CLERMONT VA DE L'AVANT

Il a effacé le traumatisme de la finale de Coupe d'Europe perdue
Sans parler de dépression, les Clermontois n’étaient pas dans les meilleures dispositions mentales cette dernière année et demie. La faute à une finale de Coupe d’Europe perdue face à Toulon en mai 2013. Une défaite qui s’était profondément incrustée dans les esprits. « On la traînait comme un boulet. Tout le groupe s’était fixé comme objectif ce titre, et comme le groupe n’a pas changé la saison suivante, le ressentiment est resté. Il y a eu aussi l’histoire du record d’invincibilité à domicile. A force d’en entendre parler tout le temps, ça devenait lourd. Maintenant, tout ça est derrière nous. Des cadres sont partis, remplacés par des joueurs plus jeunes. Et puis Jono Gibbes est arrivé. C’est le début d’un nouveau cycle », explique Benjamin Kayser.
Il installe une nouvelle concurrence
« Il est arrivé en connaissant parfaitement tous les joueurs, même ceux qui avaient très peu joué et qui n’étaient pas dans les plans de Vern Cotter. Il a totalement rebattu les cartes. Il a mis tout le monde sur un pied d’égalité et débridé certains joueurs. Même les internationaux ont dû apprendre à maîtriser les nouvelles combinaisons. Avec lui, tout le monde a sa chance. Ça apporte beaucoup de fraîcheur dans le groupe », ajoute le talonneur international.
Il ne délègue pas
Disposant d’un groupe de joueurs plus âgés et plus expérimentés, Vern Cotter se permettait de déléguer de nombreuses tâches. Face à des joueurs plus jeunes, Gibbes concentre les pouvoirs et impose une vision à laquelle les joueurs ont facilement adhéré. Il est le patron, mais sait être à l’écoute, comme le précise Franck Azéma. « Son management est basé sur l’échange. Il stimule les joueurs ». Kayser confirme : « Il gère très bien l’humain » tout en reconnaissant sa fermeté, utilisée à bon escient : « Il peut être cool, puis pousser une grosse gueulante juste après. Mais c’est mieux que quelqu’un qui ne relâche jamais la pression. La saison est assez tendue comme ça », apprécie le talonneur. Soucieux de se faire comprendre, Gibbes « fait l’effort de la langue en prenant quatre cours par semaine. Il comprend très bien le français, mais peine parfois à trouver ses mots. D’où une petite frustration ».
Il est obsédé par la précision
Dans la lignée de Vern Cotter, Jono Gibbes souhaite des avants très puissants. « Presque violents », admet Kayser. Bourreau de travail, Gibbes y adjoint une recherche quasi obsessionnelle de la précision. « Il nous apporte le soin du détail en décortiquant la moindre de nos actions, chaque ballon porté, chaque plaquage, chaque poussée en mêlée sont analysés », explique Kayser. « Il est très exigeant avec les autres, mais il l’est tout autant envers lui-même », tempère Azéma. Une attitude qui lui a vite fait gagner le respect de ses joueurs. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle l'entraîneur le voulait à ses côtés : «Il est précis et innovant. Et surtout, il inspire confiance.»
Bertrand LAGACHERIE (l'équipe.fr)