- Allez Ugo, te laisse pas aller, elle reviendra ! déclara d’un ton attristé le gros René de Saint Ginest qui ne savait pas s’il devait croire à ce qu’il disait.
- Ouais ajouta Pierrot des Minimes, les coupes d’Europe c’est comme les gonzesses, elles vont voir ailleurs pour te rendre jaloux, c’est pour mieux revenir la queue entre les… enfin je me comprends, elle reviendra !
- Laissez-moi, dit Mola, noyant son pastis sous des larmes d’auto-apitoiement et de regrets infinis, toutes des salopes sauf Maman et Poitrenaud ! Je veux mourir !
Et joignant le geste à la parole il saisit la bouteille de Ricard que Tonton avait prudemment laissée à disposition sur le comptoir du Pastis Ô Maître, tandis que les éboueurs de la place Saint Pierre assistaient muets de stupeur derrière la vitrine à la déchéance de l’entraîneur jadis tout puissant.
- Une messe de deuil pourrait vous faire du bien, n’est-ce pas ? susurra le curé de Saint Sernin qui passait dans l’établissement pour pimenter son jeûne eucharistique.
- Nan, je crois plus en rien, gémit Ugo Mola, qui n’en fit pas moins un signe de croix appuyé sur sa poitrine tachée de pastis et de liquides sui generis.
- Mais, mais, mais déclara Zulmira, prostituée nigériane des bords du Canal, wegawdez ce que j’ai twouvé !
- Le bou.. le boubou…
- Ah non, c’est pas un boubou, c’est une jupe en cuiw de chez Yves Saint Lauwent et le soutien gowge assowti est de…
- Le BOUCLIER hurla Mola, Hallelujah !!! mais où l’avez-vous twouvé euh, trouvé, veux-je dire ?
- C’est-à-diwe, je gawde le secwet suw ma clientèle. Tout ce que je peux diwe c’est qu’il était immatwiculé dans le tawn !
- Wevol ! euh Revol bafouilla Mola, ila juré d’avoir ma peau !
