Parigot_Paris regrettait l’époque où on mâchonnait le capuchon de son Bic pour trouver l’inspiration. Il avait bien essayé de sucer le clavier de son ordinateur pro mais la décharge électrique qui s’en était suivie, sans compter la retenue sur salaire pour remplacer un Dell neuf, l’avait dissuadé de persévérer dans cette voie.
Il passa une main consolatrice sur son crâne impeccablement chauve, geste survivant du temps où il avait crinière et prétention futile au bogossisme. Puis le Parigot se gratta un ventre monstrueusement proéminent, péta dans l’espoir un peu vain de voir diminuer le ventre susmentionné, puis haussa les épaules. L’inspiration ne venait pas, ni avec le premier café, ni avec le cinquième et il était un peu tôt pour le confit-pommes sarladaises du Vieux Sud-Ouest, « restaurant ouvrier, cuisine bourgeoise ».
Il s’était moqué de tout et de tous. Il avait caricaturé Mola, brocardé Urios, enculé Lorenzetti. Pas une course chaloupée, pas un cadrage débordement, pas un lancer lobé en touche ne lui avait échappé. Mais en ce jour rien.
« Je ne vais quand même pas me moquer de moi-même ! » souffla-t-il avec à la clé un rot parfumé d’arabica et d’un reste de tripes à la mode de Caen de la veille. L’idée faisait néanmoins son chemin, tant pour flatter son ego en mal de reconnaissance que pour étirer son poil dans la main. N’était-il pas l’ami des stars ? ne pouvait-on dire que Paul « Innternachieunôle » Gabrillagues s’adressait à lui sur un ton où la familiarité complice le disputait à un léger agacement amical ? (« écoute, lâche moi une minute la grappe, je suis en ligne avec mon agent ») ?
Parigot se décida, son clavier trempé dans le vitriol – métaphoriquement, pas deux fois la même connerie – il s’attaqua à lui-même. Puis las de ce vain combat, il retourna se coucher en espérant qu’Urios ou Mola diraient quelque chose de bien ce ouikènde, ou encore que Lorenzetti se pencherait un peu bas pour ramasser ses clés.