Réforme du salary cap en Top 14 : Benoît Vaz explique ce qui va changer... ou pas pour l'ASM Clermont
Grâce à la réforme du salary cap, l’ASM Clermont va bénéficier d’une plus grande marge de manœuvre la saison prochaine. Mais elle n’en usera pas nécessairement. Le directeur général du club, Benoît Vaz, explique pourquoi.
Par Vincent Balmisse (La Montagne)
Publié le 24 décembre 2025 à 06h30
L’assemblée générale de la Ligue nationale de rugby (LNR), qui a eu lieu le 17 décembre à Aix-en-Provence, a accouché de profondes modifications du système de salary cap jusqu’alors en vigueur en Top 14. L’ASM va en profiter pleinement. Mais son directeur général, Benoît Vaz, également élu au comité directeur de la LNR, indique que le club n’utilisera pas à 100 % tout son salary cap.
Pouvez-vous d’abord nous rappeler la situation de l’ASM vis-à-vis du salary cap ?
Fut un temps, on avait pas loin de 12 millions d’euros de salary cap liés à notre nombre d’internationaux. À cette époque, on avait droit à 200.000 euros de bonus salary cap par international (*). Pour faire simple, du jour au lendemain, on est passé de 10 à 0 internationaux. Donc on était censé perdre 2 millions d’euros de salary cap d’un coup. Jean-Michel Guillon (président de l’ASM de 2020 à 2023, ndlr) avait alors obtenu de la LNR un “système de sauvegarde” qui disait qu’un club qui perd d’un seul coup beaucoup d’internationaux voit son salary cap non pas diminuer d’autant, mais de 200.000 euros par an. Quand on est arrivé à l’ASM avec le nouveau président Jean-Claude Pats, on avait un salary cap de 11,8 millions d’euros à gérer. La saison dernière, il était descendu à 11,6 millions. Cette année, à 11,4 et le prochain exercice potentiellement à 11,2 millions.
L’ASM possède donc, encore, un salary cap supérieur au plafond fixé par la LNR...
Le « vrai » salary cap aujourd’hui en vigueur en Top 14, sans bonus ou système de sauvegarde, est de 10,7 millions d’euros. À cela s’ajoute un bonus de 100.000 euros appelé “international seven”, dont bénéficient tous les clubs. Donc le plafond est aujourd’hui fixé à 10,8 millions d’euros. Cela signifie que notre mécanisme de sauvegarde nous donne encore l’année prochaine un bonus de 400.000 euros par rapport au plafond qu’on aurait dû avoir. Sauf que l’assemblée générale de la LNR est passée par là...
11,640 millions d'euros de salary cap en 2026-2027
À quels changements faut-il s’attendre ?
Lors de cette réunion a été acté, même si cela doit encore être voté au mois de février par le comité directeur (où Benoît Vaz est élu, ndlr), que le plafond du salary cap augmente dès la saison prochaine à 11 millions d’euros, plus 100.000 pour l’international seven. Tous les clubs auront donc 11,1 millions de salary cap au lieu de 10,8 aujourd’hui. Sachant qu’il y aura toujours 180.000 euros de bonus par international.
Cela change quoi pour l’ASM concrètement ?
Jusque-là, nous n’avions que Régis Montagne et Baptiste Jauneau qui figuraient sur la liste premium. Il y aura donc désormais en plus, Killian Tixeront. Ce qui signifie pour nous 540.000 euros de bonus (3x180.000, ndlr). On va donc finalement avoir un salary cap à 11,640 millions d’euros pour la saison 2026-2027.
Cela a-t-il donc une incidence sur le recrutement en vue de la saison prochaine ?
Salary cap ne veut pas dire budget, cela signifie simplement un droit à dépenser. C’est un plafond de masse salariale. Aujourd’hui, vue la situation du club, il est hors de question que l’on dépense des sous que l’on n’a pas. On est juste content de savoir que l’on a plus de la marge dans notre salary cap. Ce n’est pas pour autant qu’on l’utilisera à 100 % (ce qui est le cas aujourd’hui, ndlr). On a fait notre budget prévisionnel à 11,2 millions pour l’année prochaine. Si on a un peu de mou, tant mieux, mais ce n’est pas pour autant qu’on va casser les plafonds.
Mais, cette nouvelle règle de plafond de salary cap est corrélée à une autre décision majeure qui a été prise...
Laquelle ?
Il va y avoir une dégressivité des internationaux. Tout l’esprit de la réforme du salary cap est basé sur le fait que la LNR ne veut plus qu’il y ait un différentiel trop important entre le club qui a le moins de salary cap (celui qui n’a pas d’internationaux, ndlr) avec celui qui en a le plus. Aujourd’hui, Castres ou Montauban, qui n’ont pas d’internationaux, ont un salary cap à 10,8 millions. Le différentiel est donc de plus de 3 millions d’euros avec Toulouse qui compte 16 internationaux sur la liste premium. La Ligue propose donc que le différentiel maximum entre le club le moins doté et le plus doté soit désormais de 1,5 million.
Le Stade Toulousain dans le viseur
Pourquoi ce chiffre ?
La Ligue a réalisé des études qui montrent qu’au-delà d’1,5 million de différentiel de salary cap entre deux équipes, les matchs aller comme retour étaient systématiquement gagnés par l’équipe qui en a le plus. L’équité du championnat est en partie dévoyée, donc la règle qui est proposée pour y mettre fin, c’est qu’il y ait une dégressivité au niveau des plafonds de salary cap des internationaux. Ainsi, le premier international rapportera 240.000 euros, le deuxième 220.000, le troisième 200.000, etc., jusqu’à 0 après le dixième. Cela, pour que le cumul des internationaux rapporte au maximum 1,5 million de bonus.
C’est Toulouse qui devrait donc le plus pâtir de cette réforme...
Un club comme Toulouse va être en tout cas obligé de libérer des internationaux parce qu’il n’aura plus la capacité de les rémunérer dans son salary cap. S’il les libère, il faudra que d’autres clubs les accueillent. D’où la nécessité d’augmenter le plafond de salary cap des autres clubs. En ce sens, les internationaux seront répartis plus équitablement dans notre championnat. Mais cette mesure ne commencera que lors de la saison 2027-2028.
(*) Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 180.000 euros.
Dans un rapport annuel rédigé par Nexia S&A, la Ligue nationale de rugby a dévoilé comment les clubs de Top 14 utilisaient leur enveloppe dans le cadre du salary cap. Une étude menée sur la saison 2024-2025.
À l’image de l’ASM Clermont, la majorité d’entre eux utilisent la jauge maximale. Sept clubs sont en effet à 99 % ou plus de leur salary cap, dix au-dessus de 95 %. La Rochelle est le club qui tire le plus profit de sa jauge. À noter que l'USAP n’a utilisé que 73 % de sa capacité totale.
Utilisation du salary cap (en pourcentage de la capacité totale) : La Rochelle (99,5 %) ; Racing 92 (99,3 %) ; Union Bordeaux-Bègles (99,3 %) ; Stade Toulousain (99,2 %) ; Stade Français (99,2 %) ; RC Toulon (99,1 %) ; ASM Clermont (99,1 %) ; Section Paloise (97,2 %) ; Montpellier (96,8 %) ; LOU (95,1 %)?; Bayonne (89,5 %) ; Castres (88,9 %) ; Perpignan (73 %) ; Vannes (56,5 %).







