
Avant-même la fin du match, des larmes coulaient sur le visage de Guillaume Rouet dans les tribunes. Puis rapidement, après le coup de sifflet final, Camille Lopez avait lui aussi les yeux rougis sur la pelouse du Groupama Stadium. Le demi de mêlée et l'ouvreur (36 ans tous les deux) ont achevé leur carrière de joueurs bayonnais samedi soir à Décines lors de la défaite (32-25) en demi-finales de Top 14 contre le Stade Toulousain.
Le premier, homme d'un seul club depuis ses débuts depuis plus de vingt ans, rejoindra Nice, en Nationale, cet été. Le second intégrera le staff de Grégory Patat avec un rôle transversal chez les jeunes. D'autres comme Uzair Cassiem, Denis Marchois, Aurélien Callandret ou encore le jeune Xan Mousques (19 ans), tous non retenus sur la feuille de match ce week-end, s'en iront aussi. Pour l'Aviron, une page va se tourner en douceur. Et l'idée est que la suite soit au moins aussi belle qu'en 2024-2025.
« C'est une saison magnifique, disait Patat après match. Voir Bayonne au milieu de ces cadors du Championnat en demi-finales démontre que notre saison a été plus que correcte. Nous avons eu de la régularité dans nos performances. Nous n'avons jamais perdu plus de deux matches consécutifs. Nous n'avons jamais eu de trous. Cela montre que nous progressons et que nous avançons. »
Huitième en 2023 et douzième l'an dernier, l'Aviron a effectivement joué les premiers rôles presque tout au long de la saison (15 journées sur 26 à la quatrième place) en point d'orgue cette première demi-finale depuis 1983. Le club présidé par Philippe Tayeb, invaincu à domicile, entend solidifier encore davantage ses fondations déjà solides.
« Le groupe vit incroyablement bien, c'est ce qui a fait notre force »
Joris Segonds, ouvreur de l'Aviron Bayonnais
« Je suis confiant pour la suite, lance le talonneur Facundo Bosch. On va vouloir revenir encore plus forts. » Désormais, Bayonne sera attendu. Il s'appuiera encore avant tout sur son collectif plutôt que des individualités. « Le groupe vit incroyablement bien, raconte l'ouvreur Joris Segonds, très bon samedi. C'est ce qui a fait notre force. On a des Manu Tuilagi, Sireli Maqala, etc. des noms connus mais on a aussi beaucoup de joueurs qui ne sont pas du tout connus. Et franchement c'est ça qui fait notre force. L'effectif est jeune et soudé. »
Le recrutement, efficace ces dernières années, a encore été bien ciblé pour le prochain exercice. L'Australien Rob Leota, le Sud-Africain Elton Jantjies, le Gallois Gareth Anscombe, recruté une saison pour compenser la retraite de Lopez, le Clermontois Alexandre Fischer, le Toulonnais Emerick Setiano et l'Oyonnaxien Ewan Johnson arriveront cet été.
Mais la grande nouveauté viendra du staff. Laurent Travers déménagera dans quelques jours au Pays basque pour prendre officiellement ses fonctions de directeur du rugby le 1er juillet. L'ancien entraîneur et président du Racing 92 a déjà commencé à bosser avec Patat depuis plusieurs semaines.
Ensemble, ils devront encore apprendre à mieux se connaître et surtout à bien se répartir leurs prérogatives. Rapidement l'avenir de Patat et de ses adjoints, en fin de contrat en 2026, sera l'enjeu majeur du côté de Jean-Dauger. Après un tel parcours, on voit mal comment l'Aviron pourrait ne pas vouloir conserver le Gersois de 50 ans. Lui voit déjà plus loin. « Nous avons appris, dit-il, et ça va nous donner encore des étoiles dans les yeux car nous avons envie de revenir sur ce type de match. »