L'équipe du jour :
RUGBY
Clermont grince derrière
AURÉLIEN BOUISSET
LES AUVERGNATS JOUERONT LEUR DESTIN EUROPÉEN DIMANCHE, CONTRE BORDEAUX-BÈGLES, AVEC UNE LIGNE DE TROIS-QUARTS QUI TARDE À TOURNER À PLEIN RÉGIME.
Il y a de l'inconstance à Clermont, et pas seulement dans les résultats de ces derniers mois. Le club auvergnat souffre aussi d'une alternance de ses maux. Et si le manque d'agressivité des troupes avait pu être pointé du doigt lors de la déroute contre Toulon (9-35, le 28 novembre), si c'est ensuite la conquête qui avait connu des ratés, c'est la ligne de trois-quarts qui a déçu, la semaine dernière, à Swansea (13-21). Inquiétant, alors que l'ASM doit absolument dominer Bordeaux-Bègles, dimanche, pour éviter l'affront d'une élimination dès la phase de poules ? Face aux Ospreys, les avants clermontois avaient dominé pendant que les arrières balbutiaient. Provoquant, quelques minutes après la défaite, une critique publique de Franck Azéma, qui se disait « frustré » par la performance de sa ligne de troisquarts. « Personne n'est tombé malade à cause de ma sortie, hein, sourit l'entraîneur de l'ASM. Et je m'inclus dans cette déception, parce que ce ne sont pas Didier Bès ou Jono Gibbes (en charge des avants) qui entraînent les arrières ! Je ne vais pas dire qu'on a été bons alors qu'on ne l'a pas été. Il faut être honnête envers soi-même. »
Ce soir-là, au pays de Galles, malgré un début tonitruant et l'essai de Wesley Fofana, l'attaque des Jaune et Bleu s'était éteinte. Les maladresses se sont multipliées, l'impression visuelle a été pénible, entre ce petit coup de pied par-dessus tenté par Noa Nakaitaci et intercepté devant ses 22 mètres, ou ces replis lourdauds de Scott Spedding, mangé à la course par son adversaire. « C'est surtout dans la gestion de notre dernier quart d'heure qu'on a péché, reproche Azéma. Et quand je dis gestion, ça ne concerne pas que la charnière. Les autres doivent aussi prendre les responsabilités sur l'annonce et la communication. » Consultant pour beIN Sports à Swansea, l'ancien ouvreur international Benjamin Boyet traduit cette observation : « Clermont a surtout eu du mal à transformer le jeu : la domination des avants sur les mauls et les ballons portés était claire, mais l'arbitre (l'Anglais Wayne Barnes) ne la récompensait jamais. Il aurait fallu s'en servir pour des lancements plutôt que pour attendre une pénalité. C'est le rôle de la charnière et des leaders techniques. »
DÉPARTS, BLESSURES ET BRICOLAGE
Voilà pour les soucis d'un soir où rien ne voulait sourire. Mais, dimanche, l'ASM va devoir gérer un problème de fond plus récurrent pour ses trois-quarts : l'absence de Nick Abendanon. L'arrière anglais, touché aux adducteurs, ne devrait de nouveau pas débuter contre l'UBB. Et quand il n'est pas là, le rendement en attaque n'est plus du tout le même (voir ci-dessous). C'est que Clermont a dû gérer le départ de cadres historiques, les ailiers Napolioni Nalaga (neuf ans au club) et Julien Malzieu (treize ans), l'arrière JeanMarcellin Buttin (quatre ans), et, dans une moindre mesure, les transferts de Mike Delany et Zac Guildford. Et si David Strettle (actuellement blessé) a paru s'intégrer immédiatement, les autres recrues derrière prennent plus de temps à trouver leurs marques. Adrien Planté et Hosea Gear ont tous les deux été écartés sur blessure. Et Scott Spedding n'est arrivé qu'en novembre, après la Coupe du monde.
« Récemment, je n'ai pas pu enchaîner deux matches avec la même ligne de trois-quarts, regrette Azéma, qui a souvent dû bricoler. À un moment, on a eu six ou sept blessés ! » Tout le monde ou presque est passé par la case infirmerie: Aurélien Rougerie, Wesley Fofana, Brock James, Jonathan Davies, Ludovic Radosavljevic en sont revenus, quand Benson Stanley, Planté, Strettle et le jeune Espoirs Raka se débattent encore dans les soucis physiques... «Là, Gear va rejouer, prévient le technicien. Du jour au lendemain, il passe de blessé à titulaire... Et t'attends de lui qu'il traverse le terrain ! C'est aberrant ! Il faut être patient. Jusque-là, je ne peux pas dire qu'on ait été brillants derrière, mais on était dans les clous. Ça va sourire. » Et dès ce dimanche, espèrent les finalistes de la dernière Coupe d'Europe, qui ne se voient pas quitter la compétition si tôt, dans une poule qui était à leur portée.
2 : Clermont a perdu deux fois à domicile cette saison, contre Toulon (9-35, le 28 novembre) et contre le Racing 92 (16-20, le 27 décembre), deux rencontres comptant pour le Top 14. Chez elle, l'ASM a également concédé un nul (26-26, le 12 septembre): c'était contre l'UBB, qui sera son adversaire dimanche.
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À l'abandon sans Abendanon ?
A. BO.
Les supporters de Clermont se sont tant habitués aux coups d'éclat de Nick Abendanon que son absence leur saute aujourd'hui tout aussi cruellement aux yeux. Lui qui devrait encore être forfait (adducteurs) pour la réception de Bordeaux-Bègles dimanche pèse énormément dans le rendement offensif des siens. Et si ses performances individuelles sont excellentes (4 essais, 3 passes décisives, 14 franchissements, 35 défenseurs battus), la manière dont sa présence semble bonifier ses partenaires est encore plus marquante.
Poser le problème de l'absence de l'éphémère arrière du quinze de la Rose (29 ans, 2 sélections en 2007), c'est, en creux, soulever celui de la présence de Scott Spedding. L'arrière du quinze de France (29 ans, 14 sélections) n'a pas le même impact. « Spedding aime prendre vite l'espace, manger le territoire, mais il a du mal à franchir le premier rideau, note l'ancien ouvreur Benjamin Boyet. Abendanon arrive toujours à se faufiler. »
Franck Azéma convient que l'ancien Bayonnais ne rayonne pas encore. « C'est un joueur rapide qui fait 100kg : il dégage de la puissance, note l'entraîneur de l'ASM. Il est généreux dans son activité. Il a un jeu au pied long. Il doit nous apporter ça. Il le fait par moments. À d'autres il est moins à l'aise. Mais je ne lui mets pas de pression négative. Ça me paraît un temps d'adaptation normale. »
Si Abendanon donne l'impression de toujours pouvoir faire vivre le jeu derrière ses contre-attaques, Spedding doit donc encore trouver des automatismes avec ses nouveaux partenaires. « Et tout ça en se disant que les joueurs autour de lui changent souvent ! », le dédouane Azéma, en référence à l'avalanche de blessés qui a touché sa ligne de trois-quarts.
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UBB : Poirot n'ira pas à Clermont.
Jefferson Poirot ne sera pas du déplacement en Auvergne dimanche. Le pilier gauche, qui a participé aux cinq derniers matches, dont trois comme titulaire, va souffler avant le stage de l'équipe de France préparatoire au Tournoi, lundi à Marcoussis. L'UBB pourrait présenter une équipe largement remaniée par rapport à celle qui a battu Exeter (34-27), avec les seuls Kepu, Jaulhac et Talebula reconduits comme titulaires.
