On avait deviné t'inquiètes.
Tu peux parler, toi, avec ton traumantisme post-cottérien !
Posté 11 mai 2025 - 19:18
On avait deviné t'inquiètes.
Tu peux parler, toi, avec ton traumantisme post-cottérien !
Posté 11 mai 2025 - 20:59
Posté 11 mai 2025 - 21:12
Tu peux parler, toi, avec ton tromantisme post-cottérien !
Posté 25 mai 2025 - 07:09
Antoine Burban (37 ans) a disputé 257 matches avec le Stade Français, entre 2006 et 2022. Durant cette longue carrière au haut niveau, le troisième-ligne a subi entre 15 et 20 commotions cérébrales, sans qu'elles ne l'alertent pendant plusieurs années. Désormais retraité du monde professionnel, Burban a expliqué pour L'Équipe dans le documentaire « À corps perdu » les conséquences de ces violents contacts.
Le 26 mars 2022, face à l'Union Bordeaux-Bègles, l'international français s'écroule dès la réception du coup d'envoi. « Je récupère le ballon, je tombe et je ne sais pas pourquoi. Comme quand tu utilises un interrupteur et que tu fais on/off. Pas de perte de mémoire, juste je tombe par terre. » Quelques minutes plus tard, la scène se produit à nouveau. « Je plaque un joueur, et je reçois des frissons dans tout le corps. »
« Je pouvais exploser pour rien. C'est un réel changement du comportement et de l'individu. On se retrouve avec quelqu'un d'autre dans son corps »
Antoine Burban dans le documentaire « A corps perdu » de « L'Equipe »
Burban ne rejouera plus jamais au rugby après cette rencontre. Mais les conséquences des chocs à répétition se sont immiscées dans sa vie quotidienne. « Je savais ce que j'avais fait la veille, mais je ne me rappelais plus de l'ordre. (...) Sur le comportement, j'ai vite réalisé que j'étais devenu une cocotte-minute. Je pouvais exploser pour rien. C'est un réel changement du comportement et de l'individu. On se retrouve avec quelqu'un d'autre dans son corps. »
Même s'il confie que son état s'améliore, Burban peine encore à trouver un sommeil stable. « J'ai toujours des insomnies, j'ai du mal à m'endormir même sous grande fatigue. » Sa femme, Lucie, révèle également que la situation n'a pas été facile à gérer pour elle et leurs enfants. Désormais, les choses vont dans le bon sens. Mais les répercussions des commotions cérébrales sont parfois encore présentes.
Posté 28 mai 2025 - 14:34
Ils sont des centaines de spectateurs à entrer dans la Trusts Arena d'Auckland un soir de mai. Les adultes prennent place en hauteur dans les gradins. Les enfants, eux, s'accroupissent au premier rang. Depuis le début de l'année 2025, personne ne veut rater le spectacle en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les îles du Pacifique. Quelques mètres devant les gamins surexcités, deux hommes de 130 kg se font face sur un terrain de 20 mètres de longueur et 4 mètres de largeur, genoux fléchis et regards déterminés.
« Attaquant, prêt ? Défenseur, prêt ? C'est parti », lance le juge du duel. Trois secondes plus tard, les deux golgoths se percutent frontalement, lancés à pleine vitesse et sans aucune retenue. L'attaquant, ballon de rugby en main, reste debout malgré quelques vacillements inévitables. Le défenseur, lui, s'écroule par terre le bras gauche en l'air et le reste du corps figé. K.-O. Les enfants exultent, se précipitent sur le terrain et s'amusent de cette scène de violence.
« Le risque de blessure est élevé compte tenu de l'intention de collision. »
Docteur Helen Murray, à propos du Run It Straight.
Oubliez la stratégie ou quelconque protection, le but du Run It Straight, comprenez courir tout droit, est aussi simple que « stupide », comme l'alertent certains journalistes locaux. Mais ces images cumulent déjà plus de 50 millions de vues sur les réseaux sociaux depuis le mois dernier.
La tendance a pris une telle ampleur que les enfants se prêtent au jeu dans la cour de récré. Une discipline qui impressionne les plus jeunes autant qu'elle inquiète les plus grands. « Il semble qu'il n'y ait aucune tentative d'atténuer les événements d'accélération de la tête, s'alarme la Docteure Helen Murray pour le NZHerald. Le risque de blessure est élevé compte tenu de l'intention de collision. »
« Les mecs se foncent dedans avec vingt mètres d'élan, forcément on se dit qu'il y aura un terrible accident un jour. Tu peux te casser le cou ou faire une mauvaise commotion », prévient Côme Joussain (24 ans), deuxième-ligne de Leicester en Angleterre, lorsqu'on lui demande sa position sur le sujet. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour qu'un drame se produise en Nouvelle-Zélande.
Lundi, le média britannique The Guardian a annoncé le décès d'un jeune homme de 19 ans qui avait participé à un évènement de Run It Straight la veille dans le nord du pays. Et le développement soudain de la discipline ne laisse rien présager de rassurant. Une ligue professionnelle du nom de Run It Championship League a même été créée en Australie. Si des vidéos de ce genre existent sur les réseaux sociaux depuis 2017, et que la pratique n'est pas nouvelle dans les îles, l'ampleur actuelle est inédite.
Les cofondateurs de la ligue, Rennie Molimau et Virgil Tauaa, ont la ferme intention de développer cette discipline, qu'il est difficile de qualifier de sport. En se basant sur les modèles des World Arm Wrestling League (concours de bras de fer) et du Power Slap (concours de claques), la ligue australienne entend devenir une référence dans le monde, et particulièrement sur le marché américain, friand de ce genre de spectacle.
Les organisateurs font déjà appel à des anciens rugbymen professionnels pour promouvoir la pratique. Le mois dernier, l'ancien international Anglais de rugby à XIII, George Burgess, a défié l'ex-international Fidjien Nemani Nadolo, passé par Montpellier et Leicester, dans un duel d'exhibition.
À en croire les milliers de commentaires enjoués sur les réseaux sociaux, le Run It Straight connaît un franc succès. Et la ligue australienne a déjà fait de cette discipline une « entreprise » pour attirer de plus en plus de participants. Lors du premier tournoi organisé à Melbourne il y a plusieurs semaines, 20 000 dollars ont été décernés au vainqueur. Si les gaillards sont affûtés ou, au moins, familiers aux sports de contact, les risques pris à chaque collision sont colossaux.
« C'est tout ce que les règles du rugby cherchent à éviter en ce moment »
Côme Joussain, deuxième-ligne au Leicester
« Nous savons que l'exposition à des événements répétés d'accélération de la tête est le plus grand facteur des maladies neurodégénératives, fustige la Dr Murray. Le neuroscientifique australien Alan Pearce, développe. « Beaucoup de ces personnes en compétition ont un passé de football (australien) ou de rugby et c'est pire car ils ont probablement déjà eu plusieurs coups à la tête qui s'additionnent beaucoup plus rapidement. »
« Au rugby, j'ai déjà eu des commotions où tu n'es plus toi-même pour les semaines et les mois à venir, explique Joussain. Tu es irritable quand tu rentres à la maison, tu as des maux de tête. Ce n'est vraiment pas à prendre à la légère. » Désabusé après avoir visionné des dizaines de vidéos, le joueur passé par le Stade Français et Carcassonne cogite surtout à propos de la sécurité des athlètes.
« Je pense davantage au plaqueur qu'au porteur du ballon. Les contacts sont avec l'épaule en premier, l'attaquant ne se baisse pas... Ce n'est pas le genre de sport que j'aimerais voir mon fils, ou quelqu'un que j'aime, faire. Il n'y a pas de technique. C'est tout ce que les règles du rugby cherchent à éviter en ce moment. »
Si le mantra « le chemin le plus court est d'aller tout droit » est répandu dans toutes les écoles de rugby, le Run It Straight est incomparable avec le monde de l'ovalie. Car si le rugby est un sport de contact, parfois des plus violents, il se caractérise aussi par l'évitement. Sur le terrain étroit du Run It Straight, le contournement de l'adversaire n'a pas sa place. Le ballon de rugby n'est alors qu'un simple décor. Le seul point commun avec cette discipline, d'ailleurs.
La Fédération néo-zélandaise de rugby a pris les devants face à cette inquiétante expansion en dissociant ses activités avec celles du Run It Straight « comportant un risque de blessure grave. » Si certains promoteurs calment le jeu en assurant vouloir réglementer la hauteur des plaquages, la violence des impacts fait craindre le pire.
La semaine dernière, le conseil local de la ville de Mangere, dans la banlieue d'Auckland, a décidé de s'opposer à un évènement de Run It Straight « pour des raisons de sécurité, compte tenu des données disponibles à la suite de lésions cérébrales et liées à la santé. » Des premières prises de conscience par les instances locales, alors que le Run It Championship League a prévu des soirées en Arabie saoudite et en Angleterre dans les prochains mois.
Posté 04 juin 2025 - 11:38
« Il y a cette poignée de joueurs qui est à risque parce qu'ils jouent trop, on le sait, constate Olivier Capel, président du comité médical de la Fédération française de rugby (FFR). On doit trouver une façon de réguler leur exposition au risque de commotion cérébrale sinon on le regrettera dans vingt ans quand ils auront justement des signes cognitifs. »
Dans cette quête sanitaire à la fois contre la montre et contre une menace toujours moins invisible, le docteur Capel et Julien Piscione, responsable des sciences du sport et de la performance à la FFR, présenteront ce mercredi devant Provale Solidarité (le fonds de dotation du syndicat des joueurs professionnels français) des pistes à exploiter « pour mieux contrôler l'exposition des joueurs pros à tous ces impacts à la tête tout au long de leur carrière ».
Certains voudraient qu'on détermine, au bout de cinq feuilles de match consécutives, un temps sans match et surtout sans contact quel qu'il soit à l'entraînement ; certains fixeraient plutôt un plafond en nombre de minutes jouées ; le syndicat international des joueurs propose, lui, douze semaines de repos dans la saison, une mesure plus facilement acceptable dans l'hémisphère Sud qu'en France ou qu'en Angleterre. Bref, chacun prêche pour sa chapelle.
Au milieu de cette zone d'intérêts divergents, le « protège-dents intelligent », devenu obligatoire sur les terrains de Top 14 en novembre, peut offrir une solution globale parce que super personnalisée. « Ça fait deux ans qu'on déploie cette technologie-là, indique Piscione. Et maintenant, on commence vraiment à interpréter les données des protège-dents. Oui, elles peuvent révolutionner le suivi du joueur. »
On connaît tous l'alerte que peut générer cet outil technologique en plein match, contraignant le joueur dont le dentier a bipé sur la tablette du médecin de match à quitter le terrain pour vérifier une potentielle commotion.
« L'alerte est importante, indique Piscione. Depuis le début de la saison, neuf de ces alertes ont détecté des commotions avérées que n'avaient pas repérées le médecin de match ou l'arbitre. Mais au-delà de l'alerte, cet outil nous donne accès aussi au nombre d'impacts répétés avec des "G" élevés pour tous les joueurs, ce qui nous permet de mesurer l'accumulation d'accélérations de la tête tout au long d'un match en fonction d'un certain nombre de seuils. La moyenne pour un joueur dans un match, c'est vingt accélérations de la tête supérieures à 5 G, dont cinq accélérations de la tête supérieures à 20 G et une supérieure à 40 G (on parle d'accélérations très courtes, mesurables en milliseconde). Mais il y a une très très forte variation en fonction des postes, bien sûr, mais aussi en fonction des profils de joueurs. On découvre des joueurs qui peuvent subir trois accélérations au-delà des 40 G dans un match. Ça ouvre même des portes sur des aspects techniques pour mieux les protéger (en travaillant leur technique de plaquage par exemple). C'est en s'appuyant sur ces données qu'il va falloir définir une vraie stratégie de régulation pour adapter la charge de travail d'un joueur, ses périodes d'entraînement sans impacts à la tête... »
Aujourd'hui, le nombre médian de matches joués par les joueurs en Top 14 a diminué en l'espace de dix ans. C'est un progrès. Mais au milieu de cette population mieux surveillée demeurent des individus plus à risque, à commencer par les internationaux dits premiums de Fabien Galthié. « Même s'il existe dans le rugby professionnel le consentement éclairé de celui qui joue, on cherche à diminuer ce risque et à les faire bien vieillir », rappelle le docteur Capel.
Est-ce que cela passera aussi par une baisse de la hauteur de plaquage, du sternum à la taille ? « C'est un questionnement qui a cours au sein de World Rugby, assure Piscione. En France, depuis 2019, nous avons rendu obligatoire, du plus bas niveau amateur jusqu'en Fédérale 2, le plaquage à la taille tout en interdisant pour le porteur de balle d'aller au contact en se baissant tête et buste en avant. On ne peut pas dissocier l'un de l'autre. Troisième point à cette règle : l'interdiction du plaquage à deux en simultané. Nous avons demandé à notre assureur de nous transmettre toutes les déclarations d'accidents qui ont été faites sur une période donnée. On est arrivé à environ 30 000 déclarations. Nous avons demandé à l'Isped (Institut de santé publique et d'épidémiologie) de Bordeaux d'analyser les accidents survenus en match. On a observé, dans les Championnats avec plaquage à la taille, une diminution de 55 % des blessures à la tête ou au cou, aussi bien pour le plaqueur que pour le plaqué. » Au sein de la DTN, la translation de cette règle au niveau des pros ne suscite pas le consensus. Mais le débat est sur la table.
Le mois dernier, le témoignage de Sébastien Chabal, avouant n'avoir « aucun souvenir d'une seule seconde d'un match de rugby que j'ai joué (...) ni de la naissance de ma fille », a remué le milieu du rugby. Il a aussi accéléré un projet lancé depuis l'été d'avant, consistant à réunir dans un même groupe cible le maximum de joueurs pros, anciens ou en activité, « présentant des symptômes au long cours de type cognitif, c'est-à-dire des troubles de la mémoire, de l'humeur », précise le docteur Capel. « On voudrait pouvoir suivre cette population et lui proposer les meilleurs examens (IRM, bilans biologiques...). Le fait de créer cette filière avec les premiers joueurs se plaignant de symptômes récurrents va nous permettre d'avancer sur le débat des séquelles à long terme des commotions. Plus on aura de joueurs dans cette filière, mieux on comprendra les ETC (encéphalopathie traumatique chronique). J'ai été le premier à dire à Sébastien (Chabal) de consulter pour qu'on évalue sa mémoire et qu'on lui propose des travaux de rééducation. Il ne faut pas laisser ces personnes dans la nature ».
Posté 04 juin 2025 - 18:50
Assis sur l'estrade d'un amphithéâtre d'une école de commerce du XIIIe arrondissement de Paris, ils étaient quatre joueurs et joueuses, pour certain(e) s retraité(e) s, à prendre la parole pour rendre compte ce mercredi de la réalité des commotions. Un fléau contre lequel luttent les instances médicales du rugby depuis plus d'une décennie. Un sujet remis en lumière de manière spectaculaire par le témoignage ce printemps de Sébastien Chabal.
Paul Willemse (32 ans, 32 sélections avec les Bleus), Romane Ménager (28 ans, 67 sélections), Jade Ulutule (32 ans, ancienne internationale à XV et à 7) et l'ex-footballeur Florent Duparchy (24 ans) ont pris son relais ce mercredi, réunis par Provale (le syndicat des joueurs de rugby professionnel), pour animer le premier volet du Grenelle des commotions, baptisé « Terrain de vérité, les commotions cérébrales vues par ceux qui les vivent ».
En arrêt maladie à cause des commotions - « j'en ai pris six en deux ans », précise-t-il, Willemse est ainsi revenu sur les différents chocs à la tête reçus durant sa carrière : « La première commotion, j'ai pris une hanche contre la tête. J'ai été comme dans un rêve et quand je me suis réveillé, j'étais au bord du terrain, 20 minutes étaient passées. Ça avait été bien géré par le staff, qui m'avait laissé prendre quelques semaines. Il y avait aussi eu des commotions que j'ai prises sans m'en rendre compte. Et quand j'avais regardé le match à la vidéo après, j'avais vu que j'étais resté trois ou quatre secondes en train de dormir après un ruck.
Personne ne l'avait vu sur le coup, parce que tout le monde était dans le ruck, il y avait une pénalité, une caméra avait bougé... ça m'avait laissé le temps de me remettre debout et de continuer à jouer, je ne savais même pas que j'avais perdu connaissance. Pour une autre commotion, je m'étais réveillé dans le local du médecin avec un bandeau sur la tête, sans savoir ce qui se passait. C'était la cinquième en un an et demi, alors j'avais eu quatre mois de récupération. Et le dernier match (contre le Stade Français, le 5 octobre dernier), sur mon premier ballon, j'ai reçu un plaquage comme j'en avais déjà pris mille dans ma carrière. Sauf que cette fois, ça m'a fait tomber direct. Je me suis dit, maintenant c'est clair, il y a un problème, une fragilité. »
Le deuxième-ligne n'a plus joué depuis et s'il n'a rien annoncé quant à son avenir, son président au MHR, Mohed Altrad, avait expliqué le mois dernier que le joueur se dirigeait vers une fin de carrière.
« Dans le sport de haut niveau, on est souvent dans le contrôle, la recherche de la maîtrise des émotions. Ne plus être en capacité de maîtriser, c'est dur à accepter. »
Romane Ménager
Florent Duparchy qui a quitté le milieu du foot et repris ses études, a fait part de ses problèmes de mémoire, comme Jade Ulutule qui a, elle, été contrainte de raccrocher il y a un an, avant les JO de Paris, en raison de commotions. « En septembre, j'avais des trous de mémoire, si j'allais faire mes courses, je pouvais passer quatre fois dans le même rayon et avoir toujours les mains vides, explique-t-elle. Je n'arrivais pas trop à savoir ce que je cherchais, il fallait que je me concentre. J'ai eu des améliorations depuis, ça va mieux, mais j'ai toujours des maux de tête, des oppressions crâniennes à peu près quotidiennes. Je suis très sensible aux écrans. J'ai aussi des troubles du sommeil, je peux faire des grosses insomnies entre 3 et 5 heures et me réveiller tous les matins avec un peu la gueule de bois, alors que je n'ai rien fait la veille. J'espère que ça va évoluer dans le bon sens. »
Son ancienne coéquipière Romane Ménager a, elle, dû renoncer il y a quelques semaines à participer à la Coupe du monde 2025 en Angleterre. Elle est arrêtée six mois et décrit ses séquelles : « Ça va de mieux en mieux, il y a des jours où je suis très bien et d'autres où je sens que je fatigue beaucoup plus facilement, je récupère moins bien. J'ai des maux de tête. Émotionnellement, j'ai eu une phase plus compliquée où j'avais du mal à gérer tout ça. Dans le sport de haut niveau, on est souvent dans le contrôle, la recherche de la maîtrise des émotions. Ne plus être en capacité de maîtriser, c'est dur à accepter. »
« Ca a été dur à accepter de ne pas jouer à cause de commotions. J'avais un peu mal à la tête mais pas rapport aux autres blessures que j'ai eues dans ma carrière, ce n'était rien. »
Paul Willemse
Un ressenti partagé par Paul Willemse, qui avoue avoir « toujours des difficultés à gérer le côté émotionnel de cette blessure ». Le deuxième-ligne a insisté sur le fait que l'image des commotions devait changer, notamment par les joueurs : « Tu joues avec une certaine confiance, une certaine image de toi-même. Ça te permet d'être performant dans ton rôle sur le terrain. Avec un ligament croisé ou un os pété, physiquement, tu sens que tu n'es plus capable donc tu acceptes d'être absent. Mais avec les commotions, il faut écouter des experts, qui te disent : tu ne joues pas. Mais tu ne sens pas ton corps qui te dit que tu ne peux pas. Là tu commences à douter, tu te dis : si je me sens bien, pourquoi je ne m'entraîne pas, pourquoi je ne joue pas ? Pour moi, la pression (de rejouer) venait de moi-même. Je viens d'Afrique du Sud, notre mentalité est des fois un peu dur, brute (rire). J'ai grandi avec ça. Si je prends un coup et que je peux me relever, alors je peux continuer à jouer. »
L'international aux 32 sélections continue : « ça a été dur à accepter de ne pas jouer à cause de commotions. J'avais un peu mal à la tête mais pas rapport aux autres blessures que j'ai eues dans ma carrière, ce n'était rien. C'est invisible. Mais c'est la blessure la plus grave avec les cervicales et ça doit être vu comme ça. C'est ton cerveau (...) Aujourd'hui, je crois qu'on est bien informés (sur les risques liés aux commotions), on sait que ça existe mais je ne crois pas qu'on se rende compte des potentiels problèmes qu'on peut avoir dans le futur, des risques. Là, il y a un truc à faire. Peut-être que les joueurs évitent d'y penser parce que ça fait peur, et tu ne peux pas jouer quand tu as peur. Moi, quand le docteur Brauge (neurochirurgien à Toulouse et en charge du dossier des commotions à la FFR) m'avait expliqué les problèmes de certains de ses patients, incapables de vivre normalement, ça m'avait choqué. »
Devant une cinquantaine de personnes, plusieurs spécialistes des commotions (notamment Olivier Capel, président du comité médical de la FFR, Jean-François Chermann, médecin spécialiste des commotions, Bernard Dusfour responsable de la commission médicale de la Ligue nationale de rugby et David Brauge) ont aussi porté un regard médical sur les commotions durant ce Grenelle, évoquant les progrès de la dernière décennie, rappelant certaines priorités, donnant des pistes de réflexion sur les travaux à faire dans les années à venir, chez les professionnels comme les amateurs.
Les pistes sont nombreuses : outils innovants, nouvelles règles pour mieux protéger les joueurs, campagne de sensibilisation etc. Mais l'enjeu est énorme. Et les principaux acteurs de ce sport ont tenu à le rappeler.
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