À peine une heure après l'héroïque victoire de ses hommes (21-22), dimanche, le président toulousain Didier Lacroix a allumé la mèche en zone mixte : « Si on doit couvrir le chant des Toulousains, il faut faire chanter son public plutôt que monter les haut-parleurs. » Quand Colombes était régulièrement pointé du doigt pour sa froide atmosphère, la Paris La Défense Arena est attaquée pour son ambiance artificielle, trop bruyante, bien éloignée des standards rugbystiques du sud de la Loire.
Le « We will rock you » lancé alors que les Racingmen poussaient pour aller chercher la victoire en fin de match et les puissants « Ra-cing, Ra-cing » du speaker qui coupaient les choeurs toulousains ont ainsi irrité Lacroix. Mais côté Racing, on ne voit rien de choquant dans ces relances, d'autant qu'elles sont monnaie courante sous le toit de l'Arena.
« Cette ambiance musicale fait partie de l'ADN de la Paris La Défense Arena,soutient Damien Rajot, le directeur général de la salle. Nous revendiquons ce côté salle de spectacle, avec de la musique pendant les temps morts. »
Des spectateurs « heureux mais trop distants »Le Racing a beau essayer de faire chanter ses fans, les supporters ciel et blanc ont été nettement dominés dans leurs propres tribunes. Un constat appuyé par Jacky Lorenzetti, le président francilien. « Les gens sont heureux, ils font la fête mais ils sont sans doute trop distants par rapport au match, à l'équipe », déplore-t-il.
En octobre 2018, quelques mois après l'inauguration de l'Arena, Lorenzetti se satisfaisait de la réussite commerciale de son bijou, mais avait déjà plus de réserves quant à l'ambiance qui y régnait. Pour y remédier, il préconisait notamment plus prises de paroles du speaker. « On va lui demander d'intervenir davantage, expliquait-il. Il faut qu'il soit plus animateur. »
Les appels du speaker sont justement l'un des griefs qui reviennent le plus souvent chez les contempteurs de l'ambiance « à la Racing ». Mais du côté des habitués de l'Arena, l'utilisation de la sono est plutôt appréciée. « On attire un nouveau public car la salle le permet, avec cette ambiance incroyable, se ravit Damien Rajot. Le rugby a besoin de ça surtout dans cette période difficile. »
Une rencontre avec les supporters programméeEntre la volonté de remplir son stade et celle d'attirer un public plus passionné, Jacky Lorenzetti semble coincé. Si le premier objectif est globalement un succès (17 000 spectateurs de moyenne), le second reste plus inabouti. « Nos supporters aiment le club, mais il faudrait un peu plus de folie », reconnait-il.
Alors qu'il lui reste à recevoir Montpellier (13 avril) et le Stade Français (4 mai) dans une fin de saison à suspense pour accrocher une place de barragiste, le Racing ne peut se permettre de s'embourber dans une incompréhension entre fans et direction. Un groupe de supporters sera ainsi reçu par Lorenzetti la semaine prochaine. « On va en parler, réfléchir à quoi faire pour qu'ils soient plus entraînants, annonce le président. Il reste du travail pour transformer nos spectateurs en supporters. » Vaste programme, pour résoudre un problème auquel les dirigeants successifs n'ont jamais su trouver de réponse.