
Le projet de la Rebel League pourrait bousculer les codes du rugby. Porté par l'ancien centre international anglais Mike Tindall, champion du monde 2003 et proche de la famille royale anglaise (son épouse Zara Phillips est la fille de la princesse Anne, soeur du roi Charles III), il a pour objectif de révolutionner le modèle actuel. « Le manque d'innovation dans le rugby et son incapacité à changer risquent de lui faire perdre son intérêt auprès d'une nouvelle audience et le marché des jeunes », expliquait Tindall dans un article d'ESPN.
Entouré par des personnes issues d'organigrammes de clubs de rugby à XV et venant d'autres ligues dissidentes d'autres sports comme le LIV Golf, il souhaite ainsi proposer une ligue professionnelle autour de 12 franchises, 8 masculines et 4 féminines, sur une saison de 16 matches avec un nouveau format. À la manière de ce qui se fait en Sevens Series, chaque journée serait disputée dans une ville et un stade différents (le Tottenham Hotspur Stadium et le Camp Nou sont évoqués). Les rencontres seraient accompagnées d'un show avec des concerts entourant les matches, afin d'attirer un nouveau public.
Là où la Rebel League détonne, c'est par les moyens démesurés qu'elle semble avoir. Pour se financer, elle aurait convaincu de riches investisseurs venant du monde entier. « Il n'y a pas de fonds souverains. Ce sont soit des fonds sportifs, soit des investisseurs individuels venant des États-Unis, du Moyen-Orient ou de Grande-Bretagne », détaille une source au « City A.M. », journal anglais spécialisé dans le monde des affaires.

D'après le même journal, la R360 aurait ainsi déjà recueilli les fonds pour financer sa première saison, où ne seront disputées que 8 rencontres entre septembre et décembre 2026. Son modèle de franchises, qui s'apparente à celui des ligues américaines, attirerait d'ailleurs de riches investisseurs, ne gravitant pas vraiment autour du monde du rugby. Selon le Daily Mail, la famille Glazer, propriétaire de Manchester United, et le groupe Fenway Sports, qui possède Liverpool et plusieurs franchises de sports américains, pourraient acquérir une équipe. Le groupe Red Bull y songerait également.
Tout cet argent permettrait à la ligue de développer un vrai modèle - avec pour objectif d'être rentable dès 2027 - et aux équipes de proposer des salaires conséquents à leurs futurs joueurs. Car la Rebel League souhaite attirer des stars et met les moyens pour : d'après le Daily Mail, les salaires annuels proposés aux meilleurs joueurs dépasseraient le million d'euros.
Sans en dévoiler l'identité, le journal anglais parle d'environ 140 joueurs qui auraient déjà donné leur accord pour rejoindre la ligue. Parmi eux seraient présents dix Anglais ayant disputé le Tournoi des 6 Nations 2025, et des internationaux d'autres sélections. La Rebel League séduirait aussi des joueurs de rugby à XIII, la presse australienne avançant que des stars de NRL auraient également donné leur accord. À ce jour, aucun international français n'aurait cédé aux sirènes de cette nouvelle ligue.
Le projet de la Rebel League aurait pour avantage de ne pas se télescoper avec les principales compétitions internationales comme le Tournoi des 6 Nations et la Coupe du monde. En revanche, son calendrier entrerait en collision avec les saisons de clubs traditionnels et avec la nouvelle Coupe des nations, qui se lancera à l'été puis l'automne 2026. Ce qui pousserait les joueurs de la R360 à choisir entre les sommes proposées par cette nouvelle ligue et la volonté de représenter leur pays.

Fervent défenseur du rugby international, le directeur général de World Rugby Alan Gilpin s'est dit ouvert à la discussion avec les représentants de la Rebel League, tout en rappelant l'importance des matches internationaux. « Dans notre sport, les fenêtres internationales sont le pinacle du jeu », a-t-il affirmé lors du lancement de la billetterie du Mondial 2027. Un ordre mondial que la R360 et ses investisseurs pourraient vouloir renverser afin de souffler un vent de nouveauté sur la discipline.