C'est la seule chance de voir cette fin de saison ressembler à quelque chose. Que les joueurs lisent ou entendent des saloperies sur eux, qu'ils sortent de leur pseudo-léthargie et que l'orgueil et l'envie de prouver quelque chose prennent le pas sur l'indifférence qu'ils manifestent après tous ces camouflets.
Est-ce que ça arrivera ? Non ! Parce que pour quelques articles bien tranchants (merci à leurs auteurs) et pour de nombreux fidèles dégoutés, l'armée des bisounours, pucelles de twitter et autres ravis de la crèche en toutes circonstances vont faire le job inverse et expliquer que les joueurs ont fait un beau parcours, que c'est pas leur faute, que Cotter a un coaching génial, que 2Kro est l'homme de la situation, que la charnière a fait un super match, que Sivivatu court vite, et qu'on est des gros cons à les critiquer parce que quand même, prendre 46 pions en demi finale de H-Cup, ça arrive, rien de choquant.
J'ai pas fait le déplacement et je suis dégouté, écoeuré. J'imagine pas l'état de ceux qui ont laché 400 euros pour aller voir cette parodie de rugby à Twickenham. OK, personne les a forcés, l'argument financier n'en est pas un, mais pour eux les joueurs auraient pu avoir un minimum de conscience professionnelle. Voir à ce sujet les excellents posts de Roudoudou dans l'autre post (celui écrit par le mec qui, au bout de 6 posts, nous explique qu'on est tous des gros cons à critiquer nos super joueurs et que le forum c'est de la merde).
Je repense aux joueurs qui nous donnaient des leçons de morale sur Twitter quand le public se faisait un tant soit peu chahuteur vis à vis d'Armitage. Qu'ils commencent par balayer devant leur porte et faire ce pour quoi ils sont payés (jouer au rugby). Après, ils auront un peu plus de crédibilité quand il faudra nous expliquer comment nous comporter quand on assiste ce pour quoi on a payé, nous. Promis, si sur la place de Jaude avec le Brennus dans les mains, Rougerie me demande le 2 juin de ne pas siffler Armitage la prochaine fois qu'il nous rend visite, je l'écouterais.
Je pense qu'aujourd'hui quelque chose s'est cassé, peut-être pas irrémédiablement, mais pour un bon bout de temps. On laisse partir Vosloo, le meilleur aujourd'hui, et il était remplaçant, chez notre plus dangereux rival. On va perdre un Sivivatu fantomatique depuis 3 mois, mais qui est le seul joueur à avoir mis un tant soit peu le bordel dans les lignes adverses ces deux dernières années. Bon, j'exagère, Fofana l'a fait aussi, mais Fofana est mis à disposition du XV de France 75% du temps. On va perdre Hines, qui certes rigole à la fin, mais qui est le seul à s'y être filé aujourd'hui avec son compère canadien. reste à batir une équipe autour de Cudmore ? Vous pensez vraiment que le talonneur de Bourg en Bresse, un deuxième ligne de l'USAP, un troisième ligne du LOU, un certain Abendanon et l'entraineur adjoint du Leinster peuvent relancer ça ? Illusion.
Le bilan des années Cotter sera famélique et finit en eau de boudin. Une histoire d'amour qui aura mal tourné, entre deux personnes que rien ne prédestinait à se trouver sur le chemin l'une de l'autre. Je refais pas l'histoire, il suffit de voir les doutes qui s'écrivaient sur le forum à l'époque quand il a débarqué avec quelques inconnus dans ses valises, comme cet ouvreur australien dont tout le monde se fichait bien qu'il soit sélectionnable ou pas, à l'époque.
Et puis petit à petit... On a appris à se découvrir. A se faire confiance. Des résultats, des finales (certes perdues), et la Yellow Army finira par faire confiance à ce sorcier néo-zed, à le soutenir sans compter, sans jamais désespérer, persuadée qu'un jour il le rendrait bien. Malgré les déceptions répétées, 2007, 2008, 2009... Puis vint 2010. Ce qui aurait du être le commencement d'une belle histoire sera finalement son apogée et le début de son déclin. Peut-être un certain déséquilibre dans les attentes des uns et des autres était-il né. La Yellow Army décidera qu'à compter de cet instant tout lui est du et qu'il faut continuer, encore des titres, plein. Les "sénateurs" prennent leur temps, savourent 2010. Décevront en 2011. Puis en 2012. A chaque fois en prenant soin d'expliquer, sous la belle plume de Jean Marc Lhermet dans son courrier aux abonnés, qu'il faut être patient, que ça viendra avec le temps, que sans les supporters le club serait rien, etc. Malgré les doutes, les déceptions et l'absence de concret notre soutien reste indéfectible. Jusqu'à Dublin. La cassure. L'envie de réparer les choses une semaine plus tard, mais le délai est trop court, et Nantes finira de rompre ce lien, en apparence immortel, mais finalement bien fragile, qui n'aura pas résisté à l'épreuve du temps. Ou de la distance, tant l'envie de bien faire de notre équipe semble s'estomper dès qu'on s'éloigne un peu trop de l'Auvergne.
Pour les plus rationnels d'entre nous l'histoire s'arrête à Dublin ou à Nantes, d'autres comme moi voulaient croire qu'un rebond était possible, que les morceaux étaient recollables. Avril 2014 aura ruiné nos espoirs. L'ASM se fichait de ses supporters, et si on avait ouvert les yeux plus tôt on s'en serait rendus compte. Si on comptait un tant soit peu, pourquoi le système de billetterie est aussi naze ? Pourquoi la boutique est aussi nulle ? La bière du stade aussi dégueulasse ? Que du factuel, peut-être, mais du factuel révélateur. A m'ment donné, la foi ne peut plus suffire. Si l'ASM a besoin de nous ce n'est que pour remplir la boutique, la buvette, le stade. Et quand un abonné disparaît, deux autres peuvent prendre sa place derrière. L'ASM ne nous connaît pas personnellement, nous ne sommes qu'un numéro de place dans le stade, un pseudo sur un forum, un anonyme parmi ses twittos-followers. Derrière ses beaux discours de façade qui ne sont destinés qu'à nous garder dans son giron, l'ASM se fiche de son public, et ça m'aura pris du temps pour que, pour ma part en tout cas, l'inverse devienne enfin réalité.
Il nous reste les souvenirs et les photos de 2010, qu'on regarde encore de temps à autres et qu'on regardera encore dans quelques années. Avec ce drôle de ressenti, ce sentiment que c'est un superbe souvenir, un moment magique, hors du temps, et aussi cette impression que ça aurait pu être tellement plus beau, s'inscrire davantage dans la durée, si Parra avait mis cette pénalité de la 80ème en demi-finale 2012, si Rolland avait sifflé cette putain de pénalité au lieu de gueuler "lachez rouges" en mai 2013... ou si les joueurs s'y étaient un peu plus filés pour se faire pardonner en avril 2014. Ou si Cotter avait su trouver les mots, pour que justement ils s'y filent. Et cette espèce de culpabilité parce que même si elle s'en fiche de nous, nous on l'aime bien, l'ASM. Et que paradoxalement, on a beau avoir plein de reproches à lui faire, on n'est pas toujours capables (pour les plus éternels optimistes d'entre nous, dont koko fait dans le fond partie) de lui en vouloir profondément. Et qu'on a beau se déchainer sur elle comme je viens de le faire, on se sent pas forcément mieux après l'avoir fait. Et enfin qu'on arrive pas à oublier 2010 (qui nous aura, à nous supporters, fait plus de mal que de bien), qu'on veut croire que ce n'était pas un hasard ou un coïncidence, et qu'un jour, peut-être dans 5 ou 10 ans, l'ASM reviendra vers ses fidèles avec une coupe dans les mains. Et qu'à ce moment-là, comme des grands gamins que nous restons tous, on pardonnera 2011, 2012, 2013, 2014... Comme des cons.
PS : je viens de me relire et si ça peut vous rassurer, je pige absolument rien à ce que j'ai écrit.
Il est donc logique que vous ne me compreniez pas non plus 
Moi je comprends. Je partage le sentiment, juste avec un an d'avance sur le côté "désilusion du supporter".
Pour finir la saison j'espère ne pas voir l'ASM à Lille.
Pas envie d'assister en direct à une autre déculotée.
Défaite en barrages au Michelin, voilà qui concluera et résumera à merveille la "série".
Reste plus qu'à trouver la justification aux 5% de hausse des abonnements pour l'an prochain.