Le lendemain, le pilier droit de Clermont était finalement rappelé après le forfait d'Uini Atonio, touché à un genou. Il devrait même être sur la feuille de match samedi soir face à l'Afrique du Sud, dans la rotation avec Cedate Gomes Sa, le jeune Demba Bamba (20 ans) semblant encore être un pari trop risqué pour défier les Springboks. « J'ai envie de montrer que je suis là et que le staff peut compter sur moi », assure Slimani, pas revanchard mais déterminé.
Numéro 1 dans la hiérarchie de Guy Novès il y a un an, le Clermontois avait donc dérapé hors du top 3 national à son poste. La première explication qui vient concerne sa fameuse liaison en mêlée, présumée être dans le viseur des arbitres internationaux. En clair, une main droite, qui ne saisit pas le gaucher adverse au dos ou au flanc comme l'impose le réglement mais au bras gauche. Une posture sanctionnable. Avec deux tests qui reviennent en (mauvais) exemple. La Nouvelle-Zélande l'automne dernier (18-38) : trois pénalités concédées en mêlée et un carton jaune. L'Angleterre lors du dernier Tournoi : même tarif, sans le carton jaune. Le week-end suivant, il sera remplaçant au pays de Galles, avant de se contenter d'une sortie de banc en Nouvelle-Zélande en juin lors du premier test.
«Il faut que je me relève plus vite, que je sois plus rapidement disponible»
« On me juge uniquement sur ces deux matches. Évidemment que je les ai mal vécus, que j'ai pu dire à chaud que j'en avais marre, que je ne comprenais pas, se rappelle-t-il. Mais on ne parle pas des matches où les arbitres ne m'ont jamais cassé la tête par rapport à mes liaisons. Vous évoquez des Anglo-Saxons qui me ciblent en mêlée mais je n'en connais pas tant que ça... J'ai essayé de comprendre à la vidéo, je sais ce qu'on a pu me reprocher sur ces matches-là, et je travaille pour rectifier ça. »
Rectifier et non tout changer, comme il tient à le souligner. Le boulot a commencé cet été avec Didier Bès, le responsable des avants clermontois. Il évoque une nouvelle posture pour envoyer un bon signal lors de l'entrée en mêlée. Travail qui semble payer en Top 14 pour le moment, mais qui ne suffira pas à le réinstaller pour de bon à droite de la première ligne française.
Car la mêlée n'est qu'une partie des devoirs donnés par l'encadrement de l'équipe de France à un pilier étiqueté « à l'ancienne », solide sur les phases statiques mais trop peu dynamique dans le jeu courant. « On m'a demandé de gagner en mobilité, d'être plus actif sur le terrain, confirme Slimani. Il faut que je me relève plus vite, que je sois plus rapidement disponible, ce sont des points faibles que j'essaie de gommer. » Sa préparation physique estivale à Clermont, établie en concertation avec l'état-major de Marcoussis, a été adaptée à ces besoins.
« Sur ce qu'il montre depuis le début de la saison, il est sur la bonne voie », estimait récemment son manager à l'ASM Franck Azéma. Les choses sont allées plus vite que prévu avec la blessure d'Atonio. Une nouvelle chance en bleu qui clôt les rumeurs d'une carrière internationale bouchée. Du moins pour les trois prochaines semaines.