Dans la salle de musculation du Stade Français Paris Rugby.
Le Baron Kelleher : Julot, retire moi 20 kilos, je la sens pas moi cette barre.
Jules Plisson : M.Cheika il a dit qu’un demi de votre gabarit il devait faire des barres à cent kilos, pour être prêt pour le match.
Le Baron Kelleher : le match, quel match ? je suis plus blessé ? Mon mollet me tire tout à coup…
Jules Plisson : vous êtes sur l’affiche, regardez (il sort une affiche rose et bleue qui figure un Kelleher affûté fonçant balle en main sur un Chabal affûté également.) Il y en a partout dans le métro.
Le Baron Kelleher : ça doit être pour ça que je l’ai pas vue, personne n’a osé la coller sur le pare-brise de ma Porsche. Fais voir. Hé mais c’est ma tronche !
Jules Plisson : Oui, c’est un grand honneur. Il y aura un trophée. Comme au temps où le Baron Coubertin arbitrait les finales.
Le Baron Kelleher : Le Baron Coubertin ? J’ai fait les Baumettes, Poissy, Fontevrault et le Stade Toulousain, j’ai failli en prendre trois à Bayonne, j’ai eu Bernie le Dingue comme agent, mais ton Coubertin ça doit être un cave parce que j’en ai jamais entendu parler. Quand à mettre un prix sur ma tronche, merci ! Mais maintenant je suis rangé ! Ho-nnê-te ! J’aspire à vivre comme un bon bourgeois : une passe dans les chaussettes, une autre dans les yeux et hop, miracle, on me sélectionne plus !
Jules Plisson : Monsieur Cheika il a dit que vous êtes un joueur médiatique comme Chabal
Le Baron Kelleher : il joue encore le touffu ? Ma parole, il a pas fini de rembourser la moissonneuse-batteuse qui lui sert de tondeuse à barbe ? Si je suis titulaire, il pourra parler de son arthrose dans les regroupements et je lui donnerai des nouvelles de ma prostate ! Ce Don Lorenzetti c’est quand même un sacré mac, envoyer des vieux tapiner alors qu’ils sont obligés de mettre des bésicles pour lire le numéro de leur pilier en mêlée !
Jules Plisson : Monsieur Chabal a été un grand joueur de l’équipe de France, et d’ailleurs on crie Hoooouuuuu Chabal dans les tribunes !
Le Baron Kelleher : Ouais ? Battu par les Ritals, ravagés par les Wallabies, niqué par les Engliches ! Il a un palmarès de tueur à gages, ton Chabal ! A sa place je mettrai une horloge comtoise devant l’armoire à trophées, histoire de masquer la honte ! A la limite je préférais Guazzini, qui crie « youhou youhou ! » à Juan Martin Hernandez, l’éphèbe de la prison Yves Dumanoir de Colombes !
Jules Plisson : attention à El Mago, il est redoutable !
Le Baron Kelleher : Ca, je le redoute ! Il mène de 20 points en Ecosse à un quart d’heure de la fin et ils se font enfiler 21 grains par les hommes en jupe ! Et pour finir il rate le drop de la rédemption ! Le Mégot, avec ses trois poils au menton, son air vague et ses yeux andalous on dirait le fils de Kurt Cobain et des Machucambos !
