il a participé, chez lui dans le Gers. Un Danse avec les célébrités de ma région. Paulin a fait un duo avec une danseuse et même participé au final du spectacle avec toute l'école de danse et la prof. C'était top.

Pour revenir à Antoine, lorsqu'il est arrivé pour le premier cours à l'Insep, à mes yeux, c'était un élève comme les autres. Il s'est intégré au groupe sans se poser de questions, il a plongé dans le truc et appris les pas. Je me suis mise un tout petit peu en retrait pour lui montrer des trucs. Pour le reste, il a su choper les mouvements et rattraper les copains. Je l'ai aussi vu travailler tout seul dans son coin, il répétait des steps. Son intelligence a été de prendre tout ce flow hyper positif du groupe.

Sur les derniers temps, les gars étaient contents de venir aux séances de danse. Je les ai entendus dire : « Ce shuffle, si on gagne un tournoi, il faudra le sortir sur le terrain, devant le public ! » Ils ne l'ont jamais fait, même après avoir gagné à Los Angeles et à Madrid. Ils ne le sentaient pas. Peut-être qu'ils attendaient les JO, de remporter un truc plus fort encore.

Vous étiez au Stade de France quand ils ont entamé le shuffle après leur victoire olympique ?
Et comment ! J'étais dans les gradins ! Quand je les ai vus se mettre au milieu du terrain, commencer à se positionner en mapping, je me suis dit : « Non ? Ils vont danser ? Putain, ils vont le faire là ? » Je suis tellement émue chaque fois que j'y repense. Vous me faites pleurer. C'était hyper fort. Donc, je les ai vus, se positionner. Paf. Tout le monde était calé. Le manager faisait des allers-retours, je me suis dit : « Ah, OK ils demandent la musique en plus ! » Dès les premières notes, ils ont démarré tous ensemble, c'était dingue. J'ai pris une déflagration. Comme un frisson, des tremblements... Remplie d'une immense fierté. La boucle était bouclée. J'ai crié... Non, j'ai hurlé !

Parmi vos voisins, dans les gradins, personne ne savait qui vous étiez. Si vous deviez leur expliquer...
Je suis bordelaise et je vis à Paris depuis trente ans. Je suis danseuse. Après avoir fait le conservatoire de Bordeaux, en classique et en jazz, je suis montée à Paris. Pour faire du cabaret. Ma passion, c'est la revue, le music-hall. J'ai toujours voulu faire ça. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs. J'ai dansé des années dans des troupes, fait des spectacles à l'étranger. J'ai aussi intégré plusieurs compagnies, travaillé à l'Opéra-Comique, dansé dans des pièces d'Offenbach. J'ai travaillé avec Jérôme Savary, dans des émissions de télé aussi. Au sein de ballets qui entouraient des artistes. Seuls mes parents me reconnaissaient. J'ai fait ça des années.

Et puis, un jour, j'ai décidé d'écrire mon propre one-woman-show, Laurette de Paname. C'est mon nom de scène dans ce spectacle qui mêle le chant, la danse, la comédie, de l'interactivité avec le public. Avec des changements de costumes parce que j'interprète plein de personnages. Et surtout, le truc un peu spécifique, c'est que je raconte l'histoire du french cancan, une danse qui appartient au patrimoine de la France, hyper emblématique et féministe. C'est une danse de rébellion et de revendication féminine qui a commencé dans la première moitié du XIXe siècle, vers 1825. Ce n'était pas encore tout à fait le vrai cancan, mais les femmes commençaient à soulever leurs jupons.

Dans quel but ?
Peu de gens savent ce que signifie le cancan mais quand les filles levaient leurs jambes à la verticale, c'était pour se moquer des militaires marchant au pas. La cathédrale avec une autre fille, c'était pour railler le clergé. Les femmes dansaient le cancan pour s'émanciper des hommes. Avant, elles ne pouvaient pas danser sans être guidées par un homme. Elles étaient sous cloche.

J'adore raconter l'histoire du cancan partout dans le monde, je me suis produite jusqu'en Éthiopie. Dans le shuffle que j'ai créé pour les garçons de l'équipe de France, j'y ai mis plein de touches personnelles. Il y a le coeur qui bat, l'entrée sur le terrain, la formation, l'enclenchement de jeu, le maul, la mêlée. Mais aussi les ailes du Moulin Rouge, un endroit patrimonial de la France bien plus connu dans le monde que l'Opéra Garnier.

Que pensez-vous avoir transmis à ces jeunes joueurs de rugby ?
Une énorme joie de vivre, ça c'est certain. C'était super ludique, fun. Les gars kiffaient. Leur shuffle est devenu viral sur les réseaux. Lors de la parade des champions sur les Champs-Élysées, en septembre, j'entendais les gens dans la foule gueuler : « La choré ! La choré ! » Cette fois, je n'ai pas crié, c'était un sentiment plus intérieur. Les joueurs se le sont approprié, ont parfaitement assumé le fait de danser. C'est top.

Je l'aime tellement cette équipe. Ce sont mes petits. Ils ont pris soin de moi. Ils me serraient dans leurs bras. J'étais leur maman. J'ai eu des super beaux échanges avec certains, parfois sur des choses un peu intimes, souvent en lien avec leurs amourettes. Ils étaient demandeurs de mon vécu. J'avais ma façon de voir les choses, vu mon âge (53 ans). Le fait qu'ils se confient, m'offrent leur confiance, c'était fort. Après mes cours, j'assistais à leurs entraînements. Je mettais mon réveil en pleine nuit quand ils jouaient en tournois à l'autre bout du monde. On s'écrit toujours, on like nos posts sur les réseaux. »

 

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Posté 26 juillet 2025 - 08:55

Çà aurait du bon dans les Uriossades...
En plus les soeurs ne seraient pas là.






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