Il venait d’avoir 17 ans, il était déjà très grand, fort comme un homme… et il tapa dans l’œil de Loïc Van der Linden, recruteur et ancien joueur du CAB. Voilà comment un tournoi régional de rugby à 7, organisé à Brive, où une sélection de Nouvelle-Calédonie avait été invitée, a changé la vie de Sébastien Vahaamahina.
Treize ans plus tard, le deuxième ligne de l’ASM n’a rien oublié. « On sortait de l’avion et les éducateurs nous ont fait un décrassage, comme ça, sur un terrain et on était pieds nus. On n’avait pas encore sorti les crampons des sacs. J’étais déjà grand puisque j’ai atteint 1.95 m à 15 ans. Loïc (Van der Linden) m’a tout de suite remarqué ».
C’est ensuite avec une proposition d’intégrer le centre de formation de Brive que le jeune Vahaamahina retourne au pays, à Nouméa. Avec des rêves dans la tête, mais aussi des parents à convaincre.
« Mon père était chaud pour que je tente l’aventure, ma mère beaucoup moins. C’est toujours le cas d’ailleurs. Elle a bien compris que je ne reviendrais pas en Nouvelle-Calédonie, que ma vie est ici en métropole, mais elle me demande sans cesse quand je vais arrêter le rugby. Elle est comme ça, elle a toujours peur, il ne faut pas faire de mal à son petit garçon », se marre le joueur clermontois.
Poussé donc par son paternel et animé aussi d’une vraie motivation, le grand Sébastien débarque donc en junior Crabos à Brive en 2009. Le choc culturel est terrible.
« Déjà, je ne savais pas où je mettais les pieds. J’avais bien entendu dire que l’on pouvait s’entraîner tous les jours et très dur, mais là, quand tu découvres et que tu n’es pas habitué… ouhh, ce fut dur, très dur. Il faut le vivre quand même, moi, j’avais l’habitude de séance de 30 minutes par-ci par-là. Au lycée ou en sélection en Nouvelle-Calédonie, c’était plus folklorique. Parfois on annulait des matchs au dernier moment faute de joueurs. Ou on se mélangeait pour former au moins deux équipes ».
Les premiers pas sont donc douloureux. Mais Vahaamahina s’accroche. « Je rentrais dans ma chambre le soir et je me disais, c’est trop dur. Mais, je ne voulais pas décevoir mes parents. Et puis, j’avais quand même conscience que j’avais une chance énorme à saisir. C’était une opportunité que je n’aurais jamais plus eue si j’étais reparti chez moi à Nouméa ».
À 30 ans, le joueur de l’ASM a naturellement fait son bonhomme de chemin. Il s’apprête samedi à vivre un nouveau derby, plus de dix ans après avoir découvert, en 2011, le Top 14 sous le maillot du CAB. « Juste avant de partir à Perpignan, j’ai fait mes grands débuts lors de la dernière journée de championnat. J’étais remplaçant et j’ai joué une trentaine de minutes à Agen ».
Ce jour-là, le jeune « Vahaa » vivait le début du rêve qui l’animait depuis qu’il avait trouvé à Brive une première terre d’accueil.
Son avis sur le derby de ce samedi :
« Brive va être revanchard par rapport à son dernier match (ndlr : perdu au Racing), le stade peut de nouveau être plein, c’est un samedi à 15 heures… Tout est réuni pour un vrai et beau derby. Pour les supporters et nous aussi, c’est un truc particulier ».