Wesley Fofana : «Les All Blacks, ça arrive à 10 000 ! »
Publié le samedi 23 juin 2018 à 18:05| Mis à jour le 23/06/2018 à 18:09 De retour, le centre Wesley Fofana a constaté la vitesse du jeu néo-zélandais. Et l'écart qui les sépare encore des Bleus à un an du Mondial.
DUNEDIN (NZL) - Il semble aminci, le confirme - «
J'étais à 96-97 kg, je suis à 93» - en quittant la zone mixte de curieux stade de Dunedin avec son toit transparent et ses murs pas bien épais. Wesley Fofana (30 ans, 45 sél.) n'avait plus joué avec les Bleus depuis plus d'un an et demi, le 26 novembre 2016, et une défaite - déjà - face aux All Blacks, à Saint-Denis (19-24), en raison de graves blessures au tendon d'Achille et aux cervicales. Jacques Brunel tenait absolument à observer le Clermontois en match - «
Wesley n'est pas venu trois semaines ici pour voir la mer». Fofana, très bon en première période, a rassuré. Mais il dresse un état des lieux lucide des Bleus.
Les notes des Bleus« Après ce score très ample, vous sortez dans quel état d'esprit de cette tournée ?
On ne peut pas se satisfaire de trois défaites, avec au minimum chaque fois 30 points pris (52, 26 puis 49 en réalité). Mais, mine de rien, jouer contre ces joueurs-là, cette culture du rugby, ça nous apportera quelque chose. Il faut travailler très fort, individuellement et collectivement, pour arriver à leur niveau dans un an (
à la Coupe du monde au Japon).
Vous encaissez presque 50 points. Avez-vous le sentiment d'avoir réduit l'écart avec les All Blacks et, si oui, dans quels domaines ?
Dès qu'on arrive à mettre du jeu, à garder le ballon et à imposer ce qu'on a envie de faire, ils n'aiment pas trop. On a bien réussi à le faire en première mi-temps ; je pense qu'on doit rentrer à égalité s'il n'y a pas l'essai un peu bizarre avec l'arbitre
(qui percute Serin alors que McKenzie perçait). En deuxième, on veut mettre du jeu mais on ne garde pas le ballon. Et comme ce sont les meilleurs en turnover, ça fait mal.
Cette tournée peut-elle constituer un socle pour la Coupe du monde ou y a-t-il encore beaucoup de choses à revoir ?
Ça va lancer quelque chose, c'est sûr. Après, il faut se prendre en main, ne pas lâcher, ne pas se dire : on a fait de bonnes choses contre les Blacks, et se laisser aller pendant un an. Il faut travailler très fort pour réduire l'écart.
Vous n'aviez pas joué depuis longtemps, aviez-vous des doutes et les avez-vous levés ?
Lever les doutes, je ne sais pas. Je suis dans l'état d'esprit où je me donne à fond, où je fais ce que je peux faire actuellement.
Mais vous avez été très sollicité en première période. C'était ce que vous imaginiez ?
Franchement, je n'avais rien prévu du tout. On avait juste envie de rivaliser, de leur montrer beaucoup d'envie. On a réussi à le faire, les regards ne trompent pas. Mais dès qu'on rend le ballon trop facilement, en face c'est énorme.
Vous étiez présent en Nouvelle-Zélande en 2013, vous avez toujours perdu (sept fois) face aux All Blacks. Vous prenez un nouveau coup au moral ?
C'est un mélange de plein de sentiments. Je suis déçu et frustré car on n'est pas très loin des Blacks, par moments. Mais eux, quand ils ont le ballon, ils marquent en très peu de temps. C'est là que cette équipe fantastique fait la différence avec les autres. Ils te font mal. Et quand ils commencent à faire mal à l'adversaire, ils accélèrent. Ce sont des tueurs sur ça. C'est vrai que ça nous manque un peu. Tu as l'impression de t'envoyer partout, de faire un bon match ensemble mais, au final, tu prends 50 points.
« Ils sont programmés pour marquer. Nous, pas encore »
Jacques Brunel estime que lorsque les All Blacks ont accéléré, les Français ont voulu suivre et se sont trouvés en surrégime...
C'est possible. Ça revient à ce que je disais : ils ne sont pas bien, font le dos rond, prennent des points mais quand ils accélèrent et te marquent un essai, contrairement à beaucoup d'équipes, ils continuent à vouloir en inscrire jusqu'à la fin. Il nous faut trouver ce côté tueur, être sans pitié dans la zone des 22 mètres. Eux, tu vois qu'ils sont programmés pour marquer. Nous, pas encore.
En deuxième période, on a eu l'impression de voir des avions de chasse...
(Il sourit.) Il y a des choses simples à modifier car les All Blacks ne font pas des trucs extraordinaires : des passes dans le dos ou à des mecs lancés, mais ça arrive à 10 000 !
Avez-vous souffert physiquement, à titre personnel ?
Sur la fin, c'était dur. Quand tu prends les rafales... Face à eux, quand tu ne fais que défendre, ça va encore plus vite que d'habitude. On a eu une dernière action qui aurait pu aller au bout pour réduire un peu le score mais... pfff...
Offensivement, ce match est-il le plus abouti des trois de cette tournée?
Je ne sais pas. Il faudrait que je le revoie, qu'on en discute tous ensemble. Je pense que beaucoup de personnes ont pris du plaisir, mais il y a ces essais qu'on prend trop facilement.
Vous avez pu vous rendre compte, sur le terrain, de la grande performance de Damian McKenzie ?
Forcément. On la ressent. Il fait très mal dans sa manière d'accélérer, individuellement, mais aussi de faire accélérer son équipe derrière. Il a très bien géré le match, joué dans notre dos quand il le fallait, joué à plat quand il le fallait. Il était partout et ne me paraissait pas vraiment fatigué.
Quand vous dites qu'il ne faut surtout pas s'endormir pendant un an, que devez-vous faire?
Bosser individuellement, déjà. C'est la chose sur laquelle chacun peut avoir de l'impact ; bosser ses points forts, bien sûr, mais aussi ses points faibles. Et collectivement, lors des occasions qu'on aura d'être rassemblés, il faut vraiment être focus sur ce qu'on veut faire collectivement et offensivement. »
Source : L'Equipe.fr
Edited by Le Modérateur, 23 June 2018 - 21:22 PM.