L'équipe du jour (interview)
Dimanche, après sa sortie de Marcoussis dans un fourgon noir peu avant midi, il avait poliment repoussé l'idée d'une interview. Lundi, il nous avait assuré de donner de ses nouvelles le lendemain matin. On l'a joint alors qu'il terminait une séance individuelle au stade Michelin, en ce jour de repos de l'ASM. Sébastien Vahaamahina (23 ans, 16 sélections) espère être dans le groupe contre Grenoble vendredi soir, « mais il faut d'abord bien s'entraîner » avec un groupe qu'il a quitté en juin. Le Néo-Calédonien raconte ici toute sa déception de rater le Mondial (18 septembre -ïl octobre) et tord le cou à l'idée qu'une éviction ne le blesserait pas.
« COMMENT ALLEZ-VOUS, deux jours après ne pas avoir été retenu parmi les 31 joueurs français pour la Coupe du monde?
- Ça va mieux. Tai basculé, j'ai la tête à mon club. Je suis parti de Marcoussis le premier, unpeu avant les autres, car j'avais un train àprendre, pas un avion. Il y avait ma femme avec moi p our faire le voyage, heureusement. Ça m'a aidé.
Philippe Saint-André a parlé de votre « détresse » lorsqu'il vous a annoncé que vous n'iriez pas au Mondial. On dit que vous avez pleuré...
- Qui a dit ça? Je l'ai lu, oui... (Silence) Pleurer... J'étais triste. Mais ce n'est pas mon genre de rester sur dunégatif. il faut basculer.
Avez-vous été surpris par votre éviction ?
- Surpris, je ne sais pas. Mais très déçu J'espérais plutôt une bonne nouvelle. Samedi soir, je me suis vite endormi, j'ai bien dormi. Lorsque Philippe m'a appelé dimanche, j'attendais qu'il me dise le contraire, que j'allais àla Coupe du monde. Jusqu'au bout, j'y ai cru. J'ai tout donné sur la préparation, j'ai fait mon maximum Je ne crois pas que j'aurais pu faire plus.
À votre arrivée à Marcoussis, le 5 juillet, vous pensiez être le quatrième en deuxièmeligne et qu'il fallait en doubler un ?
- Non Je me disais qu'il fallait tout fracasser ! Si tu veux être champion du monde, il faut avoir un comportement de champion: tout donner àl'entraînement puis à l'équipe pour les matches. J'aurais aimé avoir plus de temps de jeu (14 minutes à Twickenham, le 15 août), mais c'est comme ça
« J'AURAIS TELLEMENT VOULU FAIRE CE MONDIAL»
On vous a reproché d'avoir déclaré (le 7 août) que vous ne seriez « pas déçu » si vous n'étiez pas retenu... - Je sais que ma façon de parler peut être mal interprétée, parfois. Je ne pensais pas que ce "pas déçu" prendrait autant d'ampleur... Je voulais dire qu'il faudrait vite basculer sur le club, rien d'autre. Car durant toute la préparation, je me suis répété : 'Tu vas y aller, tu vas tout faire pour."
On a envie de s'en aller très vite lorsqu'on n'est pas dans la sélection finale ?
-Sur le coup, oui. Mais j'ai vraiment passé de bons moments avec les mecs pendant deux mois, on devait se dire au revoir. C'était unpeu dur, j'étais triste car les coéquipiers qui restaient étaient tristes pour nous. Le dernier que j'ai vu, avant de monter dans un taxi, c'est Uini Atonio.
PSA a évoqué la possibilité de vous rappeler, ou un des quatre autres exclus, en cas de blessure. Vous y songez?
- Si j'ai la chance d'être rappelé, ça voudra dire qu'un coéquipier a eu un pépin, alors... Pour l'équipe de France, j'attends mon tour, désormais. On me répète que je suis un jeune joueur, c'est gentil, mais j'en ai un peu marre de ça. J'aurais tellement voulu faire ce Mondial..
Vous étiez à l'entraînement à Cleimont dès lundi matin. Comment avez-vous été accueilli? - Les mecs étaient contents de me retrouver... Même s'ils auraient préféré que je fasse la Coupe du monde. Franck Azéma (l'entraîneur) était déçu pour moi ïïm'ajuste dit de me donner àfondpour le club, Detoute façon, je n'ai pas le choix ! »