La bulle sanitaire en question après la contamination au coronavirus au sein du Quinze de France
Il sera difficile d'identifier l'origine de la contamination du groupe France, mais le constat sanitaire ainsi que divers éléments montrent que la bulle n'a pas été étanche.
Donc, d'après Raphaël Ibañez, invité de Stade 2 dimanche soir, tout pourrait être la faute de poignées de portes. Ou des journalistes, qui depuis un mois n'ont pourtant couvert que des conférences de presse par visio et assisté à un seul entraînement en gardant une distance d'au moins 15 mètres qu'aucun Covid n'a jamais parcouru tout seul. Le manager des Bleus évoquait aussi une possible contagion en Irlande. Une sortie appréciée sur place, notamment par Mike Catt, adjoint en charge des trois-quarts celtes : « Nous avons tous été testés trois fois la semaine dernière. Nous avons encore été testés ce matin (hier) Et encore une fois, nous sommes négatifs. Comme depuis le départ. »
Où est née l'épidémie qui impacte le quinze de France et contrarie, le mot est faible, la préparation du match contre l'Écosse ? Qui est le patient zéro ? On l'a vu dimanche soir dans Stade 2 : si l'on tente de suivre la communication officielle, la réponse oscille entre le nébuleux et le fumeux.
Rembobinons. En plein rassemblement des Tricolores, fin janvier à Nice, et compte tenu de la situation épidémique du pays, la FFR décide de ramener le groupe France de 42 individus (37 sélectionnés et 5 partenaires d'entraînement) à 31. L'objectif est sanitaire : mettre fin aux allers-retours en club prévus chaque week-end pour 14 joueurs et limiter les entrées et sorties dans la bulle. Mais Fabien Galthié et son staff ayant besoin d'une main d'oeuvre plus importante pour mener ses entraînements en opposition, il est en parallèle décidé que les « septistes » seront autorisés à se mêler au quinze de France, comme cela est permis par le protocole du Tournoi avec la condition d'un test PCR négatif datant de moins de 72 heures.
Une permission qui entamait déjà l'étanchéité de la bulle. A-t-elle conduit, près d'un mois plus tard, à la contamination de quinze joueurs et membres de l'encadrement tricolores depuis une semaine ? Ce n'est pas sûr.
Les choses sûres sont que les septistes, dûment testés mais à cet instant-là sans doute en période d'incubation, se sont entraînés mercredi et jeudi dernier avec les Bleus, puis qu'une demi-douzaine d'entre eux ont été déclarés positif à partir de samedi, veille de France - Irlande. Deux jours après le premier cas détecté, le lundi suivant le match à l'Aviva Stadium, la machine s'est emballée au sein des rangs quinzistes, avec l'annonce du test positif d'un des préparateurs physiques, puis de Fabien Galthié et William Servat.
« Le patient zéro, on le connaît, c'est notre préparateur physique »
Serge Simon, Vice-président de la FFR
Une situation qui laisse penser que la contamination constatée depuis chez des Bleus est partie du staff. Mais comment l'une de ces trois personnes a-t-elle été contaminée au départ ? Mystère. « Le patient zéro, on le connaît : c'est notre préparateur physique, a estimé Serge Simon dans les colonnes de Midi Olympique ce lundi. Comment a-t-il pu contracter le virus ? Au contact de France 7 ? Scientifiquement, rien ne permet de l'affirmer ou de l'infirmer, on n'a pas d'explication à ce sujet. Notre seule certitude est qu'aucun joueur du quinze n'a été contaminé par un joueur de France 7, puisque les cas positifs de cette semaine sont des transmissions à l'intérieur du groupe quinze de France. » D'où pourrait donc sortir ce Covid si ce n'était pas du 7 ? « On a pu le croiser à l'aéroport, à l'hôtel, ailleurs... », a ajouté le vice-président de la FFR.
À l'évidence, la bulle tricolore n'a pas été pas le havre sain conçu par la NBA ou par l'UEFA pour les phases finales de la Ligue des Champions. Quelque chose a cloché, et les Bleus n'ont pas mis toutes les chances de leur côté pour éviter l'intrusion du Covid dans leur Tournoi, cette compétition qu'ils veulent remporter. Il y a eu les entraînements avec les septistes, l'incorporation de nouveaux sélectionnés en cours de route sans que la raison soit une blessure, ou encore récemment l'autorisation de rentrer à la maison pour quatre jours (sans que, on l'a vu sur les réseaux, les consignes de prudence ne soient tout à fait respectées).
Il y a eu, à Rome, là où les restaurants venaient de rouvrir, des joueurs aperçus attablés en terrasse la veille du match contre l'Italie. Surtout, plusieurs sources appartenant au groupe témoignent en off du caractère poreux de la bulle et de sa violation dans la semaine de la montée vers l'Irlande, tout en mettant en doute les communications officielles sur le cluster actuel. Ces épisodes et propos ne sont peut-être pas en rapport avec les quinze cas détectés, mais ils jettent le trouble.
Le 14 février, Bernard Laporte twittait : « Le protocole qui a fait ses preuves lors de l'Autumn Nations Cup sera encore renforcé. Une bulle sanitaire stricte avec 2 fois plus de tests. Prévenir, détecter et circonscrire. Nous serons exemplaires. » S'il est impossible de tirer des conclusions sur l'origine de l'intrusion virulente du Covid au sein du groupe France, il est bien plus facile de le faire sur son caractère exemplaire.