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Commotion cérébrale


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RCV06

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Posted 14 August 2022 - 16:17 PM

et le CO des voleurs/truqueurs .

Eux ils sont hors concours, voleur un jour voleur toujours  :D 


Merci beaucoup pour l'article. Buck Shelford est un de mes héros. J'allais justement demander si quelqu'un l'avait. As-tu publié le reste de la série ?

J avais mis le numéro un je vais regarder si je trouve les autres et si oui je te les mets ici


Merci beaucoup pour l'article. Buck Shelford est un de mes héros. J'allais justement demander si quelqu'un l'avait. As-tu publié le reste de la série ?

Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Episode 1 : humilié, Fouroux au pied du mur à Toulouse

    France - Nouvelle-Zélande (1986), à Nantes.
    France - Nouvelle-Zélande (1986), à Nantes. Icon Sport

La Sélection Midol
Publié le 29/07/2022 à 18:02 , mis à jour à 18:27
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Chaque semaine, jusqu’à fin août, Midi Olympique vous donne rendez-vous, dans son édition du vendredi et du lundi, pour vous conter en six épisodes le France-Nouvelle-Zélande du 15 novembre 1986, l’un des matchs les plus mythiques de l‘histoire des Bleus.

L’un des plus évoqués, des plus célébrés. Jamais les Français n’avaient à ce point surpassé les maîtres des antipodes, par l’ampleur du score (16-3) mais aussi par la manière. On a souvent parlé de « sauvagerie » à propos de ces quatre-vingts minutes. L’engagement des Bleus y fut total, c’est vrai. Le halo légendaire qui entoure cette partie s’est ensuite trouvé enrichi par toute une série de récits épars, complémentaires, parfois contradictoires : les témoignages des All Blacks sidérés, bien sûr ; et des Français hallucinés de ce qu’ils avaient été capables de faire, de vivre.

Cette rencontre fut plus qu’un simple test-match. Ce fut aussi un contexte, avec un premier test à Toulouse vécu comme une humiliation, suivi d’un stage terrible. Puis un avant-match incandescent, dans la moiteur des vestiaires de Nantes.

Ce match a aussi basculé dans une autre dimension par la personnalité hors norme d’un sélectionneur inoubliable : Jacques Fouroux. Pourrait-on aujourd’hui préparer une équipe comme le faisait le « Petit Caporal » ? Le match de Nantes s’est finalement poursuivi bien après son coup de sifflet final, entre des déclarations tapageuses et contestables, des allusions sulfureuses à de la violence, à du dopage. Le retour du bâton.

En cette période estivale, Midi Olympique vous invite dans les secrets de cet instant de légende du rugby français. Nous avons revu cette débauche d’énergie tricolore, nous avons interrogé la quasi-totalité des protagonistes et retracé les lignes du mythe, pour en démêler le vrai du faux.

Aujourd’hui, l’épisode 1 : « Humilié, Fouroux au pied du mur dans la Ville rose ».

Treize points d’écart (16-3), jamais les Bleus n’avaient aussi nettement battu les hommes en noir. En termes de score mais aussi en termes d’engagement physique. Si l’on devait qualifier ce célèbre France-Nouvelle-Zélande du 15 novembre 1986 à Nantes, on le verrait comme le sommet du parcours d’un homme hors du commun, petit par la taille, mais d’une hauteur démesurée par son ego, son autorité, sa verve et son charisme : Jacques Fouroux qui, avec le recul nécessaire du temps, trouvait dans ce match volcanique l’apogée de son règne.

Un exploit extraordinaire, porte d’entrée d’une ère enchantée de dixmatchs sans défaite, entre novembre 1986 et juin 1987. « Oui, cette victoire, c’est d’abord la sienne avant d’être la nôtre à nous, les joueurs », diagnostique Denis Charvet.

Jacques Fouroux était un meneur d’hommes exceptionnel mais il n‘avait pas le goût du consensus. Il n’aimait pas faire l’unanimité et se nourrissait du conflit, si possible avec le reste du monde. Ce France-Nouvelle-Zélande ne fut donc pas une fin en soi mais le début d’un alignement des planètes pour le « Petit Caporal ».

On l’a un peu oublié mais ce match tombait après un petit moment de déprime. Le Toulousain Erik Bonneval se souvient : « On sortait d’une tournée d’été très moyenne. La FFR nous avait concocté un programme de folie avec l’Argentine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande à visiter. Vous imaginez les voyages… Et on avait fini par une défaite en Nouvelle-Zélande, face aux Baby Blacks en plus. Nous étions revenus vexés. »

Fouroux s’était mangé trois défaites en quatre tests, dont ce revers de Christchurch face à des All Blacks qu’on pensait de pacotille. Les vrais « Blacks » avaient été suspendus pour avoir participé à la tournée pirate des Cavaliers en Afrique du Sud, prémices du professionnalisme. La France avait donc trouvé le moyen de perdre face à un XV néo-zélandais composé de… onze débutants, dont certains ne reviendraient plus jamais au niveau international. Première gifle pour le susceptible Fouroux.

Auparavant, il avait fallu assumer une défaite face aux Pumas (considérés comme moins dangereux qu’aujourd’hui), puis face aux Wallabies. Bonneval encore: « En Australie, on avait perdu mais on sentait qu’il y avait quand même une équipe qui pouvait se dessiner. Les Wallabies n’avaient marqué qu’un seul essai, contre trois pour nous. En semaine, on avait aussi passé trente-cinq points à une forte équipe du Queensland, pleine d’internationaux. »
Toulouse, terre hostile pour Fouroux

À l’automne, Fouroux et ses troupes retrouvaient donc les All Blacks qui, miraculeusement, avaient récupéré les Cavaliers vite absous par la NZRFU (Fédération néo-zélandaise). Le premier test était programmé à Toulouse, le 8 novembre… Toulouse, ce n‘était pas un endroit anodin. Le rugby français de l’époque était traversé par de profondes lignes de fracture. Fouroux était le symbole du pouvoir fédéral, le fils spirituel d’Albert Ferrasse, président de la FFR depuis vingt ans.

Face à cette proue bicéphale, décrite comme conservatrice, se dressaient les tenants d’un rugby moderniste et ambitieux. Celui des profs de gym. Son porte-étendard s’appelait Pierre Villepreux, l’exact contraire de Fouroux. C’était un universitaire, tenant d’un jeu théorisé et intellectualisé. Son club, le Stade toulousain, venait d’être sacré deux fois champion de France. Villepreux représentait la modernité et même une certaine branchitude. Comble de l’antagonisme, il avait été un attaquant racé alors que Fouroux était un demi de mêlée besogneux et batailleur.

    Chaque fois qu’on jouait à Toulouse, on se sentait à l’extérieur. On entendait toujours dire qu’il n’y avait pas assez de gars de chez eux, même si Charvet et Bonneval étaient là.

Et voilà que la FFR avait programmé le premier France-Nouvelle-Zélande dans la Ville rose. « Oui, il n’y était pas aimé. En 1986, il était déjà très décrié », rappelle le troisième ligne Laurent Rodriguez.

Le public toulousain lui en voulait, Fouroux ne sélectionnait pas assez de « ses » joueurs. Jean-Pierre Garuet s’en souvient comme si c’était hier : « Oui, on entendait beaucoup ça. On avait parfois l’impression qu’il lui aurait fallu sélectionner quinze Toulousains… Cette préparation du premier test fut marquée par ce climat anti-Fouroux. Nous, les joueurs, trouvions ça injuste. Tout de même, on avait gagné le Tournoi 1986 ! On sentait Jacques très motivé. Parce que, attention : ce match de Toulouse, même si nous l’avons perdu, on ne l’a pas préparé mollement! C’est même tout le contraire… »

Le pilier de Lourdes comprendra un peu plus tard pourquoi ce premier test fut un échec et pourquoi celui de Nantes serait un succès. « Pendant la semaine, on avait fait des mêlées, des mêlées et encore des mêlées. Je jouais à droite et Hervé Chabowski à gauche. Je crois vraiment que nous avons laissé trop d’influx dans cet avant-match. Jacques se devait de réussir face au public toulousain. Il a voulu trop en faire… Je me souviens d’être rentré vidé à l’hôtel. À cette époque, il n’y avait pas les préparations pointues de maintenant. Les joueurs acceptaient tout, ne disaient rien. On faisait ces mêlées, ces tours de terrain, ces diagonales… »

Les Bleus de Fouroux étaient au Creps de Toulouse-Lespinet, devant une foule énorme pour un entraînement : « Trois mille personnes qui nous observaient dont beaucoup de supporteurs toulousains. C’était particulier. » Garuet se souvient encore de cette atmosphère étrange, un peu ironique aussi : « Chaque fois qu’on jouait à Toulouse, on se sentait à l’extérieur. On entendait toujours dire qu’il n’y avait pas assez de gars de chez eux, même si Charvet et Bonneval étaient là pour le test de Nantes. Mais à part eux, chaque mec qui était en équipe de France était supérieur à son alter ego toulousain. Et puis, Fouroux aimait la notion de groupe. Sans donner de noms, je sais que d’autres Toulousains s’étaient approchés du groupe. Et ça n’avait pas marché… »
Le Stadium snobe le XV de France

Le verdict est connu, le premier test fut une déception. Les All Blacks s’imposaient 19 à 7. « On s’était fait marcher dessus, c’est vrai. Je suis revenu chez moi mâché », reconnaît Alain Lorieux, deuxième ligne d’Aix-les-Bains. Ce premier test ne fut pourtant pas une raclée. Il se termina avec un essai de chaque côté. « Il y avait des choses pas mal mais nous ne les avions pas malmenés. Nous n’avions pas été assez agressifs… », poursuit Erik Bonneval. Un jeune Français avait même réussi à crever l’écran, Alain Carminati, 20 ans, numéro 8 de Béziers, capable de culbuter trois avants adverses qui surgissaient pour le plaquer.

Ce fut l’une des images fortes de la rencontre, malgré la défaite. Mais les All Blacks avaient été collectivement meilleurs, avec le concours d’un étalon blond à l’aile droite, John Kirwan. Jamais on avait vu un trois-quarts aussi sculptural. Son vis-à-vis Marc Andrieu avait eu du mal à le dompter, ça lui coûterait sa place. Le numéro 8, Wayne Shelford, aussi, avait montré l’étendue de sa classe. Les images du match ne montrent pourtant pas un cavalier seul des All Blacks. Ils avaient finalement « filouté » les Bleus plus qu’ils ne les avaient écrasés, avec une manie de refuser les entrées franches en mêlées.

Fouroux s’était senti humilié de cette défaite, évidemment. Par-dessus le marché, Toulouse avait snobé le XV de France : le Stadium n’était pas plein, moins de 14 000 spectateurs payants. La ville qui se voulait capitale du rugby préférait manifestement le rouge et le noir au bleu.

Joueur et capitaine en 1977, Fouroux avait déjà été humilié par le public du Stadium. Il était le capitaine d’une équipe qui sortait du grand chelem et qui avait, déjà, battu les All Blacks (18-13, avec Guy Novès à l’aile). Pourtant, la foule avait scandé le nom de son concurrent, Richard Astre. Ce jour-là, Fouroux était en plus couvert de bandages : jamais il n’avait autant offert le spectacle d’un joueur laborieux et approximatif. Pour une raison d’esthétisme, il avait été privé des plaisirs sans mesure de la victoire.

Neuf ans plus tard, dans sa tête bien sûr, ça cogitait sévèrement. Fouroux savait que la première Coupe du monde approchait. Ses ennemis la voyaient comme un pas vers la modernité et l’universalité. Elle s’était créée sur une idée d’Albert Ferrasse, en plus. Pas mal pour un président réputé conservateur. Fouroux ne voulait pas se planter sur ce grand événement. Bien sûr, ses Bleus avaient gagné le Tournoi 1986 mais les Britanniques étaient ponctuellement faibles (seule l’écosse tenait la route).

Il lui fallait une performance face à une nation du Pacifique, les All Blacks évidemment, mais aussi ces Australiens qui progressaient à pas de géant. Il lui fallait montrer aux « profs de gym » qu’il n’était pas un ringard. Avec le recul, un sentiment émerge: Fouroux avait compris que ces All Blacks-là avaient de bons joueurs et du savoir-faire, mais qu’ils n’étaient pas encore une vraie machine de guerre.
La notion de groupe plus que la forme du moment

À Toulouse, le triomphe sauvage qui allait suivre à Nantes était donc en train de se nouer. Le sélectionneur ne referait pas la même erreur. Pourtant, il serait encore plus fidèle à lui-même : complexe, lunatique, cabotin. Réexaminer les ressorts de Nantes 1986, c’est aussi se replonger dans une époque intermédiaire, un entre-deux historique, un rugby qui avançait à grand pas vers la modernité mais qui conservait tous ses particularismes. De la testostérone, de l’affectif et tous les excès de ce sélectionneur atypique, montagne de sensibilité, à l’opposé d’un théoricien ou d’un super technicien caparaçonné derrière un rempart de statistiques et de données scientifiques.

Plus que tous ses successeurs à ce poste de sélectionneur (puisqu’il a inauguré la fonction), Jacques Fouroux chérissait la notion de groupe et son corollaire : la fidélité. Il savait faire débuter des talents émergents mais il préservait quoi qu’il arrive un noyau dur de cadres, par-delà toutes les critiques ou les méformes. À l’époque, il y avait moins de matchs, un peu moins de blessures, moins de remplacements. Le XV de France offrait une apparence plus compacte et le « Petit Caporal » adorait ça.

    Jacques (Fouroux) pouvait être vexant ! Parfois, j’avais la haine contre lui. Mais il avait souvent raison. Il allait chercher des trucs au fond de toi.

C’était Napoléon à la tête de ses grognards qu’il pouvait rudoyer, mais qu’il savait protéger et repêcher. Il le prouverait à la Coupe du monde en amenant quelques joueurs plus tout à fait à leur zénith (Jean-Luc Joinel, 33 ans et demi, Patrick Estève, encore jeune, mais moins rapide qu’en 1982-1983). On oublie aussi qu’Alain Lorieux, le deuxième ligne révélé à Grenoble, jouait alors à Aix-les-Bains, en troisième division française. L’équivalent de la Nationale actuelle.

L’intéressé se souvient : « Jacques me sélectionnait au téléphone. Il me demandait comment ça allait, je lui répondais : « ça va, je suis bien, tu peux me mettre. » Paradoxalement, je crois que j’apportais plus à l’équipe de France qu’à mon club. Le contexte était différent. À Aix, j’étais attendu. Je passais mon temps à me défendre, à droite, à gauche. Le jeu était spartiate. Avec les Bleus, j’avais tout de suite mes repères. Malgré cela, Jacques me gardait. Pourtant, j’étais contesté même au sein du groupe. Les avants de l’époque n’aimaient pas trop les deuxième ligne qui jouaient sur leur vitesse, comme j’essayais de le faire. »

Devant le groupe réuni avant un match face à la Roumanie, Fouroux avait prévenu ses éléments les plus fielleux : « Le pompier, on le laisse jouer comme il veut. » Voilà comment Fouroux savait diriger et cimenter son groupe, par un sens de la fidélité éprouvé. « Il savait tirer le maximum de ses joueurs ; il allait chercher des trucs au fond de toi. Attention, il pouvait être vexant ! Parfois, j’avais la haine contre lui. Mais il avait souvent raison », ajoute Lorieux.
L’idée d’un coup de poker

Laurent Rodriguez pourrait parler des heures de son ancien mentor : « La force de Fouroux, c’est qu’il nous savait solidaires, entre nous. Un jour, il m’avait appelé au sujet d’Alain Lorieux, justement. Il m’avait dit : « Le pompier, je ne sais pas si je vais le prendre. Je ne le sens pas en pleine bourre. » Et moi, de lui répondre : « Non, Jacques. Prends-le ! Même s’il n’est pas à 100%, on compensera. » Une fois le combiné raccroché, qu’est-ce que je faisais ? J’appelais Lorieux pardi. « Fais gaffe, Alain. Bouge-toi le cul. Voilà ce que m’a dit Jacques. » Jacques savait très bien que j’allais faire ça. D’ailleurs, il téléphonait aussi aux autres pour parler de moi ou d’un autre. Sans nous le dire directement, il créait toute une communication entre nous. Il était génial. »

Puis le numéro 8 surpuissant d’ajouter : « Quand c’était fini, il redevenait super sympa. S’il pouvait te donner un coup de main sur le plan professionnel, dans le commerce ou dans les affaires, il le faisait. » Franck Mesnel renchérit : « Jacques protégeait à fond son groupe. Il avait le génie du coaching. Il était notre entraîneur avec, ne l’oublions pas, des innovations dans l’approche. Il était aussi notre préparateur physique et notre assistante sociale. Oui, il avait ce côté roquet agressif. Mais au final, il était génial. Quelqu’un m’a dit un jour : « Pour savoir si un entraîneur te plaît, demande-toi si tu partirais en vacances avec lui. » Moi, je serais parti tous les ans avec Jacques. »

En cet automne 1986, malgré les déceptions, Fouroux tenait bien son groupe. Le 8 novembre, au soir de la défaite au Stadium, il se mit à réfléchir au milieu de la mer d’hostilités toulousaines. Pour le second test, programmé à Nantes, dans une terre de mission et détachée des querelles internes, il allait jouer un énorme coup de poker: quatre jours en enfer et une folle semaine de préparation pour son groupe. « Avec le recul, je me rends compte quel coup de poker c’était », conclut le deuxième ligne Jean Condom.

 

Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Épisode 2 : quatre jours en enfer

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    Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Épisode 2 : quatre jours en enfer

International, La Sélection Midol, XV de France
Publié le 04/08/2022 à 10:34
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La légende du match du 15 novembre 1986 s’est aussi construite autour d’un stage terrible qui s’est déroulé au Domaine d’Orvault, à Nantes. Jacques Fouroux s’y est montré volontairement odieux, fort de l’emprise qu’il avait sur son groupe et sur la chance qu’il offrait à certains.

C’est l’histoire d’un énorme coup de poker. Un entraîneur qui tente le tout pour le tout, pour faire accoucher l’Histoire d’un moment inoubliable. Après la défaite de Toulouse, Jacques Fouroux ne bouleverse pas son XV de départ. Mais il procède à trois changements. Erik Bonneval est déplacé du centre à l’aile gauche ; Denis Charvet fait son apparition avec le maillot 12. À l’ouverture, le débutant Franck Mesnel remplace Jean-Patrick Lescarboura, blessé mais qui sera finalement remplaçant. Un autre débutant s’impose au poste de pilier gauche, le Biarrot Pascal Ondarts, alors qu’il joue à droite dans son club. Il a déjà 30 ans et une réputation de roc en mêlée. Avec la sélection du comité Côte-basque, il a tenu la dragée haute aux All Blacks en match de semaine. Après une éternité à ronger son frein en France B, il accède enfin à l’échelon suprême.

À Nantes, les autorités locales font le maximum pour remplir La Beaujoire. Le soutien massif que n’a pas su donner Toulouse, la cité des Ducs de Bretagne se fait forte de l’offrir à ce XV de coqs en galère.

En ce temps-là, pas de huis clos longue durée du groupe. Entre les matchs, on revient chez soi. La vingtaine de joueurs concernés (avec les remplaçants, plus un ou deux blessés conservés dans le groupe) arrive au compte-gouttes à Nantes. "Domaine d’Orvault", se souvient Jean-Pierre Garuet. Il n’est pas près d’oublier ce qui sera… une sorte de centre de tortures.

Pas de doutes possibles, Jacques Fouroux a le masque des mauvais jours. Il fait vraiment la gueule, son regard est dur et ses paroles cinglantes, c’est un euphémisme. Celui qui accueille les joueurs n’est pas un technicien, ni un tacticien, ni même un préparateur physique. Il est une sorte de petit docteur Frankenstein. Son monstre n’aura pas une, mais entre seize et vingt-et-une têtes. Jacques Fouroux a moins de quatre jours devant lui pour donner vie à ce Golem. Il sera infernal. "Odieux, exécrable", dit encore Rodriguez.

Denis Charvet avait joué le mardi avec les Barbarians, face à ces mêmes All Blacks à La Rochelle. Il a appris sa sélection cinq minutes après le coup de sifflet final. Le lendemain, il avait filé tout droit à Nantes pour débarquer dans une veillée d’armes dont il n’avait pas idée. "On a eu du très grand Jacques. Il était exécrable, en effet. Il nous a amenés un niveau de détestation inédit pour qu’on soit prêts… Personnellement, je n’ai pas ressenti une détestation de lui, mais une détestation de la situation. Je ne me souviens pas de tout ce qu’il nous a dit mot sur mot, mais c’était très violent. Des mots violents, oui, par rapport à nos habitudes et par rapport à ce qu’il était. Cela dépassait ce que lui aurait supporté des autres."

Deuxième ligne du Boucau, Jean Condom était une poutre vivante. Un homme de devoir par excellence. "Nous étions partis de Biarritz à 7 h 30 avec Serge Blanco, Pascal Ondarts en prenant au passage à Dax Jean-Patrick Lescarboura. Le repas était prévu à midi. Nous étions arrivés à Nantes à 13 h 15 et là, on nous a dit : "Le repas est terminé. Vous ne mangerez pas jusqu’à ce soir. Rendez-vous à 14 h 15 pour la vidéo. Entraînement en suivant."
Pas d’électricité dans les chambres

Pascal Ondarts a vécu ce séjour en mode un peu masochiste. La joie de débuter fut plus puissante que les brimades : "Oui, cette préparation fut inhumaine. Mais je l’ai beaucoup aimée. J’ai 66 ans et je vous dis que Jacques Fouroux est le plus grand meneur d’hommes que j’ai connu. En 1986, j’étais remplaçant depuis cinq ans. Je m’étais même fait virer en étant remplaçant : lors d’un entraînement, nous avions pris le dessus en mêlée sur les titulaires. Et la presse en avait fait des gorges chaudes. Mais à l’époque, dans la préparation des tests, la plupart du temps, les remplaçants n’étaient pas grand-chose. Ils n’avaient accès à la chambre que la veille des matchs. Quand tu étais remplaçant, tu ne servais à rien ou presque." Cette première sélection, Ondarts en avait rêvé. Fouroux lui avait fait tellement miroiter, avec ce sens de la provocation qui n’appartenait qu’à lui. C’est vrai que Fouroux avait un rapport spécial à la condition de remplaçant (ils ne rentraient que sur blessure, à cette époque). Il avait même déclaré : "En tant que joueur, quand j’étais remplaçant, je voulais que l’équipe perde."

On ne peut pas ne pas se poser la question : Fouroux n’a-t-il pas fait exprès de prendre Pascal ce jour-là précisément pour faire exsuder la frustration de ses vingt matchs passés en tribune ? "Cette sélection, je l’attendais. Personnellement, j’étais prêt. Mais ceux qui n’étaient pas encore prêts finiraient ces fameux quatre jours en étant sûrs de l’être." Depuis le premier test, le pilier du BO savait qu’il allait jouer. Son heure était venue. Mais il avait dû faire face à un dilemme : "À Toulouse, Fouroux m’avait dit : "À samedi ! Tu vas jouer !" Mais je l’avais averti que je ne serai pas au banquet de Toulouse car je devais assister au mariage d’un ami au Pays basque. Il avait tordu le nez : "attention, si tu ne viens pas, Ferrasse ne voudra pas te prendre !" Je lui avais répondu : "Ferrasse fera ce qu’il voudra, je pars au mariage." À trente ans, il ne voulait plus faire de compromis : "Je suis parti pied au plancher après la fin du match, dans le brouillard. Je me suis ennuyé comme un rat mort sur la route. Mais j’ai été présent pour mon ami." C’est ce qui s’appelle prendre tous les risques.

Le rassemblement de Nantes a vite tourné à l’opération super-commando, avec des tests psychologiques permanents… Des tests à la rude, façon GIGN. "C’était comme dans les pays de l’Est, pas d’électricité dans les chambres." Le pilier de Biarritz découvre une sensation étrange : "On n’avait pas peur, non. Mais on préférait ne pas sortir, c’est vrai. Si on le croisait, on savait qu’on allait se faire pourrir." Erik Bonneval détaille : "Tout était fait pour nous énerver. Jacques nous faisait la guerre sur la bouffe. Je crois même que Jacques s’était débrouillé pour nous couper le téléphone. Impossible d’appeler nos proches." Jean Condom pouruit : "Je me souviens de ces repas qu’on prenait très vite, quelques minutes en avance, avant de repartir dans notre chambre. On ne voulait pas le croiser."
Une atroce séance vidéo

Écoutons Alain Lorieux : "On est arrivé et Fouroux a remarqué qu’il manquait un joueur… Et puis, il nous a annoncé qu’on allait faire une séance de vidéo, chose qu’on ne faisait jamais !" Les coachs de l’époque n’étaient pas encore des obsédés de la télécommande. Les joueurs comprennent que les quatre jours seront très spéciaux, vraiment spéciaux. "On a revu le match et à chaque action, il arrêtait l’image." "Voilà pourquoi tu ne joues pas !" a-t-il asséné à Hervé Chabowski, titulaire à Toulouse, mais devenu remplaçant au profit de Ondarts. "ça a continué comme ça. On s’est fait pourrir."

Ah ! ces séances vidéo... Le magnétoscope devient l’instrument de tourmente favori du petit Caporal. Erik Bonneval en parle aujourd’hui en rigolant : "J’ai un souvenir marquant de ces séances, avec une grande télé de l’époque et ces interminables commandes : avance- recule. Arrêt sur image sur chaque joueur et on se faisait assassiner. Les avants prennaient tous très cher. Dès que l’un d’entre eux était un peu appuyé, il avait droit à une salve : "Qu’est-ce que tu fais appuyé comme ça ? Et les coups de casque alors ?"

La boucherie verbale est terrible. Bonneval poursuit : "Avec Philippe Sella, j’avais l’impression d’y échapper. Et puis, tout d’un coup, on voit sur l’écran Philippe Sella plaquer Frano Botica. Mais quand je dis qu’il le plaque, il le découpe ! Un tampon terrible. Mais après, machinalement, il lui tend la main pour le relever. Là, Jacques arrête l’image et passe un savon terrible à Philippe : "Pourquoi tu as fait ça ? Il ne faut pas le faire samedi prochain !" Du pur délire. Daniel Dubroca n’a rien oublié lui non plus : "S’il te voyait dans les couloirs, apparemment désœuvré, il te disait : "Tu n’as rien à faire ? Va faire un peu de vidéo !" Jean Condom ajoute : "Dès qu’on le croisait, il sortait un reproche. À moi, c’était : "Tu n’as pas assez aidé ton pilier droit sur telle mêlée." À chaque heure, Fouroux repousse les limites jusqu’à installer une ambiance franchement délétère.
Garuet en bouc émissaire

Un joueur en particulier se sent visé. C’est pourtant un grognard, un fidèle serviteur de Jacques Fouroux : Jean-Pierre Garuet en personne, pilier droit de Lourdes, roi de la mêlée fermée.

"Je m’en souviendrai toujours. J’ai chargé, j’ai chargé, j’ai chargé... Certains étaient gênés pour moi. Je me souviens des regards de Serge Blanco ou de Philippe Sella devant ce que je subissais. Ils étaient au bord des larmes. Oui, j’étais devenu l’emblème, le porte-drapeau de cette défaite. Au nom de tous les avants, j’étais le bouc émissaire." Fouroux ne s’arrête pas aux questions sportives. Il n’hésite pas à tomber sur le râble de "Garuche". "Il l’a tancé à cause de son goût immodéré pour le fromage. Pas compatible avec la préparation d’un test aussi terrible", poursuit Lorieux, marqué par ces méthodes à la limite, même pour l’époque, moins policée qu’aujourd’hui.

Le pilier placide aurait pu mal prendre ce procès public. Mais il reste de marbre et ne perd pas ses moyens. Ni son moral. "Je connaissais Jacques. L’amitié que nous avions, le respect."

Au soir de cette séance inoubliable, on toque à la porte de sa chambre. Dans le silence presque sépulcral du domaine d’Orvault, ce n’est pas anodin. Les trois coups résonnent doublement et Jacques Fouroux fait son entrée dans l’intimité de son homme fort. Son ton n’est plus le même : "Jean-Pierre, j’ai été dur avec toi. Mais tu comprends, il le fallait. Je ne pouvais pas faire ça avec Daniel Dubroca, c’est notre capitaine. Ni avec Pascal (Odarts), c’est sa première sélection." Garuet lui répond du tac au tac, magnanime : "Jacques, je ne te dis rien, je ne me plains pas. Il n’y a pas de problème entre nous et peut-être que j’en avais besoin." Le lendemain, le pilier retrouve ses coéquipiers évidemment et leur confie : "Ce n’est rien les gars, je suis toujours là avec vous. D’autres ont été remplacés, même s’ils ont moins chargé que moi hier. Par respect pour eux, je n’ai pas le droit de me plaindre."
Mini-affaire Carminati

Oui, Jacques Fouroux avait choisi la politique du bouc émissaire pour pimenter cette préparation hors du commun. Un autre joueur allait attirer ses foudres : le numéro 8 de 20 ans Alain Carminati, celui que la presse avait encensé au premier match. Son aisance et sa puissance avaient sidéré tout le monde. Il était alors au Bataillon de Joinville mais le jour des retrouvailles, il avait trouvé le moyen de manquer son train. "Je suis arrivé en début d’après-midi au lieu du matin. Ça a jeté un froid." Alain Lorieux l’a dit, il se souvient très bien du moment où Jacques Fouroux a remarqué qu’il manquait quelqu’un au rendez-vous et de sa moue de colère. "Il est arrivé en retard. Ensuite, il a eu une altercation avec Fouroux."

Cette mini-affaire Carminati a marqué tout le monde. Elle est allée au-delà d’un simple retard. Daniel Dubroca en rit maintenant. "Jacques a donné la composition. Il a dit Rodriguez, numéro 8 ; Carminati, numéro 7 ! Avec l’insouciance de ses vingt ans, Carminati l’a repris : ah non, moi je joue 8 !"

Nous avons posé la question au principal intéressé : "Alors, Jacques Fouroux a commencé à m’expliquer que sur nos introductions, je jouerai numéro 7 ; puis numéro 8 sur les mêlées adverses. Je l’ai pris comme une allusion au fait que je ne puisse pas tenir le poste quand on avait le ballon. Alors, j’ai demandé pourquoi à Fouroux. Il paraît que ça ne se faisait pas… Ça a jeté un nouveau froid."

Laurent Rodriguez nous offre son souvenir de l’incident : "Il avait environ une heure de retard. Il s’est excusé mais je voyais que Jacques avait la haine. Il nous a informés de la permutation. Carminati a répondu : pourquoi pas en 8 ? Fouroux a explosé de colère : "parce que je te le dis !" Mais Carminati a insisté. Et Jacques n’en démordait pas. Ça a fini de mettre une ambiance de folie. Et Carminati a passé un séjour de feu. Jacques en est même venu à lui reprocher ce qu’il mangeait. Ce n’était pas du fromage comme Garuche, mais une histoire de yaourt. J’ai encore cette image. Il s’était fait un dessert avec un yaourt dans un bol agrémenté de deux bananes." Fouroux l’a vu et lui est tombé dessus. Le plus extraordinaire, c’est qu’Alain Carminati trouve le moyen de se blesser. "Une scène extraordinaire, deux minutes après le début d’un échauffement. On a vu Carmi se tenir la cuisse. Forfait : Dominique Erbani est titularisé illico."

Incroyable, voilà que les dieux sont avec Fouroux. Le petit Caporal n’a pu y voir qu’un signe, son soleil d’Austerlitz. Celui qui a défié son autorité est frappé par le sort. Tous les espoirs sont permis au sélectionneur des Bleus.

De ces quatre jours terribles, Jean-Pierre Garuet n’a rien oublié. Y compris ce qui est toujours passé inaperçu. "On a souffert dans les salons du Domaine, évidemment. Mais les entraînements ont été légers, pas exténuants comme ceux de Toulouse. J’ai au contraire le souvenir de séances assez calmes et lucides, bien menées par Daniel Dubroca et Pierre Berbizier." Le pilier secoué par les gueulantes comprend que l’Histoire est en marche. Y compris par des chemins détournés.
 

Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Episode 3 : une horde sauvage jaillit des vestiaires de Nantes

    Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Episode 3 : une horde sauvage jaillit des vestiaires de Nantes
    Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Episode 3 : une horde sauvage jaillit des vestiaires de Nantes Avalon / Icon Sport

International, La Sélection Midol, XV de France
Publié le 06/08/2022 à 18:39
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Ce match de Nantes a duré bien plus de 80 minutes. L’échauffement des vestiaires du Stade de la Beaujoire fut particulièrement dantesque, à la limite de la violence rituelle, avec des chocs, des paroles, parfois à fronts renversés. Une cérémonie païenne censée provoquer un effet de défoulement et libérer les énergies au moment de la partie proprement dite.
Votre saga de l'été

Chaque semaine, jusqu’à fin août, Midi Olympique vous donne rendez-vous, dans son édition du vendredi et du lundi, pour vous conter en six épisodes le France - Nouvelle-Zélande du 15 novembre 1986, l’un des matchs les plus mythiques de l‘histoire des Bleus.

L’un des plus évoqués, des plus célébrés. Jamais les Français n’avaient à ce point surpassé les maîtres des antipodes, par l’ampleur du score (16-3) mais aussi par la manière. On a souvent parlé de "sauvagerie" à propos de ces quatre-vingts minutes. L’engagement des Bleus y fut total, c’est vrai. Le halo légendaire qui entoure cette partie s’est ensuite trouvé enrichi par toute une série de récits épars, complémentaires, parfois contradictoires : les témoignages des All Blacks sidérés, bien sûr ; et des Français hallucinés de ce qu’ils avaient été capables de faire, de vivre.Cette rencontre fut plus qu’un simple test-match. Ce fut aussi un contexte, avec un premier test à Toulouse vécu comme une humiliation, suivi d’un stage terrible. Puis un avant-match incandescent, dans la moiteur des vestiaires de Nantes.Ce match a aussi basculé dans une autre dimension par la personnalité hors norme d’un sélectionneur inoubliable : Jacques Fouroux. Pourrait-on aujourd’hui préparer une équipe comme le faisait le "Petit Caporal" ? Le match de Nantes s’est finalement poursuivi bien après son coup de sifflet final, entre des déclarations tapageuses et contestables, des allusions sulfureuses à de la violence, à du dopage. Le retour du bâton.En cette période estivale, Midi Olympique vous invite dans les secrets de cet instant de légende du rugby français. Nous avons revu cette débauche d’énergie tricolore, nous avons interrogé la quasi-totalité des protagonistes et retracé les lignes du mythe, pour en démêler le vrai du faux. Aujourd’hui, l’épisode 3 !

Samedi 15 novembre. Le jour J est arrivé à la fois comme une échéance et comme un soulagement. "On en avait tellement bavé qu’il nous tardait que le match commence, pour que tout s’arrête", évoque Laurent Rodriguez. Les Bleus viennent de passer quatre jours infernaux sous l’autorité d’un Jacques Fouroux déchaîné. Engueulades, sales réflexions et séances vidéo carabinées ont instauré une atmosphère exécrable. Les joueurs ont l’adrénaline à fleur de peau. La dernière nuit n’a pas calmé grand-chose. "Nous n’en pouvions plus. On ne pouvait plus se voir, mais nous étions à bloc", détaille Pierre Berbizier pourtant réputé pour son sang-froid et sa distance par rapport aux événements. Fouroux a maintenu ce niveau de colère qu’il cherchait tant, même si cette ire était en partie dirigée contre lui.

Même Jean-Pierre Garuet, réputé toujours d’humeur égale, est en plein dans le jus (lire l’épisode précédent). Avant de prendre le bus pour le Stade de la Beaujoire, le pilier de Lourdes avait vécu une réunion de joueurs dans la chambre du capitaine, Daniel Dubroca. "C’était une tradition pour les avants. Et j’ai pris la parole, porté par cette surmotivation. J’ai dit : "Les gars, si ça doit être notre dernier match… On ne va pas se manquer aujourd’hui. Là, on va faire LE match, on va tous sortir pour qu’on puisse se regarder droit dans les yeux. Et qu’il n’y en ait pas un qui fasse faux bond. Nous sommes à six mois de la Coupe du Monde et si on se fait virer après ça, on n’aura rien à regretter."" Quarante ans après, "JPG" commente : "Oui, nous étions prêts à employer la manière forte. Nous avons mis la baïonnette au canon."

Nantes 1986, le récit d’une sauvagerie - Episode 3 : une horde sauvage jaillit des vestiaires de Nantes
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Après la préparation de folie, le match a vraiment commencé là, dans cette chambre. Puis le bus quitta le domaine d’Orvault pour le Stade de la Beaujoire : ambiance sépulcrale. Denis Charvet se souvient juste de cette présence qui se glisse à ses côtés : Jacques Fouroux en personne. En fait, l’arrivée du trois-quarts centre toulousain avait été vue comme une surprise. Il n’avait pas le profil qui collait aux idées du sélectionneur (même si cette option s’accentuerait surtout par la suite). On disait le "petit Caporal" favorable aux besogneux. Charvet était un attaquant flamboyant, plus qu’un combattant. "Mais je m’étais accroché en défense, le mardi avec les Barbarians. Je ne savais pas pourquoi Jacques avait fait appel à moi, il ne m’avait pas donné d’explications. D’ailleurs, je n’en voulais pas. Ce n’était pas son genre, en plus." Mais à mesure que le grand rendez-vous approchait, le sélectionneur fendit légèrement l’armure. À sa façon : "Tu vas bien défendre aujourd’hui, hein…" murmura-t-il, à la fois bienveillant et inquiet. Ce choix de Charvet était sans doute une gageure : ne pas se priver d’une arme offensive de classe, en faisant le pari que sa mise en condition psychologique porterait ses fruits. À ce moment-là, Fouroux n’avait pas écarté l’idée d’envolées possibles.
Champ : "La mi-temps d’avant, c’est celle dont tout le monde rêve"

Quatre heures après, vers 15 heures, dans le couloir de la Beaujoire, Yves Noé, dirigeant de la FFR confia à un journaliste ces propos retranscrits de mémoire : "Le match est gagné. Jacques a fait l’essentiel." Les témoins directs de cette phrase lâchée à la hâte auraient pu crier à la folie.

Ça ne l’était pas. Cet avant-match fut un moment historique. Rarement une séance de motivation est allée aussi loin dans l’intensité. "Disons qu’on a inventé une mi-temps supplémentaire", explique Éric Champ. "Au rugby, tu as les deux mi-temps que tout le monde voit. La troisième mi-temps que tout le monde connaît et fantasme. Nous avons inventé la mi-temps d’avant… celle dont tout le monde rêve." L’ancien troisième ligne de Toulon éclate de rire. "C’était comme ça, le rugby était un sport de combat. Jacques venait d’une certaine génération où on savait laisser l’intelligence aux vestiaires. J’aurais aimé être une mouche et assister aux préparations de l’équipe de 1977 et voir les Cholley, Palmié se motiver. Les choses changent, mais ça reste un sport de combat. D’ailleurs avez-vous vu la préparation du club de Rennes (finale de Fédérale 1), récemment ?"

Éric Champ jouait à Toulon, où l’on cultivait ce style. Disons qu’il fut un peu moins dépaysé que les autres. Mais ce prélude au match de 1986 fut vraiment spécial. Ses échos continuent de retentir dans la mémoire collective. Deux heures dantesques, la méthode Fouroux y atteint son point culminant : faire monter la colère de ses hommes pour qu’elles puissent ensuite se déverser sur le match. Personne n’échappa à la fureur. Responsable du matériel Jean-Claude Gavoux témoigne : "Moi aussi j’étais arrivé en retard le mercredi et j’avais pris une avoinée. Dans le vestiaire, j’avais pour mission de rayer les ballons Wallabies en cuir pour les rendre moins glissants. Par temps humide, c’était important. D’un coup, je sens qu’on me pince avec force les pectoraux, puis les trapèzes et une voix tonne à mes oreilles : "Tu me les raye bien ces ballons, hein ! Faut qu’on gagne, tu entends ?" Je lui ai répondu : "Jacques avec l’ambiance que tu nous mets en ce moment, tu me donne un maillot et des crampons et je vais bouffer du Black…"

Mais dans l’intimité de ces vestiaires nantais, le premier à recevoir cette ire, ce fut Fouroux lui-même. Pendant ces minutes bouillantes, il fut la première victime de ces joueurs qu’il tourmentait depuis quatre jours. Ils se sont vengés. Tous ont conservé des éclairs de ce moment unique : "Je me souviens très bien de ce vestiaire, de tous les recoins. Mais je crois que très vite, je me suis mis à l’écart, debout sur le banc. Ça a cogné ! Ça a cogné ! J’ai vécu plein de préparations, mais celle-là fut la plus terrible", explique un Denis Charvet qui n’était pas le plus enclin aux remontages de pendule musclés. De sa position de surplomb, il voit monter la surtension. Le souffle des joueurs, l’odeur de camphre qui pique encore plus les narines, et ce bruit des crampons sur les carreaux : "Plic-Plic-Plic" plus entêtant que d’habitude. D’autres sons, sourds aussi, corps contre corps. Charvet encore : "Des têtes se sont entrechoquées. Je me souviens aussi de cette image de Philippe Sella, prêt à crever tout le monde." Quand on connaît la classe naturelle de Philippe Sella, on peut en effet mesurer le degré d’incandescence.

Pascal Ondarts avance un souvenir saisissant : "Sur huit avants, je crois que sept ont saigné." Saigner avant même un coup d’envoi, ça donne une idée assez précise de la situation. Malicieux, Jean Condom glisse : "Jacques a bien essayé de nous remotiver, encore et toujours. Il s’est mis entre nous, les avants, quand on a fait un cercle. Mais, disons qu’il a été un peu secoué. Il est vite sorti ! Il avait la cravate de travers et pas loin d’avoir le nez sur l’oreille."
Retour de bâton pour Fouroux

La préparation était arrivée un tel degré d’ébullition qu’elle a confiné au sacrilège : s’en prendre physiquement à son entraîneur, comme une catharsis. Charvet aussi a conservé ce flash, son sélectionneur à moitié assommé, titubant au milieu de cette scène de chaos. Jean-Pierre Garuet, tête de turc pendant quatre jours, a participé à la cérémonie bien sûr. Tout en sobriété, il nous en fait la synthèse : "Il a fini l’avant-match avec une bosse sur le nez, c’est exact." Par un goût ironique de l’euphémisme, Laurent Rodriguez parle de ces minutes telluriques comme de "l’échauffement" et affine un peu la description : "Il avait déclenché chez nous de la haine. Il nous parlait, il nous parlait, mais nous, on était en colère contre lui. C’était vraiment rude. Il aimait bien tomber la veste et se mettre entre nous, pour nous prendre par le maillot. Je me souviens d’avoir souhaité que le match commence vite, pour que tout devienne plus tranquille. Un comble."

Alain Lorieux se souvient de tout : "Au départ, Fouroux s’était mis seul dans un coin, avec une table. Et devant lui, la pile des maillots. D’habitude, ils étaient accrochés à chaque portemanteau. Il a fallu venir un par un les chercher, dans une drôle d’atmosphère. Surtout pour moi, qui avait tendance à me marrer." Puis la préparation proprement dite a commencé : "Tout d’un coup, quelqu’un ouvre la porte et dit : "Jacques, il faut faire la photo !". Fouroux commence à s’énerver et rétorque : "Non ! Pas de photo, vous ne la méritez pas !" "Nous ne sommes donc pas sortis et tout a commencé… Fouroux a demandé aux avants de venir dans les douches, on s’est mis en rond. Jacques est passé dessous et il a commencé à nous donner des coups de tronche : Pim ! Pam ! Poum ! C’est devenu chaud-bouillant entre nous tous. Imaginez dans quel état nous sommes sortis."

Oui, Fouroux brinquebalé comme une boule de flipper par ses propres hommes, la scène n’a pas été filmée, mais nous la visualisons parfaitement. Autrefois, le carnaval servait à ça : se venger du pouvoir des puissants, pendant un bref laps de temps.

Erik Bonneval aussi se souvient de tout. Et il écorne un peu l’image de son ami Denis Charvet, surplombant ce chaos, debout depuis le banc de bois.

"Karl Janik, mon coéquipier de Toulouse, était finalement remplaçant. Il était venu remplacer Alain Carminati. Il m’a dit : "Denis est devenu fou, il s’est mis des coups de tête avec Jean-Pierre Garuet !" Sur ce coup, Denis n’était plus du tout l’attaquant stylé et romantique qu’on connaissait. Il faut dire que pour nous, les Toulousains, c’était très nouveau. Les avant-matchs étaient très calmes, au Stade. On ne nous disait rien de particulier, on savait ce qu’on avait à faire. Quelle différence…" Karl Janik confirme : "Oui, l’image qui me reste, c’est la tête de Denis et d’Erik, mes coéquipiers étaient méconnaissables." Daniel Dubroca, capitaine, était au cœur de la scène, évidemment : "J’ai l’image de Fouroux qui invective Philippe Sella : "Et toi, quand est-ce que tu redeviens toi-même, le vrai Philippe Sella ?" Et là, paf ! Je vois Philippe Sella qui lui assène un magistral coup de tête. J’ai cru que Fouroux allait rester K.-O. sur le sol des vestiaires." Avec le recul nécessaire, "Dubroc" nous fait comprendre le sens de ce moment dantesque. "Nous étions encore des joueurs amateurs qui avaient besoin de ce genre de préparation. Aujourd’hui, les joueurs sont professionnels et leur comportement me fait rêver. Ils ont une maturité et une approche que nous n’avions pas. Leur façon de se préparer est pro, au vrai sens du terme. Pour nous, il fallait d’autres choses. Nous savions aussi que l’adversaire n’hésiterait pas à mettre le curseur au-delà des limites du légal." Une sorte de prévention, en somme. Une dissuasion nucléaire adaptée au ballon ovale.
José Touré, footballeur dans le chaos

On a longtemps pensé à ces scènes comme l’apogée de l’entre-soi, une forme d’intimité au dernier degré. Mais ce jour-là, il y avait un corps étranger, disons plutôt un invité à cette cérémonie païenne. Une célébrité, José Touré, vedette du FC Nantes, à cette époque attaquant de l’équipe de France de football. Serge Blanco l’avait convié.

Touré avait rejoint le groupe au moment où il quittait l’hôtel. Il s’attendait à un moment de concentration, à une ou deux mises au point tactiques. Il se retrouva dans une sorte de pré-champ de bataille. Au premier rang, le Nantais assista à la montée de l’adrénaline, jusqu’à se sentir submergé par cette lame de fond qui ne le concernait pas directement. Comme un baigneur qui se frotte à l’océan, il fut emporté par un courant qui l’entraîna tout au fond des vestiaires, près des toilettes. Denis Charvet : "Je m’en souviens très bien. José m’a dit : "Vous êtes des fous, je ne pensais pas que ça puisse exister." Il nous regardait comme un enfant qui se demandait ce qu’il se passait, avec ses yeux écarquillés. Je me suis dit, heureusement qu’il ne s’est pas retrouvé au milieu des bestiaux." Rodriguez complète : "Oui, José Touré n’en revenait pas. Il m’a dit : "vous êtes des malades. Si on fait ça en foot, on blesse neuf gars avant de rentrer sur la pelouse"." Dans Midi Olympique, le footballeur ne rentrera pas dans les détails : "J’avoue que je suis sur un nuage. Le rugby est un sport de seigneurs. Il n’y a pas de mots pour expliquer ça, la capacité de ces mecs à se dépasser, l’engagement, la détermination, la faim de ces types. C’est la plus belle sortie sportive de ma vie…"
Lansaman, l’ombre de l’oublié

Depuis 36 ans, bien des légendes ou des témoignages ont circulé sur cet échauffement d’anthologie. Confusément, il a ruisselé dans l’histoire que Jacques Fouroux avait parlé de joueurs qui n’étaient pas là, non pas sur blessure, mais parce qu’il ne les avait pas sélectionnés. Il était aussi dit que le sélectionneur, au comble de l’excitation, avait saisi Ondarts par le col pour lui dire : "Regarde ! Ton pote Lansaman, je ne l’ai pas sélectionné ! Il aurait pu être là. Je suis un enfoiré. Tu m’en veux, n’est ce pas ?" C’est vrai, le pilier de Biarritz était très ami avec Alain Lansaman, troisième ligne d’Hagetmau, figure crainte du championnat de France : féroce, adroit et athlétique. Si Ondarts avait brillé en mêlée en match de semaine avec la sélection Côte basque-Landes, c’était aussi parce qu’il avait le fameux Lansaman à ses fesses. Drake, épouvantail néo-zélandais avait souffert des efforts combinés du Biarrot et de l’Hagetmautien. On réclamait Lansaman chez les Bleus, mais jamais Fouroux n’avait franchi le pas, craignant sans doute que les Britanniques le provoquent. "Oui, j’étais ami avec Alain et je tiens son absence de sélection pour un énorme scandale." Mais ce moment cathartique, tant de fois raconté, Pascal Ondarts le dément. Si le nom d’Alain Lansaman (décédé en 2006) fut bien évoqué à Nantes, "en fait, c’était à la sortie des vestiaires, dans le couloir. Nous étions déjà en ligne. Depuis le début de la semaine, Jacques interceptait tous les messages. Alain m’avait envoyé un télégramme pour ma première sélection et Jacques, vicieux, connaissait notre amitié. "Écoute, Ondarts, il nous reste une minute avant le coup d’envoi. Alain t’a écrit, pense à ce courrier. Je pense que si lui avait été là, il n’aurait pas triché. Les mots qu’il t’a mis là, ce sont les mots qu’il te manquait. Alors, ces mots, tu vas les lire." Il m’a tendu le message, j’ai lu les mots d’Alain. Et ce n’est pas le Haka qui allait me faire peur…"

Voilà donc comment ce match s’est gagné. Parce qu’une équipe l’a fait débuter bien plus tôt que prévu. Ce n’était pas des prolongations, mais une longue introduction, la plus réussie de l’Histoire. Une sorte de horde sauvage en est sortie. Elle savait ce qu’elle avait à faire. Le match lui-même ne serait qu’une formalité et, pour le sélectionneur, le Jardin d’Eden. Tous ses paris seraient validés, comme dans un rêve.

    "Oui, nous étions prêts à employer la manière forte. Nous avions mis la baïonnette au canon." Jean-Pierre GARUET, Pilier du XV de France

 

    "Et là, paf ! Je vois Philippe Sella qui lui assène un magistral coup de tête. J’ai cru que Fouroux allait rester K.-O. sur le sol des vestiaires" Daniel DUBROCA, Capitaine du XV de France

 

Nantes 1986, le récit d'une sauvagerie - Episode 4 : l’Austerlitz du caporal Fouroux
International, La Sélection Midol, XV de France
Publié le 11/08/2022 à 07:50
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Ce 15 novembre 1986, reste le jour où Jacques Fouroux a réussi tous ses paris, Daniel Dubroca au talonnage, Laurent Rodriguez en casse-briques, Pierre Berbizier en chef d’orchestre plus les deux débutants qui ont marché sur l’eau : Pascal Ondarts en pilier gauche et Franck Mesnel à l’ouverture. Jamais les planètes ne se sont aussi parfaitement alignées.

Dans chaque trajectoire de vie, on trouve quelques moments d’extase, où toutes les planètes semblent s’aligner. Ce fut le cas pour le sélectionneur français, en ce 15 novembre. Ce France-Nouvelle-Zélande de 1986 est resté comme un chef-d’œuvre de rugby, mais d’un certain rugby : celui de Jacques Fouroux. Ce succès confirma tous les choix du Napoléon gersois, personnage à la verve inépuisable alliée à un solide sens de la provocation.

Il a traversé bien des tempêtes comme joueur, entraîneur et dirigeant. Il n’a pas tout réussi, a essuyé de sévères salves de critiques, de scepticisme ou de jalousies. Telle est la vie des hommes, "quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins" comme l’écrivait Marcel Pagnol. Mais ce succès de 1986 validait tous ses paris et lui ouvrait les portes de la période la plus dorée de son mandat de sélectionneur (1981-1990).
29 points au pied envolés

"J’ai revu le match : si on ne manque pas autant de points au pied, on aurait pu leur en mettre trente", résume Erik Bonneval. C’est vrai, les vainqueurs (16-3) auraient dû l’être beaucoup plus largement si l’on tient compte des cinq échecs de Bérot (quatre pénalités et une transformation), des cinq drops manqués de Mesnel et de Blanco, des deux avancées collectives françaises derrière la ligne adverse non concrétisées ou d’un Bonneval un peu court, sur un ballon roulant dans l’en-but… Les Français sont parfois brouillons, souvent imprécis, mais ultra-dominateurs derrière une superbe mêlée. Les images ont un peu vieilli, c’est exact, mais à l’époque, l’engagement physique creva les yeux : "Avec Fouroux, il fallait d’abord avoir un gros pack et avancer, toujours avancer. L’esprit était très différent de celui du Stade toulousain, où je jouais et où tout était basé sur l’initiative individuelle", reprend Bonneval.

Pour les joueurs, le coup d’envoi annonçait tout. Écoutons encore Alain Lorieux : "C’est le seul qui a été effectué par Serge Blanco, très haut dans le ciel depuis un petit monticule de terre de dix centimètres. Ça venait d’un truc qu’on faisait à Grenoble avec un Écossais nommé Stevens : son ballon ne retombait jamais ! Jean Liénard avait conseillé à Fouroux de faire ça d’entrée. Il fallait un gars capable de réussir ce genre de coups de pied." À la réception, les avants tricolores arrivent unis comme des légionnaires romains et les All Blacks subissent leur première reculade, énorme.

    "On disait que Fouroux ne prendrait jamais, qu’il n’avait pas confiance en moi. Que j’étais un joueur "à l’énergie", une expression péjorative."  Pascal Ondarts, pilier du XV de France

Symboliquement, l’œuvre collective a pris le pas mémoriel sur les deux essais inscrits par Denis Charvet et Alain Lorieux. Deux réalisations sans grâce particulière. "J’ai marqué un essai de deux centimètres et demi, se souvient le trois-quarts centre toulousain. J’ai aplati après un gros tampon de Daniel Dubroca sur je ne sais plus qui." Le demi de mêlée David Kirk, en l’occurrence. "C’était tellement instantané que je ne pensais pas qu’il y avait essai, sur le moment." Alain Lorieux a marqué sur une combinaison : "Pénalité à la main, on est trois avants dos au All Blacks. Berbizier donne le ballon à Dubroca. J’ouvre la porte, je pivote à l’intérieur pour le laisser passer. Il passe entre Condom et Erbani, percute, pose le ballon. Moi, je me retourne, je fais un mètre et je marque. Le genre de combinaison travaillée et qui ne marche presque jamais."
Dubroca, un voltigeur au cœur de la mêlée

Dans tous les médias fut imprimée la photo du sélectionneur extatique en tribune officielle, visage magnifié. Les fruits de son travail venaient d’éclore en direct, tous ses coups de poker avaient été validés. Après le match de Toulouse, au cours du banquet, il avait vu l’ancien capitaine et talonneur Philippe Dintrans chercher à capter son regard. "Alors ? Tu me mets ?" Dintrans était remis de sa hernie discale, il voulait reconquérir son poste et son sceptre. "Non, les gros ne veulent pas de toi", avait répondu Fouroux pour le repousser et le vexer. Forcément, Dintrans l’avait mal pris et quitté la salle illico. Mais Fouroux l’avait rappelé le lendemain, le ton conciliant : "Alors, tu viens finalement ?" Dintrans serait donc à Nantes, mais toujours comme remplaçant.

Car le premier des paris de Fouroux était le passage de Daniel Dubroca du poste de pilier droit à celui de talonneur. Il datait du début de l’année, accompagné par une vague de scepticisme et de railleries. Ce choix avait fonctionné pendant le Tournoi, mais il devait être ratifié par une victoire face aux Sudistes. Dubroca avait 32 ans, il ne faut pas l’oublier. Il avait porté le numéro 3 à huit reprises en six ans. L’Agenais semblait un peu léger pour reproduire en sélection ce qu’il faisait en club (moins de 100 kg à ses débuts), mais il était dynamique, adroit et bon plaqueur.

 

En janvier 86, confronté à l’absence de Philippe Dintrans, Jacques Fouroux avait osé faire glisser Dubroca au centre de la première ligne, fait inédit dans l’histoire du XV de France. Mais puisque Dubroca était si virevoltant et qu’il connaissait les ficelles, le coup valait la peine d’être tenté. Il permettait à Fouroux de faire jouer Jean-Pierre Garuet, arme atomique en mêlée fermée. "En fait, il me voulait comme capitaine mais voulait me décharger de la pression du poste de pilier. Je me suis vite adapté à ce nouveau poste, d’autant que c’est Pierre Berbizier, notre demi de mêlée, qui lançait en touche. J’ai aussi fait cette transition à Agen." On n’épiloguera pas ici sur les flèches reçues par Fouroux pour avoir offert un tel cadeau à un joueur du SUA, le club du président Albert Ferrasse. Bêtises… Dubroca était tout simplement un joueur de grande classe.
Mesnel, ouvreur hors norme et à contre-emploi

À la pause de ce France-Nouvelle-Zélande, on entendit ce que Dubroca disait à ses coéquipiers réunis en cercle. Chaque téléspectateur se retrouva ainsi plongé dans l’intimité de leur équipe nationale : "Serge, pas de péché de gourmandise ! On avait le temps sur ce dernier ballon… Ce qui compte, c’est d’aller chez eux. Franck continue comme ça, des quilles très hautes, qu’on ait le temps d’arriver."

Franck, c’était Mesnel. Deuxième pari de Fouroux. Quel défi : vivre dans un tel contexte sa première titularisation à l’ouverture. Le Parisien avait joué les quatre dernières minutes du premier test à la place de Jean-Patrick Lescarboura, blessé. Cette promotion exprime toute la vision de Jacques Fouroux.

    "En club, je devais faire jouer mes centres. [...] Là, il m’a dit : "Oublie les jolies passes. Aujourd’hui, je vais te demander de balancer des chandelles. Et ne t’inquiètes pas : la connerie sera au rendez-vous, à la retombée."" Franck Mesnel, ouvreur du XV de France

Mesnel était un nouveau type d’ouvreur, un physique de petit buffle, capable de défier en puissance les digues adverses avec son poids colossal pour l’époque de… 90 kg "Et j’avais les cannes sur trente mètres, je faisais parfois un peu mal." À travers lui, Fouroux voulait renverser le rapport de force qui existait jusqu’alors entre les troisième ligne et les numéros 10.

Le souci de la puissance à l’impact, de la prise du milieu de terrain, du jeu "dans" la défense adverse avec des passes après contact. Non seulement, Mesnel était un joueur atypique, mais il venait du Racing, club de minets des beaux quartiers. Pas vraiment le "style Fouroux" : "Au Racing, on cultivait une forme d’impertinence et de distance. C’était pour exorciser notre trouille et assumer notre rugby de Parisiens vilipendés par le Sud-Ouest, avec l’outrecuidance de Jean-Baptiste Lafond et d’Éric Blanc qui voulaient qu’on ne donne pas un seul coup de pied dans le ballon." De son propre aveu, Franck Mesnel était arrivé en retard, lui aussi, au Domaine d’Orvault. Mais Jacques Fouroux l’avait protégé : pas question de déstabiliser cette pépite qui incarnait, à ses yeux, le futur du rugby.

Bien sûr, le sélectionneur lui avait réservé un discours aux petits oignons. "Jacques avait le talent de maîtriser toutes les catégories de joueurs, quelles que soient leurs origines sociales" se souvient encore Mesnel. "Il allait loin, il parlait même à certains de leurs difficultés intimes. Personnellement, j’avais une image de dilettante, de relax comme tous les trois-quarts du Racing. Il m’avait asséné : "La presse dit que tu n’es pas un ouvreur, que tu ne devrais pas être là. Moi, je vais te mettre. Et on va s’occuper de toi.""

Mesnel heurtait les commentateurs biberonnés aux clichés des années 60. Il semblait trop massif, trop direct pour leur vision "romantique". Fouroux brûlait de les faire mentir. Mais pour ce match, il allait demander un effort à son ouvreur parisien : jouer contre nature pour sa première cape. "En club, je devais faire jouer mes centres et de temps en temps, tenter des ruades personnelles. Là, il m’a dit : "oublie les jolies passes. Aujourd’hui, je vais te demander de balancer des chandelles. Et ne t’inquiète pas : la connerie sera au rendez-vous, à la retombée."" Le pari Mesnel était donc double, utiliser un ouvreur d’un nouveau genre, en lui demandant de jouer à l’envers de ses habitudes. Franck Mesnel s’acquitta de sa mission aussi simpliste que stratégique. Ainsi, son bail chez les Bleus durerait neuf ans.
Ondarts, de droite à gauche comme une fleur

Le troisième pari de Fouroux fut le plus osé, le moins personnel finalement : faire débuter Pascal Ondarts, pilier droit de Biarritz, à gauche de la mêlée. "Il n’avait pas d’autres solutions. J’attendais depuis cinq ans, mais Jacques Fouroux restait marqué par le profil de Gérard Cholley. Il aimait les piliers gauches grands. Fouroux avait même pris Jean-Charles Orso, deuxième ligne, comme quatrième pilier potentiel." Oui, Fouroux aimait les "grands" numéros 1, parfois venus de la deuxième ligne. Il le prouverait en essayant plus tard Marc Pujolle, ou en pensant à Francis Déjean. Ondarts (1,78 m tout de même) se sentait ostracisé. "On disait que Fouroux ne me prendrait jamais, qu’il n’avait pas confiance en moi. Que j’étais un joueur "à l’énergie", une expression péjorative." Mais voilà, en match de semaine avec la sélection Côte basque-Landes, Ondarts avait donné du fil à retordre à John Drake, une sorte de Cholley néo-zélandais que Fouroux craignait particulièrement. "En club, je jouais à droite mais en France B et en sélection régionale, je jouais à gauche sous les ordres de Michel Celaya, qui m’avait dit : "Tu penseras à moi." "

Cette expérience, Fouroux s’en était souvenu et devant l’urgence de la situation, il avait tenté le coup de poker ultime : faire débuter son fantassin basque. Évidemment, après des années de France B et de banc des remplaçants, Ondarts s’est posé bien des questions. Et si c’était un piège de débuter enfin en Bleu, mais dans une position périlleuse ? "La situation s’est présentée comme ça. Vous me dites que Fouroux a tenté un pari ? Moi, je pense qu’il n’avait pas le choix. Il avait raclé les fonds de tiroir. Je savais qu’on jouait gros, dix mecs auraient été foutus dehors, dont moi-même peut-être." Ondarts non plus ne le décevrait pas.
Ivre de triomphe

Fouroux était inattaquable, en ce 15 novembre. Comme Napoléon à Austerlitz, les éléments étaient avec lui. Outre les trois précités, la victoire fut aussi forgée par deux autres de ses "poulains". Pierre Berbizier d’abord, demi de mêlée stratège qu’il avait maintenu contre vents et marées et contre cette presse qui lui préférait le Toulonnais Jérôme Gallion, plus rapide et plus flamboyant. Comme son mentor, Berbizier avait tenu bon sous les critiques. Sa science du jeu, son courage et son sang-froid seraient aussi illuminés par le rayon de soleil d’Austerlitz.

De la bataille napoléonienne, on se souvient des charges de Murat et de Soult ; de la bataille fourouxienne, on se souvient des charges de Laurent Rodriguez, l’autre "poulain". À notre sens, il fut le premier à jouer délibérement la percussion pour la percussion. Le numéro 8 assume : "Pour ce match, le plan de jeu était simple : engagement total, défi physique et si on avait la possibilité de faire une passe… on ne la faisait pas ! Quant à mon style… On me parlait toujours de mes percussions, mais j’avais été formé à Mont-de-Marsan avec André Boniface. Je savais faire un cadrage débordement, je savais faire des passes devant la défense ou en passant les bras. Fouroux m’avait simplement demandé de jouer autrement. J’étais lourd et j’allais vite. Je jouais en pénétration, lancé." Le style "Lolo", c’est encore une trouvaille fourouxienne. Simple, voire simpliste et donc géniale, même si les gardiens du temple étaient prêts à sortir leur plume pour la dénigrer.

Fouroux, ivre de ce triomphe, ne se gênerait pas après le coup de sifflet final pour une déclaration dont il avait le secret, visant directement des journalistes ou des confrères qui n’avaient rien demandé : "Villepreux a une approche professorale du rugby – c’est normal, c’est son métier - et une approche professionnelle, parce qu’il ne fait que cela. Mais l’amateur que je suis a décidé d’avoir lui aussi une approche professionnelle. Comme le dit Daniel Herrero, plus de gabegie ! Maintenant, ce sera ordre et discipline !"

Fouroux était déchaîné. Il jouait tellement gros ce jour-là, comme le précise Serge Blanco : "Si nous avions perdu lourdement ou si nous avions réédité la performance de Toulouse, tout aurait explosé."

Ce 16 à 3, Fouroux l’a vu comme la preuve que son rugby n’était pas celui d’un illuminé ou d’un obsessionnel. Jean-Baptiste, son fils, 6 ans à l’époque, aime à raviver la flamme paternelle : "J’étais trop jeune pour me souvenir de l’ambiance de Nantes, mais je garde un souvenir précis des préparations qu’il infligea plus tard aux joueurs de Grenoble ou aux équipes de jeunes d’Auch, où je jouais. Il avait 10 000 idées à la seconde, dans le rugby et dans sa vie professionnelle. Je pense qu’il avait dix ans d’avance dans sa conception du rugby. Mais il souffrait beaucoup des caricatures qui qualifiaient son style de "rambomania"."

 

Pascal ONDARTS


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#3032 Gourine63

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Posted 14 August 2022 - 16:25 PM

Merci beaucoup pour l'article. Buck Shelford est un de mes héros. J'allais justement demander si quelqu'un l'avait. As-tu publié le reste de la série ?


À défaut de deux bites, il a fini avec une couille et demie.
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#3033 RCV06

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Posted 14 August 2022 - 16:47 PM

À défaut de deux bites, il a fini avec une couille et demie.

Mais avec tous ses neurones



#3034 Alex chocolatines

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Posted 14 August 2022 - 17:07 PM

Mais avec tous ses neurones

Pour un mec qui n'aime pas les pavés ......

Nous dis pas que t'as lu tout ça !????  :ermm:


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#3035 Buckaroo

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Posted 14 August 2022 - 17:31 PM

Pour un mec qui n'aime pas les pavés ......

Nous dis pas que t'as lu tout ça !????  :ermm:

 

Publié le 29/07/2022 à 18:02 , mis à jour à 18:27
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#3036 Alex chocolatines

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Posted 14 August 2022 - 17:35 PM

 

Tu as ta réponse.

Tu m'étonnes !   :D  :D



#3037 RCV06

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Posted 15 August 2022 - 08:42 AM

Pour un mec qui n'aime pas les pavés ......

Nous dis pas que t'as lu tout ça !????  :ermm:

Quand c'est intéressant je peux lire plus de 2 lignes mais ici c'est rare :P



#3038 marco43

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Posted 15 August 2022 - 15:11 PM

Quand c'est intéressant je peux lire plus de 2 lignes mais ici c'est rare :P

j'ais lu l'article en diagonal et sa donne chaque semaine, rambomania, ce qui n'est pas faux



#3039 George Abitbol

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Posted 16 August 2022 - 11:55 AM

"ayant appris ce jeu simple quand ils etaient pied nu sur les plages avec des noix de coco" ^_^


On t'a reconnu Pierre. B)
 

et le CO des voleurs/truqueurs .

Sauf que pour le coup, celui-là n'est pas un stéréotype.


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#3040 Alligator427

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#3041 marco43

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Posted 17 August 2022 - 08:34 AM

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merci, faudrait le mettre dans le sujet infirmerie, c'est un article intéressant qui permet d'en savoir un peu plus sur l'état physique des joueurs



#3042 Rugby ?

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Posted 17 August 2022 - 08:43 AM

https://www.lamontag...tions_14172760/

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Les commotions !

Faute de décisions réglementaires les coachs et les intéressés en sont à du "bricolage".

Apprendre à plaquer.............."cent fois sur le métier remettez votre ouvrage",  ok, mais on parle là d'un mec niveau EDF.

Renforcement des cervicales..............évidemment, il semble plus facile d'essayer d'encaisser les chocs, que de faire en sorte qu'il n'y en ai moins.



#3043 Rugby ?

Rugby ?

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Posted 17 August 2022 - 11:09 AM

Je reprends un post de Darius, dans le topic Fisher: "Il lui faut un cou à la Camille Chat"

Article intéressant du Rugbynistère. 

https://www.lerugbyn...-2212201643.php



#3044 InASMWeTrust

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Posted 17 August 2022 - 11:24 AM

Je reprends un post de Darius, dans le topic Fisher: "Il lui faut un cou à la Camille Chat"

Article intéressant du Rugbynistère. 

https://www.lerugbyn...-2212201643.php

pour les femmes, on voit que ça devient très impactant en raison du niveau de jeu, mais aussi parce qu'il n'y a pas encore la préparation physique (et ses dérives) qu'on a chez les hommes. D'où des coups du lapin et des chocs moins bien amortis. Surtout, les rugbywomen ont un cerveau plus important, à la fois génétiquement parce que ce sont des femmes, mais aussi parce qu'on sélectionne depuis longtemps le rugbyman sur la taille réduite de son cerveau  :lol:. A ce que je sais, jamais Moscato n'a eu le moindre début de commotion. 


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#3045 RCV06

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Posted 05 September 2022 - 21:02 PM

Fin de carrière de Vakatawa : le Racing sous le choc
Par Arnaud Beurdeley

 

TOP 14 - Après l'annonce faite par le Racing 92 ce lundi indiquant que Virimi Vakatawa était contraint de mettre un terme à sa carrière professionnelle en France en raison d'un problème médical, les Racingmen ont accusé le coup. Explications.

 

Un véritable séisme, voilà comment a été ressenti l’annonce faite par le Racing 92 indiquant que Virimi Vakatawa était contraint de mettre un terme à sa carrière professionnelle en France en raison d'un problème médical. Arrivé au Racing 92 à l’âge de 17 ans, l’international français aux 32 sélections n’a connu qu’un seul club dans l’hexagone. Il est en quelque sorte un enfant de la formation francilienne. Forcément, dans l’intimité du centre d’entraînement du Plessis-Robinson, la nouvelle a plombé l’ambiance. Selon nos informations, Virimi Vakatawa a tenu à informer ses partenaires ce matin quelques instants seulement avant l’envoi du communiqué de presse.

Le président Jacky Lorenzetti, lui aussi fraîchement informé de cette mauvaise nouvelle, était présent à côté de son joueur et de son manager général Laurent Travers. Jusque-là, au sein de l’effectif ciel et blanc, personne n’avait été informé de la décision de la commission médicale de la LNR. L’instant a procuré, selon un témoin, un intense moment d’émotions. A tel point que le staff technique racingmen a décidé de bouleverser le programme d’entraînement prévu pour ce lundi. En effet, congé a été donné aux joueurs ce lundi après-midi afin de leur permettre d'encaisser le coup. Pour de nombreux éléments du groupe professionnel, c’est bien plus qu’un partenaire qu’ils perdent. Ce mardi, les joueurs retrouveront le terrain d’entraînement alors qu’à midi est prévue une conférence de presse du joueur en compagnie de son manager Laurent Travers, de son président Jacky Lorenzetti et du sélectionneur du XV de France Fabien Galthié.

 

Et encore un de plus !






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