Laurent Travers, nouveau directeur du rugby de Bayonne, livre ses ambitions : « Confirmer une stabilité dans le haut du classement »
Président du Racing 92 la saison passée, Laurent Travers a quitté cette fonction pour retrouver les sensations de terrain à Bayonne et aider le club basque, demi-finaliste du Top 14 en juin dernier, à se développer.
Formé à Sarlat et révélé à Brive comme talonneur, entraîneur de Montauban, Clermont, Castres puis le Racing 92, Laurent Travers (56 ans) a rejoint cet été l'Aviron Bayonnais, avec un contrat d'un an, plus trois avec option. Champion d'Europe comme joueur (1997), entraîneur champion de France avec Castres (2013) puis le Racing 92 (2016), trois fois finaliste de la Coupe d'Europe avec le club francilien, il avait endossé la saison dernière le rôle de président du Racing, mais le costume n'était pas fait pour lui.
Joint par téléphone, le nouveau directeur du rugby de l'Aviron nous a livré ses premières impressions, après seulement deux semaines passées dans son nouveau club.
« Comment s'est déroulée votre arrivée à Bayonne ?
Je me suis installé avec mon épouse à Anglet dans un endroit, le Pays basque, où tout le monde rêve de passer ses vacances. Mais dans les faits, nous avons été arrosés par un gros orage qui a inondé la cave où j'avais posé mes cartons (rires).
Vous avez perdu des dossiers relatifs au rugby ?
Oui. Trois classeurs dans lesquels se trouvaient les exercices techniques que j'ai répertoriés depuis plusieurs saisons. Sur le coup, j'étais navré mais avec le recul, je me dis que c'est un bien. Je vais être obligé de me renouveler.
Quand avez-vous pris vos nouvelles fonctions ?
Le mardi 1er juillet, à Jean-Dauger. Les joueurs du secteur professionnel sont arrivés le 28 pour attaquer la présaison, mais avant cela j'ai travaillé avec les responsables du centre de formation et de l'association sportive. J'ai mis ce mois de juillet à profit pour me familiariser avec les arcanes de l'Aviron Bayonnais, même si j'avais déjà eu l'opportunité en mai et juin de faire connaissance avec l'ensemble des acteurs du club.
« Pour que ce soit bien clair, je n'ai pas vocation à mettre Grégory en porte-à-faux. C'est quelqu'un de franc et de loyal, et nos premiers contacts ont été positifs »
Quel est l'ADN de l'Aviron Bayonnais ?
La ville de Bayonne vit et vibre rugby, partout et toute la journée. Ici, le rugby est quasiment une religion. De la part des supporters comme des dirigeants, l'accueil que j'ai reçu a été très chaleureux. Mais derrière ce respect et cette bienveillance, on sent que le coeur des Bayonnais bat au rythme des résultats de l'Aviron.
Lorsque vous avez signé votre contrat, la rumeur a fait état de dissensions avec l'entraîneur en chef, Grégory Patat, qui percevait votre arrivée comme une ingérence. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Pour que ce soit bien clair, je n'ai pas vocation à mettre Grégory en porte-à-faux. C'est quelqu'un de franc et de loyal, et nos premiers contacts ont été positifs. J'ai pu aussi faire la connaissance du staff durant deux jours de séminaire, juste avant l'arrivée des joueurs. Ma fonction est d'aider le club à poursuivre son développement, et pour cela j'interviendrai au sein des différentes strates du club, de l'école de rugby jusqu'aux pros.
Quelle est l'ambition de l'Aviron cette saison ?
Le top 8, qui était déjà l'objectif de la saison passée. L'idée, c'est de confirmer une stabilité dans le haut du classement. L'objectif n'est pas seulement sportif, il est aussi structurel. Le budget du club est passé de 14 millions d'euros à 30 en très peu de temps, ce qui est exceptionnel. Mais il faut maintenant que cette progression soit suivie d'effets vertueux, sportivement et structurellement.
« Je suis venu à l'Aviron Bayonnais pour retrouver les sensations de management et me rapprocher du terrain. J'aime le contact humain, j'aime partager des idées »
Derrière l'UBB, le recrutement de l'Aviron bayonnais est, à l'intersaison, l'un des plus denses du Top 14, avec le troisième-ligne australien Rob Leota (21 sél.), le pilier toulonnais Emerick Setiano (6 sél.) et le Palois Ignacio Calles (8 sél.), sans oublier le flanker clermontois Alexandre Fisher (2 sél.), le demi de mêlée sud-africain Herschel Jantjies (25 sél.) et l'ouvreur gallois Gareth Anscombe (45 sél.), tous internationaux...
L'engouement populaire autour du club et les résultats sportifs ont aidé à finaliser ce recrutement. Mais on verra s'il est bon une fois que les recrues auront fait leurs preuves sur le terrain. Ce qui sûr, c'est qu'il correspond à ce que le club recherchait, à savoir des gratteurs, des franchisseurs, des régulateurs et des accélérateurs de jeu, qui enrichissent ainsi notre effectif et nous permettront de nous installer dans le haut du tableau, et continuer à générer de l'ambition.
Le demi d'ouverture international gallois Gareth Anscombe a rejoint Bayonne à l'intersaison. (Instagram avironrugbypro)
Après 2023-2024, Bayonne retrouve la Coupe des champions. Ce double challenge - Top 14 et Champions Cup - ne risque-t-il pas d'être usant pour un club qui, il n'y a pas longtemps, jouait le maintien ?
Le club peut se permettre d'avoir une ambition double, ne serait-ce que parce que cette opportunité va lui permettre de continuer à grandir, à évoluer. Il faut voir la Coupe des champions comme un tremplin et non comme une difficulté. Et c'est comme cela que ça a été présenté en interne.
Et vous, avec le titre de directeur du rugby, comment vous présentez-vous : en costume cravate ou en survêtement ?
Ni l'un ni l'autre. Je suis venu à l'Aviron Bayonnais pour retrouver les sensations de management et me rapprocher du terrain. J'aime le contact humain, j'aime partager des idées. À la demande du président et du conseil d'administration, ma tâche, je le répète, est d'aider le club à se développer. Bien sûr, il y a le secteur professionnel, mais il y a aussi le centre de formation, l'association (du secteur amateur), l'académie basque qui s'ouvre à l'Espagne, les partenaires financiers, institutionnels et sportifs. Mon objectif consistera dans un premier temps à mettre de l'huile dans tous les rouages. Considérant ces chantiers à mener, j'ai assez de travail pour m'occuper et laisser à Grégory (Patat) l'entière responsabilité sportive du secteur professionnel. »