Une salle de spectacles et un espace de congrès : tel est le projet que portent Arachnée Concerts et V2 Immo pour le Quartier des Pistes, à Clermont-Ferrand. Avec l'intérêt de la CCI Puy-de-Dôme.
Par Patrice Campo (La Montagne)
Publié le 08 novembre 2025 à 13h00
Modulable et hybride : telle sera la nouvelle salle de spectacles du Quartier des Pistes, doublée d’un espace événementiel.
Arachnée Concerts, promoteur local, et V2 Immo sont les porteurs de ce concept baptisé 026, du nom de l’ancien bâtiment Michelin dont elle prendra en partie la place. Le bâtiment sera démoli pour laisser place à un équipement moderne : une salle de 1.600 places assises modulables en fonction des spectacles, et jusqu’à 2.200 places en mode assis-debout ; et un espace réceptif, modulable aussi, de 300 m² jusqu’à 1.000 m² .
Charline Pouzet, codirigeante d'Arachnée Concerts, et Claude Barbin, président de la CCI Puy-de-Dôme, ce vendredi, là où sera érigé le projet O26. Photo Franck Boileau
« Il s’agit de jauges intermédiaires pour compléter l’offre existante », argumente Charline Pouzet, codirigeante d’Arachnée Concerts, qui évoque 80 spectacles par an durant la saison et le désir de faire vivre le lieu également l’été.
Quant à l’espace réceptif, qui sera ouvert sur la future Aventure Michelin, ce qui permet d’envisager des synergies, il « répondra à une demande de nos entreprises, qui ont besoin d’un tel équipement », appuie Claude Barbin, président de la CCI Puy-de-Dôme-Clermont. Celle-ci a financé l’étude préalable au projet mais n’est pas encore officiellement engagée dans le financement d’O26. Mais la présence de son président lors de sa présentation, hier encore, laisse à penser qu’elle le sera. Et que ses partenaires au sein des foncières du PIC et du Centre des matériaux durables, voisins, seront sollicités.
En attendant, le projet architectural, conçu par Soho Auvergne Architecture et qui prévoit un bâtiment offrant 5.400 m² de surface de plancher, est bien avancé. Comme le reste du Quartier des Pistes, l’ouverture de la structure est prévue début 2029. Une société d’exploitation sera créée pour la gérer. « Pour nous, Arachnée Concerts, c’est une diversification, mais nous continuerons à faire ce que nous savons faire, et encore plus », sourit Charline Pouzet.
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À site hors du commun, projets inédits en Auvergne. L’agence Les Groundpistes va faire du passé un avenir partagé par le plus grand nombre. Ouvert. Populaire.
Par Julien Dodon (La Montagne)
Publié le 08 novembre 2025 à 14h00
Une proposition unique. Comme il n’y en a aucune dans la région voire même en France si l’on considère le caractère tout à fait exceptionnel des Pistes Michelin et du patrimoine de la manufacture ». Didier Veillault et Gilles Jumaire sont tout à leur envie. Emballés, omni-occupés par ce projet sur lequel ils travaillent depuis deux ans. Lequel consiste tout simplement à faire du quartier des Pistes un lieu de vie incontournable entre rendez-vous culturels, festifs, sportifs, inventifs, sociaux, artistiques, etc.
Ils portent ainsi deux orientations distinctes : la Halle F4 ainsi que A Very Food Trip et seront à la tête de l’agence d’animation du quartier baptisée Les Groundpistes. Didier Veillault a été directeur de La Coopérative de mai, à Clermont, durant vingt-trois ans et demeure un acteur essentiel du festival Europavox ; Gilles Jumaire est l’un des fondateurs de La Cartoucherie, à Toulouse, qui fut durant deux siècles durant un site de production de pièces d’armement et qui aujourd’hui le Tiers-lieu référence en France.
La halle F4 Bâtiment emblématique de 3.000 m2, qui dès 2027-28 sera partiellement ouvert en tant que Maison du Chantier pour des projets préfiguratifs de l’ensemble appelé à ouvrir totalement en 2029. Cette Halle abrite La Rouleuse, totem du projet en quelque sorte, marqueur d’une histoire industrielle en mutation qui devient ainsi un amphithéâtre de 1.000 m2, lequel proposera des animations variées, une restauration de type cantina et de multiples innovations.
« Il s’agira d’un nouveau lieu de vie et de rencontres, un lieu de socialisation populaire gratuit ouvert à toutes et à tous. Un lieu créatif et innovant pour rassembler, pour se divertir et à n’en pas douter, bientôt The Place To Be autour de sa rouleuse ». Dans son prolongement, La Friche, autre espace brut de 1.100 m2, adaptable pour divers rendez-vous et d’une capacité d’accueil d’environ 2.000 personnes. ?Evénements sportifs, activités culturelles etc... La friche sera également un terrain de jeu pour l’art urbain. Enfin, La Piste Noire, soit une terrasse ambiance guinguette indus’. « La place du quartier, un peu un agora des temps modernes, nous sépare de l’un des plus beaux bâtiments du quartier des Pistes, le G12, un ancien labo qui va devenir ... A Very Food Trip ». A very food trip Autre espace donc, dédié à la restauration, aux cuisines du monde et au voyage que Michelin a démocratisé à travers ses cartes et ses guides. Une table bistronomique, avec une carte éphémère, qui fera, par exemple, la part belle à l’Afrique six mois durant, puis à NewYork, puis à l’Asie. Etc. Dans un cadre incroayble avec une terrasse panoramique offrant une vue sur l’ensemble du quartier des Pistes. Des cours spécifiques, un bar à cocktails-tapas, des résidences de chefs sont également envisagés.
À Clermont, il ne s’agit pas de décliner La Cartoucherie, mais de s’en inspirer. L’attraction, le symbole, le mystère qui quelque part entoure le site pour ce qu’il a toujours eu de non-accessible au public et de fait, l’incroyable potentiel de l’ensemble ; c’est bien tout ces atouts que Les Groundpistes entendent exploiter.
« Il est désormais temps d’ouvrir en grand les portes d’un passé qui engage un formidable avenir commun, avec les acteurs du projet global que sont L’aventure Michelin, La cité Verte, La Cité du mouvement, O26 la salle de spectacle portée par Arachnée concerts, etc […] Au-delà même du quartier des Pistes, nous souhaitons, non pas entrer en concurrence avec les acteurs locaux déjà installés mais bien au contraire travailler, le cas-échéant, en parfaite collaboration » poursuivent Gilles Jumaire et Didier Veillault.
Une nouvelle histoire à raconter, un nouveau monde à inventer.
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Pourquoi son groupe a initié le Michelin Innovation Park, ce qu’il en attend et ce qu’il en espère : Florent Menegaux, patron de l’empire Bibendum depuis 2019, nous a accordé cet entretien alors que le Quartier des Pistes se dévoile, ce vendredi 7 novembre.
Par Stéphane Vergeade et Patrice Campo (La Montagne)
Publié le 07 novembre 2025 à 12h20
Il ne sera pas question ici des derniers résultats préoccupants du groupe Michelin, publiés fin octobre avec un chiffre d’affaires en recul. Ni de l’avenir du patron de Michelin, dont le mandat s’achève en mai prochain. Florent Menegaux, aux commandes du géant du pneu depuis 2019, a d’ailleurs toutes les chances d’être reconduit à son poste. Il s’exprime ici sur le Michelin Innovation Park - Cataroux, vaste programme à 300 millions d’euros qu’il a soutenu dès 2021. Et qui s’est un peu plus concrétisé, ce vendredi 7 novembre, avec la présentation du futur Quartier des Pistes.
Pourquoi Michelin s’investit-il dans ce projet??
"Michelin a initié ce projet sur le site historique de Cataroux, véritable trait d’union entre Clermont et Montferrand. Lorsque j’ai repris ce dossier, j’ai constaté que nous allions progressivement libérer des bâtiments industriels pour permettre la création de logements. Mais, pour accompagner le développement d’une ville, ce n’est pas suffisant. Il fallait aller plus loin et transformer ces espaces en un nouveau pôle d’innovation en cohérence avec leur histoire.
Certes, Michelin dispose de son propre centre de Recherche et de développement à Ladoux. Toutefois, nous avons identifié de nouvelles attentes pour répondre aux enjeux sociétaux de demain : un besoin de formation incarné par Hall 32 et la Manufacture Des Talents?; un besoin de regrouper les start-ups digitales et les acteurs économiques régionaux dans un lieu proche du cœur de ville, c’est le PIC, avec 2.400 postes de travail?; un besoin de nouveaux matériaux pour se désengager des matériaux fossiles, d’où la création du Centre des matériaux durables. Et enfin, un besoin humain avec le Quartier des Pistes, pour permettre de se maintenir en forme et de s’ouvrir à la culture."
S’agit-il aussi de confirmer votre ancrage local, cas unique pour une telle multinationale??
"Absolument. Nous sommes citoyens d’une ville, d’une région, d’un pays et du monde. Michelin est très fier de ses origines. C’est ici, à Clermont-Ferrand, au bord de la Tiretaine, que notre histoire a commencé. Le monde change, Michelin s’adapte en permanence, mais notre attachement à ce territoire demeure intact. Nous souhaitons continuer à contribuer à son attractivité."
Le projet, tel qu’il a mûri, correspond-il à votre idée de départ??
"Il va bien au-delà ! L’innovation est faite d’une succession d’essais, d’erreurs et puis tout à coup, ça fonctionne. Cataroux incarne cette dynamique. On y a fabriqué des avions, des trains, le pneu radial… et demain, d’autres innovations y verront le jour. Nous prendrons le temps nécessaire car nous souhaitons composer avec l’existant et surtout collaborer avec les acteurs du territoire. Nous voulons également conserver les pistes et préserver cette architecture incroyable. Il y aura une expérience immersive où le patrimoine industriel sera valorisé.
Les trois premiers pôles ont un intérêt évident pour Michelin. Qu’en est-il du Quartier Des Pistes??
"Depuis 1911, avec la création de l’ASM Omnisports, nous affirmons que le mouvement est clé pour l’épanouissement humain. Le stade Marcel-Michelin en est le symbole, et la future Cité du Mouvement sera une nouvelle preuve de cette conviction au sein même du Quartier des Pistes. Nous avons également souhaité y ajouter la culture, pour nourrir l’esprit autant que le corps. Ce projet incarne un lien fort entre notre héritage et notre ambition."
Est-ce aussi l’illustration de la nécessité pour Michelin de s’ouvrir au-delà de l'industrie??
"L’activité de Michelin ne se restreint pas à une activité industrielle. Elle n’est pas en opposition avec le monde extérieur. Trop souvent, les oppositions freinent les avancées. Chez Michelin c’est tout le contraire, nous croyons en l’inclusion. La Canopée (l’espace d’accueil du siège des Carmes, NDLR) est un lieu ouvert, où salariés et citoyens se côtoient. Le Michelin Innovation Park prolongera cette philosophie : une véritable symbiose entre univers professionnel et public. Les collaborateurs de Michelin sont aussi des citoyens de la ville."
Qu’adviendra-t-il des activités industrielles qui subsistent à Cataroux??
"L’urbanisation croissante de Clermont-Ferrand réduit la compatibilité de certaines activités industrielles avec leur environnement. Pour autant, Michelin maintiendra une présence forte sur ce site, notamment à travers le Centre des Matériaux Durables et la Manufacture des Talents.
Le financement du Michelin Innovation Park - 300 M€ dont 60 M€ par Michelin - est-il assuré?? Oui, le plan de financement évolue, mais les moyens sont là. Nous sommes plus de cinquante partenaires publics et privés engagés dans ce projet. Chaque initiative dispose de son propre modèle économique. Le seul espace financé à 100 % par Michelin sera la nouvelle Aventure Michelin."
En tant que président de Michelin, quel est votre rapport à l’histoire de l’entreprise??
"Nous écrivons les prochains chapitres en nous appuyant sur une histoire riche et inspirante. Cela impose de l’humilité. Je ne suis que de passage. Après trente ans chez Michelin, je mesure la responsabilité qui m’incombe, tout comme celle de chaque collaborateur, tous indispensables à notre réussite."
Votre choix de rester à Clermont est clair et constitue une vraie singularité. Mais ne recèle-t-il pas, tout de même, quelques inconvénients, notamment en termes d'accessibilité??
"Effectivement, l’enclavement ferroviaire est un vrai sujet. Dans un monde où tout va plus vite, nous mettons aujourd’hui, quand tout va bien, une demi-heure de plus qu’il y a vingt ans pour rejoindre Paris et dans des conditions parfois épouvantables?!
Les liaisons transversales sont également insuffisantes. Pour aller à Lyon, le bus est beaucoup plus rapide que le train. On nous avait promis de nouveaux trains et une voie rénovée en 2023. Nous sommes en 2025 et l’on parle désormais de 2027 voire de 2028. J’aimerais qu’à l’échelle de mon mandat à la tête de Michelin, Clermont soit à 2?h?30 de Paris en train. C’est réalisable, sans TGV. Les liaisons aériennes sont elles aussi trop limitées. Chaque semaine, nous envoyons une centaine de collaborateurs à travers le monde. Les connexions aériennes ont été elles aussi largement réduites. Faute de connexions suffisantes, nos avions (Michelin possède trois jets privés, dont deux basés à Clermont, NDLR) volent davantage."
