Actuellement blessé, Cheikh Tiberghien ne fera pas, ce samedi (17 heures), le déplacement à Bayonne, son club formateur qu’il rejoindra la saison prochaine après avoir été poussé vers la sortie par Christophe Urios. Après quatre ans à l’ASM, il s’en va le cœur gros mais sans aigreur.
"En six mois, tout a basculé pour moi." Joueur de base avec Jono Gibbes, Cheikh Tiberghien (23 ans) est devenu persona non grata (*) avec Christophe Urios. Il soigne actuellement une fracture au scaphoïde du pouce gauche (il s’est blessé contre Brive le 25 mars) et ses états d’âme. Alors que l’arrière avait prolongé l’an dernier avec l’ASM jusqu’en 2025, il rejoindra l’Aviron Bayonnais pour trois saisons cet été.
Quand Christophe Urios vous a-t-il annoncé qu’il ne comptait pas sur vous la saison prochaine ?
"Le coach me l’a dit clairement entre quatre yeux après le match contre Brive. Avant son arrivée, j’avais joué presque tous les matchs (NDLR : 14 titularisations en 19 matchs). Après, j’ai été cantonné à un rôle de remplaçant en faisant des bouts de fin de match. Je m’entendais bien avec Franck (Azéma) et Jono (Gibbes) avec qui j’avais des relations plus étroites. Le courant passait moins bien avec lui (Christophe Urios). Il y avait plus de distance. Lors d’un premier entretien, quelques jours après son arrivée, il m’a expliqué que je devais mieux faire et d’avantage m’entraîner mais sans entrer dans les détails… C’est ce que j’ai essayé de faire."
"Au final, à ses yeux, je ne l’ai visiblement pas fait. Lors de cet entretien après Brive, j’ai fait part de mon incompréhension. Il m’a fait comprendre que si cela ne me convenait pas, je n’avais qu’à partir. J’ai bien compris que mon avenir était bouché avec lui à Clermont."
Y a-t-il des raisons extra-sportives ?
"Non, ni de comportement. Si j’avais eu ce genre de soucis à Clermont, cela se serait rapidement su. Je ne figure pas dans les plans de Christophe d’Urios. Point. Le coach a toujours raison, au final. Il n’y a pas eu de clash entre nous d’ailleurs.
Comment l’avez-vous vécu ?
"C’est une énorme déception. Ce n’est pas la fin que j’avais imaginée. Dans ma tête, je ne me voyais pas ailleurs qu’à Clermont jusqu’en 2025 et même après. En six mois, tout a basculé."
Quel bilan tirez-vous de ces quatre années à Clermont ?
"Mis à part les six premiers mois où je finissais de soigner une blessure à un genou et ces derniers mois bien sûr, cela n’a été que du bonheur. Je me suis épanoui à l’ASM. J’ai progressé dans tous les secteurs. J’ai beaucoup appris notamment avec Xavier (Sadourny) à qui je dois énormément. J’ai grandi et mûri ici. J’ai acquis la régularité aussi. Ce qui m’a permis de jouer 24 matchs la saison dernière (NDLR : dont 19 comme titulaire). Je suis passé d’un joueur Crabos Espoirs à pro."
Pourquoi retourner à Bayonne ?
"C’est mon club de cœur. Lyon s’est aussi positionné très vite. La Rochelle s’est également renseigné, sans aller plus loin. J’ai décliné aussi une offre de Perpignan. J’ai longtemps hésité entre le LOU et l’Aviron. Cela n’a pas été simple de trancher. Le fait de retrouver Arthur (Iturria) et Camille (Lopez) a aussi beaucoup compté. Je sais ce que c’est de jouer avec Camille et sans lui, aussi. On s’est appelé régulièrement cette saison. Lors des négociations, il m’a poussé à signer. Par ailleurs, je pars sans indemnité ni compensation financière et inversement, Bayonne ne paye pas de transfert non plus."
Samedi, serez-vous supporter de l’ASM ou de l’Aviron ?
"Joker… De Clermont bien sûr. Car je suis encore à l’ASM. Je ne suis pas encore parti. J’aime ce club, ses supporters. Il n’est pas à sa place actuellement. Il doit jouer la Champions Cup la saison prochaine et être en phase finale du Top 14."
(*) Avec Barraque, O’Connor, Van Tonder, Naqalevu et Godener encore sous contrat l’an prochain, comme lui.