La tête un peu dans le seau il y a un mois, après un nouveau voyage à vide à Paris, les joueurs de l’ASM viennent d’enchaîner deux succès bâtis essentiellement sur les valeurs du collectif. Un état d’esprit qui s’est forgé par deux fois sur des mises au vert.
« La mise au vert ? On passe du temps ensemble, c’est cool mais il faudra demander au président s’il a envie qu’on en fasse tous les week-ends », souriait Etienne Fourcade, samedi soir au stade Gerland, quelques minutes après une prestation majuscule de son équipe, plus particulièrement des avants.
Trois semaines après avoir passé une veille de match (pour la réception de Bordeaux) en vase clos à moins d’un kilomètre du stade Michelin, Christophe Urios a activé une nouvelle fois le concept de la mise au vert pour ce match de reprise à Lyon. Partis deux jours avant la rencontre (dès jeudi en début d’après-midi) dans un complexe hôtelier de standing, avec un golf à disposition, les Clermontois ont travaillé la cohésion de groupe.
Jeux de cartes et parties de golf
Quand on lui a demandé ce qui avait fait la différence face au LOU, par rapport à tous les autres déplacements caviardés depuis le début de saison, Baptiste Jauneau a spontanément répondu :
« Le groupe ! On a joué en équipe. Oui, la mise au vert nous a apporté, on en avait besoin après la coupure. Après, on ne peut pas le faire à chaque match ».
En effet, les finances du club ne le permettraient pas et l’habitude peut entraîner de l’usure. Samedi pour la réception de Castres, Christophe Urios n’a rien programmé. Mais ces petites parenthèses ponctuelles dans une saison font partie de la panoplie de son management.
« Je faisais des mises au vert quand j’étais déjà à Castres. Pas avant, à Oyonnax, on n’en avait pas les moyens, car il faut être dans de bonnes conditions. Même si aller dans un Formule 1 (NDLR : catégorie d’hôtel à bas prix) peut aussi faire son effet », lâchait samedi soir, goguenard, le coach de l’ASM.
Si les mecs restent dans leur chambre, ça ne sert à rien. L’important est qu’ils partagent des moments ensemble.
Christophe Urios
Avant de venir sur Gerland, les joueurs de Clermont ont donc passé (beaucoup) du temps ensemble, un peu éloigné de l’aire urbaine lyonnaise. Y avait-il un programme minuté ? « Je n’ai pas géré grand-chose, assure Urios. Il y avait naturellement des points de rencontres. Après, ce sont les joueurs qui décident de la réussite ou pas. Il n’y a pas de protocole précis, à eux de faire vivre le truc. Il y a eu des jeux de cartes, des parties de golf… ».
Les mises au vert ne feront pas mieux jouer au rugby
Quand il a analysé la première victoire de son équipe à l’extérieur, samedi, le manager de l’ASM reconnaissait les bienfaits du « bien vivre ensemble ». « Le résultat face à Lyon doit à la mentalité affichée et c’est aussi ce travail-là (NDLR : la cohésion). On ne sait pas le quantifier, ce ne sont pas des GPS, mais ça amène du liant entre les mecs. Dans le staff aussi, car on est plus détendu entre nous. Et puis, ça permet aux leaders de prendre davantage leurs responsabilités ».
Après la réussite face à Bordeaux il y a un mois, la mise au vert pour préparer le match face au LOU a donc été payante. Sur l’état d’esprit collectif. Mais elles ne feront peut-être pas mieux jouer au rugby. Ce que laissait sans doute entendre le capitaine Jauneau quand il a glissé : « il ne faut pas non plus compter sur une mise au vert pour tout changer… ».
Christophe Buron