Ils se disent qu'ils peuvent avoir 3 personnes en Inde pour le même prix qu'une personne en France.
Au final, ils se retrouvent avec 3 personnes en Inde et 1 personne en France qui leur explique ce qu'il faut faire, puis qui finit par le faire.
Donc ils abandonnent l'idée, puis ils réessaient quand ils ont oublié.
Au delà, de la compétence, y'a des vrais soucis de créneaux horaires, de cultures (par exemple, il est très mal vu en Inde de dire qu'on n'a pas compris ou qu'on ne sait pas faire), de turnover (y'en a qui venaient se faire former en France 2-3 mois et qui changeait de boîte au retour du pays, une fois qu'ils avaient profité de leurs vacances), de langages etc.
C'est exactement ça. Je souscris à 100% à ce que tu dis. On a vécu la même chose.
Notamment sur la culture. On ne rend pas compte comment beaucoup de choses qu'on consière comme quelque chose d'évident pour tous (l'humour, le sarcasme, le moindre non dit ou sous entendu) a une définition différente selon les régions du monde.
La moindre page de doc rédigée doit être revérifiée 5 fois (j'exagère à peine) histoire d'être sûr qu'il n'y a aucun élément culturel, géographique, politique, contextuel, etc. Ce qui prend du temps, donc de l'argent. Pour quelque chose qui doit générer des économies à la base.
Pour la partie « ils abandonnent l'idée, puis ils réessaient quand ils ont oublié », c'est pire que ça en fait.
Un haut manager présente un supérieur un projet de délocalisation pour gagner plein de sous-sous sur 5 ans (par exemple). Il promet de remplacer la moitié des 100 gars qu'il embauche à Paris par 50 gars à Paris et 100 gars à Mumbai ou Bangalore tout ça pour 2/3 du budget précédent (soit 1/3 de gain, ce qui est énorme). Du coup les 50 gars à Paris ont deux fois moins de temps pour beaucoup plus de taf : il faut former, refaire la doc en Anglais si ce n'est pas déja fait, gérer la transition, faire les entretiens d'embauche, puis, comme tu le dis, repasser derrière quand c'est pas/mal fait (en général quand on délocalise c'est pour gagner de l'argent, donc on n'embauche pas les plus chers, donc pas les meilleurs).
Finalement les Indiens gèrent les tâches courantes et répétitives (qui pourraient être automatisées et faites par une machine, mais on ne prend plus le temps de faire les scripts/programmes qui automatisent vu qu'on a de la main d’œuvre pas chère). Avec 1/2 de la force de travail originelle, l'équipe fait 3 fois moins de projets (vu que plus de taf). Mais ce n'est pas grave, ça ne rentre pas dans la présentation que va faire le haut manager qui a pris la décision initiale. Il va faire une présentation interactive à ses supérieurs à base de diagrammes circulaires vert (parce que le vert c'est bien, ça met l'audience en confiance) et de courbes qui montent (pareil les courbes qui montent, c'est rassurant). Il va expliquer que le budget salariés a baissé, tout le monde va s'en féliciter et il touchera ses primes.
Au fur et à mesure, la dette technique se fait de plus en plus forte. Il faut ré-embaucher des personnes dans les équipes d'origines pour remettre tout à plat. Et 2 ans après, un autre manager arrive avec une idée géniale : Il y a de plus en plus de salariés français et ça coûte cher. Et si on délocalisait ? 