C'est samedi soir, à 18 h 30, que l'Aviron Bayonnais va découvrir la grande coupe d'Europe, celle que les joueurs rêvent de disputer pour se confronter aux meilleurs, appelée désormais Coupe des Champions désormais avec la venue des franchises sud-africaines.
Son baptême aura lieu en Irlande, sur les terres du Munster, une équipe habituée de l'événement. Grégory Patat qui connaît bien la compétition, il s'est occupé des avants de la Rochelle, s'attend à souffrir, et à subir la puissance locale.
Pour cette rencontre initiale, et ce sera vraisemblablement le cas la semaine prochaine, pour la réception de Glasgow (le 15 décembre à 21 heures), le technicien a décidé de faire confiance aux joueurs qui étaient déjà là la saison passée et qui ont sué pour décrocher le ticket européen. Il a aussi choisi de faire souffler quelques cadres. C'est sa réalité, et celle de l'Aviron, un club modeste, qui ne peut finalement pas se permettre d'oublier que son objectif prioritaire, c'est le maintien en Top 14.
« Comme pour certaines équipes qui ont moins de moyens que les autres, est-ce que Bayonne dont l'objectif est de se maintenir en Top 14 peut jouer à fond cette compétition européenne ? Notre objectif, c'est le Top 14... C'est notre priorité. Maintenant, on a mérité de jouer cette Coupe d'Europe, c'est une manière de valider tout ce qui a été fait la saison passée. On est obligé de la jouer à fond, en prenant en compte notre situation du moment, sans faire n'importe avec notre effectif. S'il y a des joueurs à protéger, on le fera. On ne va pas prendre de risques. On la jouera à fond avec les joueurs qui seront sur le terrain.
Cette envie de protéger des joueurs peut aussi frustrer ceux qui n'ont jamais joué cette Coupe d'Europe ? C'est une équation difficile...
Oui, c'est le bon mot, c'est une équation. Sur ces deux premières journées, j'aimerais par exemple récompenser les mecs qui ont décroché cet accès à la Coupe d'Europe, en priorisant les joueurs qui étaient là l'an dernier, sans évidemment provoquer une scission dans le groupe. On a changé nos habitudes, on a annoncé le groupe et l'équipe mardi. On va jouer dans la cour des meilleurs, et donner un maximum de certitudes aux joueurs, de connexion...
C'est une équipe type ?
Non, mais c'est une équipe que j'aurais pu aligner l'année dernière sans Camille Lopez. Au moment de dévoiler la composition, on a senti pas mal de déception chez les joueurs de ne pas être dans la première équipe qui va découvrir la compétition avec Bayonne.
C'est un peu rude pour les joueurs, pour vous aussi, de se battre toute une saison pour arracher un ticket, et au final, de...
C'est encore une histoire d'équation. La saison a été belle, mais tu sais aussi que tu dois être dans l'instant présent, mais aujourd'hui, on n'a pas l'effectif. C'est hyper complexe. Il faut valoriser certains joueurs, reposer d'autres, ne pas cramer trop d'énergie pour le championnat qui va repartir dans trois semaines, ne pas générer trop de frustration avec les mecs qui vont être au repos. On essaie d'activer des leviers en interne.
« On va faire en sorte de montrer un beau visage de l'Aviron, d'avoir une attitude. Je pense qu'au Munster, personne ne connaît un joueur de l'Aviron... »
Est-ce que votre réalité se heurte à une volonté présidentielle différente, par exemple celle de briller dans cette compétition ?
Il n'y a aucun problème, on est aligné avec mon président, on est bien conscient de la réalité. Notre championnat, il est vraiment exigeant, le plus physique au monde, avec une homogénéité incroyable, et aujourd'hui on va jouer le Munster, on connaît l'appétence que cette équipe a pour la coupe d'Europe. On a, malgré tout, l'envie de la jouer avec une intensité maximale, car sinon, ce serait mettre en danger mon groupe. C'est l'opportunité pour les joueurs qui seront sur le terrain de montrer qu'on a un groupe complet.
Vous évoquez la frustration de vos joueurs, mais est-ce que le technicien que vous êtes n'est pas un peu frustré...
Quelque part si... J'ai eu la chance de vivre avec la Rochelle une finale perdue, ce sont des matches que tu prépares sur des détails, il y a tellement d'intensité physique, de justesse technique, de justesse par rapport à l'arbitrage. C'est ma réalité. On va faire en sorte de montrer un beau visage de l'Aviron, d'avoir une attitude. Je pense qu'au Munster, personne ne connaît un joueur de l'Aviron...
« On peut apprendre là-dessus, la moindre erreur défensive, le gars qui ne montera pas... On payera »
Surtout si Camille Lopez ne joue pas !
Oui, ou très peu. C'est à nous de montrer notre savoir-faire avec notre identité, avec un pack assez conquérant.
Quand Guillaume Rouet disait samedi que ces matches vont servir à emmagasiner de l'expérience pour le championnat, vous êtes d'accord ?
L'expérience, oui, on va valider certaines choses, on va se rendre compte que tout va très vite, que notre système doit être optimal avec les séquences de jeu que va nous imposer le Munster. La moindre erreur, elle va se payer cash. On peut apprendre là-dessus, la moindre erreur défensive, le gars qui ne montera pas... On payera. Une faute de discipline bête, on va se retrouver dans nos 22, et ça va taper, ça va taper, avec de longues possessions. On se prépare à défendre longtemps. On s'attend à un gros rythme, avec le Munster qui ne nous laissera pas le temps de récupérer.
Les rescapés sont Tatafu et Perchaud en première ligne, Huguet en troisième ligne, et Pourailly à l'aile. À noter le retour de Machenaud, à la mêlée, qui n'a plus joué depuis le 4 novembre.
Titulaires : Tiberghien - Pourailly, Muscarditz, Buliruarua, Baget - Dolhagaray, Machenaud - Huguet, Bruni, Heguy - Mikautadze, Marchois (cap.) - Tatafu, Bosch, Perchaud.
Remplaçants : Acquier, Cormenier, Iturria, Bourdeau, Aprasidze, Spring, Erbinartegaray, Tagi.