Dix-neuvième journée du championnat. Toulon concède une nouvelle défaite sur la pelouse de Brive, l’un de ses concurrents directs du bas de tableau (17-10). Un revers inquiétant tant sur le fond que sur la forme.
Avant un déplacement primordial à Biarritz, Franck Azéma hausse le ton en responsabilisant son vestiaire. « Si tu n’es pas à 200%, tu ne passes pas. Il faut être constant et avoir de la régularité sur le terrain. Quand tu ne fais pas ça, oui tu mens aux mecs à côté de toi. Si tu mets une seconde et demi pour aller au ruck plutôt qu’un quart de seconde, c’est ça mentir ! C’est la réalisation des choses et des actes. Ce ne sont pas les phrases que tu vas dire dans les vestiaires. » Un coup de gueule qui a été suivi de faits.
Lors des deux rencontres qui ont succédé ce déplacement corrézien, le RCT a étrillé le BO chez lui (45-17) puis a largement dominé La Rochelle lors d’un match en retard (41-11). Entre ces deux succès, les Varois ont ramené un point de bonus défensif de leur rencontre à Montpellier (18-16).
Les vents mauvais ne semblent plus souffler sur la Rade. Il flotte au contraire comme un nouvel air sur le stade Mayol. Une atmosphère bien moins étouffante en tout cas.
Là est toute la patte de Franck Azéma qui a visiblement redonné du plaisir à tout un groupe qui en manquait cruellement jusqu’alors. Xavier Sadourny, qui connaît bien le technicien pour avoir évolué à ses côtés du côté de l’ASM, n’est pas surpris. L’entraîneur clermontois remarque surtout un état d’esprit changé. Comme si les joueurs avaient été libérés par le discours de leur entraîneur.
Enthousiasme et fraîcheur
« Il a redonné un peu de fraîcheur. On sent que les joueurs ont envie de prendre des initiatives. Quand on a des mauvais résultats, on a toujours tendance à se recroqueviller sur soi-même et c’est difficile d’évoluer. Franck a apporté cette dose supplémentaire de confiance et d’enthousiasme. Cela donne maintenant une équipe difficile à battre et un peu plus relâchée. »
Un sentiment largement partagé par les supporters du club au muguet. « Avant son arrivée, la première partie de saison avait été compliquée avec un vestiaire totalement fracturé. Certains joueurs n’adhéraient plus du tout au discours de Patrice Collazo. C’était vraiment conflictuel avec la naissance de clans dans le vestiaire. Franck Azéma a apporté de la sérénité. Et depuis janvier, on voit une équipe qui sourit à nouveau. Il y a vraiment du mieux au niveau de l’état d’esprit », souligne Julien Perpere, président de l’association de supporters des Fils de Besagne.
Pourtant, les choses ne sont pas installées immédiatement. On se souvient de la première rencontre de Franck Azéma sur le banc toulonnais où le RCT avait été dominé dans les grandes largeurs au Michelin (31-16). L’équipe avait eu du mal à enchaîner par la suite, avec des prestations sinusoïdales. Mais le Catalan n’est pas homme à lâcher.
« Il est arrivé dans une situation très compliquée, il fallait le temps qu’il prenne ses repères, analyse Morgan Parra. Il est en train de redonner à cette équipe le goût de travailler ensemble. Je connais un peu le personnage. Il véhicule totalement ses valeurs. Quand c’est difficile, pouvoir compter les uns sur les autres pour avancer.
Ils ont retrouvé cette hargne, cette grinta. J’ai l’impression que les joueurs savent à nouveau pourquoi ils jouent pour Toulon. Franck a voulu ramener tout cela devant. Engagement, état d’esprit, combat... c’est ce qui a fait la force de Toulon. Et le RCT a incontestablement retrouvé ces valeurs-là. »
Sur le terrain comme en coulisses d’ailleurs. Alors que l’on sentait une véritable fracture entre le club et le peuple « rouge et noir », Franck Azéma a parfaitement saisi qu’il ne fallait pas se couper de cette base-là pour redresser la barre.
Avant lui, l'ambiance devenait carrément invivable et il n’y avait plus aucune relation avec le club. Quand on croise Franck Azéma, il n’hésite jamais à s’arrêter pour discuter avec nous. Je crois savoir que les rapports avec les journalistes suivant le RCT se sont également vraiment apaisés. Le club avait vraiment besoin de calme et il a su amener cela. C’est incontestable. »
Arnaud Clergue (La Montagne - 24/03/2022)