ETC. Trois lettres qui ont changé la vie d’Alix Popham il y a désormais plus de deux ans. Trois lettres qui ont, enfin et surtout, permis de mettre des mots sur des maux dont souffrait l’ancien joueur du CAB, âgé de 43 ans depuis de longs mois.
Pertes de mémoire de ses propres rencontres disputées, oublis récurrents au quotidien, douleurs incessantes à la tête ou même accidents domestiques, l’international gallois a longtemps souffert en silence des nombreuses commotions dont il a été victime au cours de sa riche carrière.
Le 3e ligne légendaire du CAB moderne : Gerhard Vosloo, Alix Popham, Antonie Claassen
Avant donc, d’être diagnostiqué comme étant très certainement atteint d’encéphalopathie traumatique chronique, une maladie neurodégénérative des cellules cérébrales.
"Quand la nouvelle tombe, notre monde s’écroule. C’est très, très difficile à encaisser. Surtout qu’on l’a appris par téléphone, en raison du confinement. Il y a de l’incompréhension, de la colère aussi et quelque part, en cherchant bien, du soulagement d’enfin savoir ce qu’on a. Il y a ensuite deux façons de réagir : se laisser abattre ou décider de lutter. Avec ma femme et mes filles, on a choisi la deuxième option", pose, sans détour, Alix Popham.
Entre plusieurs traitements expérimentaux, l’ancien Briviste rejoint un collectif de cent joueurs, dont son ancien coéquipier au Stadium Steve Thompson, ayant décidé de se retourner contre World Rugby et les Fédérations anglaises et galloises, pour mauvaise prise en charge des commotions.
« Head for Change » pour éduquer et financer la recherche"C’est le problème majeur qu’on a eu durant notre carrière. Nous n’étions pas du tout au fait des conséquences qu’auraient tous ses chocs subis. On était K.-O. mais on retournait sur le terrain, nous n’avons reçu aucune éducation sur la question", confesse Alix Popham qui a, avec sa femme Melanie et Judith Gates, femme d’un joueur de football anglais aussi atteint de démence, créé l’association « Head for Change ».
"Nous avons développé trois piliers : l’aide financière aux soins pour les joueurs touchés, l’éducation parce que je suis persuadé que cela peut être une clé pour les générations futures et aussi un soutien important pour la recherche indépendante. On organise pour cela des événements caritatifs comme dernièrement une randonnée à vélo entre Cardiff et Édimbourg pour lever des fonds", indique le 3e ligne aux deux Coupes du monde disputées qui suit toujours avec grande attention les performances du CAB et du pays de Galles.
"Je ne regarde plus le rugby de la même façon »"J’ai commencé le rugby à l’âge de quatre ans, ce sport fait partie de ma vie, j’ai tellement aimé y jouer. Cependant, je ne regarde plus les matches de la même façon. Je suis plus attentif aux contacts et aux impacts que peuvent subir les joueurs. Le match de ce soir entre les Français et les Gallois ? Évidemment que je vais le regarder. Bon, je n’ai pas trop d’espoirs pour nous. On traverse une période compliquée, aussi bien sur qu’en dehors des terrains. J’espère au moins qu’on fera bonne figure."
Benjamin Pommier (La Montagne - 18/03/2023)