Et si Grégory Patat, critiqué par son président Philippe Tayeb, claquait la porte à Bayonne ?
Sévèrement critiqué et remis en cause par Philippe Tayeb, son président, le manager de Bayonne Grégory Patat, dont le contrat a pourtant été prolongé mi-octobre, pourrait s'en aller si un adjoint lui était imposé.
Le 17 octobre, sur le site internet de l'Aviron Bayonnais, on pouvait lire ces quelques lignes : « L'Aviron Bayonnais Rugby Pro et son président Philippe Tayeb sont très heureux et fiers d'annoncer la prolongation pour 2 saisons supplémentaires de Grégory Patat ! Arrivé à Bayonne en 2022, notre manager prolonge son aventure en Ciel & Blanc jusqu'en 2028. »
Sous le texte, une photo du président et du manager, affichant un large sourire et tenant un ballon de rugby du club. Certains se sont alors réjouis et dit que c'était la fin du grand bazar, celui qui régnait à l'Aviron depuis la reprise de la saison, autour de la prolongation de contrat de Patat et des prérogatives de Laurent Travers, le directeur du rugby. Ils s'étaient trompés. C'est pire qu'avant.
« Tu n'es pas un bon manager... Laurent Travers doit tout reprendre »
Philippe Tayeb à Grégory Patat, fin octobre.
La communication affichée ne reflète absolument pas la réalité, puisque Tayeb semble regretter d'avoir offert un nouveau bail au technicien qui entraîne l'Aviron depuis plus de trois saisons. C'est ce qu'il dit un peu partout, à tout le monde, même à Patat, comme le révélait Sud-Ouest dimanche soir.
Lors d'une réunion qui s'est tenue quelques jours avant la réception de Montauban, le président a raconté au manager que sa prolongation, il la devait surtout à sa popularité. Durant la discussion, nous apprend Sud-Ouest, il a ajouté, mécontent : « Tu n'es pas un bon manager... Laurent Travers doit tout reprendre. » C'est violent, et surtout injuste, même si dans une interview accordée à Rugbyrama, Tayeb jure n'avoir jamais prononcé de tels mots.
Du mouvement à venir dans le staff ?
Une chose est sûre, le technicien de 50 ans a été touché et affecté par ces propos. Il le fut aussi en découvrant que son président était en train de négocier l'arrivée de Thibault Giroud, l'actuel directeur de la performance de l'UBB, considéré comme l'un des meilleurs du Top 14. Ce dernier, qui est sous contrat jusqu'en 2027, se serait vu proposer un contrat de cinq ans. Patat n'a pas été concerté et n'a jamais échangé avec l'ancien préparateur physique des Bleus.
Il ne remet pas en cause ses compétences mais, selon nos informations, il n'en veut pas. Patat désire choisir les gens qui l'accompagnent au quotidien, comme cela se fait un peu partout. Si Giroud lui est imposé, il partira. Il souhaite conserver Loïc Louit à ce poste. Un Gersois, comme lui. Un homme compétent, apprécié des joueurs, qui possède aussi une liberté de penser et de ton qui défrise, ne craignant pas de rappeler au président ses promesses, ou de pointer du doigt ses approximations verbales.
Louit est libre, comme l'ensemble du staff. À son sujet, Tayeb explique dans Rugbyrama qu'il a échangé avec lui pour lui signifier qu'il y « aurait peut-être une orientation différente. » Selon nos informations, le principal concerné n'a jamais entendu ces mots. Tayeb assure aussi que Gerard Fraser, le bras droit de Patat, a eu une proposition de prolongation et ne l'a pas refusée. Mais le technicien néo-zélandais a bel et bien repoussé la première offre, ne s'y retrouvant pas financièrement.
Un bilan sportif pourtant très positif
Même s'il s'en défend, il reste cette impression que le président de l'Aviron veut isoler son manager, le fragiliser, en remettant en cause ses choix, son staff, ses compétences. Depuis l'arrivée de Patat, Bayonne a terminé huitième (2023), se qualifiant pour la Coupe des champions, douzième (2024) et quatrième (2025), avec un barrage à domicile et une demi-finale de Top 14 (défaite 32-25 contre Toulouse). Et cette saison, le club basque, qui reprend l'entraînement mercredi, occupe la cinquième place du classement, à trois points de Toulouse et Toulon.
Un bilan hyper satisfaisant, mais insuffisant aux yeux du président, pressé de voir son club se hisser au sommet du rugby français. C'est pour cette raison qu'il est allé chercher Travers, qui est, pour lui, l'homme qui peut faire passer un cap à l'Aviron. Mais son arrivée ne s'est pas passée comme prévu. Tayeb nous a souvent expliqué qu'il trouvait scandaleuse la manière dont le staff avait accueilli le nouvel arrivant. Et il n'a pas digéré que son choix soit remis en cause, et semble aujourd'hui le faire payer à Patat et ses hommes.