On devrait jamais quitter Montauban
Un éclair lubrique traversa les doubles foyers des lunettes professionnelles de Christophe Urios, qu’il avait acheté chez Afflelou lors d’un déplacement à Bayonne, saison 2003-2004. Sa langue épaisse, pâteuse encore d’avoir fêté l’anniversaire des cinquante-quatre ans de Davit Zirakashvili, passa sur ses lèvres carmin, laissant la trace brillante d’une limace printanière.
« Sois tranquille, ma gosse, détends toi, ça va bien se passer, juste tu ne serres pas les fesses, j’ai un message à leur transmettre. »
« Je ne suis pas votre gosse, je suis Pierre-Baptiste Nuchy, l’arbitre de la rencontre et je ne serre pas les fesses, je m’étire avant le coup d’envoi »
« Oh sorry, vieux, je rêvais à voix haute. Enfin je voulais dire : ça palpe un arbitre ? »
« Monsieur Charabas est médecin, à ce titre il palpe les gonades pour détecter les cancers masculins. Mais moi non. »
« S’il palpait celles de mes joueurs, je suis pas sûr qu’il trouverait grand-chose. Question cojones. Balloches. Roubignolles. Roustons. Mais je m’égare. Combien pour le match ? »
« Eh bien 80 minutes mais je suis de ceux qui arrêtent régulièrement le chrono pour vérifier les points litigieux. »
« Nan mon grand, je voulais parler de… » et, joignant le geste à la parole, il extirpa de son portefeuille un billet de cinq euros, car la collecte au sein de l’effectif asémiste s’était heurtée à une certaine lésine auvergnate.
« Oooooooh souffla l’arbitre Nuchy, je ne me rappelle plus d’avoir vu un si petit billet depuis que Guy Roux a cotisé des pièces rouges pour mon calendrier des Scouts ! Avec monsieur Altrad on voit des talbins de 100 dollars et même de 500 euros ! » ![]()










