Pour Alexandre Lapandry, il y aura probablement un avant et un après 18 octobre 2020. Ce jour-là, sur la pelouse du stade Michelin, celui qui a porté à 261 reprises le maillot de l’ASM depuis ses débuts en août 2008, affronte le Stade Français. Il sort du terrain à la 37e minute suite à un choc à la tête.
La commotion cérébrale est avérée, c’est sa seconde de l’année après une première, subie en janvier 2020 sur la pelouse des Harlequins. Le règlement de la Ligue nationale de rugby impose alors un arrêt de la compétition de 3 semaines.
Le joueur n’a oublié ni les dates ni les faits.
« Après ce choc, j’ai repris l’entraînement le 22 novembre mais le premier contact n’a pas été bon. J’ai donc arrêté. Après un nouveau protocole de trois semaines, je reprends l’entraînement et le mardi 15 décembre, Franck (Azéma) m’annonce que je vais jouer le samedi face au Munster et que je serai capitaine. Sauf que là aussi, au premier contact de cet entraînement, j’ai senti que ça n’allait pas ».
Il m’arrive de souffrir de plusieurs problèmes, j’ai encore aujourd’hui des symptômes handicapants.
Un peu plus d’une année est passée et on n’a pas revu le troisième ligne clermontois sur un terrain, ni même à l’entraînement. Serait-ce une fin de carrière qui ne dit pas (encore) son nom ?
Depuis, Alexandre Lapandry est en arrêt pour « accident du travail ». Le rugby n’est pas sa priorité première. Il a mis simplement sa carrière entre parenthèses avec un unique impératif. Un défi loin des terrains. « Guérir et me soigner, voilà ce qui m’anime aujourd’hui ».
Dans la vie de tous les jours de ce garçon de 32 ans, il y a des jours avec et des jours sans. « Il m’arrive de souffrir de plusieurs problèmes, j’ai encore aujourd’hui des symptômes handicapants », précise-t-il sans entrer dans les détails. « Donc oui, me débarrasser de ces pathologies est actuellement mon unique objectif ».
Pour cela, Alexandre Lapandry a beaucoup consulté. Dans l’environnement médical habituel du club au début, ensuite auprès d’autres spécialistes. En novembre dernier, un an après sa commotion, il est allé voir des « pontes » à Paris.
« Je ne prendrai aucun risque, j'ai une vie qui m'attend après le rugby »
« Depuis, j’ai un traitement. Certaines choses se sont améliorées, mais pas tout. Plus récemment, j’ai effectué de nouveaux examens et je dois revoir des spécialistes dans trois mois. En février prochain, je dois me rendre aussi aux Hôpitaux de Paris, dans le service des traumatismes crâniens légers où je vais subir une batterie de tests. Suite à ça, j’aurais une prise en charge ou un protocole de rééducation adaptée. J’avais vraiment besoin d’avoir plusieurs avis médicaux. Pas spécialement pour me rassurer, mais pour me soigner tout simplement ».
En contrat avec l’ASM jusqu’en juin 2023, le troisième ligne a pour l’instant bel et bien interrompu son histoire avec le rugby. Longtemps réduit à l’inactivité sportive, il a obtenu l’autorisation de remonter sur un vélo. En mode balade. « Cela fait du bien quand même », souffle-t-il.
Quant à un hypothétique retour sur un terrain de rugby, il préfère rester elliptique. « Comment je serai après les prochains traitements et protocoles ? Peut-être que je péterai le feu ! Mais, une chose est sûre, je ne prendrai aucun risque. Car j’ai une vie qui m’attend après le rugby ».