C'était il y a trois ans. Émilien Gailleton était la hype du moment et la bannière de la formation paloise telle que souhaitée par Sébastien Piqueronies, le manager palois lors de son arrivée un an auparavant. Il était question de « structure dans la structure », de « capsule » comme accélérateur pour les jeunes qui en font partie, comme catalyseur destiné à les projeter dans l'équipe pro.
Et pour le coup, cela s'est sacrément accéléré depuis ce reportage de L'Équipe de novembre 2022. La liste de ceux qui, depuis, ont intégré le groupe pro est longue. L'efficacité de l'organisation mise en place est d'autant plus mise en lumière que cinq des sept Palois retenus par le staff de l'équipe de France pour la tournée de novembre sont passés par le centre de formation : Gailleton (arrivé au club à 18 ans en provenance d'Agen), Jimi Maximin, Hugo Auradou, Fabien Brau-Boirie et Grégoire Arfeuil. Sans oublier Théo Attissogbe dont l'absence en Bleu n'est due qu'à sa blessure à un genou. Beaucoup de trois-quarts mais les avants ont une maturation plus lente, donc patience.
« La Section ne rivalisera jamais en termes de budget, considère Piqueronies. Si on veut se comparer avec les meilleurs, il faut qu'on ait des points très forts. L'accélération des jeunes talents en est un que l'on revendique. » Le centre de formation compte actuellement 28 joueurs dont neuf - ceux à même d'intégrer le groupe pro plus ou moins rapidement - composent la capsule. Le principe n'a pas changé : créer un écosystème autour de quelques jeunes potentiels identifiés.
Entraînements avec les pros et autour d'eux, en permanence, un préparateur physique, un kiné et un entraîneur, en l'occurrence Julien Sarraute, arrivé cet été pour devenir manager des parcours jeunes élite palois après six années comme coach principal de Colomiers en Pro D2. Il succède à Brandon Fajardo, devenu cet été directeur sportif adjoint de Piqueronies avec la gestion du moyen et du long terme et des plans de succession.
« Ce n'est jamais du dépannage en catastrophe. On veut mettre (le jeune joueur) dans les meilleures conditions pour performer à partir du moment où on estime qu'il est prêt »
Julien Sarraute, manager des parcours jeunes élite à Pau
« Le principe de la capsule, c'est de manager le jeune sur l'ensemble de son parcours. Quand est-ce qu'on le met en vacances ? Quand est-ce qu'on l'envoie en pro ou pas ? Quand est-ce qu'il s'entraîne avec eux ? Qu'il joue avec eux ? etc. », explique Fajardo. Piqueronies insiste : « Ce n'est pas une course. Le jeune doit être tellement bien préparé que quand il passe le cap, il joue, il est bon et il reste. Pour ça il faut des pros de haut niveau et exemplaires. On développe d'autant mieux Axel Desperes qu'on a Joe Simmonds. Théo (Attissogbe) a bénéficié de Jack (Maddocks) etc. »
Tout est si planifié que le staff sait bien en amont quand le jeune débutera. « Seb (Piqueronies) me prévient bien avant, souligne Sarraute, lui-même intégré au staff pro. Ce n'est jamais du dépannage en catastrophe. On veut le mettre dans les meilleures conditions pour performer à partir du moment où on estime qu'il est prêt. »
La nomination de Fajardo au côté de Piqueronies et l'arrivée d'un profil comme celui de Sarraute montrent que ce savoir-faire est au coeur du club, une part essentielle de sa dynamique, de son développement et de son ambition. C'est un signal envoyé comme l'a été le choix de Gailleton, pourtant très courtisé, de prolonger parce qu'il est persuadé que cette voie peut le mener au bout de ses ambitions.
Dans ce milieu ultra-concurrentiel où chaque club a compris l'enjeu de la formation, la Section mise sur ses résultats pour attirer. « Notre force, c'est qu'aujourd'hui on a beaucoup de jeunes qui jouent, beaucoup qui jouent tout le temps et beaucoup qui donnent de la lumière à ce club », estime Fajardo qui poursuit : « Quand on parle à une famille d'un projet rugby chez nous, tout le monde a des marqueurs très précis, tous ces noms en tête qui évoluent aujourd'hui avec la Section (...) Cela rassure jeunes et familles parce que l'avantage de notre modèle, c'est que chaque joueur a son plan. »
L'exemple Gailleton a motivé les Attissogbe, les Auradou qui eux-mêmes ont servi d'exemple aux Brau-Boirie, Arfeuil etc. Et le cercle se poursuit, créant une connexion particulière. « Entre eux, il y a une grande émulation, constate Piqueronies. Je le ressens quand je compose une équipe et qu'ils sont quatre cinq issus du centre. La capsule n'est pas une équipe qui joue, notre modèle de formation crée ce sentiment d'identité, une forme de fierté collective qui fait avancer. »
Son tour viendra comme il viendra vite pour le jeune centre Quentin Valentino (mars 2006) ou pour Alexandre Etchebehere (décembre 2004), jeune pilier qui sera vraisemblablement aligné face à Northampton (le 7 décembre) au côté de Julian Montoya pour lui faire bénéficier de toute l'expérience de l'international argentin.
Paul n'a pas encore joué mais participe aux réunions avec les leaders de touche avec un « tuteur » à peine plus vieux que lui, Auradou. « On discute beaucoup. Il comprend ma situation car il l'a vécue il n'y a pas longtemps. Il m'aide à évoluer. Avec lui, pas de question bête, tout va plus vite. On ne récompense pas que la forme du moment. Si on est là c'est que le travail a payé. On est prêt à matcher, on attend le bon moment et après à chacun de le saisir. »
Approché par d'autres clubs, le jeune Tarbais a choisi la Section paloise. Pour la proximité, le discours de Piqueronies et aussi maintenir une forme de filière tarbaise. « Hugo Parrou, Clément Mondinat, Fabien Brau-Boirie sont de Tarbes. Je connais bien Fabien, voir où il en est c'est motivant. » Une tradition tarbaise appelée à durer car dans la capsule le jeune ouvreur Simon Laharrague, né en juin 2009 et donc tout juste seize ans, lui aussi Tarbais, participe régulièrement à des entraînements avec les pros en raison de son potentiel prometteur. « Je l'aiderai naturellement comme Hugo Parrou l'a fait pour moi », anticipe déjà Paul pour perpétuer le cercle vertueux.








