C'est un phénomène, à qui il arrive des choses phénoménales. Demba Bamba est devenu hier le premier joueur de Pro D 2 convoqué dans le groupe France depuis Franck Montanella, en 2007. « Pour le coup, je me dis que ce n'est pas rien, a réagi le joueur de Brive sur lamontagne.fr. En plus, je n'ai que vingt ans. » Un âge de bébé pour un pilier, ce poste qui demande métier et maturité physique. S'il joue lors de la tournée de novembre (ce qui est probable), à vingt ans et huit mois, il sera le deuxième plus jeune pilier de l'histoire des Bleus derrière Jean-Paul Wolf (20 ans et 1 jour), devançant en précocité des grands noms comme Armand Vaquerin (20 ans et 9 mois), Sylvain Marconnet, Christian Califano (22 ans) ou Nicolas Mas (23 ans).
«Si au niveau Pro D 2 il existe, il peut avoir sa chance»
Depuis cinq mois et sa remarquable Coupe du monde des moins de 20 ans, on voyait Bamba comme l'avenir du quinze de France, mais Jacques Brunel a décidé d'en faire le présent sans s'arrêter à son niveau d'évolution ou à son âge, donc. « Ça ne me choque pas, réagit l'ancien sélectionneur, Philippe Saint-André. Il est puissant, costaud, il se déplace énormément. Il a de grosses qualités, de bonnes mains. Au niveau vitesse et rythme, la Coupe du monde des moins de 20 ans était plus près des standards du rugby international que le Top 14. Si au niveau Pro D 2, il existe, il peut avoir sa chance. » L'an passé, Bamba était entré cinq fois en jeu en Top 14. Cette année, il est titulaire et impressionnant au deuxième échelon. « La Pro D 2 est une très bonne école de formation pour les avants, note Marconnet. Est-ce que c'est trop tôt pour l'appeler en Bleu ? Il peut amener de la fraîcheur, une forme d'immaturité dont on a besoin. Est-ce qu'il sera prêt ? Comme tout pilier, il faudra être indulgent. Il se façonnera avec le temps. Il faut qu'il prenne de l'expérience et qu'il soit confronté aux exigences du très haut niveau. Tant que tu n'y es pas confronté... Quand j'ai débuté, j'ai pris une claque dans la gueule ! Pour durer, j'ai dû changer ma façon de penser et surtout de me préparer. »

La convocation de Bamba est une révolution aussi parce qu'elle envoie Rabah Slimani hors du groupe France. La raison de sa non-convocation est évidente : la sévérité des arbitres à son encontre au niveau international, ceux-ci lui reprochant de ne pas adopter la bonne liaison du bras droit avec son vis-à-vis. Maintenu par les différents staffs tricolores malgré ce souci, Slimani était passé de titulaire à remplaçant lors du dernier Tournoi, après un match à trois pénalités contre l'Angleterre. En Nouvelle-Zélande, en juin, il avait vu deux tests en tribune et n'était entré en jeu que 35 minutes. Son absence de la liste dévoilée hier sonne comme une adaptation pragmatique à un problème inextricable. Elle signifie peut-être la fin de la carrière internationale de Slimani.