Posté 13 décembre 2015 - 07:13
L'équipe du jour :
Clermont cède son scalp
AURÉLIEN BOUISSET
LARGEMENT DOMINÉS PAR LES CHIEFS, LES AUVERGNATS ONT CONCÉDÉ UNE DÉFAITE QUI LES PLACE DÉJÀ EN POSITION DÉLICATE.
EXETER (ANG) - L'atmosphère de Sandy Park a quelque chose d'unique. Sans doute parce que le public d'Exeter s'est forgé lentement mais sûrement une identité propre, aussi sûrement et lentement que son équipe s'est installée dans le paysage rugbystique anglais et européen. Et quand les fans des Chiefs se mettent à psalmodier au son des tam-tams indiens, leurs joueurs sont transcendés. Au point de s'arracher sur la dernière minute de jeu et décrocher le bonus offensif sur la sirène.
Et Clermont n'a rien trouvé à y redire : deux semaines après une grosse défaite contre Toulon (9-35), les Auvergnats ont à nouveau été submergés sans contestation possible. « On est déçus, mais on ne peut pas comparer les deux, recadre Damien Chouly. Là, on n'a pas eu nos munitions, la conquête n'a pas été bonne. La touche n'a pas marché, pour différentes raisons, il y a eu de la mésentente, du mauvais timing... » Soit cinq lancers offerts à l'adversaire... Et la mêlée, pourrait-on ajouter, a été bousculée à de nombreuses reprises. Exeter, simple sparring-partner de l'ASM en 2012, expédié 12-46 sur la même pelouse, a montré un tout autre visage trois ans plus tard. En confirmant que son pack est du genre costaud et pénible. Et que ses trois-quarts ont toujours autant envie de jouer qu'à sa remontée dans l'élite anglaise, en 2010.
Conquête en berne, Clermont a cédé le ballon à ses hôtes. « C'était criant, râlait Franck Azéma. On a passé notre temps à défendre ! » Un constat que les statistiques traduisent bien : les joueurs de l'ASM ont plaqué à 198 reprises... contre 38 aux locaux ! Et Exeter a affiché une possession de 81 %...
LES RUCKS, SEUL POINT POSITIF
La différence avec la déroute contre les Varois, c'est que Clermont a toujours répondu présent dans le combat. « Je ne peux pas dire que mes joueurs ne se sont pas envoyés », soupirait Azéma. La preuve dans un domaine où ils ont rayonné : les rucks. Acharnés, les Jaunards ont gratté au moins huit ballons au sol, provoquant même le carton jaune de Dollman (65e), coupable d'un énième ballon gardé au sol. « Heureusement qu'il y a eu ça, sinon on en prenait vingt de plus !, poursuivait l'entraîneur. On a été féroces, on a fait mal à l'impact... Mais on ne s'est mis en valeur que dans un seul registre ! »
L'ASM sait donc très précisément ce qu'elle a à régler d'ici une semaine et le match retour contre ces mêmes Anglais. Et le bonus offensif décroché par Exeter les oblige d'autant plus à répondre présent. Il faudra trouver le bon équilibre devant. Et retrouver l'étincelle derrière. « On s'est envoyés comme des gagas... mais rien ne se passe ! » pestait Camille Lopez. C'est vrai qu'à part les deux éclairs individuels qui ont mené aux essais de Gear (9e) et Rougerie (19e), Clermont n'a pas pu déployer de jeu. « On avait préparé des choses pourtant, mais on n'a rien maîtrisé...» continuait l'ouvreur. Avant de sourire : « Bon, on va dire qu'on les a gardées secrètes, peut-être qu'on pourra les ressortir la semaine prochaine ! » Il sera toujours temps de réagir.
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Au vent mauvais
A. BO. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
EN FIN DE MATCH, CLERMONT A OPTÉ POUR UNE PÉNALTOUCHE PLUTÔT QUE POUR LE BUT QUI AURAIT PU LUI OFFRIR LE BONUS DÉFENSIF.
EXETER - On joue la soixantedix-septième minute. Clermont vient d'encaisser un troisième essai, joue en infériorité numérique et n'a pas vu le jour de toute la deuxième mi-temps. Mais l'ASM récupère une pénalité pas si loin des poteaux d'Exeter, à une trentaine de mètres. Celle qui, transformée, permettrait de revenir à 24-17, dans le bonus défensif. Pourtant, les Auvergnats cherchent la pénaltouche. Captent leur lancer. Mais bousculés par le maul anglais, perdent le ballon. N'aurait-il pas mieux valu se contenter des trois points ? «Mais on voulait marquer un essai, on voulait gagner !», assurait après coup Damien Chouly. Pas un peu gourmand, le capitaine clermontois,quand les siens accusaient dix points de retard à ce moment-là ? Son entraîneur avance une explication plus pragmatique.
Le fort vent qui balayait Sandy Park hier a incité ses hommes à opter pour la touche : « Dans des conditions normales, oui, il aurait fallu tenter... Mais là...»
Dès l'échauffement, Camille Lopez et Morgan Parra avaient discuté de cet élément perturbateur. « Ça tournait, c'était assez spécial, décrit l'ouvreur. Dans certains endroits du terrain, le vent ramenait le ballon, dans d'autres non ! » Ce qui a produit quelques scènes cocasses dans les deux camps. Mais a finalement souri aux Anglais, qui ont arraché le bonus que Clermont n'a pas su prendre.
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Waldrom se rappelle à Jones
A. BO. D ENOTRE ENVOY ÉSPÉCIAL
Auteur de deux essais, Thomas Waldrom a fait très mal aux Clermontois.
SOUS LES YEUX DU NOUVEAU SÉLECTIONNEUR ANGLAIS, LE PUISSANT NUMÉRO 8 D'EXETER, EN PLUS DE SES DEUX ESSAIS, A BRILLÉ.
EXETER - Les réalisateurs télé ont le sous-entendu dans le sang : quand Thomas Waldrom est sorti sous une standing-ovation très chaleureuse du Sandy Park (68e), les caméras se sont immédiatement braquées vers les tribunes et le visage le plus impassible possible affiché par Eddie Jones. Le tout nouveau sélectionneur de l'Angleterre le sait bien, à chaque prise de fonctions les cartes semblent redistribuées et les places à prendre.
Alors la performance du numéro 8 d'Exeter avait de quoi marquer les esprits. Dans son style massif et percutant, Waldrom a inscrit les deux premiers essais des siens (35e et 47e). On l'a vu sans cesse peser, avancer et libérer les ballons dans le bon tempo. Impressionnant, pour ce gabarit hors norme (1,84m ; 114kg).
« Thomas montre semaine après semaine qu'il est un porteur de ballon plutôt puissant, se félicitait Rob Baxter, son entraîneur. Et c'était le bon soir pour tout joueur anglais pour se montrer sous son meilleur aspect ! » À trentedeux ans, Waldrom n'est sans doute plus dans la meilleure position pour ajouter une sixième cape à sa carrière internationale, réduite aux années 2012 et 2013. Surtout que Billy Vunipola et Ben Morgan sont solides au poste.
Mais Eddie Jones n'aura pas perdu son temps : Jack Nowell, replacé au centre juste avant le coup d'envoi, s'est montré particulièrement en jambes. À temps pour le prochain Tournoi ?
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Manque 1 point à Exeter