Il fallait bien que ce moment arrive un jour, ça y est, nous y sommes, nous avons vécu hier le dernier match de « l'ère Cotter ».
Que retenir de ces huit saisons passées avec le néo-zélandais à la baguette de l'ASM ?
...Petit retour en arrière...
Fin de saison 2005/2006, l'ASM sort d'une saison moribonde, la H Cup lui passe sous le nez.
En ce début de saison 2006/2007, c'est donc l'appréhension d'un nouveau bide qui domine, encore un homme venu de loin qui n'avait jamais réellement fait ses preuves en tant que n°1 d'une top team...
Mais très rapidement, la patte Cotter marque les esprits, rappelons-nous ce match contre Toulouse remportait 46-9, dans un Michelin en ébullition ou encore ce « déplacement » mythique à Geoffroy Guichard contre Bourgoin la semaine suivante... Petit à petit, Cotter redonnait à l'ASM ses lettres de noblesse, tandis que le Michelin devenait petit à petit le plus bel écrin du rugby français.
Cette première saison de Cotter en Auvergne est un rêve éveillé, cette équipe moyenne est devenue une machine à gagner qui va enfin retrouver les phases finales !
La France du rugby sent que quelque chose se forme en ce 2 juin 2007 lorsque Rougerie surgit de nulle part pour terrasser l'ogre Toulousain sous le cagnard du Vélodrome, quel déplacement exceptionnel là encore, ce périple en train inoubliable.
Mais la semaine suivante, grosse désillusion pour le retour des Jaunards au Stade de France, avec cette défaite dans les derniers instants de la finale, alors que Samo trace, l'ASM verse de nouvelles larmes en finale du Top 14.
Cette saison qui permet de nourrir de gros espoirs est aussi marquée par un succès en Challenge européen qui atténue (un peu, un tout petit peu...) cette huitième défaite en finale.
Les deux saisons suivantes se suivent et se ressemblent, ce colosse jaune au jeu en acier trempé a toujours un mental en papier d'aluminium une fois arrivé au Stade de France, les Jaunards archi-dominateurs durant la phase régulière voient tous leurs espoirs s'écrouler à Saint-Denis.
Mais l'ASM gagne de l'expérience sur la scène européenne, de quoi rassurer ses fervents supporters qui, à chaque match, garnissent un peu plus un Michelin toujours plus grand.
2009/2010, l'année de l'apothéose (et peut-être ainsi du début de la fin), moins dominatrice que les saisons précédentes durant la phase régulière, l'ASM livrent des phases finales d'une qualité et d'une intensité exceptionnelle, le Racing tombe au Michelin en barrages, puis c'est le RCT qui subit la loi de l'ASM dans une demi-finale au final intenable et durant lequel on ne remerciera jamais assez Gonzalo Canale de ce plaquage miraculeux dans les derniers moments du match !
Deux semaines plus tard, le 29 mai devient jour de fête régionale en Auvergne, une anomalie dans le paysage du rugby français est réparée, le Graal est enfin atteint après 100 ans et 10 défaites en finale, la onzième est la bonne et c'est Perpignan qui en fait les frais.
Le lendemain, 150 000 personnes (selon la police et toute l'Auvergne selon les organisateurs) se retrouvent dans les rues de Clermont pour fêter les champions.
Après trois défaites en finale, l'équipe, à l'effectif stable, a trouvé les ressources nécessaires pour se hisser une quatrième fois consécutive au Stade de France et à s'imposer, un exploit dans un top 14 toujours plus homogène en haut de tableau.
Pour certains, ce sacre annonce le début d'une longue série...
Hélas, les jaune et bleu n'ont plus refoulé la pelouse dyonisienne depuis ce jour sacré.
Toutefois, riches d'une certaine expérience sur la scène européenne et le Brennus enfin dans la vitrine, l'ASM se cherche un terrain de jeu encore plus grand et veut faire des étincelles en H Cup. La montée en puissance est effective au fil des ans, malgré un tirage au sort jamais clément en phase de poule.
Saison 2011/2012, pour quelques centimètres, Fofana et l'ASM échouent aux portes de la finale européenne dans une rencontre très intense face au géant qu'est le Leinster.
Le club grandit, c'est une certitude, mais la vitrine des trophées n'est pas le meuble qui prend le plus de place dans le bureau du président.
L'année suivante, les ambitions sont annoncées, la H Cup est l'objectif de la saison, la phase de poule est bouclée avec un incroyable 6/6 dont une victoire à l'Aviva Stadium, contre le Leinster, un soir glacial de décembre.
Clermont émerveille en cet hiver 2012/2013 et la « Yellow Army » ne s'y trompe pas, les Jaunards sont de plus en plus à se déplacer pour soutenir leur équipe.
En quarts de finale, le MHR s'incline face à une ASM toujours plus impressionnante... jusqu'à la demi-finale, où (pour ceux qui sont parvenus à passer le col de la Fageole dans les temps !
) la « Red Army » du Munster fait douter son homologue jaune jusque dans les derniers instants de la rencontre.
Montferrand touche au but, la finale de la H Cup est là, elle sera franco-française face à nos meilleurs ennemis des années 2010, Toulon.
Un pont aérien incroyable se met en place pour l'évènement et Dublin a dû être la deuxième ville d'Auvergne le temps d'un week-end !
La suite vous la connaissez, un match que seule l'ASM est capable de perdre et une grande claque derrière la tête de la « Yellow Army ».
La défaite est amère mais heureusement, ce « bon vieux » Brennus est toujours dans notre ligne de mire, l'ASM va se racheter à Nantes contre Castres, c'est sûr...
Enfin, c'est presque sûr, avec vingt-trois fantômes sur la feuille de match, les Tarnais ne font qu'une bouchée de Jaunards au comportement indigne de joueurs professionnels.
A l'aube de la saison 2013/2014, la déception est encore palpable et l'ASM se la joue en mode théâtral avec un vrai-faux départ de Cotter.
Finalement, l'entraîneur néo-zélandais poursuit son bail en Auvergne mais annonce quelques semaines plus tard qu'il sera sélectionneur de l'Ecosse la saison suivante.
On imagine tous un final en apothéose, pour celui qui nous a offert tant d'émotions à la tête des jaune et bleu.
C'est tout l'opposé qui nous attend, après un bon début de saison, petit à petit le jeu de l'ASM s'étiole jusqu'à atteindre un niveau frôlant l'irrespect pour les milliers de personnes qui se sont déplacées à Twickenham un après-midi du mois d'avril.
La suite était plus prévisible, le scénario de la saison précédente se reproduit, et l'ASM s'incline en barrages face à une vaillante équipe de Castres. Citadelle imprenable pendant 77 matchs, le Michelin redevient un stade comme les autres, et c'est probablement un mal pour un bien.
Lors de ces deux derniers matchs, les Montferrandais semblent complètement occis par une saison interminable.
Triste épilogue...
Alors, bon ou mauvais ce bilan ?
Durant ces huit ans, l'ASM a été une équipe qui a probablement pratiqué le plus beau jeu d'Europe, le club a réussi à être redouté sur toutes les pelouses.
Enfin, le Brennus a réussi à tendre les bras à l'Auvergne, mais il reste quand même un profond sentiment d'inachevé.
Durant ces huit ans, nous avons probablement vu évoluer la meilleure équipe de l'histoire du club, pour un palmarès famélique (un challenge européen et un top 14), pendant ce temps-là d'autres clubs ont gagné une H Cup et trois top 14, alors même qu'il ne s'agissait pas forcément de la meilleure équipe de leur histoire.
Les raisons de cette faiblesse de palmarès sont multiples, certains choix du staff, c'est certain.
Mais aussi le comportement des joueurs durant certains matchs où le sentiment de révolte a été inexistant (à Dublin, Nantes ou Twickenham par exemple), je dirais même que parfois certains ont oublié la chance qu'ils avaient d'être des joueurs professionnels et qu'ils gagnent une fortune, pendant que certains supporters se saignent financièrement pour aller les encourager et passer un moment loin de leurs tracas du quotidien.
Ils oublient que sans ces supporters, d'une part ils ne gagneraient pas des dizaines de milliers d'Euros par mois, mais aussi que le rugby serait peut-être un sport obscur comme tant d'autres, et que chaque mercredi après l'entraînement les avants organiseraient le co-voiturage pour le samedi tandis que les arrières auraient les yeux rivés sur « booking.com » pour trouver l'hôtel le moins cher dans la banlieue de Toulon.
Les supporters, parlons-en également, je pense que nous avons une certaine part de responsabilité dans ce manque de palmarès, notre manque d'ambition est flagrant et l'auto-satisfaction ne fait pas gagner de titre or ce qui qualifie un grand club c'est son palmarès, pas le nombre de finales jouées, pas le nombre de victoires consécutives dans son stade et pas le fait d'avoir le meilleur public.
Sans parler de siffler les joueurs, d'envahir la pelouse ou je ne sais quoi encore, je pense qu'il y avait des moyens de faire comprendre aux joueurs, staff et dirigeant que l'on a le droit d'être mécontent.
Quel avenir ?
Bon, déjà, on a toujours pas trouvé d'hymne, de quoi nous faire réfléchir pendant l'été, en plus, il reste toujours un mystère sur la possibilité de voir Brock James avec le maillot bleu à la coupe du monde... sans parler de l'arrivée probable d'un nouveau centre... !!!
Plus sérieusement, l'effectif reste stable et quoiqu'un peu vieillissant, on peut espérer que les renforts de Lopez, Guildford, Vahaamahina permettent au club de se stabiliser dans la première partie du tableau.
Méfiance tout de même, dans un top 14 toujours plus fort et homogène, quand on voit où en sont Perpignan et Biarritz aujourd'hui, cela amène à réfléchir.
… Petit bond en avant...
Fin de saison 2013/2014, l'ASM sort d'une saison moribonde, la finale de la H Cup lui passe sous le nez.
En ce début de saison 2014/2015, c'est donc l'appréhension d'un nouveau bide qui domine, encore un homme venu de loin qui n'avait jamais réellement fait ses preuves en tant que n°1 d'une top team...
Allez l'ASM !!!
Et merci à ceux qui ont pris le temps de lire jusqu'au bout !