La façon dont Castres, sixième de saison régulière, a conquis son titre de champion de France, en juin dernier, avec notamment trois matches de phase finale disputés avec une maîtrise et un engagement épatants, a forcément marqué les esprits. Au point de conduire la rubrique Rugby de L'Équipe à élire neuf joueurs du CO dans son équipe type de l'année. Un vrai plébiscite, complété ici ou là par quelques talents marquants. À noter que le deuxième-ligne du Racing, Nakarawa, et le troisième-ligne aile du LOU, Gill, figuraient déjà dans l'équipe type l'année dernière.
Quand nous avons soumis ce choix au deuxième-ligne et capitaine de Castres Rodrigo Capo Ortega, lui-même présent dans ce quinze de prestige, sa première réaction fut : «Waouh, quelle équipe !» Le colosse uruguayen de trente-huit ans a apprécié les complémentarités évidentes en deuxième ligne entre Nakarawa et lui-même, au centre entre Combezou et Radradra, voire en troisième ligne entre le ferrailleur Babillot, le mobile Gill et le percutant Tulou. «Vous savez quoi ?», a-t-il fini par nous lâcher. Non ? «Bah, j'aimerais que cette équipe puisse un jour être composée le temps d'un match. Ça aurait vraiment de la gueule.»
R. Capo Ortega : «Ça n'a pas toujours été facile pour lui, il a passé des saisons à être plus remplaçant que titulaire, ou à jouer un coup 15, un coup 10. Là, il s'est fixé à l'arrière et a sorti une saison magnifique. Il nous offre une tranquillité au fond du terrain, parce qu'il est toujours présent sous les chandelles et sait quand il faut relancer ou jouer au pied.»
Chris Ashton, Toulon (Angleterre)«Le finisseur, quoi ! C'est un joueur fasciné par la ligne adverse. Marquer lui donne une détermination incroyable. Il est puissant et adroit et sait aussi quand il doit faire une passe ou foncer tout droit. Avec ses plongeons, il fait le bonheur des photographes !»
Semi Radradra, Bordeaux-Bègles (Fidji)«Très bon en attaque, puissant, explosif, capable de te faire des crochets sur un carrelage (sic), de te laisser stupéfait et assis par terre. Pour résumer, un joueur très dangereux qui sait autant jouer des coups en solo que faire jouer derrière lui.»
Thomas Combezou, Castres (France)«Il comprend très bien le rugby, surtout en défense. Sans être un monstre physique, il arrive à mettre des cartouches parce qu'il prend toujours l'adversaire au moment où il est le plus vulnérable. C'est aussi un joueur qui communique beaucoup sur le terrain pour replacer ses partenaires.»
Cheslin Kolbe, Toulouse (Afrique du Sud)«Il met le feu partout. Il a des appuis qui te laissent sur le cul la plupart du temps. Et comme il est explosif, il avance presque toujours à l'impact malgré son gabarit. J'aime aussi la façon qu'il a de chercher du travail sur le terrain. C'est très important pour une équipe d'avoir un ailier qui se propose partout. Il offre beaucoup de solutions. C'est un joueur énorme.»
Benjamin Urdapilleta, Castres (Argentine)«Il a connu des hauts et des bas dans ses tirs au but, mais quelle technique, quelle lecture du jeu et quel tempérament ! J'ai rarement vu des ouvreurs plaquer autant que lui. Cette saison, en plus, comme River Plate est championd'Amérique du Sud, il va être encore meilleur !»
Rory Kockott, Castres (Afrique du Sud)«Un joueur extraordinaire quand il ne se met pas la tête dans le seau. Aussi fort au pied qu'à la main, qui arrive à gratter des ballons dans les rucks et qui sait aussi faire sortir ses adversaires de leur match. On dit souvent qu'il n'est jamais meilleur qu'en phase finale, quand ça devient vraiment important. Mais n'est-ce pas à ça qu'on reconnaît les très grands joueurs ?»
Alex Tulou, Castres (Nouvelle-Zélande)«Une force de la nature. Quand il est bien dans sa tête, il est capable de gagner la ligne d'avantage sur chaque intervention. Comme il va très vite, il est dur à l'impact. Il est très complémentaire de Mama Vaipulu, l'autre n°8 du CO. Mama est plus présent en défense, quand lui est plus efficace en attaque.»
Liam Gill, LOU (Australie)«Le joueur complet par excellence, très régulier. Il est partout en défense, gratte des ballons dans les rucks et a ce talent d'être toujours bien placé en attaque parce qu'il lit très bien le rugby. C'est aussi un troisième-ligne hyper à l'aise en touche. C'est le type de mec qui ne fait pas trop de bruit mais qu'on voit partout sur le terrain.»
Mathieu Babillot, Castres (France)«Un super mec qui donne tout pour le collectif. Sur un terrain, c'est un chien qui ne lâche jamais un millimètre. Il est tout le temps sur le ballon, plaque, se relève, plaque encore, gratte un ballon de temps en temps, il n'arrête jamais. C'est aussi un leader qui a la tête sur les épaules et qui sait faire passer ses messages tranquillement, sans élever le ton. Il est très respecté dans le groupe.»
Rodrigo Capo Ortega, Castres (Uruguayen)«Je n'oublierai jamais mon premier titre avec Castres (2013), mais celui-là est encore plus fort parce qu'il m'a permis de réaliser le rêve de soulever le Brennus en tant que capitaine. Je n'avais pourtant pas démarré les deux premiers matches de la phase finale contre Toulouse et le Racing, mais j'ai débuté le plus important, la finale, où je n'ai déçu personne.»
Leone Nakarawa, Racing 92 (Fidji)«Un grand trois-quarts qui joue deuxième-ligne. Il a tout : la force, la vitesse et cette virtuosité gestuelle qui lui permet de jouer debout dans la défense après contact. En plus, il fait deux mètres, pèse 130 kg (sic), saute en touche, court partout et vite, fait des crochets pour t'éliminer et sait parfaitement utiliser ses mains pour raffûter. Un mec comme ça, si tu ne le plaques pas en bas, t'es mort.»
Daniel Kotze, Castres (Afrique du Sud)«C'est un boeuf, un teigneux, un bosseur, un mec qui aime profondément la mêlée. Après chaque match, il ne manque jamais de revoir les mêlées à la vidéo pour essayer de corriger ses éventuelles erreurs. C'est un régal pour moi de pousser derrière un tel perfectionniste. Je sais que si je pousse bien, il va avancer.»
Jody Jenneker, Castres (Afrique du Sud)«Un joueur puissant en attaque comme en défense, qui gagne toujours la ligne d'avantage quand il porte le ballon. En mêlée, c'est le patron. Quand tu entres sur le terrain avec lui, tu es tranquille, parce qu'il connaît le métier.»
Dany Priso, La Rochelle (France)«C'est le pilier moderne dans toute sa splendeur, à la fois fort et puissant en mêlée et très mobile dans le jeu. Un joueur qui se déplace beaucoup et qui aime toucher le ballon. Je le trouve déjà très solide pour son âge, il a tout l'avenir devant lui.»