Années de Légende :
en 1993 , lorsque la course était totalement libre , certains skippers
descendaient au milieu des glaces jusque dans les 65° degrés Sud
dans l'Océan Austral en bordure de Mer de Ross .. !
Extraits :
Folle descente
" Il est loin ce temps de la première édition en 1989, quand le parcours était totalement libre. Mais contrairement à aujourd’hui, les treize concurrents avaient le droit à un conseiller à terre leur indiquant par radio ou télex la route optimale en fonction des prévisions météo. Eric Mas, de Meteo Consult, qui routait à l’époque Jean-Luc Van Den Heede, prof de maths au gabarit de bûcheron canadien à la barre de 3615 Met, un «cigare» en aluminium on ne peut plus spartiate, n’a pas oublié : «La compétition imposait d’être le plus possible à la corde de l’Antarctique, et VDH [le surnom de Van Den Heede, ndlr] avait bien compris qu’en naviguant le plus sud possible, la route était nettement plus courte.»
C’est ainsi que le marin décida de plonger jusqu’à 61°52 de latitude pour couper au plus court. «C’était de la folie furieuse, de la roulette russe ! Jean-Luc s’est retrouvé dans un champ de mines. Faute de budget, il n’avait pas de radar, juste un thermomètre afin de voir si la température de la mer variait brusquement, signe de la présence d’icebergs, poursuit le météorologue. Et quand, cerné par des blocs de glace, il m’a dit à la radio qu’il allait dormir les pieds en avant de crainte d’en percuter, je lui ai dit d’arrêter de jouer au c… et de remonter au nord même s’il fallait serrer le vent.»
Quant à Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe en 1993 et aujourd’hui conseiller sécurité de la course, sa folle descente par 65 degrés sud un an plus tard lors du BOC Challenge (le tour du monde en solitaire mais en quatre étapes) semble tirée d’une fiction : «J’ai décidé de partir plein sud pour échapper à une grosse tempête, et bien m’en a pris. Le Sud-Africain John Martin qui lui était resté plus nord a vu couler son bateau sous ses pieds, mais a miraculeusement été récupéré par son compatriote Bertie Reed qui arrivait derrière. Comme la pluie était givrante, régulièrement je faisais partir mon bateau au lof [le couchant volontairement] pour secouer le gréement et ôter la glace qui s’agglutinait sur le mât et dans les barres de flèche. Mais en coupant au plus court, mon avance est alors passée de 15 à 350 milles, même si j’ai cabossé ma coque (en aluminium) après avoir heurté des blocs de glace.»