A part le fait qu'il est généralement préférable en défense d'avoir un rapide en openside pour aller chasser le porteur du ballon si ça ouvre. En attaque ça dépend si tu veux jouer au ras ou au large entre un lourd perforant et un rapide etc... Il n'y a pas de réelles règles d'affectation du N°, tout dépend des choix de composition et de jeux.
Le poste vu par Skréla:
«Le troisième-ligne aile est le joueur le plus polyvalent de l'équipe. Dans l'évolution du jeu, il doit être le premier soutien et le premier accélérateur. Et sur le plan défensif, il doit récupérer le ballon là où il se trouve. Ce n'est pas un hasard si les troisièmes-lignes ailes sont les plus gros plaqueurs. Dans les phases de conquête, ils sont les premiers intervenants puisqu'ils sont placés sur les extérieurs. En mêlée, le troisième-ligne aile est à la fois lié à la mêlée et le premier à gicler. Il a beaucoup d'informations car il a une vue périphérique sur le jeu. Il voit le ballon sortir de la mêlée, il sait où sont placés les joueurs, il sait où le jeu va aller et il voit le ballon partir. Il a donc une capacité d'intervention très rapide, tout en étant efficace dans la poussée. En touche, il est généralement le dernier de l'alignement, et fait exactement la même chose. Même s'il intervient très vite, le troisième-ligne n'est pas un individualiste. Il entre dans les principes d'action régis par l'équipe. Il touche un peu moins de ballons que les demis, mais il a un poste déterminant pour annihiler le jeu de l'adversaire et développer le jeu de son équipe. Pour jouer à ce poste, il faut des capacités physiques de décathlonien. Normalement, c'est le joueur le plus athlétique de l'équipe.
Si le jeu et le physique des joueurs ont évolué, les missions du troisième-ligne aile restent les mêmes à travers les époques : soutenir, accélérer, plaquer, récupérer. A la limite, ces deux derniers aspects se sont développés. On en voit aujourd'hui plaquer, se relever très vite et gratter le ballon. Un joueur de rugby, aujourd'hui, doit avoir une certaine polyvalence. Dans la polyvalence, il y a la suppléance : il faut savoir être pilier, plaqueur, marqueur, pour remplacer un équipier qui se trouve ailleurs sur le terrain. On voit aujourd'hui des piliers jouer des deux contre un comme des centres... Avant, on jouait plus au poste. Le troisième-ligne, lui, a toujours dû faire ça. Par ailleurs, un troisième-ligne aile qui veut être performant doit anticiper. La vidéo lui permet mieux qu'avant d'analyser le jeu des demis de mêlée et des ailiers adverses. A mon époque, nous n'avions pas les logiciels d'aujourd'hui, mais nous le faisions de façon empirique. Il n'y avait qu'un contrôle : le match.
«Avec Jean-Pierre Rives, on avait une influence énorme»
Le différence entre le 6 et le 7 existe dans les pays anglo-saxons. Ils différencient le joueur grand côté et le joueur petit côté pour rechercher une complémentarité. Cela se fait moins chez nous. Je milite pour deux joueurs de troisième-ligne comparables. Quand j'étais sélectionneur, j'avais Magne et Lièvremont, les deux mêmes marathoniens-plaqueurs. Quand je jouais avec Jean-Pierre (Rives), on avait les mêmes qualités, même s'il grattait un peu plus au sol et que j'étais peut-être meilleur en l'air. En revanche, chez les Blacks, il y a de vraies différences entre McCaw et Collins ou So'oialo, par exemple. Je préfère deux joueurs capables d'intervenir quoi qu'il se passe, c'est un peu français. On peut simplement distinguer deux types de joueurs : celui qui impose un défi sur l'homme, comme Chabal, ou celui qui cherche à passer dans l'intervalle.
Quand on a du physique et un peu de caractère, c'est un poste intéressant. Il a une valeur humaine, mentale, c'est un poste à engagement. Très énergétique, mais aussi riche en réflexion. Je ne devrais pas le dire comme ça, mais il ne faut pas être trop con. Sans être capitaine, sans être demi, on peut être décisionnel sur le jeu. De façon assez ingrate, ça n'est pas toujours reconnu, même si Burger et McCaw sont en train de changer cette perception. Ils sont aujourd'hui au-dessus de tous les autres. Des joueurs comme Betsen ou Bonnaire ne sont jamais valorisés à leur juste valeur. On parle souvent du demi d'ouverture, oui, mais souvent, qui fait sortir le ballon rapidement ? (Silence) Nous, avec Jean-Pierre, on avait une influence énorme (sourire). C'est un poste génial, vraiment génial.»