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Fidji


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45 réponses à ce sujet

#31 Gourine63

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Posté 08 août 2023 - 09:12

A noter qu'on peut agresser sa femme et partir à la CdM malgré tout. Tout espoir n'est pas perdu Momo


Et Buckaroo n'a pas fait de lettre à la fédé ? Indignation à géométrie variable quoi, les mecs ont autant de zobs que d'avis.

#32 Buckaroo

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Posté 08 août 2023 - 10:00

Et Buckaroo n'a pas fait de lettre à la fédé ? Indignation à géométrie variable quoi, les mecs ont autant de zobs que d'avis.

Quand on bat sa femme, l'important, c'est de ne pas se faire prendre. C'est ça qui m'embêtait vraiment avec Haouas.


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#33 USMV

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Posté 08 août 2023 - 11:40

A noter qu'on peut agresser sa femme et partir à la CdM malgré tout. Tout espoir n'est pas perdu Momo

Comment ça ?

Cf le sujet Vern Cotter

Exactement. Mais bon quand tu écoute Fiji Rugby, comme pour Peceli, cest pour « raisons personnelles » à chaque fois 😂 vraiment dommage pour cette équipe en tout cas

#34 pims

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Posté 08 août 2023 - 12:01

Comment ça ?
Exactement. Mais bon quand tu écoute Fiji Rugby, comme pour Peceli, cest pour « raisons personnelles » à chaque fois vraiment dommage pour cette équipe en tout cas

Vinaya Habosi a été licencié de la Drua pour ça juste avant de rejoindre le racing



#35 USMV

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Posté 08 août 2023 - 14:57

Vinaya Habosi a été licencié de la Drua pour ça juste avant de rejoindre le racing


Il me semble plutot quil a été licencié pour un accrochage avec un partenaire.
Jai entendu dire que la fédération avait pas trop apprécié que sa tête daffiche de la 1ere saison, parte pour un gros contrat en Europe, et quils sétaient servi du premier « petit » problème pour le virer.

#36 el landeno

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Posté 30 septembre 2023 - 06:14

Flamboyants sur le terrain, démonstratifs avec les spectateurs : les Fidji, nouveaux chouchous du public français Par leur jeu spectaculaire, leurs personnalités et leur lien avec la France, les Fidjiens, qui affrontent la Géorgie samedi après-midi (17 h 45), sont les chouchous du public depuis le début de la Coupe du monde.

Une douce musique d'ascenseur, le tintement d'une tasse de café contre sa soucoupe, quelques salutations murmurées. Puis, soudainement, de grands éclats de rire. Deux premières armoires à glace apparaissent, se mettent des pichenettes et se tortillent comme des gosses à la récré. Les trois suivantes, pas moins épaisses et habillées du clivant claquettes-chaussettes, font admirer leur voix de baryton. Une autre, le polo blanc aussi froissé que la barbe abondante est bien taillée, débarque avec une énorme enceinte, celle qui crachera du Sean Paul le lendemain matin lors de l'entraînement du capitaine au Matmut Atlantique.

 
 

Le trois-quarts Semi Radradra la pose dans la salle de vie des joueurs fidjiens, dont l'arrivée, jeudi en début d'après-midi, a transformé l'atmosphère guindée de cet hôtel select de Bordeaux en une ambiance de colo de vacances. Ça se chambre autour d'une partie de billard, ça gratte quelques airs de guitare sur un canapé trois places qui paraît bien rabougri avec ces paires de cuissots-là, et ça se présente en conférence de presse en lançant à la volée un enthousiaste « Bonjour ! » en français dans le texte.

« On a une connexion profonde avec la France. Le fait qu'il y ait des Fidjiens en Top 14 et en Pro D2, ça joue »

Simon Raiwalui, le sélectionneur des Fidji

 
 
 

Les Fidjiens se plaisent en France, et elle le leur rend bien. « La France, c'est spécial pour nous », sourit le capitaine Waisea, qui a passé les onze dernières années de sa carrière entre Paris, au Stade Français, et Toulon. « On a une connexion profonde avec la France, confirme le sélectionneur Simon Raiwalui, qui a lui aussi vécu onze ans dans l'Hexagone. Le fait qu'il y ait des Fidjiens en Top 14 et en Pro D2, ça joue. » Sur les 33 mondialistes, 14 évoluent ou ont évolué dans les championnats français.

C'est notamment le cas de Radradra, passé par Toulon, Bordeaux et qui s'est engagé à Lyon pour les deux prochaines saisons« J'ai l'impression qu'en France, tout le monde considère les Fidji comme sa deuxième équipe, observe-t-il. Le public nous pousse en permanence, ça nous donne vraiment de l'énergie. On est très loin de chez nous donc ça fait un bien fou de sentir le soutien des supporters. »

 
 
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Semi Radradra salue le public de Saint-Étienne, lors de la victoire face à l'Australie. (A. Martin/L'Équipe)

Face au pays de Galles à Bordeaux (défaite 32-26) puis davantage encore contre l'Australie à Saint-Etienne (victoire 22-15), le public français avait choisi son camp. « Je pense que c'est lié à la façon de jouer au rugby des mecs, leur état d'esprit sur le terrain », estime Raiwalui. « Alors que le rugby est de plus en plus dans des figures imposées, eux s'inscrivent beaucoup plus dans l'artistique, explique Jean Touzeau, maire de Lormont, en Gironde, où les Fidjiens ont installé leur camp de base. Le rugby est vraiment un jeu pour eux. »

« Quand ils jouent, ils ont le sourire, acquiesce l'Australien Mick Byrne, entraîneur des Drua, le seul club fidjien qui évolue en Super Rugby. Les gens qui regardent du rugby de manière occasionnelle peuvent parfois trouver ce sport ennuyeux, ils ont besoin de vibrer, de dire "Waouh !" Ces moments se produisent plus souvent quand les Fidjiens sont sur le terrain. Et quand bien même leur jeu est de plus en plus structuré, ils offriront toujours des actions magistrales. »

Chants religieux et foi inébranlable

Et des moments suspendus, notamment lorsqu'ils se rassemblent, en cercle, pour chanter, avant ou après les matches, dans le car qui les amène au stade ou dans leur salle de sport. « Ce sont souvent des chants religieux, c'est leur foi qui s'exprime, explique Byrne. C'est une partie puissante de leur culture. » Vendredi dernier, Charles III était de passage à Bordeaux. Présents ce jour-là, joueurs et membres du staff fidjiens ont formé une haie d'honneur autour du roi du Royaume-Uni et lui ont chanté une prière.

« Ce que les gars ont fait, c'est ce que les guerriers d'un village feraient pour protéger leur chef », indique le préparateur physique Nacanieli Cawanibuka. En retour, Charles III leur a souhaité bonne chance pour leurs prochains matches. Peut-être sans savoir qu'en cas de victoire bonifiée samedi après-midi face à la Géorgie, les Fidji valideraient leur qualification pour les quarts de finale, où ils retrouveraient vraisemblablement... l'Angleterre. Pour un crunch revisité.

 
 

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#37 Gourine63

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Posté 30 septembre 2023 - 07:20

Ah les profiteurs, ils se trouvent des familiarités de partout les mecs. On dirait des gitans avec leur cousinade internationale. B)
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#38 Ptolémée

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Posté 30 septembre 2023 - 11:04

les revoir jouer c'est juste un grand plaisir !



#39 el landeno

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Posté 08 octobre 2023 - 08:00

« Un rapport différent à la mort » : pourquoi Tuisova continue la Coupe du monde Informé du décès de son fils de 7 ans juste avant le match contre la Géorgie samedi dernier, Josua Tuisova a décidé de rester en France pour la Coupe du monde. Il sera titulaire dimanche soir contre le Portugal (21 heures). Il manque un point aux Fidjiens pour se qualifier pour les quarts de finale.

Sur le bandage qu'il porte à l'avant-bras gauche, où il avait pris l'habitude, lors de ses débuts en Top 14 à Toulon, d'écrire « papa », « maman » et « Phili 4:13 », un verset de la Bible, peut-être Josua Tuisova inscrira-t-il cette fois « Tito ». C'est le prénom de son fils, décédé la semaine dernière à l'âge de 7 ans, des suites d'une longue maladie.

 
 

Le trois-quarts centre fidjien de 29 ans a appris sa disparition samedi dernier. « Juste avant le match contre la Géorgie », indique son frère, Pio Tuwai, ancien international fidjien à 7. C'est son père, Isikeli Ratulevu, qui lui a annoncé la terrible nouvelle, d'après des médias locaux. Malgré les circonstances dramatiques, Tuisova a tenu sa place face aux Lelos, à Bordeaux. Même s'il a été discret offensivement et a écopé d'un carton jaune en fin de partie pour un plaquage haut, il a participé à la victoire des siens (17-12) grâce à son activité défensive.

Huit jours plus tard, le futur joueur du Racing 92 sera de nouveau sur la pelouse, à Toulouse, pour le dernier match de poules des Fidji, qui n'ont besoin que d'un point face au Portugal dimanche soir (21 heures) pour assurer leur qualification en quarts de finale.

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Josua Tuisova avant le coup d'envoi de Fidji-Géorgie. (N. Luttiau/L'Equipe)
 
 

Associé à son capitaine Waisea, le surpuissant premier centre (1,81 m, 113 kg) a donc décidé de rester en France plutôt que de rentrer au pays et d'assister aux funérailles. Elles ont eu lieu mardi à Votua, dans l'église catholique du village où Tuisova avait commencé le rugby, à 9 ans. « Ses parents aux Fidji ont rendu hommage à son fils en son nom, explique Pio Tuwai. C'est malheureux qu'il n'ait pas pu être présent, mais il va continuer à représenter les Fidji malgré les circonstances. »

Son choix, personne, au sein du groupe fidjien, ne le commentera publiquement. « Josua nous a respectueusement demandé de ne pas en parler donc nous n'en parlerons pas », s'est excusé le sélectionneur Simon Raiwalui en début de semaine. « Pour les Fidjiens chrétiens, bien sûr la mort de n'importe quel proche est difficile à surmonter, mais nous croyons que tout ce qui arrive dépend de la volonté de Dieu et nous trouvons du réconfort dans la prière et les mots de l'Esprit Saint dans la Bible », détaille le joueur Josua Kerevi, frère du Wallaby Samu Kerevi et d'origine fidjienne.

« Ils sont d'un stoïcisme extraordinaire. Ils ont cette force face au malheur grâce à la narration religieuse. C'est comme ça qu'ils surmontent ces épreuves. Il y a une forme de détachement »

Franck Boivert, ancien DTN de la fédération fidjienne

 
 
 

« Ils expliquent tout par la religion », confirme Franck Boivert. Ancien DTN de la Fédération fidjienne de rugby puis directeur de l'académie de Nadroga, où il a notamment fait éclore Peceli Yato et Alivereti Raka, l'homme de 71 ans, expatrié pendant vingt-cinq années dans l'archipel, n'est pas surpris par la décision de Tuisova.

« Ils ont un rapport différent à la mort », affirme-t-il. Il se souvient, notamment, d'un enterrement auquel il avait assisté, celui du fils de Sireli Bobo, ancien international fidjien passé par Biarritz et le Racing 92. « J'étais espanté : ils sont d'un stoïcisme extraordinaire, rembobine-t-il. Ils ont cette force face au malheur grâce à la narration biblique, religieuse. C'est comme ça qu'ils surmontent ces épreuves. Il y a une forme de détachement. »

Nul doute que toutes les pensées des joueurs fidjiens, lorsqu'ils se rassembleront pour chanter avant le match, puis au moment de poser un genou à terre et de prier au coup de sifflet final, iront vers Josua Tuisova et son fils, Tito.

Besoin d'un point pour se qualifier
Les Fidji n'ont pas terminé le travail, samedi dernier contre la Géorgie, en s'imposant sans le bonus offensif (17-12). Il leur manque donc un point pour dépasser l'Australie, qui espère encore un miracle, et terminer à la deuxième place de la poule C. « C'est une finale pour nous », annonce le capitaine Waisea avant de défier le Portugal, pour un match qui s'annonce très ouvert à Toulouse. « Le Portugal est l'une des révélations du tournoi, indique l'entraîneur adjoint Glen Jackson. Tout le monde adore les regarder jouer. Leur rugby d'attaque est génial. Ils ont fait nul contre la Géorgie (18-18) et ils auraient pu gagner, donc on sait que ça va être difficile. » Appelé dans le groupe après le forfait de l'ouvreur titulaire Caleb Muntzle polyvalent Castrais Vilimoni Botitu (25 ans) honorera la deuxième titularisation de sa carrière à l'ouverture en sélection. Q. M.
 

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#40 Ptolémée

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Posté 08 octobre 2023 - 08:35

Fidji - Portugal ce soir à 21h 

je vais pas le louper ce match , toujours un régal de voir les Fidjiens 



#41 leberger

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Posté 08 octobre 2023 - 09:22

Fidji - Portugal ce soir à 21h 

je vais pas le louper ce match , toujours un régal de voir les Fidjiens 

et les portugais sont plaisant à voir jouer, même si ce soir ils devraient prendre un peu cher ...



#42 Gourine63

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Posté 08 octobre 2023 - 09:32

Fidji - Portugal ce soir à 21h 
je vais pas le louper ce match , toujours un régal de voir les Fidjiens 


Pas le match avec le plus grand suspense mais ça devrait être enjoué effectivement.

#43 el landeno

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Posté 12 octobre 2023 - 19:49

Mick Byrne, entraîneur des Fijian Drua en Super Rugby : « Ils ne savaient pas jouer à XV » Entraîneur des Fijian Drua en Super Rugby, l'Australien Mick Byrne (64 ans) raconte l'apport de la franchise à l'équipe nationale des Fidji et son travail auprès de joueurs talentueux mais plus habitués au « rugby de plage » qu'au rugby à XV.

« Les Fijian Drua ont intégré le Super Rugby il y a deux ans. À quel point cela a-t-il apporté à l'équipe nationale, qui défie l'Angleterre, dimanche en quarts de finale de Coupe du monde ?
Ça nous a permis d'obtenir une profondeur d'effectif jamais vue auparavant. Dix-huit joueurs des Drua sont à la Coupe du monde (17 après le forfait de Caleb Muntz). Tous ont effectué deux préparations et deux saisons de Super Rugby. C'est plus facile de développer un lien que quand les mecs viennent des quatre coins d'Europe. Ça a fait gagner beaucoup de temps pour bâtir un groupe uni. Les Fidji ont depuis longtemps un quinze titulaire très performant, mais l'écart avec les remplaçants s'est considérablement réduit grâce au travail effectué ici.

 
 

Avoir un club fidjien en Super Rugby peut-il aider l'équipe nationale à conserver ses plus grands talents, plutôt que de les voir jouer pour les Wallabies ou les All Blacks ?
C'est certain. On vient d'ailleurs de signer deux gamins que les Crusaders et les Hurricanes avaient repérés et voulaient recruter et qui seraient probablement devenus All Blacks. On commence à entendre des jeunes dire : "Je veux devenir un joueur international fidjien. J'ai envie de rendre fier mon peuple et mon village". C'est assez nouveau.

Il y a deux ans, on a essayé de recruter des jeunes fidjiens talentueux. Mais la plupart nous disaient : "Je veux rester en Nouvelle-Zélande et jouer pour les All Blacks". Quand ils étaient partis, les Drua n'étaient pas en Super Rugby. Maintenant qu'on est compétitifs, de plus en plus de jeunes se disent qu'ils peuvent réussir ici, devenir internationaux et, s'ils sont vraiment forts, signer un gros contrat à l'étranger, gagner beaucoup d'argent et mettre sa famille à l'abri. Ils voient, avec les Drua et les Fidji, un chemin vers l'indépendance qui, auparavant, n'existait qu'en partant en Nouvelle-Zélande ou en Australie.

« Cette équipe manquait cruellement de technique. Je différencie le talent de la technique. Car nos joueurs étaient très, très talentueux »

 

 
 
 
 
 

Comment s'étaient passés les débuts des Drua en Super Rugby ?
Ça a été vraiment difficile. On a démarré mi-novembre 2021 et, dès le premier jour, j'ai pris conscience qu'il allait falloir serrer la vis. Parfois, je les ai peut-être trop poussés, mais il y avait du boulot. On avait peu de temps pour le premier match fin janvier. Les mecs n'étaient pas suffisamment prêts physiquement. En trois mois, l'ensemble de l'effectif a perdu 135 kg. Ça montre le boulot accompli. Malgré ça, on a perdu quelques gros matches parce qu'on n'était pas prêts à soutenir l'intensité nécessaire. Sur certaines périodes, on était au niveau, mais on était aussi notre pire ennemi. Donc la première saison a été délicate (Les Drua ont terminé avant-derniers avec 2 victoires et 12 défaites).

Dans quels domaines partaient-ils de loin ?
Cette équipe manquait cruellement de technique. Je différencie le talent de la technique. Car nos joueurs étaient très, très talentueux. Le talent, c'est ce que tu fais naturellement. Aller au contact et réussir un offload, courir vite, plaquer au buste, casser des plaquages, franchir, mettre des gros tampons... Mais la technique, pour un avant, c'est être capable de faire la bonne course vers le ballon, d'attraper le ballon tout en sprintant puis d'enchaîner avec une bonne passe ou en conservant le ballon sans le dégueuler. Ça, ils ne l'avaient jamais appris : ils n'avaient jamais joué à autre chose qu'à un rugby d'instinct, sur la plage, sans contact. Ils ne savaient pas réellement jouer au rugby à XV.

C'est-à-dire ?
Par exemple, nos avants ne savaient pas faire les bonnes courses, ils ne savaient que péter dedans. Et nos arrières couraient sur la largeur, sans vraiment comprendre comment se placer. Ils avaient ce besoin de toucher beaucoup le ballon. Dès que ce n'était pas le cas, ils faisaient des mauvais choix comme conserver le ballon et être pénalisés au sol. On devait apprendre des techniques pour devenir plus cliniques. Lancer, porter, sauter, bosser le jeu de jambes pour offrir la bonne course au porteur, attraper le ballon, le relâcher suffisamment vite, etc. Des choses basiques que les autres apprennent quand ils sont enfants.

« Ici, ils jouent au "touch", du rugby sans contact. Leur instinct est de passer le ballon avant d'être plaqués. C'est quelque chose qu'il fallait rectifier »

 

 
 
 

L'équilibre entre structurer leur jeu et laisser leur instinct s'exprimer est-il fragile ?
Au début, oui. Ici, ils jouent au "touch" rugby, du rugby sans contact sur la plage. Dès que tu es touché, le ballon est rendu à l'adversaire. Donc depuis qu'ils sont petits, ils ont l'habitude de tout faire pour éviter le contact. C'est leur instinct. On parle de comportement cognitif. Le leur est de passer le ballon avant d'être plaqués. C'est quelque chose qu'il fallait rectifier.

Ensuite, ce qu'il faut comprendre, c'est que le jeu structuré qu'on devait développer - le lancement de jeu derrière une touche, une mêlée et les premiers temps de jeu - ne représente qu'environ 60 % du jeu. Les 40 % restants, c'est un lancer en touche trop long, un en-avant au contact, un mauvais jeu au pied qui offre un bon ballon de relance. Durant ces 40 %, on ne peut pas anticiper comment on va récupérer le ballon. C'est là que le talent naturel de nos joueurs doit s'exprimer. Parce que dès qu'il y a un turnover et que ça devient un simple jeu de courses et d'offloads, les mecs sont injouables.

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Frank Lomani (au premier plan) joue aux Fijian Drua. (N. Luttiau/L'Équipe)

Il fallait donc qu'ils soient patients ?
Le message transmis aux joueurs c'était : quasiment la moitié du jeu correspond à vos qualités naturelles, attendez que ces moments arrivent pour vous amuser. Et pour profiter de ces moments, construisons une structure solide qui nous rende efficace sur les autres 60 % : enchaîner les temps de jeu, défier l'adversaire sur la ligne d'avantage, nettoyer la zone de rucks, déblayer proprement, présenter le ballon comme il faut après avoir été plaqué, gratter les ballons en étant bien sur nos appuis.

Puis donner le ballon aux arrières pour jouer des un contre un. Apprendre des combinaisons, les répéter, aller de plus en plus vite pour que ces situations de surnombre ou de un contre un se présentent plus souvent. On les entraîne sur ces 60 %. Les 40 % restants leur appartiennent. Ils savent quoi faire : accélérer, casser le plaquage, donner après contact... Et si notre joueur est plaqué, on se remet dans la structure des 60 % jusqu'à la prochaine opportunité.

Tout ça vous a permis d'atteindre les quarts de finale du Super Rugby dès votre deuxième saison (défaite 49-8 contre les Crusaders, futurs champions)...
C'était une grande réussite pour les joueurs. Pas grand monde ne nous en croyait capables. Notre progression a été excellente. Maintenant, pour la poursuivre, on doit devenir plus tueurs. Quand tu as trois essais d'avance, c'est que tu joues bien. Mais ça nous est arrivé plus d'une fois de finir sans le bonus offensif, voire de laisser un bonus défensif à l'adversaire, parce qu'on se relâchait et on le laissait revenir.

« On n'a pas notre propre terrain d'entraînement. Parfois, on va sur un terrain municipal. Parfois, on se retrouve à s'entraîner sur un terrain de golf, sans ligne ni poteaux »

 

 
 
 

Vous avez entraîné en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande. Entraîner aux Fidji, est-ce un autre métier ?
Il a fallu que je m'adapte, que je comprenne que ce n'est pas parce qu'ils avaient l'air détendus, la tête ailleurs, qu'ils n'étaient pas motivés ni travailleurs. En fait, ils sont naturellement relax et désinvoltes, tout semble glisser sur leurs épaules, c'est leur façon d'être et de vivre. Mais à l'intérieur, dans leur coeur, ils sont là pour réussir. Au début, j'avais vraiment l'impression qu'ils s'en foutaient. J'ai vite compris que pas du tout. Leur fonctionnement ce n'est pas "on le fait maintenant", mais "ça finira par être fait". Sauf que, pour être performant, ça ne peut pas toujours attendre.

Dans quels cas ?
Quand quelque chose ne se passe pas comme prévu. Il n'y a aucune panique. Plusieurs fois, l'an dernier, le car qu'on prend pour aller à l'entraînement n'était pas à l'heure. Horaire fidjien, m'expliquait-on. Ça n'inquiétait personne. J'ai été dans des clubs où la moitié de l'équipe aurait fulminé. Là, pas du tout. Ils s'assoient, écoutent de la musique, font une sieste de dix minutes. Puis le car arrive avec vingt minutes de retard et ils montent dedans comme si de rien n'était, sans stress.

Sont-ils faciles à entraîner malgré des conditions pas simples ?
Les conditions ne sont pas tout le temps optimales. Par exemple, on n'a pas notre propre terrain d'entraînement. Parfois, on va sur un terrain municipal mais il est réservé par une école. Parfois, il y a une équipe de foot qui s'y entraîne. Et parfois, on se retrouve à s'entraîner sur un terrain de golf, sans ligne ni poteaux. Les joueurs font avec. Ils sont faciles à entraîner. Ils veulent devenir meilleurs. Maintenant, on a une super salle de sport. Les mecs n'ont jamais eu ça, ils en sont fiers, ils en prennent soin, ils l'entretiennent et la nettoient. Une fois qu'ils sont sur le terrain, c'est dur de les canaliser. Ils sont à fond en permanence.

« Quand ils sont en cercle et qu'ils chantent, c'est leur foi qui s'exprime. C'est une partie puissante de leur culture »

 

 
 
 

Vous avez découvert une nouvelle culture, aussi ?
On commence chaque journée par un chant religieux. Parfois, on chante à la fin de l'entraînement puis en fin de journée. Il y a aussi des chants en salle de gym, pas tout à fait les mêmes. Même à la muscu, ils s'amusent. Ils peuvent danser, chahuter un peu. Mais quand il faut soulever de la fonte, ils n'y vont pas à moitié. Quand ils sont en cercle et qu'ils chantent, c'est leur foi qui s'exprime. C'est une partie puissante de leur culture.

Comment vivez-vous la Coupe du monde depuis les Fidji ?
Je vis dans un petit village qui s'appelle Nasoso. Quand on a battu l'Australie (22-15), si je baissais le son de ma télé, je pouvais entendre toute la ville crier. Il était quatre heures du matin, mais tout le monde était devant son poste. Dès qu'il y avait un franchissement, les gens hurlaient. Quand le match s'est terminé, certains sont allés au boulot sans avoir dormi (sourire). Mais ce qui me marque ici, c'est que les gens ne laissent pas un match de rugby dicter leur vie, leur attitude ou leur bien-être. Que les Fidji gagnent ou perdent, ils restent les mêmes. Après la défaite contre le pays de Galles (26-32), les gens avaient le sourire. Ils ne laissent pas le résultat d'un match les affecter. En fait, leur façon d'appréhender la vie, le quotidien, c'est ce qui explique leur façon de jouer sur un terrain de rugby. C'est une grande qualité. »


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#44 pims

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Posté 17 octobre 2023 - 09:12

le coach Rawalui s'en ira à la fin de l'année



#45 inASMweTrust

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Posté 17 octobre 2023 - 09:53

Mick Byrne, entraîneur des Fijian Drua en Super Rugby : « Ils ne savaient pas jouer à XV » Entraîneur des Fijian Drua en Super Rugby, l'Australien Mick Byrne (64 ans) raconte l'apport de la franchise à l'équipe nationale des Fidji et son travail auprès de joueurs talentueux mais plus habitués au « rugby de plage » qu'au rugby à XV.

« Les Fijian Drua ont intégré le Super Rugby il y a deux ans. À quel point cela a-t-il apporté à l'équipe nationale, qui défie l'Angleterre, dimanche en quarts de finale de Coupe du monde ?
Ça nous a permis d'obtenir une profondeur d'effectif jamais vue auparavant. Dix-huit joueurs des Drua sont à la Coupe du monde (17 après le forfait de Caleb Muntz). Tous ont effectué deux préparations et deux saisons de Super Rugby. C'est plus facile de développer un lien que quand les mecs viennent des quatre coins d'Europe. Ça a fait gagner beaucoup de temps pour bâtir un groupe uni. Les Fidji ont depuis longtemps un quinze titulaire très performant, mais l'écart avec les remplaçants s'est considérablement réduit grâce au travail effectué ici.

 
 

Avoir un club fidjien en Super Rugby peut-il aider l'équipe nationale à conserver ses plus grands talents, plutôt que de les voir jouer pour les Wallabies ou les All Blacks ?
C'est certain. On vient d'ailleurs de signer deux gamins que les Crusaders et les Hurricanes avaient repérés et voulaient recruter et qui seraient probablement devenus All Blacks. On commence à entendre des jeunes dire : "Je veux devenir un joueur international fidjien. J'ai envie de rendre fier mon peuple et mon village". C'est assez nouveau.

Il y a deux ans, on a essayé de recruter des jeunes fidjiens talentueux. Mais la plupart nous disaient : "Je veux rester en Nouvelle-Zélande et jouer pour les All Blacks". Quand ils étaient partis, les Drua n'étaient pas en Super Rugby. Maintenant qu'on est compétitifs, de plus en plus de jeunes se disent qu'ils peuvent réussir ici, devenir internationaux et, s'ils sont vraiment forts, signer un gros contrat à l'étranger, gagner beaucoup d'argent et mettre sa famille à l'abri. Ils voient, avec les Drua et les Fidji, un chemin vers l'indépendance qui, auparavant, n'existait qu'en partant en Nouvelle-Zélande ou en Australie.

« Cette équipe manquait cruellement de technique. Je différencie le talent de la technique. Car nos joueurs étaient très, très talentueux »

 

 
 
 
 
 

Comment s'étaient passés les débuts des Drua en Super Rugby ?
Ça a été vraiment difficile. On a démarré mi-novembre 2021 et, dès le premier jour, j'ai pris conscience qu'il allait falloir serrer la vis. Parfois, je les ai peut-être trop poussés, mais il y avait du boulot. On avait peu de temps pour le premier match fin janvier. Les mecs n'étaient pas suffisamment prêts physiquement. En trois mois, l'ensemble de l'effectif a perdu 135 kg. Ça montre le boulot accompli. Malgré ça, on a perdu quelques gros matches parce qu'on n'était pas prêts à soutenir l'intensité nécessaire. Sur certaines périodes, on était au niveau, mais on était aussi notre pire ennemi. Donc la première saison a été délicate (Les Drua ont terminé avant-derniers avec 2 victoires et 12 défaites).

Dans quels domaines partaient-ils de loin ?
Cette équipe manquait cruellement de technique. Je différencie le talent de la technique. Car nos joueurs étaient très, très talentueux. Le talent, c'est ce que tu fais naturellement. Aller au contact et réussir un offload, courir vite, plaquer au buste, casser des plaquages, franchir, mettre des gros tampons... Mais la technique, pour un avant, c'est être capable de faire la bonne course vers le ballon, d'attraper le ballon tout en sprintant puis d'enchaîner avec une bonne passe ou en conservant le ballon sans le dégueuler. Ça, ils ne l'avaient jamais appris : ils n'avaient jamais joué à autre chose qu'à un rugby d'instinct, sur la plage, sans contact. Ils ne savaient pas réellement jouer au rugby à XV.

C'est-à-dire ?
Par exemple, nos avants ne savaient pas faire les bonnes courses, ils ne savaient que péter dedans. Et nos arrières couraient sur la largeur, sans vraiment comprendre comment se placer. Ils avaient ce besoin de toucher beaucoup le ballon. Dès que ce n'était pas le cas, ils faisaient des mauvais choix comme conserver le ballon et être pénalisés au sol. On devait apprendre des techniques pour devenir plus cliniques. Lancer, porter, sauter, bosser le jeu de jambes pour offrir la bonne course au porteur, attraper le ballon, le relâcher suffisamment vite, etc. Des choses basiques que les autres apprennent quand ils sont enfants.

« Ici, ils jouent au "touch", du rugby sans contact. Leur instinct est de passer le ballon avant d'être plaqués. C'est quelque chose qu'il fallait rectifier »

 

 
 
 

L'équilibre entre structurer leur jeu et laisser leur instinct s'exprimer est-il fragile ?
Au début, oui. Ici, ils jouent au "touch" rugby, du rugby sans contact sur la plage. Dès que tu es touché, le ballon est rendu à l'adversaire. Donc depuis qu'ils sont petits, ils ont l'habitude de tout faire pour éviter le contact. C'est leur instinct. On parle de comportement cognitif. Le leur est de passer le ballon avant d'être plaqués. C'est quelque chose qu'il fallait rectifier.

Ensuite, ce qu'il faut comprendre, c'est que le jeu structuré qu'on devait développer - le lancement de jeu derrière une touche, une mêlée et les premiers temps de jeu - ne représente qu'environ 60 % du jeu. Les 40 % restants, c'est un lancer en touche trop long, un en-avant au contact, un mauvais jeu au pied qui offre un bon ballon de relance. Durant ces 40 %, on ne peut pas anticiper comment on va récupérer le ballon. C'est là que le talent naturel de nos joueurs doit s'exprimer. Parce que dès qu'il y a un turnover et que ça devient un simple jeu de courses et d'offloads, les mecs sont injouables.

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Frank Lomani (au premier plan) joue aux Fijian Drua. (N. Luttiau/L'Équipe)

Il fallait donc qu'ils soient patients ?
Le message transmis aux joueurs c'était : quasiment la moitié du jeu correspond à vos qualités naturelles, attendez que ces moments arrivent pour vous amuser. Et pour profiter de ces moments, construisons une structure solide qui nous rende efficace sur les autres 60 % : enchaîner les temps de jeu, défier l'adversaire sur la ligne d'avantage, nettoyer la zone de rucks, déblayer proprement, présenter le ballon comme il faut après avoir été plaqué, gratter les ballons en étant bien sur nos appuis.

Puis donner le ballon aux arrières pour jouer des un contre un. Apprendre des combinaisons, les répéter, aller de plus en plus vite pour que ces situations de surnombre ou de un contre un se présentent plus souvent. On les entraîne sur ces 60 %. Les 40 % restants leur appartiennent. Ils savent quoi faire : accélérer, casser le plaquage, donner après contact... Et si notre joueur est plaqué, on se remet dans la structure des 60 % jusqu'à la prochaine opportunité.

Tout ça vous a permis d'atteindre les quarts de finale du Super Rugby dès votre deuxième saison (défaite 49-8 contre les Crusaders, futurs champions)...
C'était une grande réussite pour les joueurs. Pas grand monde ne nous en croyait capables. Notre progression a été excellente. Maintenant, pour la poursuivre, on doit devenir plus tueurs. Quand tu as trois essais d'avance, c'est que tu joues bien. Mais ça nous est arrivé plus d'une fois de finir sans le bonus offensif, voire de laisser un bonus défensif à l'adversaire, parce qu'on se relâchait et on le laissait revenir.

« On n'a pas notre propre terrain d'entraînement. Parfois, on va sur un terrain municipal. Parfois, on se retrouve à s'entraîner sur un terrain de golf, sans ligne ni poteaux »

 

 
 
 

Vous avez entraîné en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande. Entraîner aux Fidji, est-ce un autre métier ?
Il a fallu que je m'adapte, que je comprenne que ce n'est pas parce qu'ils avaient l'air détendus, la tête ailleurs, qu'ils n'étaient pas motivés ni travailleurs. En fait, ils sont naturellement relax et désinvoltes, tout semble glisser sur leurs épaules, c'est leur façon d'être et de vivre. Mais à l'intérieur, dans leur coeur, ils sont là pour réussir. Au début, j'avais vraiment l'impression qu'ils s'en foutaient. J'ai vite compris que pas du tout. Leur fonctionnement ce n'est pas "on le fait maintenant", mais "ça finira par être fait". Sauf que, pour être performant, ça ne peut pas toujours attendre.

Dans quels cas ?
Quand quelque chose ne se passe pas comme prévu. Il n'y a aucune panique. Plusieurs fois, l'an dernier, le car qu'on prend pour aller à l'entraînement n'était pas à l'heure. Horaire fidjien, m'expliquait-on. Ça n'inquiétait personne. J'ai été dans des clubs où la moitié de l'équipe aurait fulminé. Là, pas du tout. Ils s'assoient, écoutent de la musique, font une sieste de dix minutes. Puis le car arrive avec vingt minutes de retard et ils montent dedans comme si de rien n'était, sans stress.

Sont-ils faciles à entraîner malgré des conditions pas simples ?
Les conditions ne sont pas tout le temps optimales. Par exemple, on n'a pas notre propre terrain d'entraînement. Parfois, on va sur un terrain municipal mais il est réservé par une école. Parfois, il y a une équipe de foot qui s'y entraîne. Et parfois, on se retrouve à s'entraîner sur un terrain de golf, sans ligne ni poteaux. Les joueurs font avec. Ils sont faciles à entraîner. Ils veulent devenir meilleurs. Maintenant, on a une super salle de sport. Les mecs n'ont jamais eu ça, ils en sont fiers, ils en prennent soin, ils l'entretiennent et la nettoient. Une fois qu'ils sont sur le terrain, c'est dur de les canaliser. Ils sont à fond en permanence.

« Quand ils sont en cercle et qu'ils chantent, c'est leur foi qui s'exprime. C'est une partie puissante de leur culture »

 

 
 
 

Vous avez découvert une nouvelle culture, aussi ?
On commence chaque journée par un chant religieux. Parfois, on chante à la fin de l'entraînement puis en fin de journée. Il y a aussi des chants en salle de gym, pas tout à fait les mêmes. Même à la muscu, ils s'amusent. Ils peuvent danser, chahuter un peu. Mais quand il faut soulever de la fonte, ils n'y vont pas à moitié. Quand ils sont en cercle et qu'ils chantent, c'est leur foi qui s'exprime. C'est une partie puissante de leur culture.

Comment vivez-vous la Coupe du monde depuis les Fidji ?
Je vis dans un petit village qui s'appelle Nasoso. Quand on a battu l'Australie (22-15), si je baissais le son de ma télé, je pouvais entendre toute la ville crier. Il était quatre heures du matin, mais tout le monde était devant son poste. Dès qu'il y avait un franchissement, les gens hurlaient. Quand le match s'est terminé, certains sont allés au boulot sans avoir dormi (sourire). Mais ce qui me marque ici, c'est que les gens ne laissent pas un match de rugby dicter leur vie, leur attitude ou leur bien-être. Que les Fidji gagnent ou perdent, ils restent les mêmes. Après la défaite contre le pays de Galles (26-32), les gens avaient le sourire. Ils ne laissent pas le résultat d'un match les affecter. En fait, leur façon d'appréhender la vie, le quotidien, c'est ce qui explique leur façon de jouer sur un terrain de rugby. C'est une grande qualité. »

 

Connaissant la rectitude parfois un peu raide de Cotter, on comprend mieux que ça n'ait pas forcément collé avec les Fijiens ! 






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