« Après le succès de Clermont face à Angers, peut-on officiellement parler du maintien ?
Même avec toutes les formules mathématiques, il y a une très forte chance qu'on reste en Ligue 1. Si on termine 11e ou 12e, ce sera un record, mais l'objectif est de finir dans le top 10. Si on arrive à gagner contre Lorient chez nous (le 27 mai, lors de la 37 e journée), ça peut nous mettre à une place très positive. On savait que jouer contre le dernier à la maison, ce n'était pas un match de gala, ni un match pour la gloire. Même si sur le papier certains pouvaient penser qu'Angers était mort, il a quand même battu Lille (1-0) et fait match nul contre Nice (1-1).

Quel sentiment prédomine désormais ?
Le soulagement. Vous l'avez vu lors de la conférence de presse quand les joueurs ont débarqué (pour réclamer une demi-journée de repos en plus à Pascal Gastien, l'entraîneur). Cela montre aussi cet esprit convivial que nous avons à l'intérieur. C'est du soulagement aujourd'hui et demain, et ensuite on se concentrera sur le prochain match. C'est évidemment mieux pour nous de pouvoir déjà sereinement travailler au recrutement pour la saison prochaine car il faudrait vraiment une catastrophe pour ne pas se maintenir.
« Pascal (Gastien) peut être le Gérard Houllier, l'Arsène Wenger de notre holding future »
Avez-vous eu besoin de parler aux joueurs pour leur rappeler que le Championnat n'était pas fini ?
J'ai réfléchi à leur faire un discours. Mais ils sont suffisamment pros pour comprendre. Il y a aussi un élément économique qui est en jeu. Ils peuvent aussi se mettre en avant pour ensuite avoir des offres individuelles plus importantes cet été au niveau du mercato. Ce sera aussi l'occasion de donner la possibilité aux jeunes de se montrer. Plusieurs éléments ont fait comprendre que dans leur tête ce n'est pas fini. Ils peuvent se lâcher, jouer librement. Mentalement, c'est autre chose.
Comment expliquez-vous votre réussite cette saison ?
On avait pris beaucoup de buts la saison dernière, l'idée était de solidifier la partie défensive. Déjà en prenant un bon gardien, un élément hyper-important. On a vu que Mory Diaw nous a sauvé plein de buts et des points. Nos défenseurs, (Mateusz) Wieteska et (Maximiliano) Caufriez, des joueurs qui ont connu la Coupe d'Europe et beaucoup de choses au niveau international, ont joué le rôle de grands frères auprès de joueurs moins expérimentés. Même s'il a eu des blessures et qu'il aurait voulu apporter plus, tout comme Zeffane, quand il y a Max (Gonalons), à côté de Jo (Gastien) sur le terrain, c'est calme, on ne panique pas, on conserve le ballon, les passes arrivent précisément. Et puis, surtout, les joueurs ont tout de suite accepté et adhéré au nouveau système mis en place par le coach (3-4-3).

Où en est la prolongation de l'entraîneur Pascal Gastien ? Vous attendiez le maintien pour l'annoncer ?
On est dans la ligne droite finale et le fait qu'on se maintienne mathématiquement n'a aucun rapport avec sa prolongation. Pour moi, Pascal peut être le Gérard Houllier, l'Arsène Wenger de notre holding future. On veut qu'il puisse transmettre sa philosophie, sa façon de former les jeunes. Il reste un formateur dans son coeur et dans son âme. Mais c'est à lui de décider, il a sa famille, ses petits-enfants, il a un certain âge (59 ans). Je sais que chez vous, en France (Schaefer est suisse), il y a beaucoup de discussions actuellement par rapport à l'âge de la retraite. Je ne peux pas dire à mon coach : "Non, tu ne vas pas encore aller à la retraite" (rires). Pascal, c'est l'architecte, mais, derrière, il y a aussi le staff sportif. Ils travaillent ensemble depuis des années et se connaissent tous bien.
« Dans notre métier, il faut savoir se déconnecter pour profiter du moment. Aujourd'hui, c'est le moment de savourer, de digérer »
Prenez -vous le temps de savourer ce maintien ou êtes-vous déjà tourné vers la saison prochaine ?
Dans notre métier, il faut savoir se déconnecter pour profiter du moment. Aujourd'hui, c'est le moment de savourer, de digérer. Si tu ne prends plus la joie et le plaisir de savourer ces moments spécifiques, tu te perds dans le quotidien. D'un autre côté, on doit utiliser ce temps d'avance sur le mercato, qu'on a pu gagner grâce aux joueurs, pour encore mieux travailler. Il y aura toujours des dossiers chauds, mais c'est mieux d'être capables d'approcher les joueurs maintenant pour leur dire : est-ce que tu veux jouer dans un club de Ligue 1 la saison prochaine ?
Quel sera l'objectif la saison prochaine ?
Tout ce qui s'est passé lors des quatre dernières années, depuis notre arrivée, c'est marquant pour la ville, la région. Si tu as une stratégie, reste fidèle à la stratégie que tu as déterminée dès le début. Sinon, tu peux partir dans une situation très compliquée. On va continuer à investir dans nos infrastructures, à exposer les jeunes qui sont issus du centre, à bien travailler avec nos clubs satellites (le SC Austria Lustenau et le FC Biel-Bienne). Si on peut avoir de temps en temps un exploit au niveau d'un joueur qui nous amène à une huitième place parce qu'il met 15 buts, je signe tout de suite. Il ne faut juste pas commencer à faire n'importe quoi parce qu'on a un peu d'argent. Pour nous, ça ne marchera jamais. Le club n'est pas construit pour un joueur qui arrive avec une Ferrari et une Rolex dorée. On a aussi le temps. Personne ne nous met le couteau sous la gorge. »