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les 30 ans du Rugby pro


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#1 el landeno

el landeno

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Posted Yesterday, 21:05 PM

« Il y a deux cents joueurs sur le coup, les meilleurs » : la menace d'un circuit privé qui a accéléré la professionnalisation du rugby
Lancée en 1985 pour éviter que des sociétés privées ne professionnalisent le rugby, la Coupe du monde, dont le coup d'envoi est donné en 1987, ébranle le concept d'amateurisme. Avant de devenir dès 1991 une manne financière.

 

Le Tournoi des Cinq Nations 1983 n'a pas laissé aux Gallois que de bons souvenirs et, dans le pub The Gatekeeper, situé en face de l'Arms Park, journalistes et anciens joueurs, qui ont pris l'habitude de s'y retrouver, n'ont pas le coeur à évoquer la victoire (16-9) du quinze de France de Jean-Pierre Rives à Paris un mois plus tôt. Ce lundi 11 avril, Peter Jackson, fin limier de la presse britannique, est accoudé à une portée de pinte de Bobby Windsor, ancien pilier du Poireau.

 
 
 
 
 
Leur discussion prend un tour inattendu. Une tournée amenant l'autre, Windsor, qui fait les beaux jours du pack de Pontypool, lâche une information dont il ne mesure pas la portée : un circuit professionnel est en train de se monter ! « Nous avons été contactés. Il y a deux cents joueurs sur le coup, les meilleurs, glisse-t-il à son interlocuteur sur le ton de la confidence. Avec de gros contrats sur trois ans. » Le lendemain, ce scoop fera la une du Daily Mail.

Vérifications faites, ce projet de Championnat du monde professionnel de rugby est l'oeuvre d'un journaliste australien du nom de David Lord (« Dieu », en anglais), sportif accompli (cricket, tennis, golf), commentateur télé et organisateur de compétitions pro-am. « J'ai obtenu 203 contrats signés par des internationaux, issus des huit nations majeures du rugby, nous avouera-t-il, douze ans plus tard. Ils sont dans une enveloppe enfermée dans le coffre de mon avocat. J'ai promis de ne jamais divulguer leurs noms. »

Les All Blacks Graham Mourie et Andy Haden, les Australiens Mark Ella et Peter FitzSimons, les Anglais Peter Wheeler, Clive Woodward, Peter Winterbottom, ainsi que les Gallois Jeff Squire, Graham Price et Bobby Windsor se sont laissé séduire. Côté français, Jean-Pierre Rives niera avoir apposé sa signature mais prendra contact avec Jean Liénard, coach de Grenoble et mentor de Jacques Fouroux, pour qu'il entraîne la sélection française.

Les premières rencontres du circuit Lord sont prévues début 1984, à Cardiff, Glasgow, Paris et Wembley. Mais l'entrepreneur australien se heurte au lobbying de l'International Rugby Board (ancêtre de World Rugby). En effet, l'organisme qui gère le rugby - amateur - depuis 1886 a usé de sa position dominante pour détourner les sponsors et les diffuseurs approchés par Lord, lequel jette l'éponge le 28 novembre 1983, faute d'argent et de partenaires télé.

 

Conscients de la menace que représentent les visées possibles de sociétés privées décidées à professionnaliser le rugby en créant un « cirque sportif », termes employés par les caciques du board lorsqu'ils se retrouvent à l'East India Club à Londres, ces derniers sortent des cartons leur propre projet : une Coupe du monde telle qu'imaginée dès 1979 par trois présidents de Fédération - Albert Ferrasse (France), Dick Littlejohn (Nouvelle-Zélande) et Nicholas Shehadie (Australie) - et jusqu'alors ignorée. L'étude de faisabilité validée dans l'urgence, la mise en route de cette compétition internationale prévue pour 1987 est votée à Paris, le 22 mars 1985.

L'Équipe ouvrira sa page rugby en décryptant cette révolution, avant de consacrer ses colonnes aux quarts de finale du Challenge Du-Manoir et de la Coupe de France, une semaine avant Irlande-France...

Le premier Mondial, une réussite médiatique mais un échec financier

La conviction selon laquelle l'argent et le rugby ne sont pas compatibles disparaît des discours officiels. Cela dit, mis à part l'hypocrisie, il ne reste déjà plus grand-chose des préceptes érigés par les aristocrates anglais et écossais, garants dès 1871 de l'éthique amateur.

En avril 1986, les All Blacks, déguisés en Cavaliers, répondent à l'invitation de l'Afrique du Sud, boycottée par le monde sportif pour cause d'apartheid. Moyennant émoluments versés dans une banque de Hongkong, les meilleurs internationaux néo-zélandais, à l'exception de John Kirwan et de David Kirk, participent à cette tournée pirate, avec au programme quatre test-matches face aux Springboks.

Honte vite bue par une nation qui a fait du rugby sa religion et prépare sur son sol, conjointement avec l'Australie, la première édition du Mondial ovale. Réussite médiatique mais échec financier, cette nouvelle compétition, remportée par la Nouvelle-Zélande, s'avère profitable quatre ans plus tard, en 1991, au point que l'IRB doit créer un trust et des filiales commerciales en Hollande et sur l'île de Man pour échapper aux taxes anglaises (38 %) avant de s'installer à Dublin, autre paradis fiscal, pour faire fructifier ce qui va devenir dès lors sa principale source de revenus.

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Pierre Berbizier avec les Bleus face à l'Irlande le 21 mars 1987 (13-19 à Lansdowne Road). (C. Legros/L'Équipe)
Berbizier : « Je n'imaginais pas fairedu rugby mon métier »
« J'avais entendu parler de son projet mais je n'ai pas été contacté par David Lord. Je ne m'imaginais pas faire du rugby mon métier. J'étais professeur d'EPS et conseiller technique du comité Midi-Pyrénées. Les défraiements et primes de match avec Agen représentaient, à cette époque, un peu plus de trente pour cent de mes revenus. En lisant L'Équipe, j'ai appris qu'il y aurait une Coupe du monde : enfin, on allait pouvoir s'étalonner avec toutes les autres nations ! On a commencé à y penser à l'issue du Grand Chelem 1987, en se disant qu'on avait des chances de bien figurer.
Comme j'avais échangé avec plusieurs internationaux étrangers au sujet de l'évolution de notre sport, mes coéquipiers du quinze de France m'ont demandé, fin 1990, de rédiger une charte, dans l'optique du Mondial 1991. L'idée consistait à récompenser notre participation et à obtenir un intéressement à la performance. Je devais présenter le texte en juin 1991 mais comme j'ai été viré de l'équipe de France, je n'en ai pas eu l'occasion. »

 



#2 el landeno

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Posted Today, 05:57 AM

1995, l'année charnière qui a fait basculer le rugby de l'amateurisme au professionnalisme
La veille de la finale du Mondial 1995, la féroce compétition entre deux magnats australiens des médias, Rupert Murdoch et Kerry Packer, débouche sur la création du Tri Nations et du Super Rugby dans l'hémisphère sud et précipite l'avènement du professionnalisme.

Quand surgit sur le sol sud-africain en 1995 la troisième édition du trophée Webb Ellis, deux milliardaires australiens, Rupert Murdoch et Kerry Packer, qui se vouent une haine féroce depuis quarante ans, s'affrontent avec pour enjeu le rugby à XV. À compter de 1993 et l'annonce du choix de l'Australie pour organiser les Jeux Olympiques en 2000, Murdoch, propriétaire de News Corp et résidant des États-Unis dont il domine les médias, veut phagocyter le marché du sport. En août 1994, il propose à Rugby World Cup d'acheter l'édition 1995. L'offre est refusée. Packer, lui, possède de nombreux médias australiens ainsi que les droits très lucratifs du Championnat national de rugby à XIII (ARL). Pour déstabiliser son rival, Murdoch monte une Super Ligue treiziste. De crainte d'être pillé, Packer approche les Wallabies pour renforcer le prestige de l'ARL puis décide, avec l'aide de Bob Dwyer, ancien coach national australien, de créer un Championnat professionnel à XV.

 
 

Ce projet inquiète les trois provinces australiennes (Queensland, Nouvelle-Galles du Sud et Canberra). En septembre 1994, elles menacent de faire sécession si la possibilité de rémunérer joueurs et entraîneurs n'est pas envisagée par l'IRB (aujourd'hui World Rugby). Sous pression, l'instance mondiale qui gère le rugby se réunit à Bristol et le 14 mars 1995 présente une refonte du statut amateur. Jugée insuffisante, elle incite les dirigeants de Toulouse, Castres, Toulon, Agen, Dax, Perpignan, Montferrand, Brive, Narbonne et Grenoble à se grouper sous l'appellation Club des Présidents pour fixer des règles en matière de défraiements des joueurs.

Packer tente d'attirer les meilleurs joueurs du monde dans son Championnat

Le projet Packer avance vite. Le 27 avril 1995, pour recruter les meilleurs joueurs français, Bob Dwyer propose le nom d'Éric Blondeau, ancien joueur d'Angoulême spécialisé dans le négoce tonnelier à Cognac et croisé à Hongkong. Trois semaines plus tard, Blondeau, qui a accepté ce défi, prend contact avec Philippe Saint-André alors en stage à Chantilly avec le quinze de France, dont il est le capitaine. L'Australien Ross Turnbull, ancien pilier international, fait de même depuis Londres avec Gavin Hastings (Écosse), Mike Hall (pays de Galles), Brian Moore et Rob Andrew (Angleterre).

Pendant la Coupe du monde 1995, alors que Blondeau et Turnbull sillonnent l'Afrique du Sud pour séduire les joueurs influents au sein des sélections nationales, Murdoch parvient à convaincre les présidents des trois grosses fédérations sudistes de lui céder pendant les dix prochaines années les droits commerciaux de deux compétitions conçues pour alimenter ses chaînes de télévision : le Tri Nations et le Super Twelve. Signé le 22 juin 1995, cet accord n'est pas du goût des All Blacks, des Springboks et des Wallabies, traités comme des pions.

 
 
 
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Le nombre de membres de l'International Rugby Board. Dans la nuit du 26 au 27 août 1995, ils entérinèrent à l'unanimité la fin de l'amateurisme.

Le duel des magnats atteint son acmé : Packer est proche d'enrôler les meilleurs joueurs de la planète, siphonnant ainsi les compétitions créées pour Murdoch. Mais le 15 août 1995, après avoir négocié à la hausse leurs primes, les Wallabies se rangent derrière leur Fédération. Floué, Packer retire ses billes mais deale avec Murdoch la diffusion en Asie de courses hippiques. Forts de la manne financière distribuée par Murdoch et soucieux de verrouiller leurs internationaux, les présidents de l'Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie insistent pour que le rugby quitte sa gangue amateur.

Le terme « professionnalisme » n'apparaît pas dans le communiqué

Présidée par le Français Bernard Lapasset, fils spirituel d'Albert Ferrasse, opposé depuis toujours au professionnalisme, l'IRB se réunit dans l'urgence à Paris. Les représentants de l'Irlande, de l'Écosse, mais aussi de l'Argentine et du Japon, souhaitent maintenir le statut amateur. Français, Anglais et Gallois sont favorables à des avancées mesurées.

Au terme de quarante-huit heures d'échanges musclés, le sud finit par imposer son point de vue. Mais Lapasset insiste pour le terme « professionnalisme » n'apparaisse pas dans le communiqué. Il lui préfère l'expression « open », utilisée par le golf et le tennis. Libre à chaque fédération de choisir son mode opératoire. Ce 27 août 1995, face à la presse entassée dans le minuscule salon de l'hôtel Ambassador, boulevard Haussmann, Lapasset proclame la rupture avec un siècle d'amateurisme. Mais il précisera immédiatement après que la FFR n'ouvrira pas la boîte de Pandore. Croyant protéger ainsi un bienfait hérité de l'ère Ferrasse, il répandra pendant trois ans des maux dont le rugby français se serait passé.

Éric Blondeau : « Le projet Packer a permis de faire bouger les lignes »
« J'ai été approché fin 1994 dans le plus grand secret par Bob Dwyer (ancien entraîneur des Wallabies), que je connaissais par ailleurs, pour devenir le responsable du projet Packer dans l'hémisphère nord, à un moment où les joueurs avaient envie, et c'était légitime, de se faire entendre. Je suis parvenu à récolter près de 104 contrats signés. Quand l'histoire est sortie dans L'Équipe, durant l'été 1995, ça a été un choc pour les institutions, qui ne s'y attendaient pas. Mais ce choc a été salutaire. Certes, Packer a finalement jeté l'éponge mais son projet a permis de faire bouger les lignes, de créer une nouvelle relation, moins verticale, entre joueurs et dirigeants, et de professionnaliser le rugby, qui vivait alors et depuis longtemps dans la plus grande hypocrisie. Les dirigeants, que ce soit en club ou dans les instances internationales, ont enfin pris en compte les aspirations des joueurs, ce qui n'était pas le cas avant. Et de leur côté, les joueurs se sont entourés de garanties et d'agents. » R.E
 


#3 Alex chocolatines

Alex chocolatines

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Posted Today, 10:38 AM

Normalement, ça devrait déboucher sue 2 ou 3 classements un sujet pareil. 






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