Posté 28 avril 2012 - 08:10
Cotter : «Mon équipe s'est construit un mental»
Vainqueur à deux reprises du Super 14, l'entraîneur néo-zélandais a rejoint Clermont en 2006 pour transformer le club et le hisser au sommet. Il s'est longuement confié avant la demi-finale européenne face au Leinster.
Pourquoi Clermont a-t-il tant peiné à atteindre le dernier carré européen ?
Vern Cotter : Ces dernières années, l'objectif était, d'abord, le bouclier de Brennus afin d'obtenir enfin la reconnaissance en France. L'équipe ayant gagné en maturité, on a pu fixer un objectif plus élevé : l'Europe. Avec cette demi-finale, on a franchi un nouveau cap.
Est-ce le signe que Clermont en a terminé avec ses démons ?
Il nous a fallu quatre tentatives, et trois finales perdues de suite, pour soulever enfin le bouclier de Brennus. Mais, petit à petit, un mental qui n'existait pas avant s'est construit. Désormais, les joueurs croient d'avantage en eux, ils sont lucides par rapport à leurs points forts. Ceux qui sont au club depuis six ans et plus transmettent aux jeunes cette force qui a mis des années à se construire. Et ceux qui signent à Clermont savent qu'ils rejoignent un club qui a des ambitions.
Le titre de 2010 a-t-il été le déclic ?
Oui, car il fallait chasser cette superstition qui nuisait au mental. Ce titre a aussi validé tout ce qu'on avait fait. Ça nous permet de travailler avec plus de certitudes.
Qu'est-ce qui a changé, pour vous, depuis votre arrivée à Clermont il y a six ans ?
Ma façon d'entraîner. Les premières saisons, j'étais dans un système autocratique, j'imposais les choses. Aujourd'hui, l'équipe se gère. Pas de manière autonome mais interdépendante. Je fais du pilotage de joueurs qui savent désormais prendre leurs responsabilités Entre eux, une forme de chimie s'est produite. Ils sont plus en plus demandeurs pour progresser dans le jeu. Et pour gagner ! Il y a six ans, j'avais été frappé par le manque de connaissance des réalités du haut niveau. Il a fallu un long travail de fond pour y remédier…
Comment maintenez-vous cette exigence ?
Grâce à l'investissement de quelques joueurs. D'abord, bien sûr, Aurélien Rougerie. Il est emblématique ici. C'est un exemple, un «papa» pour les jeunes joueurs. Il est bien aidé par Bonnaire, Vermeulen, Hines, Sivivatu qui, par leur expérience, font grandir les autres joueurs. Et puis, c'est fondamental, les intérêts personnels des joueurs ne dépassent jamais ceux de l'équipe. Les anciens, les jeunes, les nouveaux, tous partagent les mêmes objectifs, la même exigence. Et la concurrence fait grandir tout le monde…
Cela fait quatre matches que votre équipe n'a pas concédé d'essai. C'est un signe fort…
La défense, c'est une fenêtre vers l'âme d'une équipe. Cela montre qu'elle a du mental. Les joueurs n'acceptent pas que la ligne soit franchie, ils se donnent les uns pour les autres...
Autre atout pour cette demi-finale, votre fabuleux public qui se déplacera en nombre à Bordeaux…
C'est un plus énorme ! A Londres, ils étaient 2 500 à nous soutenir contre les Saracens jusqu'à la dernière minute. On n'entendait qu'eux ! Cet engouement et cette passion ont une grosse influence chez les joueurs. On aura bien besoin de leur soutien contre le Leinster. Ils vont nous pousser à nous transcender.
Peut-on dire que la province du Leinster est ce qui se fait de mieux sur la scène européenne en ce moment ?
Ils sont en avance par rapport à nous. Ne serait-ce que par leur vécu en coupe d'Europe. Mais on a tellement envie de réussir un truc que ce match entre deux équipes portées sur l'offensive sera fascinant à regarder. Pour espérer l'emporter, on va devoir encore monter notre niveau. Être au top de nos possibilités. Mais je sens mes joueurs très excités par ce défi. Il faut croire en nous, en nos moyens. Si on parvient à mettre notre jeu en place…
Remporter le Top 14 et la coupe d'Europe la même saison, est-ce un objectif raisonnable ?
Ça me paraît très compliqué par rapport aux équipes qui, comme le Leinster en H Cup ou Toulouse en Top 14, n'ont plus qu'un seul objectif. Car nous, on va laisser des plumes sur les gros matches. Ça va être difficile, après, de basculer sur le Top 14.
A titre personnel, vous semblez très heureux en Auvergne…
Déjà, j'ai un très bon groupe et un excellent staff. Donc je prends du plaisir au travail. En dehors, j'ai trouvé un équilibre, des amis. Avec qui je chasse, je fais des virées à moto... Et puis, ici, je peux passer du temps avec mes trois enfants, les voir grandir. On est bien en Auvergne. Les gens sont très respectueux et sincères. Je me sens à l'aise ici.
La Nouvelle-Zélande ne vous manque-elle pas ?
Par moments, si. Et c'est normal d'y penser. Je sais qu'on y retournera un jour mais ce n'est pas d'actualité. Je vais encore passer au moins deux ans en Auvergne, jusqu'à la fin de mon contrat. Après, on verra bien…
Propos recueillis par David Reyrat
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....pour une fois que je peux boycotter pour montrer que c'est pas "vendeur" 
