Ugo Mola jetait dans le miroir des regards passant du doute à la satisfaction, du souci au triomphe. Ses célèbres sourires donnaient à la presse de l’encre à faire couler, particulièrement au Midi olympique, journal auprès duquel aucune mouche n’était venue se plaindre en dépit des traitements barbares que leur faisaient subir les journalistes en période d’oisiveté, si bien que les journalistes susmentionnés s’en donnaient à cœur joie. Les plus anciens d’entre eux n’ayant plus de cheveux à couper en quatre, c’étaient les diptères qui subissaient leurs assauts frénétiques.
Le fameux sourire était-il ironique ou complaisant, sarcastique ou en coin, complice ou méprisant ? Mola le destinait-il à l’arbitre ? A Thomas Ramos, dont les initiés savaient que, s’il pouvait envoyer d’un seul coup de pied une balle de jokari dans une meurtrière de château fort située à plus de 100 mètres, il était également incapable de commencer une phrase sans dire « wesh frère » en guise de prolégomènes. Le sourire ugolien masquait-il une angoisse profonde comme l’avait écrit David Reyrat du Figaro qui haïssait l’entraîneur du Stade toulousain parce qu’il le croyait de gauche et donc digne de finir noyé dans les déjections d’un pack de rhinocéros.
Ugo Mola hausa les épaules sans cesser de sourire, lâcha à tout hasard une caisse fort odorante et enfila ses vêtements rouges et noirs et se dirigea vers la porte. « Franc » se dit-il dans un éclair de lucidité. J’ai le sourire franc : quand on en plante cinquante je souris franchement !
Il avait prononcé cette dernière phrase à voix haute et Thomas Ramos qui l’attendait en bas des marches en tenant servilement la porte du 4X4 lui adressa une remarque.
« Wesh monsieur Mola, on compte plus en francs ! Vous avez le sourire en euros ! »