itw de Lopez ce matin dans Sud Ouest : arrêter avant que mon corps dise stop
SO :Vous faites partie des joueurs les plus utilisés cette saison. Est-ce que votre corps vous envoie des signaux ?
Camille Lopez Oui, forcément un peu. On sent qu’on a un peu moins de jus, qu’on commence à fatiguer. Mais je suis compétiteur. Quand le premier confinement est arrivé, j’étais le plus heureux des hommes. On a été arrêté tellement longtemps que j’ai aussi été le plus heureux de pouvoir jouer, m’entraîner, continuer à vivre de ma passion. Les sentiments sont partagés.
SO : Quand avez-vous débuté la saison ?
CL : On a repris la saison le 1er juin. On a commencé cette très longue préparation par petits groupes. On a eu une semaine de vacances fin juin, une autre en août. Depuis, on est sur le pont. Même si on a eu des week-ends libres car il y a eu des matchs reportés au dernier moment, on n’a pas eu une vraie coupure même lors de la tournée d’automne. C’est une saison particulière. On fait notre job, mais il faudra se poser la question : était-ce la bonne solution de vouloir entasser tous ces matchs… Top 14, Coupe d’Europe, la Coupe d’Europe de l’an passé qu’il a fallu finir. Mis bout à bout, cela fait beaucoup. L’enchaînement, ce n’est pas bon pour la santé des joueurs. Et en même temps, on ne peut pas se plaindre parce qu’on est des privilégiés. Il y a des gens dans des situations bien plus dramatiques.
SO La lassitude est-elle plus physique ou mentale ?
CL Les deux. Mentalement, tu es investi. Chaque week-end tu te remets en question. Chaque semaine tu repars sur une nouvelle stratégie. La saison dernière, j’étais vraiment arrivé au bout du truc. Si les seules semaines libres dans le calendrier, on est obligé de jouer des matchs reportés, on va de nouveau en arriver au même point. Mon corps, c’est mon outil de travail et j’aimerais bien m’arrêter avant que mon corps dise stop. La pire des choses, c’est d’être obligé d’arrêter à cause d’une blessure.
SO Le capitanat de l’ASM est-il un poids supplémentaire ?
CL Dans un groupe professionnel, même si tous les joueurs sont investis, tout le monde n’a pas la même charge au niveau du mental car certains ont plus de responsabilités que d’autres. Au quotidien, je mesure que c’est prenant mais je prends ce rôle avec fierté. Je préfère voir le côté positif. J’ai la chance d’être très bien entouré à l’ASM.
SO Vous avez 31 ans, vous avez eu des blessures graves. Est-ce que vous êtes ménagé à l’entraînement ?
CL Non pas du tout. J’ai besoin de m’entraîner si je veux me sentir bien, avoir du feeling avec les collègues. Et puis je ne suis personne pour pouvoir me ménager et prétendre jouer le week-end. Pour être légitime, je me dois de m’entraîner autant que les autres. Enfin j’essaie car il y a certains jeunes qui sont très athlétiques et qui sont durs à suivre.