Posted 07 March 2016 - 12:20 PM
D'après le midol:
WESLEY FOFANA - TROIS-QUARTS CENTRE DE LASMCA DE RETOUR EN ÉQUIPE DE FRANCE, WESLEY FOFANA SAPPRÊTE À RETROUVER VERN COTTER, LEQUEL FUT POUR BEAUCOUP DANS SON ÉCLOSION AU PLUS HAUT NIVEAU.
«Jétaisnonchalant»
Propos recueillis par Marc DUZAN
marc.duzan@midi-olympique.fr
Comment vous êtes-vous senti, vendredi soir, à Grenoble où vous vous êtes imposés 45 à 12 ?
Très bien. Nous étions tous très motivés à lidée de gagner là-bas. Nous avons tout lâché dans ce stade.
LASMCA revient très fort dans la course au titre. Néanmoins, on garde à lesprit les mots que vous aviez prononcés au coup de gong de la dernière finale du Top 14 : « On ny arrivera jamais. » Le pensez-vous encore ?
À chaud, le chagrin avait parlé. Jétais très déçu : pour le club, les supporters et les copains. Est-ce que ça correspondait à une réalité ? Je ne crois pas. On y arrivera, un jour. Jen suis sûr.
Avez-vous eu droit à un coup de fil de Guy Novès, lorsque vous avez été rappelé en équipe de France ?
Non, Guy ne ma pas appelé. Les messages de mes proches sétaient chargés de me mettre au parfum.
Quelle était la nature de votre blessure, au juste ?
Je revenais à peine dune blessure aux ischio-jambiers quand je me suis froissé une côte, dans un ruck.
Avant que ne débute le Tournoi des 6 Nations, le sélectionneur national avait dit dans nos colonnes : « Wesley est peut-être LE joueur incontournable du XV de France ». Le saviez-vous ?
Oui, ça ma fait plaisir. De par mon expérience, je sais néanmoins que personne nest incontournable ou installé en équipe de France.
Conrad Smith, le trois-quarts centre des champions du monde néo-zélandais, concédait dernièrement que vous étiez ladversaire le plus difficile à plaquer...
Ça cest flatteur, en revanche ! Jai toujours été impressionné par la manière dont Conrad Smith gère un match. Paradoxalement, le quart de finale contre les Blacks (62 à 13) fut le match qui ma le plus appris.
De lextérieur, quavez-vous pensé des trois premiers matchs de léquipe de France ?
Cest plutôt encourageant, même si la marge de progression est encore importante.
Dans quels secteurs, par exemple ?
Le lien entre avants et trois-quarts doit par exemple être renforcé. Mais avec les joueurs dont dispose ce XV de France, ça peut faire très mal, une fois que le projet de jeu sera absorbé...
Un tel système est-il difficile à assimiler ?
Le projet de jeu se divise en deux : attaque et défense. On a pu voir que la défense a déjà été assimilée par les joueurs. Par nature, lattaque prend nécessairement plus de temps. Il faut dabord créer des liens, des automatismes. Après, ça va dérouler..
Guy Novès semble compter sur vous au poste dailier. Cela vous déplait-il ?
Ça ne me gêne pas, non... Même si je nai jamais caché préférer jouer trois-quarts centre... On verra avec le temps.
Vous avez toujours été performant à laile, avec le XV de France. Pourquoi préférez-vous jouer au centre ?
Je ne sais pas. Cest une sensation. Cest là où je me sens le mieux sur le terrain. Cest là où je crois pouvoir apporter à mon club et, pourquoi pas, à léquipe de France.
De fait, la probabilité de marquer un essai est plus importante à laile quau centre. Cela ne compte-t-il pas, à vos yeux ?
Non. Quand on est jeune, quand on débarque, on a envie de marquer. En vieillissant, tu as davantage envie détoffer ton jeu, de lire les attaques adverses, douvrir des intervalles pour les autres. Cest aussi jouissif que de marquer un essai.
Le XV de France a eu quelques problèmes sous les ballons hauts, à Cardiff. Est-ce un secteur dans lequel vous êtes à laise ?
Je nai pas de problème avec ça. Tout dépend surtout de la pression que lon peut avoir sous un coup de pied, les joueurs qui viennent au saut avec toi, la façon dont est tapé le ballon... Cest un secteur que lon travaille régulièrement à Clermont. Dès que lentraînement est terminé, le jeu aérien fait partie des « skills » que nous travaillons, entre trois-quarts.
Au début du Tournoi des 6 Nations, Jonathan Danty disait que Guy Novès est intimidant. Wenceslas Lauret racontait même que le sélectionneur nincitait pas au « check ». Quen pensez-vous ?
Je suis daccord. Mais je nai jamais eu envie de « checker » Philippe (Saint-André), non plus ! Guy Novès est un homme charismatique, doté dun gros palmarès. Il impose le respect.
Vous retrouverez dimanche Vern Cotter, qui fut beaucoup dans votre éclosion au plus haut niveau. Que vous reste-t-il de vos tête à tête ?
Dabord, Vern est un très grand entraîneur. Il a une façon de faire très militaire, mais qui fonctionne. Il possède une culture de la gagne quil parvient à transmettre à ses joueurs.
La façon « militaire » que vous décrivez peut-elle néanmoins fonctionner sur une longue période ? Nest-ce pas usant, à force ?
Je ne sais pas... Au bout dun moment, lui-aussi avait peut-être envie dautre chose. Les dernières années, nous avons dû faire évoluer le jeu, changer les courses, les annonces... Cétait une fin de cycle, tout simplement. Cela arrive partout, tout le temps. Sa méthode nest pas à remettre en cause puisque ce que Vern réalise avec lÉcosse, cest très fort.
Que vous disait-il, lors de vos face à face ?
Il nétait pas tendre. Il faut dire que je nétais pas le même personnage quaujourdhui. Jétais très nonchalant, limite « je men foutiste ». Jarrivais en retard à lentraînement. Pardois, je les manquais carrément. Il a été à la fois très patient et très dur, avec moi.
Il faut un certain courage, pour manquer un entraînement de Vern Cotter...
En y repensant, je trouve aussi ça incroyable. Vern a été cool. Dune extraordinaire patience, surtout.
Votre hygiène de vie a-t-elle changé, aujourdhui ?
Bien sûr. Le changement est radical. Quand Franck (Azéma, N.D.L.R.) est arrivé au club, il ma immédiatement fait comprendre quil comptait sur moi. On a eu des discussions très importantes pour moi qui, à un jeune âge, ne savait pas encore si je voulais aller là-dedans, être rugbyman pro... Cela ma aidé à me mettre au boulot. Il ma donné envie de bosser pour lui. Ma vie a également changé. Jai 28 ans, je suis père de famille. Je ne suis plus le même.
Morgan Parra nous disait lété dernier que le jeu de lÉcosse ressemble à sy méprendre à ce que vous réalisiez à Clermont. Êtes-vous daccord ?
Oui, clairement. Vern aime pouvoir compter sur un pack solide mais il a surtout besoin de gagner au plus vite les extérieurs.
Dans son livre, Philippe Saint-André parle de « génération micro-ondes » lorsquil décrit le groupe France. Quen pensez-vous ?
Les générations changent. Celle de Philippe était différente de la nôtre. Ils nétaient pas vraiment professionnels, à son époque. Il y avait trois médias, les joueurs buvaient des canons avec les journalistes. Ce nest plus possible, aujourdhui. Cela ne devient pas comme le foot mais ça commence à y ressembler. Parce quil y a beaucoup dargent, beaucoup denjeu. Je ne parlerais donc pas de génération égocentrique. Je parlerais juste dune génération daujourdhui.
« PSA » regrettait également que vous nayez prévu la moindre réponse au Haka des All Blaks, avant le quart de finale. Etes-vous de son avis ?
On y a pensé. Mais cétait délicat. Nous voulions compter que sur nous-mêmes. Nous ne voulions pas faire ce que tout le monde attendait de nous. On la senti ainsi. Ça a déçu des gens, tant pis. Cela fait partie de lhistoire et on lassume.
Une polémique autour de la musique au fond du bus, au retour du quart de finale perdu au Millennium, a également secoué le groupe. Quen pensez-vous ?
Franchement ?
Oui...
Je men fous un peu. Quand on vient de perdre un match, des joueurs ont besoin dévacuer en écoutant de la musique, dautres ont besoin de parler, dautres encore de se renfermer sur eux-mêmes. Chacun réagit comme il le souhaite. Si la nouvelle génération raisonne ainsi, ce nest pas quelque chose de très grave.
« Avec les joueurs dont dispose ce XV de France, ça peut faire très mal, une fois que le projet de jeu sera absorbé... »
Wesley FOFANA
Trois-quarts centre
de lASMCA
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