« Tout s'est bouclé en fin de saison avec la contrainte du barrage qui allait décider sur un match si le club allait se sauver ou pas, se rappelle ce dernier. On avait avancé sur pas mal de dossiers mais la marge était très fine. Il y avait une forme de deal avec le président (François Rivière) d'augmenter la masse salariale d'année en année pour challenger tout le monde dans ce Championnat. » Pari réussi, donc.
« Ils pouvaient être en difficulté individuellement mais en les remettant à leur meilleur niveau, ils avaient tout pour briller ici »
Franck Azéma
Pour renforcer ce qui était alors son futur effectif, Franck Azéma a notamment pisté des joueurs qu'il connaissait bien pour les avoir connus à Clermont (où il entraînait de 2010 à 2021) et à Toulon (2021-2023). Les anciens Jaunards Jacobus van Tonder, Apisai Naqalevu et Tavite Veredamu ont ainsi décroché à l'appel de leur ex-coach. « Ça me permettait de gagner du temps dans la réflexion, se rappelle Azéma. Ils pouvaient être en difficulté individuellement mais en les remettant à leur meilleur niveau, ils avaient tout pour briller ici. » Ancienne pointure du 7 mais pas toujours à son avantage à quinze à l'ASM puis à Lyon, Veredamu se régale sur son aile cette saison avec onze essais en dix-sept matches toutes compétitions confondues.
Débarrassé de ses blessures, Van Tonder revit également à l'USAP, qui apprécie beaucoup sa polyvalence deuxième, troisième-ligne. « Techniquement, c'est peut-être l'un des meilleurs joueurs que j'ai eus, salue Perry Feshwater. Et sur le terrain, il court et il plaque comme si sa vie en dépendait. Dans l'enchaînement des tâches, c'est impressionnant, plaquage, contre-rucks, grattage... »
Même topo en troisième ligne avec l'ancien Lyonnais Patrick Sobela qui a déjà 20 feuilles de match à son actif cette saison. « Plaqueur-gratteur par excellence, poursuit Freshwater. Un vrai poison dans les rucks, déterminant pour piquer des ballons et nous permettre de contre-attaquer et qui a une grosse caisse pour suivre les coups offensivement. » Avec le surpuissant So'otala Fa'aso'o (1,94m, 136 kg), arrivé des London Irish après leur disparition, l'USAP a aussi un numéro 8 de poids en complément de Joaquin Oviedo. « Quand tu te retournes et que tu le vois sur le banc, ça nous donne une sacrée masse pour finir le match, se marre Freshwater. On a aussi Naqalevu qui peut faire beaucoup de bien en fin de match avec sa puissance au centre et sa faculté à gratter les ballons. Ça nous fait deux bons boulets de canon ! »
Ancien pilier gauche, Freshwater se réjouit aussi des renforts dans son cinq de devant. Très attendus après la Coupe du monde, le talonneur argentin Ignacio Ruiz et le pilier droit italien Pietro Ceccarelli ont fait beaucoup de bien à la conquête catalane. « Ignacio, c'est un fou, en rigole Freshwater. Il a un sacré gaz sur le terrain, bon lanceur, solide en mêlée alors qu'il n'a que 22 ans. Avec Seilala Lam (35 ans), ça se complète très bien. » Comme Ceccarelli avec une autre recrue bien sentie au numéro 3, le Sud-Africain Nemo Roelofse, ancien du Stade Français : « Ce ne sont pas les droitiers les plus lourds mais des droitiers qui se déplacent et ça colle très bien à nos principes de jeu. On ne voulait pas des plots au milieu mais des mecs qui participent, en plus d'être solides en mêlée et bons en lift en touche. » Une première ligne solide qui sera encore renforcée cet été par les arrivées des Toulonnais Bruce Devaux et Kieran Brookes et du Clermontois Giorgi Beria.
En deuxième ligne, l'USAP s'est offert un champion du monde, Marvin Orie, qui avait rejoint le club directement après la finale, sans passer par la case célébration - « On attendait beaucoup de lui comme leader et il fait ça naturellement, malgré un contexte tout nouveau pour lui » - puis a recruté à l'automne Mathieu Tanguy, qui ne jouait pas beaucoup à Toulon. Depuis son arrivée, il a enquillé quinze matches sur dix-sept possibles en Top 14, en 4 ou en 5. « Un deuxième-ligne qui ferraille beaucoup et on adore ça, souligne Freshwater. Il a cet atout du cinq rugueux très présent dans le combat au sol mais qui a aussi de vraies capacités en touche, un très bon sauteur. On peut le décaler en 4 si besoin pour mettre Posolo (Tuilagi) en cinq. » On en oublierait presque dans ce recrutement quasi-parfait que l'ouvreur/arrière Tommaso Allan et l'arrière ou ailier Louis Dupichot ont fait oublier Tristan Tedder.